C’est avec un troisième album que Clavicule, groupe originaire de Rennes, a fait son retour le 22 novembre dernier. Cet opus succède à Full Of Joy qu’on avait chroniqué ici, début 2023. Avec le quatuor, on part surfer sur la vague du post-garage (bien californien) comme ils aiment s’y affilier. Sur une troisième mouture, l’expérience des groupes résulte des précédents studios et des kilomètres parcourus en tournée. Clavicule est de ceux-là et lorsque Incoming Blaze a pris forme, le groupe est passé par des remises en question et a vogué vers des expérimentations au-delà du genre auquel ils sont affiliés.
Clavicule se compose d’Alexis Pouclet à la batterie, Blanche Leblond qui a trouvé sa place récemment à la basse, Kamil Firganek pour la guitare et Marius Vicet côté chant et guitare également. Les Rennais·es viennent clamer leur maturité sur Incoming Blaze, preuve de la chaleur ardente qui les anime, que ce soit dans l’effet de synergie qui gravite autour d’elles·eux ou dans les valeurs poignantes qu’iels défendent.
Un visuel lié à la remise en question de la société.
Le visuel d’Incoming Blaze a été réalisé par Vaderetro Studio et met en scène un personnage en proie aux flammes. Il est largement inspiré d’une photographie d’Adèle Cernesson, officiant à Rennes. Cette photographie en question a pris forme lors d’une manifestation concernant la réforme des retraites et a beaucoup marqué le quatuor puisqu’elle a servi d’inspiration. Une belle réalisation pour illustrer cet album ! Il est désormais temps de rentrer au cœur de la musique.
All These Boys, premier extrait poignant dévoilé.
Embers fait office d’introduction et marque l’avènement d’Incoming Blaze le temps d’une minute quinze. À sa suite, All These Boys attaque fort. Sorti en septembre dernier, il est le premier extrait de cet opus et son clip est signé par Josic Jégu. Assemblage de mots martelés comme pour les ancrer dans nos mémoires au moment du refrain, ce morceau alterne l’intensité et les passages plus nostalgiques et fleuris notamment dans l’interlude instrumentale. Tout cela pour finir en apothéose. En imaginant All These Boys sur scène, on se dit qu’on a hâte d’entendre et de voir ça !
L’aventure se poursuit avec I Know qui démarre de manière très incisive. I Know est une réalisation très électrique et presque rituelle dans sa composition. L’ADN de Clavicule est clamé haut et fort. Lors des derniers instants, le morceau se love dans une lourdeur suave qu’on savoure avec délectation. Les guitares, plus agressives, s’envolent et se déchaînent. I Know se défend par sa construction solide et précise.
La basse de Blanche, une présence indissociable.
Dès les premières notes, Eat The Light nous fait savoir qu’on est bien sur du bon gros garage. La basse, performée par Blanche, alterne entre douceur et frénésie. La dimension pop d’Incoming Blaze commence à prendre tout son sens ici, petit à petit, par de subtiles touches.
Stress Notice débarque comme pour sonner l’alarme. Le ton oscille entre gravité et rythmes acidulés, preuve que rien n’est tout blanc ou tout noir. Scum Manifesto est un morceau passe partout, comme le précédent. Sans être innovant, il se veut efficace. Il laisse la place aux paroles qui occupent l’espace sur ce titre. Le chant, initialement moins élaboré sur les opus précédents, prend toute sa place sur cet album.
crédit photo Marine Bouteiller
Un accent pop qu’on adore.
Le côté pop de la force refait surface sur Future Memories. Il résonne comme un petit tube dont on se souvient forcément. S’ensuit Thrive In Distance, la petite claque aux accents psychédéliques mis à l’honneur par Clavicule qui pourtant s’achève dans un tonnerre de riffs acérés et brutaux. La basse de Blanche se pare alors de noirceur. Un coup de cœur pour ce morceau.
Avant dernier titre, This Is How We Forget distille un chant proche du phrasé punk par moments. Clavicule se joue de son public encore une fois avec des pointes de vitesse contrastant avec des instants placides, une habitude sur cet album. La cadence est donnée et on la suit avec plaisir !
Incoming Blaze s’achève sur une note d’espoir.
Enfin, Incoming Blaze se clôt par le second extrait dévoilé précédemment : In Decline. La basse, à nouveau, apporte une texture très intéressante à l’ensemble. In Decline incarne un morceau des plus pop dont émane la douceur et la nostalgie. Puis, même si un cri intérieur paraît obscurcir tout cela, c’est bien l’espoir qui finit par sceller cet album de Clavicule.
crédit photo Nicolas Acquaviva
Contrairement aux deux premiers albums, une sensation intense d’aboutissement se fait sentir sur Incoming Blaze. Le propos est précis, concis et appliqué. La parole, matérialisée intensément par le chant, se libère et s’octroie une place décisive. Elle est gage d’un engagement sincère de la part de Clavicule qui n’a pas à rougir de ce bel album.
Reste à les voir se défouler sur scène et fleurir sur les cendres de l’ancien brasier. La scène est sûrement l’endroit le plus cathartique et c’est bien là que se diffuse leur force. Clavicule en live, c’est brûlant, intense et très lourd ! À La Face B, on vous le conseille grandement.