O’o tient son nom d’un oiseau endémique d’Hawaï dont l’espèce est aujourd’hui supposée éteinte. Il était connu pour la beauté de son plumage ainsi que de son chant hypnotique et éthéré. Il est aujourd’hui un symbole poignant de la dégradation de la biodiversité et le témoin de notre fragilité. Son souvenir rejaillit porté par le duo formé par Victoria Suter et Mathieu Daubigné. Sur les plages musicales de leur deuxième album Songs of Wishes and Bones, germent des chansons conçues comme de petits contes dont l’esthétique se teinte de gothique, de poésie et d’humour. Un univers proche de celui de Tim Burton fait d’ambiances sonores immersives et de rebondissements multiples et inattendus.
Pop dans les harmonies, Electro dans la liberté de les traiter, Inventif dans la façon d’enchevêtrer le tout au bénéfice de la structure narrative. 10 chansons, 10 voyages sonores, 10 moments pour se perdre dans les paysages esquissés par O’o. Des reliefs acérés des montagnes qui nous entourent au plus profond de lacs qui dissimulent mystères et illusions. Les notes des lignes musicales des chansons d’O’o sont semblables aux gouttes de pluie qui forment des ruisseaux torrentueux. L’eau est l’élément omniprésent dans les compositions apportant sa fluidité, sa force, son imprévisibilité. Propice à engloutir nos sentiments et à les faire rejaillir dans sous la forme de résurgences karstiques et cathartiques. Mystérieux et insaisissables, mais aussi fragiles et vulnérables comme a pu l’être l’oiseau aujourd’hui disparu.
Vrai coup de cœur – comme on aime les avoir – de cette fin d’année, les compositions d’O’o se découvrent et se redécouvrent avec un plaisir toujours renouvelé.
À quelques jours de la sortie de leur deuxième album, Songs of Wishes and Bones, nous sommes allés à la rencontre de Victoria et de Mathieu, qui forment à eux deux le duo O’o.
La Face B : Bonjour O’o, comment allez-vous ?
Mathieu : Très bien.
Victoria : Ça va.
Mathieu : Comme un lundi soir. Il a fait chaud aujourd’hui et on profite de l’été indien qui se prolonge dans le Lot-et-Garonne.
La Face B : A quelques jours avant la sortie du second album d’O’o – Songs of Wishes and Bones – que ressentez-vous ?
Victoria : Une libération en ce qui me concerne, je ne vais pas parler au nom de Mathieu. Une petite anxiété et puis quand même beaucoup d’excitation. On connaît l’album tellement par cœur qu’aujourd’hui il nous traverse sans émotion. J’ai hâte d’avoir des échos des autres pour à nouveau peut-être en ressentir.
Mathieu : Et alors de revivre cet album à travers eux. Pareil pour moi. Beaucoup d’excitation. Cela fait longtemps que cet album est fini. On est impatients qu’il sorte enfin. Et, bien sûr, comme le dit Victoria, on attend les réactions de ceux qui vont le découvrir. On va voir ce qu’il se passe.
La Face B : Votre album est terminé depuis longtemps ? Entre la conception et la sortie, il peut se passer beaucoup de temps.
Victoria : Finalement, le temps de sortie n’a pas été aussi long. On considère que l’on a fini l’album quand on a juste à valider ce qu’on nous propose pour la suite. Et c’est vrai que le mixage et le mastering ont duré longtemps. Il y a déjà eu cette période un peu longue. Il a été terminé (plus dans nos mains ni dans les mains de personne) au mois de mars. L’été a paru un peu long, mais on a eu la chance de pouvoir sortir deux singles en amont (Arena et Les Os du Lac). Cela nous a permis de tester la température.
« C’est plein d’histoires et d’univers musicaux différents avec une petite signature qui fait que, dans tout ce bazar sonore on arrive à être cohérent »
La Face B : Pour revenir au style musical d’O’o qui a quand même pas mal évolué depuis vos premières sorties, si on vous demandait de le caractériser, comment le feriez-vous ?
Victoria : Pour moi, c’est plein d’histoires et d’univers musicaux différents avec une petite signature qui fait que, dans tout ce bazar sonore on arrive à être cohérent. Clairement de la pop, des chansons électroniques. On pourrait parler de pop électronique, mais il y a tellement de choses qui vont au-delà que cela pourrait paraître réducteur. Hybride, c’est aussi un fourre-tout. Il y a donc aussi ce terme qui nous sert bien souvent et qui au fond, nous correspond pas mal. Mais, malheureusement cela veut aussi tout et rien dire.
Mathieu : J’imagine que de plus en plus la musique est complexe à étiqueter au vu des influences diverses qui existent. D’autant que, dans la pop, il y a plein de choses qui se passent. Dans la musique électronique c’est pareil, ça veut tout et rien dire.
Victoria : Inclassable ! [Rires]
La Face B : Et puis vos compositions vont au-delà de la musique – des ambiances, des histoires – et cela la rend difficilement cataloguable.
Victoria : Il existe pour chaque chanson un univers différent. Parfois cela va être une ballade très pop et le morceau suivant quelque chose de plus sombre avec des plages plus ambients ou au contraire plus dansantes. Ça varie d’un morceau à l’autre.
Mathieu : Et même parfois dans la même chanson.
Victoria : Donc, pour nous c’est dur de caractériser
Mathieu : Et toi, tu dirais quoi ?
La Face B : Electro-pop c’est certain. A vous rapprocher, je le ferai à d’autres groupes qui sont aussi inclassables que vous. Inigo Montoya ou UTO pour la structure non linéaire de vos morceaux, Mesparrow ou Camille pour le travail sur la voix.
Victoria : Camille est une influence personnelle.
La Face B : Et donc dans les sources d’inspiration d’O’o – pas forcément que musicales – vous citeriez qui ou quoi ?
Victoria : Ça dépend de quoi on parle. Pour les textes, je suis très inspirée par les contes, les histoires un peu macabres. J’aime bien être dérangée que ce soit dans la littérature, dans le cinéma. Ce sentiment de malaise avec quand même de l’humour. Je pense que cet album contient pas mal de gothique. Dans les textes et parfois peut-être aussi dans la musique.
Mathieu : Je pense aussi, de baroque.
« La nature est, dans les textes et la musique, une énorme source d’inspiration »
La Face B : Et même ta voix, Victoire, suit d’autres chemins que ceux de la pop. Tu as eu une formation de chanteuse lyrique. Ce sont des choses que tu as explorées et que l’on retrouve dans les chansons.
Victoria : C’est certain que cela a dû m’ « inspirer » vocalement. En tout cas cela fait partie de mon ADN.
Mathieu : Quand on écoute, on peut imaginer des inspirations, mais elles viennent depuis toujours et de tellement de musiques. Cela peut s’apparenter sur les formats, parfois de la musique psychédélique un peu rock ou alors plus électronique « darksidienne ».
Victoria : On aime bien tripper, se laisser porter par le morceau.
Mathieu : Depuis toujours, on écoute énormément de musiques différentes, même traditionnelles. Cela ne se ressent pas forcément sur le morceau lui-même, mais plutôt sur un rythme ou un son. Ça peut être de l’ambient également.
Victoria : Avec la musique, c’est toujours complexe parce qu’on écoute plein de choses différentes. C’est compliqué de capter ce qui nous a le plus influencé, ou du moins quels sont les artistes qui nous ont le plus influencés. Cela étant, il y a également des choses externes à la musique ou même à l’art. La nature est, dans les textes et la musique, une énorme source d’inspiration. Le visuel, les images, quand on écoute la musique, pouvoir ressentir les images qu’on a voulu y mettre. Et la nature inspire beaucoup ça.
S’il y a dans un morceau des références à l’eau, c’est bien que le son soit également aquatique. Plusieurs morceaux font référence à la nature. Pour le morceau Barcelone écrit avant de quitter cette ville, on a enregistré les sons de Barcelone, de la terrasse où j’habitais. L’inspiration vient de l’émotion, du moment, de la nature, de tout ce que l’on a écouté.
La Face B : Dans Orage on ressent vraiment l’effet d’une pluie qui tombe. Dans Les Os du Lac, on ressent cette vibration qui ondule sur l’eau du lac. Les éléments, les lieux semblent avoir une forte importance dans vos compositions. Après plusieurs années passées à Barcelone, vous êtes revenus goûter au calme du Lot-et-Garonne. Passer de l’effervescence barcelonaise au calme de la campagne a certainement dû avoir un impact sur la manière de concevoir des chansons d’O’o.
Victoria : Dans l’écriture des textes, cela m’a énormément influencée parce que, souvent, ils jaillissent de choses que j’observe ou que je ressens dans la nature lors de promenades. La nature, les insectes, les animaux, la nuit, une certaine forme de solitude. Maintenant, pour l’entièreté de l’album, je ne mesure pas à quel point cela a eu un impact. Dans les thèmes abordés – oui – dans les textes – oui – mais dans la musique, on n’arrive pas à déceler ce qui a changé en étant ici. Je ne crois pas que cela a exercé une grande influence sur elle. Mais d’un autre côté, comme les textes et la musique sont extrêmement liés – la musique va imager le texte – forcément, la musique va s’inspirer de la nature, par lien de causalité.
Mathieu : Notre forme de travail a aussi beaucoup évolué. On s’est enfermé dans une maison au milieu de la campagne pendant quelques mois pour bosser sur l’album. Ça a changé notre manière de faire.
Victoria : On vivait ensemble, on mangeait ensemble, on travaillait toute la journée dans une pièce de cette maison. En fait, on aurait pu être un peu partout parce que l’on a passé des mois enfermés. On était dans une bulle. Je vais donner des exemples. Pour le morceau Scorpion, il a été inspiré par une invasion de scorpions dans la maison. On en voyait partout. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose avec cet animal, ou plutôt avec cet arachnide. Les Os du Lac, c’est pareil. Pas loin d’ici, il y a un lac où je vais depuis que je suis petite. C’est un endroit qui m’a toujours semblé magique. Dans tous les morceaux, il y a de cela, à l’exception des morceaux plus personnels, plus sentimentaux, où ce sont les émotions du moment qui en ont constitué la trame plus que la nature et l’environnement.
La Face B : Dans Les Os du Lac il y a cette part de mystère de ne pas savoir ce qui se passe sous la surface. Pour Scorpion…
Victoria : Ils sont méchants. Ils sont devenus dans l’histoire des prédateurs sexuels. J’ai pris une petite tangente [Rires].
La Face B : Et dans votre processus de composition d’O’o, c’est l’histoire qui prime et la musique qui l’illustre ou au contraire une ambiance musicale, un son, qui peut inspirer une histoire ?
Victoria : En général, quand on commence, les textes sont le plus souvent déjà écrits. Mais, on a essayé de travailler des deux manières. Soit d’abord le texte, puis je lui trouve une mélodie. Je fais écouter à Mathieu si je juge que c’est suffisamment abouti pour lui. Ensuite on travaille ensemble sur comment développer le texte et comment l’imager. Ou alors Mathieu me donne un riff. Je n’aime pas travailler quand tout est déjà fait, car j’ai plus de difficultés à trouver ma place. Mais parfois c’est un riff qui se répète, qui se répète.
Mathieu : Mais le texte est d’abord écrit. Toujours.
La Face B : Il donne l’ambiance, le ton et tu brodes dessus ensuite.
Mathieu : Clairement. Je m’occupe de la partie musicale, mais on travaille tous les deux. Il y a une effervescence, des échanges.
« Mathieu a toujours aimé travailler la voix et la transformer pour qu’elle ressemble à autre chose »
La Face B : Dans les compositions d’O’o, il existe un dialogue permanent entre paroles, histoire et musique.
Mathieu : Bien sûr. Les paroles, même parfois juste la mélodie. Il y a plein de choses qui se passent. C’est intéressant comme travail de partir d’une mélodie.
Victoria : Comme moi qui suis plus contrainte s’il y a trop de musique. Parfois Mathieu peut l’être si la mélodie est plus complexe à travailler ou moins inspirante.
La Face B : Mathieu, j’ai l’impression que les lignes musicales que tu construis pour les chansons sont, dans leurs structures, constituées de collages ou de juxtapositions.
Mathieu : C’est l’idée de vouloir faire évoluer les sons. Je pense que j’ai un problème, car souvent j’ai envie de mettre plein de choses. J’ai envie de faire exister plein de sons, tout le temps, parce qu’ils sont tous trop bien. Et je considère que, comme ils sont tous trop bien, ils ont tous leur place. Mais ce n’est pas le cas.
Victoria : Mauvaise idée !
Mathieu : Il faut travailler à minimaliser.
Victoria : On n’arrive pas bien à le faire comme tu as pu le constater.
Mathieu : Toujours pas ! On se soigne, mais… [Rires]
La Face B : UTO m’avait remonté la même problématique, où souvent Emile a tendance à rajouter plein (trop) de matière sur les pistes musicales avant de se contraindre à les alléger.
Mathieu : Et savoir et décider quel son a son importance. Mais oui, c’est du collage, du sample. Sur chaque chanson j’essaye de prendre de nouveaux sons. Le rythme, des sons acoustiques transformés, des samples transformés, des sons de voix de Victoria transformés.
La Face B : Et tu agis également sur la voix pour mieux s’intégrer à une atmosphère musicale.
Victoria : Mathieu a toujours aimé travailler la voix et la transformer pour qu’elle ressemble à autre chose.
Mathieu : On peut faire tellement de choses aujourd’hui avec les outils dont on dispose. La technique des samplers est ancienne, mais on peut encore innover. Il existe des outils liés à la musique électronique qui sont très intéressants. On peut tout transformer en tout.
Victoria : Des fois, je ne sais même plus si c’est moi qui chante tellement c’est modifié.
La Face B : C’est ton autre toi qui apparait dans l’histoire que tu nous contes.
Victoria : Exactement, c’est le personnage.
« J’aime bien jouer avec les sonorités »
La Face B : Il y a l’importance de la narration dans les chansons, mais aussi ta façon de jouer avec les mots. Dans l’E dans l’O tu joues beaucoup avec les sonorités et leurs imbrications, comme Serge Gainsbourg avait pu le faire avec Elaeudanla téitéia.
Victoria : D’ailleurs, je lui ai piqué l’idée.
La Face B : Mais en la réinventant complètement.
Mathieu : Mais tu aimes bien les jeux de mots en tout cas. Il y a une vraie recherche.
Victoria : Oui, j’aime bien jouer avec les sonorités. Avec les sons, notamment avec le son « O ». Les jeux de mots… Que ce soit amusant à l’écoute aussi. Pas seulement que ce soit marrant, mais qu’à l’écoute il y ait quelque chose qui interpelle.
La Face B : Et cela permet de revenir sur tes textes. On ne comprend pas forcément tout la première fois, et les suivantes on fait de nouvelles découvertes. Les mots apparaissent comme autant d’indices que tu as disséminés.
Victoria : Exactement.
La Face B : Des tournures que l’on retrouve également dans Tako-Tsubo où les mots se révèlent sous de multiples apparences. D’ailleurs, j’ai entendu samedi dernier cette chanson bien encadrée par Isobel de Bjork et Chihiro de Billie Eilish. Bjork pour ses univers féériques et le titre de Billie Eilish en clin d’œil au film d’animation de Miyazaki. Ça correspond bien aux univers présents dans Tako-Tsubo
Victoria : Pas mal, on est bien entourés [Rires]. Ce morceau est inspiré non pas par le Japon, mais par le terme. Le Tako-Tsubo est en même temps un piège à poulpe au Japon (c’est comme cela qu’ils les attrapent) et une maladie du cœur qui te tue ou te blesse d’un coup par un choc émotionnel. Il y a un mixte des deux, mais on voulait retrouver dans le morceau un côté japonisant. Donc oui, le Studio Ghibli, oui c’est pas mal.
« Je me mets plus à nu avec le français qu’avec l’anglais »
La Face B : L’E dans l’O est écrit en français, Tako-Tsubo en anglais. Dans votre album vous basculez de façon quasiment systématique entre les deux langues. Une chanson en anglais, une chanson en français. Qu’est-ce que permet une langue ? Qu’est-ce que permet l’autre ? Comment choisir l’une plutôt que l’autre ?
Victoria : Pour l’écriture, avant O’o je n’avais jamais trop osé écrire en français. Je trouve cela beaucoup plus ardu parce que les mots t’atteignent immédiatement. C’est moins secret que l’anglais, qui est une langue – pour moi, mais je pense que je ne suis pas la seule – plus basée sur les sonorités que sur le sens. L’anglais me permet d’écrire de manière abstraite. Ou du moins de ne pas chercher à ce que les gens comprennent tout ce que je suis en train de dire. Que l’aspect musical prime.
Le français c’est presque l’inverse. Le timbre de la voix diffère également. On ne chante pas pareil dans toutes les langues. Je trouve intéressant d’aller chercher des voix un peu différentes. Le français est plus direct. Je me mets plus à nu avec le français qu’avec l’anglais. Et j’ai tendance à écrire des choses plus personnelles en français qu’en anglais. Même si Les Os du Lac n’est absolument pas autobiographique.
La Face B : Tu n’as pas trouvé de sirènes au fond du lac ?
Victoria : Pas encore. L’anglais pour moi, est une langue vraiment musicale et le français joue plus sur la sémantique. Et d’ailleurs, c’est pour cela que c’est plus compliqué. Cela devient tout de suite plus lourd de sens. Je me suis longtemps cachée derrière l’anglais.
Après le fait de switcher entre les deux, c’est quelque chose que j’ai toujours fait. Dans ma famille [Victoria est franco-anglaise] on parlait deux langues en même temps. Dans une même phrase, les mots des deux langues pouvaient se mélanger. Donc, pour moi, c’était naturel de le faire.
La Face B : Dans votre précédent album Touche [paru en 2022], seuls deux morceaux étaient en français, là vous passez systématiquement d’une langue à l’autre à l’exception des deux derniers morceaux en anglais avec Barcelone pour clore l’album. Et musicalement, cela a eu des impacts ?
Mathieu : Je pense que ce n’est pas dérangeant au niveau de la musique. Ce n’est pas cela qui va changer les choses.
Victoria : Tu n’as pas l’impression que, quand on fait du français, on devient un peu plus pop ?
Mathieu : Si, mais c’est ce que tu disais. Sur le français certains styles de musique sont plus complexes à faire naturellement. Sur des choses assez rythmées, avec l’anglais Victoria peut plus facilement jouer avec les sonorités. Cela étant, ça dépend également de la ligne mélodique. Aussi je ne sais pas si cela a une réelle influence.
Victoria : On avait deux morceaux en français dans le premier album. Touche qui est clairement français/français et Serment pour lequel les Français me disaient souvent « Au début j’ai cru que tu chantais en anglais parce que je ne comprenais pas tout ce que tu disais ». Je me souviens que, sur Serment, je m’étais dit que je la chanterai comme si elle était en anglais. Je n’osais pas encore trop… Il y a eu une évolution par rapport au premier album dans les textes en français où ils apparaissent plus assumés.
Mathieu : Je pense que cela influence plus la manière de chanter de Victoria que la musique. Je ne sais pas si elle chantait en chinois cela influencerait. Mais j’ai l’impression que non.
Victoria : Je pense que, d’une langue à l’autre, la façon de chanter est différente. Cela vient déjà d’où sort la voix. En anglais, on dit que c’est dans le masque. En français, ça va sortir d’ailleurs. Pour l’espagnol encore d’ailleurs. Je ne peux malheureusement pas écrire dans toutes les langues.
Mathieu : Pas encore…
La Face B : Quoiqu’en espagnol tu pourrais.
Victoria : Oui, mais pareil. L’espagnol, je pourrais, mais pas comme je l’aimerais. Et de même, c’est une langue hyper marquée musicalement. Pour l’instant je ne saurais pas trop quoi faire de mes textes en espagnol. Peut-être un jour. Mais un album trilingue ferait aussi too much [Rires].
« Tout échange entre artistes est intéressant »
La Face B : Vous avez rejoint, mais c’était déjà le cas pour le premier album, le label Infiné qui est un label qui regroupe un ensemble d’artistes aussi iconoclastes que singuliers. Avez-vous eu des échanges entre vous ? Vous avez déjà fait des concerts avec Léonie Pernet, Sabrina Bellaouel, Lucie Antunes et prochainement Cindy Pooch.
Victoria : Avec Cindy on est en train justement de préparer un morceau que l’on va chanter ensemble. Elle est avec Seb Martel à Berlin et on va tous les quatre chanter un morceau de O’o en a cappella. C’est la première fois que l’on va faire quelque chose ensemble au-delà de partager la même scène. Sinon j’ai aussi travaillé avec Frieder Nagel à Berlin, il y a deux ans. Il prépare un album sur lequel j’ai chanté. Sinon, on n’a pas eu trop de collaboration à proprement parler avec d’autres artistes d’Infiné.
Mathieu : On va s’y mettre. A Barcelone on était loin de Paris. Là on s’est rapprochés. Et ce serait avec plaisir. Tout échange entre artistes est intéressant.
Victoria : Je crois que, musicalement et artistiquement, on est assez proche d’UTO. Avec qui on pourrait peut-être un jour faire quelque chose. En tous cas, je sais qu’Alexandre Cazac [Directeur de création et co-fondateur d’Infiné] a déjà mentionné cette idée.
La Face B : Et quelles sont les prochaines actualités d’O’o ?
Victoria : Berlin, le 4 novembre. Aux Bars en Trans à Rennes en décembre. A l’Hyper Week-End Festival à Paris en janvier. Un live en novembre dans Côté Club sur France Inter en novembre. Des petits concerts dans le coin [dans le Lot-et-Garonne] aussi parce qu’on est contents de se retrouver chez soi et de pouvoir pour la première fois y jouer. Même si c’est dans des petits lieux, c’est bien de connecter avec la région.
La Face B : Et pour finir, que peut-on souhaiter à O’o ?
Victoria : La fame, la fame, la fame ! [Rires]
Mathieu : Que l’on puisse encore et toujours créer, s’amuser.
Victoria : Et que notre album rencontre un petit succès. Qu’en tout cas il arrive aux oreilles des gens. Que l’on continue et que l’on puisse en vivre sereinement. C’est ce que l’on veut et j’espère que c’est cela qu’on nous souhaite.
Retrouver sur La Face B, en cinq titres, les influences musicales d’O’o :
ADN #651 : O’o
En complément, le dernier chant du O’o pour ne jamais l’oublier et toujours s’en inspirer :