Cardinal d’Avec pas d’casque : une douce collision entre amour et nostalgie

Après 8 ans de silence, le groupe Avec pas d’casque (Bravo Musique) fait son grand retour avec Cardinal, un nouvel album paru le 13 septembre 2024. Quand on connaît le talent du groupe, 8 ans, c’est une éternité !

Pochette : Joël Vaudreuil

Un sixième album attendu

Dans ce sixième opus, Stéphane Lafleur (guitare et voix), Joël Vaudreuil (batterie), Nicolas Moussette (basse, lapsteel) et Mathieu Charbonneau (euphonium, claviers) nous offrent une œuvre touchante et mélancolique, tout en retenue. Ni trop de prose, ni trop de mélodie, jamais trop de folk ou de country. L’équilibre est parfait à chaque morceau, et si on a un seul regret, c’est qu’il n’y ait que 10 chansons. On en voudrait plus, tellement cet univers nous enveloppe.

Cardinal est une véritable ode à la vie, à l’amour et au temps qui file parfois trop vite. Les histoires racontées viennent nous chercher au plus profond, avec des paroles qui, dès la première écoute, résonnent comme familières. Si vous pensiez que Stéphane Lafleur ne pouvait plus vous surprendre ou vous émouvoir, vous vous trompiez.

Une histoire qui nous ressemble

L’album s’ouvre sur Mâcher tes bottes, une déclaration d’amour à l’autre, malgré les froids qui peuvent s’installer au fil des années, malgré les moments difficiles. On y retrouve cette douceur des relations qui perdurent : “Les traces de nous hier / d’anciens matins calmes”. L’amour qui nous ramène toujours, d’une manière ou d’une autre. Flamboyons poursuit cette thématique, évoquant cet amour passionnel et dévorant, celui qu’on essaie d’oublier, mais pour lequel on redemande “Une autre dernière fois”.

Les histoires qu’on se raconte sur les nouvelles rencontres, ces fameux « un de perdu, dix de retrouvés », sont là pour apaiser, mais nous rappelle que “Il faut accepter le mystère quand il passe” (Accepter le mystère). Pourtant, la question demeure : “Qu’est-ce que je cherche / Par-dessus ton épaule? / Qu’est-ce que j’espère là-bas? / Quand tout est là”.

Parfois, pour réfléchir à tout cela, il faut Sortir de la fête, parce qu’on a souvent “Besoin d’une pause” quand  “Trop de bruits à défaire / Et trop de batailles perdues d’avance” nous envahissent. Il faut cette pause pour voir “Une nouvelle lumière” et se dire : “Laisse-la entrer / Laisse-la déployer sa forme”.

Dans Collision, Lafleur chante “L’air s’allonge… / On s’entend voler en éclats / Je prendrai mon temps dans la collision”. Qui n’a jamais vécu cette relation qui nous brise, où l’on reste malgré tout, jusqu’au point d’impact, en sachant pertinemment l’issue finale ?

Les cinq premières pièces de l’album semblent suivre le fil d’une histoire d’amour qui se meurt. Mais Quelque chose vient briser ce cycle avec une atmosphère cinématographique, ouvrant sur une nouvelle phase, marquée par un “Coup de feu dans la nuit”. C’est avec D’autres messages suivront que s’installe une nouvelle thématique : celle des conversations anodines, des conseils donnés presque machinalement, et de ces fameux “on se rappelle plus tard”, qui, souvent, n’arrivent jamais. Ce mantra répété, “D’autres messages suivront”, évoque ces promesses faites à la légère, tandis que nous sommes pris dans la routine, sans réaliser “Nos victoires / Nos matins vernis” aux côtés de nos proches. Les paroles “Comme je m’en veux de croire / Que vous serez là toujours” dans Rivages résonnent comme un rappel poignant des moments manqués avec ceux qui comptent vraiment “La chance que j’ai / Se trouve dans les rivages où je me suis échoué”.

Dans la chanson-titre Cardinal, on retrouve une énergie de résilience, un désir de ne rien lâcher : “Cardinal, ô cardinal / Donne-moi ta couleur / Que je fende le blanc de l’hiver”. Une rage sourde d’aller de l’avant, de trouver sa force dans l’adversité.

Enfin, l’album se clôt avec Le soleil se cherche du stationnement dans l’horizon, un morceau qui fait écho à la première piste. Cet amour qui nous arrache le cœur et les tripes est résumé par ces vers : “Le jour achève son tour de garde / Et le vent nous crie des noms / Et le soleil se cherche du stationnement / Dans l’horizon”, annonçant la fin d’une histoire.Avec sa douceur mélodique et ses textes profonds, ce dernier album d’Avec pas d’casque est une berceuse country qui enveloppe, tout en nous bouleversant par des paroles d’une sincérité poignante.

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