Lors de son passage à Bruxelles dans la salle de La Madeleine, Styleto nous a accordé une petite discussion autour de ses débuts musicaux et du grand pas que ça a représenté pour elle. Sur cette fin de tournée, on a également parlé de son rapport à la scène. Dans une atmosphère détendue, l’artiste n’a eu aucun mal à se livrer.
LFB : On se retrouve quelques heures avant que tu montes sur scène, comment te sens-tu ?
Styleto : Je me sens très bien ! J’ai commencé la scène il y a un peu moins d’un an et j’étais vraiment très stressée à chaque fois. Mais là, ça y est, je commence à me détendre. J’ai l’adrénaline dix minutes avant mais sinon j’ai trop hâte.
LFB : En plus, si je me souviens bien, sur tes premières dates tu enchainais un peu les catastrophes. Cela a-t-il pu t’aider à te préparer ?
Styleto : Ça m’a un peu mis un petit traumatisme. J’ai toujours peur que la date soit annulée ou qu’il se passe quelque chose qui ne dépend pas de moi.
Maintenant avec les concerts en salle, il y a moins de risque d’inondations (rire).
LFB : Tu as une préférence entre la configuration festival et celle en salle ?
Styleto : Les festivals c’est trop cool parce qu’il y a beaucoup de monde et d’ambiance. Mais, pour le moment, mes dates préférées restent celles en salle parce que je joue mon full spectacle avec les lumières et surtout ce n’est que mon public. Ce qui est plus agréable parce qu’ils connaissent toutes les paroles.
LFB : Ça fait quelques années maintenant que tu as assumé ton amour de la chanson. Qu’en tires-tu pour le moment ?
Styleto : Franchement, pour l’instant, ce n’est que du bonheur, je suis trop contente de tout ce que je suis en train d’apprendre. Je profite de chaque étape du développement du projet que ça soit l’écriture des chansons, là on réfléchit aussi à l’image autour de l’album.
Je suis aussi trop fière d’avoir réussi à sauter le pas et à écouter la petite voix dans ma tête sinon je pense que je serais passée à côté de quelque chose de très cool.
LFB : C’est quelle partie du processus qui t’anime le plus ?
Styleto : J’ai beaucoup aimé construire l’album et réfléchir autour de chaque chanson mais là c’est bon, ça va faire deux ans et demi que je suis dessus donc j’ai vraiment hâte qu’il sorte.
Sinon maintenant que j’ai découvert la scène, c’est vraiment ce que je préfère.
LFB : Tu as parlé de la petite voix dans ta tête, à quel moment t’es-tu dit qu’il était temps de l’écouter ?
Styleto : Je raconte toujours la même histoire mais c’est comme ça que ça s’est passé.
J’aimais beaucoup chanter, j’avais déjà fait quelques reprises. Souvent avec des potes, jamais toute seule parce que j’osais pas. Quand j’ai eu Socky (son chien, ndlr) je suis devenue une femme responsable (rire). J’avais 22/23 ans et je me suis dit que c’était bête de ne pas oser faire quelque chose parce que j’avais peur du regard des autres, et même de mon propre regard. Je me suis dit que c’était trop dommage.
Alors j’ai pris cette décision en rentrant chez moi, à Lyon. J’étais dans le train, il était six heures du matin, ce qui n’est vraiment pas l’horaire où je prends des grandes décisions normalement (rires). Je me suis chauffée et j’ai écrit à des potes qui avaient un studio. Au début c’était vraiment pour faire des reprises et s’amuser.
J’ai juste eu le déclic en me disant que je pourrais peut-être m’en vouloir dans vingt ans de ne pas avoir essayé.
LFB : Tu as parlé du regard des autres, j’ai l’impression que ça a balisé un peu tout ce que tu as pu entreprendre dans ta vie. On retrouve également ce rapport à l’autre dans ton dernier titre Faut que tu m’aimes. C’est quelque chose que tu assumes pleinement, ce qui est étonnant puisque tu as toujours exercé des activités où tu étais hyper exposée. Comment as-tu réussi à jongler avec ?
Styleto : C’est vrai que j’ai cette obsession pour savoir comment les gens me voient. Ça vient du fait que dès jeune j’ai fait le choix d’être exposée. Ce qui m’a offert beaucoup de positif et d’opportunités. L’année dernière, je me suis vraiment rendu compte de l’importance que ça avait pu avoir sur moi et ma manière de me voir. J’espérais toujours que ce que je publiais allait plaire et que si ce n’était pas le cas, c’est que c’était nul.
Je ne sais pas trop comment je deal avec ça. Je pense que de m’en être rendu compte ça m’a beaucoup aidée. En plus, je suis super bien entourée dans ce projet musical. Je n’ai vraiment que des personnes très saines autour de moi qui me conseillent et m’apprennent que je suis à ma place.
Puis, les moments qu’on vit dans la musique avec le public prouve que les gens ont vraiment envie d’être là et du coup ce n’est que du positif.
LFB : Le fait de le raconter à travers ta musique a-t-il pu t’aider ?
Styleto : Oui, j’aime bien l’assumer et montrer que ça ne passe pas toujours bien. Comme ça quand ça se passe bien, les gens sont encore plus contents.
En faisant Faut que tu m’aimes et en parlant, je me suis rendu compte qu’il y a pas mal de gens de notre génération qui vivent aussi ce rapport délicat à la confiance en soi et ça, qu’ils soient exposés ou non. Le message montre que c’est bien de recevoir l’approbation des autres mais que ça ne marche pas si tu ne te le donnes pas.
LFB : Toi qui viens de la vidéo à la base, quel rapport entretiens-tu avec le visuel qui va autour de ta musique ?
Styleto : Pour Faut que tu m’aimes, il y a beaucoup de gens qui n’ont pas compris le clip et je ne voulais pas spécialement donner d’explications parce que je trouve qu’il y a plusieurs lectures possibles du clip. Je n’avais pas envie de donner ma vérité à moi.
Le clip a été réalisé par Antoine Wibaux avec qui j’adore travailler. Il a tout à fait compris ma vision et on se complète super bien.
On a voulu montrer que même si tu pouvais être mis dans des casses, ce qui réfère aux Rubik’s Cube que je trouve, ajoutent un coté décalé au clip parce que je ne voulais pas qu’il soit larmoyant. Par contre, ce n’était pas mon idée mais j’ai directement flashé dessus.
LFB : C’est vrai que même si tu traites de sujets intimes, ta musique est rarement larmoyante. Ce qui colle avec ta personnalité. C’était important pour toi d’apporter ce côté un peu plus léger à travers ta musique ?
Styleto : Oui, parce qu’au final je ne traite pas de problèmes qui sont super graves. Surtout que je les assume.
Après, c’est sûr que dans l’album il y a quand même des morceaux où je vais aller chercher la larme parce que j’adore ça. Je suis très sensible, mes chansons préférées c’est celles qui font pleurer (rire).
C’est un peu dans cette idée que j’ai sorti une version « miel » de Faut que tu m’aimes. Je ne pense pas qu’elle fera pleurer les gens, mais elle est pleine de douceur. Ce qui donne une autre lecture au titre. Et ça a bien marché parce que j’ai reçu plusieurs messages de personnes me disant que grâce à ce piano-voix, ils ont plus prêté attention aux paroles.
LFB : Dans la manière de te raconter tu gardes toujours un certain regard enfantin sur tes problèmes d’adulte. Quelle importance a cette période de vie dans ton développement ?
Styleto : Je pense que ce n’est pas vraiment voulu mais que ça reste vrai. Ça vient du fait que pour l’instant j’ai choisi d’écrire sur des thématiques que j’ai vécues. Vu que je suis encore jeune, que je reviens dans le passé c’est souvent des choses en rapport avec l’adolescence ou l’enfance. C’est vrai que, pour le moment, ce que j’ai sorti sonne assez nostalgique.
LFB : Ton premier album était composé de reprises. Etait-ce par peur de te livrer ?
Styleto : Quand j’ai commencé mon projet musical, je faisais des reprises musicales sur Instagram. J’ai vu que ça plaisait et ça m’a donné envie d’aller plus loin. Pour terminer cette première étape j’ai décidé de faire l’album Carrousel. Il était composé des reprises issues d’Instagram mais en version longue. A la base, c’était vraiment pour prendre la température. C’était la transition entre les réseaux sociaux et montrer aux gens que c’était sérieux.
LFB : As-tu été surprise par l’accueil du public ?
Styleto : Franchement, je ne m’attendais à rien. Je n’avais aucune idée de ce qui était des bonnes statistiques ou pas en musique. Même à l’heure actuelle c’est encore flou pour moi (rire).
Forcément j’espérais que ça plaise et j’ai eu de la chance parce que ce fut le cas. Mais j’ai conscience que dans la musique c’est vraiment le public qui décide. Je sais qu’il y a des gens qui m’adorent mais qui ne vont pas aimer ce que je fais pour diverses raisons.
LFB : Là, on est sur la fin de ta tournée. Pensais-tu un jour vivre la vie de tournée ?
Styleto : Quand j’avais sept ans, dans mon journal intime il était écrit : « être une chanteuse connue ». J’avais des posters de Lorie partout dans ma chambre et je voulais être comme elle (rire). Du coup, je pense que j’ai toujours idéalisé ce que c’était qu’être chanteuse. Pour moi, c’était être une star hyper sûre de soi. Là je vois que pas forcément (rire).
Franchement, je ne pensais pas que je le ferais un jour. Même il y a un an quand j’ai commencé les reprises je pensais que ça allait s’arrêter à un moment ou que je n’allais pas assumer. Parce qu’au final, ce n’est pas rien. Là je fais une tournée de presque trente dates sans album. J’ai de la chance que ça soit une réussite mais c’était un challenge. Il a fallu penser le show pour que le public ne s’ennuie pas et apprenne les paroles.
LFB : Justement, comment as-tu réfléchi tes performances ?
Styleto : A la base, mes premières scènes s’appelaient le « mini-tour ». C’était cinq dates dans des petites salles. C’était juste pour voir si j’aimais être sur scène. A ce moment, je n’avais encore jamais chanté devant des gens. J’ai aimé et on a commencé à réfléchir à faire d’autres dates. Elles se sont remplies et on s’est posé avec Benoit, avec qui je produis l’album et qui est un ami pour écrire la trame et la setlist. Il y avait aussi Jérome qui est le directeur musical de la tournée. On a fait en sorte que tous les trois inédits, il y ait un happening ou une reprise. Après je me suis posée et j’ai réfléchi aux thèmes que je pouvais proposer. Je ne voulais pas que ça soit trop écrit parce que ça allait me stresser, surtout que je suis assez à l’aise sur scène.
Tout c’est fait assez naturellement. Je crois que la qualité de cette tournée réside dans la sincérité qu’on peut y retrouver. En tout cas, j’en ai que des bons retours. Il y a même des gens que je vois revenir.
LFB : En plus tu finis en beauté avec l’Olympia. Ça doit être aussi une sacrée consécration pour toi. As-tu une pression particulière ?
Styleto : Je me dis que tout s’est bien passé pour le moment et vu que je commence à être à l’aise j’ai surtout très hâte. Je sais que demain à cette heure-ci je ne dirais probablement pas ça (rire). Les dates parisiennes sont toujours un peu spéciales. Il y a tout le label, les professionnels et ça me stresse un peu mais j’ai surtout envie de réussir à profiter et de ne pas penser à ce qui viendra après. Je ne sais pas si ça se reproduira de si tôt.
LFB : A part une belle réussite ce soir et à l’Olympia, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Styleto : Que les gens écoutent l’album quand il sort début 2025 et de toujours autant kiffer !