La musique ça s’écoute, mais parfois, ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionnes les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Voici la première partie de notre 224e sélection pour terminer la semaine en beauté.
Stav – Dancefloor
Tout va bien, Stav est de retour ! L’artiste angevin nous entraine cette semaine sur son Dancefloor.
Mais comme toujours, le dancefloor de Stav est plus métaphorique que réel. Si la musique du garçon nous donnera toujours envie de danser, grâce à une production lumineuse et une manière de traiter la pop comme un petit joyau qu’on respecte plus que tout, c’est toujours dans ses paroles que Stav se dévoile et fait mouche.
Et Stav garde toujours en lui un certain humour et une touche positive, ceux-ci sont quand même teintés désormais par une sorte de gravité. Un sérieux qu’il essaie d’éviter mais qui le rattrape malgré tout. Dancefloor c’est l’histoire d’un cœur abimé qui essaie de se convaincre que tout va bien, que les choses sont normales alors que son esprit tangue encore et encore.
Avec Dancefloor, Stav continue la mue de sa musique de supermarché, toujours aussi efficace mais de plus en plus ancrée dans son quotidien, comme si Benjamin prenait un peu plus la barre histoire que le bateau ne coule pas.
La vidéo qui l’accompagne, nous donne un petit air de déjà vu assez marrant … Stav partagerait-il le même jardin que Chahu ? En tout cas, ils partagent le même réalisateur, Josic Jegu.
Là aussi l’idée de « lieu mental » fait son petit effet. On a l’impression d’être dans l’esprit de Stav, un lieu qui semble réel et pourtant loin du monde que l’on connait. La faute à ce noir prenant qui l’entoure et qui nous entraine dans cette fête solitaire où le garçon se libère complétement, toujours en mouvement et semblant s’amuser malgré tout, malgré la peine, malgré la douleur et probablement malgré lui même.
Un beau morceau qui nous donne grandement envie de retrouver Stav sur scène, histoire de tous pleurer dans nos verres de bière (sans alcool de notre côté).
CONTREFAÇON – Soma
Restons un peu sur le dancefloor avec le retour cette semaine de CONTREFAÇON !
Un an après Brûlé, le collectif est de retour et lance cette semaine une nouvelle aventure avec l’excellent Soma.
La musique de CONTREFAÇON a toujours été un énorme spectre, s’amusant en permanence à jouer avec les nuances, à chercher les nuances un peu partout. Avec Soma, le quatuor nous entraine à la fin d’un soundsystem sauvage, le soleil se lève et la liberté est totale, tout est possible et rien d’autre ne compte que l’instant présent.
Hyper efficace, le morceau porte en lui quelque chose d’à la fois chaleureux et extrêmement positif, quelque chose d’absolument idéal pour chasser la noirceur qui s’étale en ce moment sur notre quotidien comme une tache brune bien dégueulasse.
Comme toujours, CONTREFAÇON est aussi derrière la caméra et nous entraine, comme Soma le laisse penser, à la fin d’une rave, lorsque la police décide d’évacuer les dernières poches de résistants. Toujours aussi fluide et parfaitement réalisée, la vidéo joue de la bascule fascinante, passant de la « chasse » à la libération, d’une violence décomplexée à un amour infini pour la musique. Comme si celle-ci avait le pouvoir de tout transformer et de tout changer chez l’humain. Un message qu’on a fatalement envie de croire et de porter en ce moment.
Jamais avare de clin d’oeil, CONTREFAÇON laisse apparaitre ALMA dans le clip. Le nom de leur prochain projet ? Seul l’avenir nous le dira, mais on sera évidemment là pour l’écouter.
Alexandre Delano – Les radios françaises
Si vous ne l’entendez pas sur Les radios françaises, au moins vous l’aurez découvert sur La Face B.
Alexandre Delano se dévoile cette semaine avec le premier extrait d’un projet à découvrir à l’automne prochain. Les radios françaises représentent tout ce que l’on aime dans la pop DIY française : un talent certain pour les ambiances, une écriture directe et évidente et une manière d’envisager sa ritournelle comme quelque chose d’à la fois déglingué et malgré tout hyper travaillé.
Ce titre d’Alexandre Delano est à ranger bien à côté de la musique de Stéphane Milochevitch, tant en cherchant à en faire peu, il en dit énormément. Une découverte essentielle et salvatrice qu’on vous invite à écouter et à partager, histoire que ce joli morceau finisse par passer sur les radios françaises.
Visuellement, Alexandre Delano opte pour le noir et blanc, nous racontant d’une certaine manière l’histoire des radios françaises, avec des images d’archives à la fois poétiques et scientifiques qui nous entrainent dans la diffusion des ondes et des mélodies, de l’espace jusqu’à nos cœurs.
Jeshi – Total 90
Le Royaume-Uni a un nouvel enfant terrible et il se prénomme Jeshi. Rappeur à l’énergie débordante, il continue de perdurer la british touch en conjuguant à son rap toutes les sonorités qui ont pu faire un jour ou l’autre rayonner la musique anglo-saxonne.
Dans le cas de Total 90, il s’inspire des riffs de guitare de Song 2 de Blur pour conférer une bonne dose rock à son rap tapageur. Un mariage réussi qui prend vie visuellement grâce à Will Hooper. Ce dernier garde le côté décalé et enfantin du rappeur pour le ramener dans les années 90. Du décollage d’un avion en papier à son arrivée dans un appartement où les tapisseries évoquent directement la période à laquelle il rend hommage, le rappeur se laisse guider par son rap et les riffs de guitare électrique qui l’accompagnent.
Le tout offre une balade frénétique qui rend un bel hommage au Royaume-Uni des années 90 et, par conséquent, à la jeunesse du jeune artiste.
Marek Zerba – Les Moustiques
L’artiste français sort son tube de l’été le jour du solstice. Précisons tout de même que Les Moustiques figure déjà dans son deuxième album Fiasco sorti l’année dernière. Il faut dire que ce titre béneficie d’une esthétique différente de ses autres morceaux. Plus dansant, Les Moustiques se révèlent tout aussi entêtant désormais en son que durant notre sommeil. Le clip, lui aussi, diffère de ses prédécesseurs. On ne voit plus Marek Zerba mais un dessin animé amusant mettant au premier plan les stars de chaque été.
Kasabian – Darkest Lullaby
L’un des meilleurs groupes en live à l’heure actuelle refait surface avec un titre intense comme ils savent faire depuis toujours. La voix de Tom s’assimile déjà très bien aux anciens titres, et par magie, s’opère parfaitement à l’heure actuelle. Les fans peuvent être rassurés. Et ce dernier morceau est particulièrement bon et se rapproche d’un classique de Black Keys. Le clip est un véritable mini-film de mafieux à l’esthétique kitsch et sanglant. On se laisse prendre au jeu à cette fugue amoureuse. On regrettera ce final au scénario sans intérêt. Save the date, on les retrouvera à Rock en Seine cet été !
Suki Waterhouse – Supersad
Supersad est le second titre du prochain album de Suki Waterhouse intitulé Memoir Of A Sparklemuffin qui sortira le 13 septembre. Supersad est nostalgique et nous ramène tout droit vers les années 90 avec un son garage rock qui contraste avec des paroles intimes et sincères mêlant tristesse et solitude.
Le son brut de la guitare et la batterie apportent une intensité qui amplifie la profondeur émotionnelle du morceau tout en créant une mélodie entêtante. Supersad réussit à capturer l’essence du rock tout en offrant une introspection touchante. La chanson parle de toucher le fond et se reprendre en main et de ne plus être super triste. Le clip est tourné à huis clos dans une ambiance 90s mettant en scène Suki Waterhouse .
Avec Émilie Richard-Foroozan à la direction et produit par Bree Doehring, le clip complimente parfaitement les paroles et l’essence de la chanson tout en reprenant les codes des 90s pour nous faire basculer dans une certaine nostalgie.
Fontaines D.C – Favourite
Favourite des Fontaines D.C. est extrait du 4ieme album intitulé Romance qui sortira le 23 août. D’après les deux singles sortis jusqu’à présent, « Romance » s’annonce comme le projet le plus mature, exploratoire et impressionnant sur le plan sonore du quintette irlandais.
Favourite se veut être une chanson d’amour étincelante et lucide, riche en harmonies, en guitares cliquetantes et en paroles sincères et ardentes. C’est une chanson que Grian Chatten du groupe décrit comme ayant « ce son sans fin, un cycle continu de l’euphorie à la tristesse, deux mondes qui tournent pour toujours ». Le clip est signé Fontaines DC, produit par Conor Deegan, Scott Wright.
Le clip est tourné comme un documentaire du voyage de Fontaines D.C à Madrid, ville à laquelle Fontaines D.C. est fortement lié. Intercalé avec des images et vidéos d’enfance des cinq membres du groupe, c’est un portrait intime et réconfortant d’un groupe sur le point de franchir une nouvelle étape dans leur parcours artistique et musical.
Dani Terreur – Ne me pardonne pas
Après Le bonheur et la tristesse, Dani Terreur revient avec Ne me pardonne pas, second titre du futur album attendu fin 2024. Ne me pardonne pas mélange les sentiments de culpabilité et souffrance avec poésie sous un refrain qui s’imprime dans les esprits. Ce passage de la chanson encapsule bien le message de ce titre: « Tout ce que je fais, je le subis ».
Le clip est réalisé par Martin Schrepel. Ce clip oscille entre deux scenarii : des plans serrés de Dani Terreur dans un terrain vague en pleine nuit allongé sur le sol, ou assis, ou à côté de sa voiture qui fume et une scène de kidnapping où on voit une personne qui creuse et Dani Terreur est ligoté et couché sur un linge prêt à être enseveli. Le clip se termine par un plan de Dani Terreur à l’aurore.
Julien Appalache – Tarte Postale
Cette semaine on découvre la plage d’ouverture du futur premier album de Julien Appalache. Au cœur de celui-ci, rempli d’humour et de comparaisons fantasques, il s’interroge sur le besoin éternel de faire rentrer les gens dans des cases, alors même que toute personne est différente. Drapée d’un texte léger, qui exprime au passage l’amour du chanteur pour les tartes, le morceau apporte une dose de feel good qu’on apprécie au long d’un dimanche de début d’été.
Côté images, on part sur une animation charmante entre dessins enfantins et montages curieux. On aime beaucoup et on attend de recevoir vos Tartes Postales en provenance de toutes vos destinations de l’été !
La Femme – Ciao Paris !
Ok, reprenons, vous en avez marre de Paris, de tout, de l’ambiance générale, du ciel gris, de tous les endroits que vous aimiez auparavant.. Et on vous propose de partir direction Napoli ? Quelle chance, alors foncez ! Et vos amis ? Ils vont tout de même vous manquer … Pas d’inquiétude, voici le son dont vous avez besoin, de quoi faire passer un message super efficace. Ciao Paris! nous répète La Femme, le temps d’un nouveau single, kitsch, joyeux et malicieux.
La Femme est un groupe de rock, pop, français, que vous connaissez sûrement déjà. Des paroles entêtantes, un univers bien à eux, une mélodie entrainante, une fois encore ce dernier titre ne déroge pas à la règle.
Ciao Paris! Si le kitsch a du charme, ce clip en est la preuve. Une petite fenêtre rose s’ouvre sur la Tour Eiffel, évidemment. On reconnait ensuite des lieux emblématiques, comme la station de métro Blanche ou bien l’Île aux Cygnes. C’est brillant, saturé, et très drôle. On aime leurs bérets et ce look de cowboy, absurde et décalé. Ah qu’est ce qu’on aurait aimé les croiser dans le métro, et reprendre avec le chœur « au revoir Paris » ! Ce dernier single est un appel depuis une plage, envahi par une mer scintillante. Du kitschement magique, que l’on vous recommande sans hésitation.
Citizen Papes – Gramophone
Sur une note de douceur, on embarque le temps de 3 minutes dans l’appart de Citizen Papes. Ce jeune auteur-compositeur et interprète écossais a récemment sorti son premier EP, intitulé For You. Gramophone, son nouveau single, se dessine dans une même couleur, teintée de nostalgie et de rêveries.
On peut souligner la qualité du clip, efficace et vraiment réussi. Réalisé en stop motion, Gramophone grandit au fil d’une boucle qui reprend les actions de Citizen Papes. Être seul chez soi, dans son monde, son univers et avec ses passions, voilà le tableau dans lequel on peut facilement se projeter. S’avoir s’ennuyer aussi (même si on ne joue peut être pas tous au Rubik’s cube). Ce clip c’est un peu l’envers du décor, on le voit écrire, jouer de la guitare, créer. On apprécie cette couleur sépia, le côté assurément vintage. Voilà une belle présentation, simple et sensible, qui nous donne envie de découvrir cet artiste.