Le trio poétique et bouillonnant Cosmopaark fait son grand retour avec un nouvel EP : Backyard, nouveau petit bijou scintillant de la scène rock indé, à savourer intensément dès maintenant !
Un EP surprenant qui dépasse toutes les attentes
Plus d’un an s’est écoulé depuis que and I can’t breathe enough, le premier album du groupe, a envoûté nos esprits. Ce disque, fruit d’un travail minutieux et perfectionniste, marque à la fois l’accomplissement des talentueux musiciens bordelais et le début d’une quête ardente : celle de frôler la beauté. Cosmopaark a su, dès ses premières notes, captiver notre attention, devenant une bande sonore fidèle tout au long de l’année précédente. Après avoir exploré chaque mélodie et savouré chaque goutte de magie, l’heure était venue pour Clément (guitare/chant), Baptiste (batterie) et Wanda (basse) de nous offrir de quoi étancher notre soif.
Nous y sommes. Octobre 2024, Backyard est enfin entre nos mains. Même si, au départ, nous avons été légèrement déconcertés par le format choisi (nous attendions un second album), cette petite « frustration » s’est vite dissipée pour faire place à une immersion totale dans ses harmonies. Dès les premières notes du morceau d’ouverture, il nous est apparu évident pourquoi ils avaient choisi de sortir un EP. Si la qualité de ce disque atteint un tel niveau, alors, clairement, nous ne sommes pas prêts pour l’avenir. Sans vouloir leur mettre de pression, il semble que le groupe ait voulu nous épargner un choc trop intense, préférant nous faire appréhender leur évolution en douceur. Ces cinq titres dépassent largement toutes nos attentes. Parvenir à intégrer autant de justesse dans un projet aussi court, à l’égal d’un LP, force notre admiration. Nous leur tirons notre chapeau.
Un premier morceau puissant
Emportés par la passion lors de la première écoute, nous avons choisi d’y replonger, cette fois avec un esprit plus clair, mais toujours aussi émerveillés. Starve ouvre le bal avec force. Puissant et mélancolique, ce premier morceau incarne brillamment la promesse artistique que le groupe nous fait ici. Sans s’inscrire pleinement dans le shoegaze, un style que les musiciens maîtrisent à la perfection, ils montrent qu’ils franchissent un nouveau cap. Leurs influences, tout comme la structure harmonique, évoluent vers une maturité indéniable. Un power trio à la fois efficace et parfaitement maîtrisé.
Explorant des thèmes profonds tels que la douleur de l’insuffisance et du regret, ce morceau d’ouverture semble aborder l’idée de ne jamais être à la hauteur pour retenir quelqu’un ou changer le cours des choses. Cette frustration se mêle à une résignation désenchantée, laissant entrevoir que la perte est inéluctable. Musicalement, l’intensité des guitares et la montée en puissance du morceau traduisent cette tension émotionnelle, nous plongeant dans un univers sonore très introspectif.
Harmonie lumineuse et tourments cachés
Coup de cœur incontesté, Olive Tree incarne une véritable allégresse musicale. Un riff envoûtant qui donne des frissons, suivi d’un moment de douceur apaisante, prépare le terrain pour une explosion sonore vibrante et presque féerique. Les accords de ce morceau illustrent, une fois encore, la quête de Cosmopaark pour atteindre un charme symphonique saisissant. Malgré sa splendeur apparente, une profonde détresse émotive transparaît dans cette chanson, touchant directement les cœurs. La capacité du groupe à créer une telle dichotomie d’émotions est une prouesse artistique, et, à ce titre, c’est un succès éclatant.
Le pilier mélodique de l’évolution de Cosmopaark
Le point central de ce projet, Pure Intention, se distingue comme le lien parfait entre le précédent projet et ce nouvel opus. Ce n’est pas un hasard si ce morceau a été choisi comme premier single. Le placer au cœur de l’EP est une décision judicieuse, comme si, au sein du voyage bref mais intense qu’est Backyard, ce titre s’imposait en chef de file. Évoquant l’assurance d’un vétéran, solide dans ses appuis, maîtrisant son art tout en ayant la sagesse d’apprendre des nouvelles inspirations qui l’entourent, il dégage une nostalgie subtile, incarnant la fusion idéale entre les éléments du passé du trio et ces sonorités plus aériennes et envoûtantes qui sont au cœur de cet EP. C’est cette combinaison qui en fait un moment clé, marquant l’évolution et l’ambition artistique de Cosmopaark.
Hole et Tiny Shelter, Vers l’Inconnu
Si vous suivez la tracklist, vous en êtes sûrement déjà à ce moment où une pensée du type « Déjà ? » vous traverse l’esprit. Cet opus semble filer trop vite, preuve que sa qualité est telle que le temps paraît s’accélérer, ou bien que nous sommes finalement prêts à en entendre davantage. Mais patience, il reste encore deux morceaux qui vous réservent des sensations intenses, croyez-nous. Hole et Tiny Shelter, les deux titres de clôture, vous plongent dans un véritable saut vers l’inconnu. Bien qu’ancrés dans l’univers musical du groupe, ils représentent les explorations les plus audacieuses, distantes de tout ce qui a été présenté jusqu’ici.
Une évasion émotionnelle entre tension et déchaînement
Dans la continuité électrique et sonore de l’EP, Hole adopte une puissance plus contenue, comme si l’air retenait son implosion. La structure oscille entre une rythmique presque pop, soutenue, et une voix flottant bien plus en apesanteur qu’à l’accoutumée. Après ces moments de tension, la mélodie s’affranchit totalement, comme si elle se retrouvait seule, à l’abri des regards, pour libérer ses émotions les plus profondes. Ce contraste entre retenue et explosion incarne parfaitement l’émotion sous-jacente du morceau. Nous ressentons une tristesse latente, tentant de rester contenue, mais qui finit par éclater en une déferlante de sonorités, évoquant les cascades décrites dans les paroles. Les guitares, tantôt délicates, tantôt furieuses, suivent cette dynamique fluctuante. Ce n’est qu’à la fin que tout semble s’épanouir dans une libération, voire une purification. Cet enchaînement d’accords, épuisé d’avoir tout contenu, laisse enfin éclater toute la douleur accumulée. Tant de tension retenue se dissipe que, dans les derniers instants du titre, on entend des sons de fin de bobine, symbolisant un essoufflement après une dépense d’énergie intense.
Réflexion intérieure et sérénité sombre
Pour clore cet EP, Tiny Shelter assume une ambiance résolument calme et sombre. C’est la partition la plus linéaire en termes de variations mélodiques parmi celles composées jusqu’à présent, mais elle est pleinement maîtrisée et raffinée de A à Z. Ce choix marque une rupture radicale avec les montagnes russes émotionnelles des titres précédents. Audacieux, voire courageux, il se termine sur une note peut-être un peu trop sombre dans sa forme. Cette chanson devient un espace de réflexion, un moment où les humeurs se déploient en toute intimité. La douceur de la mélodie, alliée à des paroles évoquant la fragilité et le besoin de répit, crée une atmosphère introspective, presque méditative. Au lieu de céder à une catharsis explosive, ce titre final nous invite à plonger dans nos propres pensées, à ressentir ce mélange de vulnérabilité et de force qui nous habite tous. La linéarité de la composition permet cette exploration sans artifices, révélant les nuances d’une lutte intérieure qui, bien que sombre, est aussi empreinte d’un certain réconfort. En choisissant d’achever l’EP sur cette note, ces brillants musiciens nous rappellent que la paix peut exister même dans l’obscurité et que, parfois, il est nécessaire de s’arrêter pour contempler les profondeurs de nos émotions.
Un immense bravo à Cosmopaark ! Nous leur souhaitons un grand succès avec Backyard. Pour toutes les personnes qui ne se sont pas encore laissées séduire par la noblesse et la poésie de ce disque, il n’y a plus une seconde à perdre désormais.