ADN #940 : Last Train

C’est un album extrêmement important pour nous, peut-être notre album préféré de tous les temps. C’est la bande-son de notre amitié, probablement de l’histoire de Last Train. C’est un disque d’espoir, plein de mélancolie, très touchant. WU LYF correspondait à un idéal en dehors de la marge, un cri de ralliement. Par la voix du chanteur, la batterie martelée, les guitares réverbérées, les titres épiques, WU LYF nous a donné une autre lecture de ce que pouvait être le rock, de ce que pouvait être un groupe de copains. Love You Forever. 

Le live est un des piliers de Last Train, au point que pendant un temps, nous n’aimions pas vraiment le studio. Pour nous, c’était très dur de « fixer » définitivement quelque-chose sur un support, alors que le live offrait la magie de partager une version différente chaque soir.

On passait énormément de temps à s’échanger des vidéos de live pour s’inspirer. Ce qui nous plaisait le plus, c’était les artistes qui jouaient comme si c’était leur dernier concert, quand on sentait l’urgence, la nécessité absolue de donner 100% à l’instant, qui parfois terminaient en pleurs, en sang.

Ça a été une bonne leçon de vie en tant que musiciens puisque l’on aborde chacun de nos lives comme quelque chose d’extrêmement précieux. Le live du titre Blue Veins des Raconteurs à Bonnaroo en 2008 en est l’illustration parfaite, ça fait partie des vidéos qu’on a dû le plus regarder sur YouTube, malgré sa qualité vraiment pourrie. Des titres comme Fragile ou The Big Picture n’auraient pas vu le jour sans ce live. 

On a monté Last Train quand on était adolescents, et à cet âge-là, on écoutait soit les classiques du rock, soit les groupes de rock modernes de la fin des années 2000. Mais un des premiers styles de musique qui sortait des sentiers battus et qui nous a profondément touchés, c’est le post-rock.

Ça semblait être un équilibre parfait entre une musique organique, très émotionnelle, instrumentale, faite pour accompagner des moments de vie, à la manière d’une musique de film, mais tout de même rock.

Beaucoup de nos soirées d’adolescents se terminaient par une balade nocturne dans notre Alsace natale, où l’on écoutait Explosions in the Sky, Mogwai, We Were Promised Jetpacks, Daughter, The Album Leaf, etc. 

De manière générale, on est davantage influencé par des musiques à forte émotion que par des gros riffs qui tâchent. Band Of Skulls est intervenu dans nos vies à un moment important puisque l’on commençait tout juste à trouver un son qui nous correspondait (l’écriture du titre Fire, par exemple, que l’on joue toujours aujourd’hui) et c’est comme s’ils venaient justifier que l’on pouvait aller dans cette direction.

Ce trio anglais proposait tout d’un coup une alternative à tous les gros groupes à guitares qu’on écoutait à l’époque. A titre personnel, je me souviendrai toujours de la première fois où j’ai écouté Cold Fame que m’avait envoyé Antoine, c’était une veille de Noël et je me suis retrouvé à pleurer comme une madeleine tant c’était beau et tant cela correspondait à ce que j’avais envie de faire en tant que groupe. On en a même fait le nom de notre maison de disque, fût un temps. 

C’est une de nos vidéos live préférées, tout d’abord parce que le groupe et le morceau sont incroyables, évidemment, mais également par la manière dont cette vidéo est filmée, directement depuis la scène, de manière random. C’est tellement spontané et inhabituel comme prise de vue, c’est ce qui se rapproche le plus du point de vue du musicien. On y ressent toute l’énergie du groupe, toute la rage du titre mais aussi tous les pas de côté et toutes les imperfections de ce qu’est un live. Le travail de Reznor et ce live sont d’une grande influence pour Last Train depuis toujours.