Récemment signés chez Icy Cold Records, les Toulousains de URGE n’ont rien de rose à offrir dans ce premier album intitulé Here/After. L’amour du post-punk et de la cold wave au cœur, les cinq garçons transpirent la noirceur et ça, ça fait battre notre cœur à nous ! Ça avait commencé avec une exclu coup de cœur et en creusant l’intégralité de l’album, on a littéralement craqué, disons-le aussi clairement.

Here/After s’ouvre sur le superbe Of Georgics avec cette phrase de refrain qui nous a faits succomber « Thousands of regrets / Go up in smoke ». Ce désespoir, la basse bien pesante, les guitares vrombissantes, l’épais brouillard font de Of Georgics un délice impeccable dans le genre et une grande entrée en matière.
Il bifurque, c’est Surrenders. Plus vif, plus cold aussi. Toutefois, moins désespéré. Les guitares sont plus tranchantes. La voix d’Adrien Broué sort du brouillard dès lors qu’un synthé s’adosse dans le fond laissant un rai de lumière passer. Avec sa guitare qui sonne comme un portail métallique rouillé, Convenience n’en est pas moins un morceau bien inspiré. Le bourdon, il n’y a que ça qui règne en maître.
In Tenebris dont nous vous avions parlé il y a quelques semaines prend position ici, à mi-parcours. Le brouillard que l’on a laissé sur Of Georgics s’est propagé. Le désespoir toujours plus froid, une ambiance oppressante qui ne laisse que peu de place à la lumière. Avec “I’ve heard that God is gone” URGE signe un refrain qui pourrait faire penser à un propos nietzchéen. Dans sa dernière minute, le morceau prend une tournure plus rock à la Interpol, Talk To Her.
C’est le tout premier single sorti. Desolated auguries est un morceau à la lenteur affirmée. Et c’est loin de nous décevoir, il offre une sorte de pause. Ce qui n’en fait pas un morceau plus heureux. Desolated auguries fait revenir le synthé dans lequel se noie la voix. Comme le veut l’adage, le calme avant la tempête. Le vent Homecoming souffle sur la mer.
La batterie se fait plus sèche, tendue, Corrupted est une suspension entre les vagues.
La voix est hantée. Prise au piège de pensées envahissantes.
Mécanique dans son introduction, Stab Another Back fait revenir la noirceur au centre du jeu. Point d’optimisme à chercher. Avec un morceau de 04’04, on pourrait faire une subtile allusion à la légendaire « Erreur 404 ». Evidemment, ça n’était pas du tout conscientisé. La basse est lourde. L’ambiance est angoissante.
Et ainsi Here/After s’achève sur son titre éponyme avec une entrée en matière très aérienne. Histoire de se relever de tout ça. Long de 8 minutes, le morceau conclusion pioche dans des influences à la Cure ou encore Depeche Mode. La voix y est plus claire. La dominante de l’album était jusqu’ici très post-punk. On nage désormais en plein shoegaze bien bien vaporeux.
En somme, Here/After est un excellent premier album qui plante bien le décor d’URGE. C’est complètement maîtrisé, les fans de bon post-punk peuvent d’ores et déjà se positionner sur les starting-blocks afin de guetter les premiers concerts – nous les premiers ! -. On vous l’a épargné jusqu’ici mais voilà : il y a urgence à les découvrir. Tout compte fait, cet album est fait pour vos oreilles d’amoureux de l’obscurité et des eaux troubles musicales ! L’hiver n’est pas terminé, ça fait une bonne raison d’hiberner avec une bande son de qualité.
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