La musique ça s’écoute, mais parfois, ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Voici la suite de notre 224e sélection des clips de la semaine, pour ajouter une dernière note ensoleillée à vos oreilles.
Flora Hibberd – Auto Icon
La musicienne indie-folk Flora Hibberd dévoile avec éclat son dernier single intitulé Auto Icon, une œuvre marquante dans le parcours en constante expansion de cette artiste. Toujours louée pour son lyrisme introspectif et ses mélodies poignantes, elle nous offre ici une méditation saisissante sur la mémoire et l’identité.
Ce nouveau morceau se déploie comme un voyage à travers une archive personnelle, où la guitariste explore le réseau complexe d’émotions façonnées par les expériences passées. À travers des vers poétiques et des images évocatrices, la compositrice brosse un portrait vivant de la lutte contre les fantômes du passé, trouvant réconfort dans leur familiarité même.
Les images qui accompagnent ce titre, co-réalisées par Victor Claass et Flora Hibberd elle-même, enrichissent l’esthétique d’Auto Icon avec une mise en scène simulée d’une performance acoustique en direct, conçue pour une diffusion télévisée. Ce traitement visuel renforce la narration explorée, offrant un aperçu saisissant de la présence brute et émotionnelle de l’artiste sur scène.
Il est bon de rappeler que, avec l’arrivée de l’été, la sensation de fraîcheur ne se limite pas à un son pop offrant une évasion peut-être éphémère. Cette saison ensoleillée peut aussi servir de refuge pour nos démons intérieurs, offrant la possibilité de trouver paix et apaisement même face à des thèmes souvent associés à un décor plus sombre et glacial. Ce titre apporte dans sa construction mélodique une atmosphère très plaisante et, pourrait-on dire, chaleureuse.
The Mysterines – The last Dance
Au sein de The Last Dance, le groupe britannique nous plonge dans une mélodie sombre et frénétique. Ce morceau, dernier single avant la sortie de leur nouvel album : Afraid of Tomorrows, se révèle être une métaphore poignante de la clôture d’un chapitre et de l’appréhension face à l’inconnu.
Les images, soigneusement mises en scène par Polocho, magnifient cette ambiance avec des tons noir et blanc, des effets stroboscopiques, et une danse envoûtante de deux figures masquées. Les membres de The Mysterines, spectateurs de cette scène, ajoutent une dimension de mystère et de contemplation, renforçant le sentiment de transition et de perte de contrôle évoqués dans les mots qui composent ce morceau. Les métaphores de la porcelaine fragile et de la marionnette aux fils coupés, qui résonnent dans cette œuvre, se reflètent visuellement dans cette chorégraphie sombre. Un désir ardent de connexion et d’évasion transparaît, tandis que le rythme effréné de la guitare mélodique exprime une urgence presque désespérée au sein de ces harmonies riches en sensations.
Ce titre capture l’essence de ce moment charnière pour The Mysterines, marquant la conclusion d’une ère et l’entrée dans une nouvelle phase, empreinte d’incertitudes et de potentialités. Avec ce dernier single précédant la sortie de leur nouvel album le 21 juin dernier, le groupe nous convie à partager cette traversée de l’ombre vers la lumière, avec toute la beauté et la fragilité que cela comporte.
Murman Tsuladze – Ich bin Rustaveli
Voyage au bout des racines de Murman Tsuladze et de ses inspirations berlinoises. Ich bin Rustaveli reprend, façon néo-géorgienne, la phrase Ich bin ein Berliner de John F. Kennedy. Cela donne un morceau de synthpunk industriel – tendance DAF (Deutsch-Amerikanische Freundschaft) – implacable et aux effluves orientalisants. Le style si caractéristique de Murman Tsuladze.
La route de la soie s’est effilochée dans les décors de Rustavi, une ville de la banlieue de Tbilissi marquée par un passé sidérurgique somptueux aujourd’hui révolu. La déliquescence d’une cité dont les couleurs ternies se confrontent à celles contrastées, en noir et blanc, d’une capitale berlinoise fantasmée. Une usine dont le siège social est aussi théâtral que la Porte de Brandebourg. Une mise en parallèle un peu douteuse, mais qui ne saurait entamer la fierté qu’éprouve Murman Tsuladze à avoir grandi dans un univers si spécial, attirant, car intrigant. Et ainsi, même affublé d’un intemporel et improbable survêtement vert à faire blêmir Kanye West, il peut clamer « Ich bin Rustaveli ».
St Graal ft Kalika – Premier Baiser
Sa pop électro pétille comme un comprimé effervescent vitaminé C se dissolvant dans un verre d’eau. Avec Premier Baiser, St Graal nous emmène dans les tourments amoureux de l’adolescence. Il y a un peu d’innocence, mais aussi beaucoup d’audace dans les baisers que l’on échange une première fois. Un cœur qui s’emballe et des pensées qui se percutent à en perdre le sommeil. Un monde nouveau se dévoile, à deux, avec ses éblouissements, ses convenances et ses déconvenues.
St Graal mène sa quête d’amours adolescentes en duo avec Kalika. On ne peut trouver plus opportune compagnie que celle de la chanteuse dont l’insolence, mutine et kawaï, agit comme un aimant aux effets aussi futiles que substantiels.
Après trois Pop-Up du Label prévus en septembre et déjà complets, St Graal a ouvert une Maroquinerie le 19 novembre 2024. Ça va être chaud. Allez-vous vous laisser séduire ?
Roni0block – Oyster
Originaire du Brésil, Roni0block se démarque par un flow original et un style musical distinctif. Fraîchement signé sur le label 92i, le rappeur marque l’occasion en dévoilant Oyster, le premier single sous ses nouvelles couleurs, accompagné d’un clip mettant en avant toute sa créativité.
Oyster, à travers son single et son clip, offre une superbe introduction à l’univers unique de Roni0block. On y retrouve les éléments qui le définissent : sa fidélité à son équipe, ses aspirations élevées, et une atmosphère solaire qui fait bouger la tête de la première à la dernière note.
Grâce à l’œil expert de Loïc Foulon et à un remarquable travail de modélisation 3D, le rappeur nous invite à un voyage visuel immersif. La direction artistique soignée nous transporte directement dans son univers, offrant une expérience esthétique aussi riche que sa musique.
Pour son premier single sur son nouveau label, Roni0block impressionne avec Oyster, démontrant que sa signature chez 92i est pleinement justifiée. Il est important de suivre cette pépite de près, car elle laisse entrevoir de futurs projets très prometteurs.
Pythies – Toy
Le trio féminin parisien witchy grunge Pythiesnous sort cette semaine un nouveau single clipé : Toy. Sous la direction d’Eric Parois, nos trois ladies se la jouent petites chipies dominatrices. Aux allures de lolitas en bordure d’une piscine, on assiste à une inversion des rôles. Les femmes sont en position de force quand un jeune mâle est occupé à faire quelques brasses. On kidnappe, on ligote dans un parking et on fait passer une espèce d’interrogatoire. Comme un petit jeu sadique. Girl power à fond les ballons !
Les Pythies sont fidèles à leur musique : un rock sauvage aux guitares bien affûtées. Toujours prêtes à démonter sans ménagement le patriarcat. Par les temps qui courent, elles ne risquent pas de bouder ce plaisir. Get ready, Pythies rock hard !
Vimala Pons – Mel
Vimala Pons on la connait surtout comme comédienne. Voilà qu’elle s’essaie à une performance exceptionnelle avec la photographe Nhu Xuan Hua qu’elles présenteront pour la première fois à la 54ème édition des Rencontres Photographiques d’Arles.
Issue d’un album intitulé Heaven and Hell qui constituera la bande originale de cette installation multidimensionnelle, Mel est un morceau parlé voire susurré. On parle souvent de ballons baudruches, quid des meubles baudruches ? C’est cette insolite rencontre entre des meubles liés les uns aux autres et Vimala Pons en jogging rouge que raconte ce clip sur fond blanc clinique. Comme le fardeau du passé poétiquement laissé derrière soi au premier degré. Un instant suspendu dans le temps et l’espace.
Liraz – Enerjy
Hypersonique disco-orientale, Liraz se réinvente avec le morceau Enerjy. Issu de son dernier EP du même nom, il nous invite à sortir de nos paradigmes pour embrasser une énergie nouvelle, une vibration plus belle. L’artiste israélienne Liraz chante en persan avec subtilité un hymne à la paix. Car sous ses airs hypnotiques, Enerjy est un appel à l’harmonie.
Réalisé par Eitan Sarid, le clip qui l’accompagne nous transporte dans un univers autant psychédélique que futuriste. Au travers duquel la réalité se dédouble comme pour offrir des univers multiples, prospères et pacifiques. Ce morceau donne le ton du dernier projet de Liraz qui appelle à surmonter la violence, la peine et la déchirure en gardant le cœur ouvert et rempli d’espoir.
Clara Ysé – Magicienne
C’est tout en délicatesse que Clara Ysé nous partage Magicienne, une chanson d’amour, où la passion se conjugue au féminin. Ce morceau, composé comme une confession, évoque le désir qui se fane et qu’on laisse derrière soi. L’artiste chante : « Mon amour, Adieu, qu’il fut beau ton rivage / Ensemble souviens-t-en, nous vécûmes un amour enivrant / Et j’ai gardé brûlant, en moi ton océan. » De cette métaphore du naufrage, Clara Ysé en joue en co-réalisant le clip de Magicienne, avec Verena Paravel.
Elle se met ainsi en scène en plongeant dans l’eau. La nuit se confond alors avec l’océan, créant une confusion poétique dans laquelle nage avec douceur Clara Ysé.
Barbara Pravi – La Pieva
Avec La Pieva, la chanteuse Barbara Pravi fait fleurir l’arbre de l’héritage. Elle renoue avec ses origines multiples, racines d’Iran et de Serbie, par ce refrain fédérateur : « Je viens de partout / Chez moi les gens s’aiment, s’aiment / Les différences sont belles puisque je suis en vie / Dans mon sang y’a la guerre, la perte et les départs / Mais il y a surtout l’amour, l’amour ».
Le clip qui l’accompagne est signé Zite et Léo, duo connu pour être derrière les clips Amour toujours de Clara Luciani, Novembrede November Ultra ou encore Carnaval de Voyou. Le clip de La Pievaillustre alors une journée partagée en famille à cuisiner, s’aimer, tricoter avant de se réunir le soir autour d’un repas rempli de chants et de joie.
King Krule – Time For Slurp
Le roi est de retour, vive le roi !
Archy Marshall, plus connu sous le nom de King Krule, a réuni au sein d’un même EP les morceaux qui se trouvaient sur les flexidiscs disponible sur sa tournée l’année passée.
Le tout s’appelle SHHHHHHH! et ne prête, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, vraiment pas au silence. La preuve avec ce Time For Slurp mis en avant cette semaine. Un morceau bien énervé, à la poésie brute et répétitive qui pourrait fatalement rappeler Ian Curtis et Joy Division, non seulement dans le texte mais aussi dans la structure musicale centrée autour d’une basse bien saturée et de sonorités de guitares tranchantes.
Un morceau qui nous met une bonne claque et qui s’accompagne d’un clip réalisé par Archy lui même où on le suit dans une promenade en noir et blanc au fil de l’eau. Un truc bien paisible et joli qui ne correspond aucunement à ce que le morceau nous fait ressentir.
Des soucis de communication Archy ? En tout cas, le tout est absolument parfait, comme bien souvent avec King Krule.
Swirls – Christmas Song
Sortir une chanson de noël au début de l’été ? Après tout pourquoi pas !
Laisse la logique de côté et concentrons nous sur ce que Swirls a à nous offrir, à savoir de la putain de bonne musique. Le groupe vendéen, au delà de l’humour, a donc le chic pour nous offrir un rock spontané et revigorant qui ne cherche à ressembler à rien et va donc piocher un peu partout pour notre plus grand bonheur.
Christmas Song s’amuse ainsi avec des ruptures de rythmes, un mur de guitare qui débarque de nulle part pour nous fracasser la tête et un chant à la fois crooner et énervé. Le tout secoue comme il faut et nous file un sourire jusqu’aux oreilles rien qu’à l’écoute.
Pour l’accompagner, le groupe nous entraine dans une fête masquée du grand n’importe quoi, réalisée par Guillaume « Mastok » Massif. Ca commence par un running gag d’ascenseur digne des meilleurs comédies américaines pour ensuite nous entrainer à la découverte des bureaux du Stéréolux, transformé pour l’occasion en entreprise à mi-chemin entre le rock’n’roll et The Office.
On suit donc un boss, un brin psychotique, bien décidé à empêcher la tenue d’une fête de Noël. Ses employés ne l’entendent pas de cette oreille et c’est donc la révolte des petites mains contre le grand capital qui se déroule devant nos yeux.
Est-ce que vous pouvez y voir un signe sur ce que vous avez à faire le 30 juin prochain ? Sans doute pas, mais peut être que si en fait …