Lisa Portelli : renaissance par Absens

La chanteuse Lisa Portelli rejette catégoriquement l’idée d’un album de l’âge adulte, alors on s’est mis à la recherche d’un sens à Absens. Et si Absens était l’album d’une renaissance ? Dans ce troisième album, Lisa Portelli navigue dans les sonorités électroniques qu’elle avait laissé s’exprimer dans son précédent album L’innocence sorti en 2022. Absens est sûrement un album où la chanteuse joue avec les sonorités les plus expérimentales en exprimant une liberté artistique totale qui nous a embarqué. Une liberté contée qui compte.

En choisissant de s’exiler quatre mois en Bretagne – sur l’île de Molène – pour s’imprégner des grands espaces, Lisa Portelli était comme partie à sa propre recherche et s’est laissée guider par la liberté avec un grand L.  

L’histoire de Lisa s’ouvre sur L’anneau. Un doux piano-voix qui laisse échapper les premiers frémissements électroniques. Construit en crescendo, on assiste au pose des bases narratives. La mer au loin, nous attend. S’en suit L’avancée, qui s’était accompagnée d’un clip dont nous vous parlions il y a quelques mois déjà. Le rythme est plus lent, l’ambiance comme épurée.

C’est alors que se ravivent les bruissements électroniques : Ondine. Une nouvelle protagoniste se joint au récit de Lisa. Ondine séduit par sa rythmique et sa poésie, son refrain nous entraine doucement mais sûrement. A nous de suivre l’enchanteresse Ondine.

Les expérimentations électroniques se poursuivent sur Passe des chimères où son introduction pourrait faire penser à de la house à la française. Déstabilisante, elle brise le récit jusqu’ici encore très doux au profit d’une électronique digne d’une ambiance de club. Un chemin de traverse surprenant. Les chimères ont parlé. Et c’est dans cette langue clubbing, que Lisa Portelli nous entraîne dans Lointain, tu t’approches, un texte fort parlé.

Si haute s’inscrit dans ce prolongement où s’invite le saxophone d’Etienne Jaumet pour des moments à la limite du free jazz. Révélé en premier Si haute a fait voler en éclats les précédentes compositions plus sages de la chanteuse qui ici s’offre une parenthèse que l’on qualifierait de délirante.

L’accalmie revient sur Absens où le piano d’Alexis Campet dramatise le récit. Le paysage côtier voit la nuit tomber, les vagues claquent contre la falaise. Comme un retour progressif à la réalité. Et cette dernière se manifeste dans A sec. Un morceau retour au chanté-parlé où la voix de Lisa Portelli revient comme étant celle de la poète, de la conteuse.

Mais c’était sans compter sur Granit qui la fait retourner dans son monde imaginaire où l’invité Nosfell chante en klokobetz. Les deux artistes entrent dans une boucle électronique à la limite de la transe.

Quand les textures ne sont pas électroniques, elles deviennent électriques. C’est le cas de Berceau Lisa Portelli va jusqu’à changer la tonalité de sa voix pour un morceau plus frontal. Sa protagoniste est-elle désormais possédée ? A vous de juger !

Jour blanc nous fait retourner sur le sable doux dans un paysage plus lumineux. Comme si les différents voyages entre la mer et la rêverie avaient tout effacé. On retrouve la pureté de L’avancée comme une transition au retour terrestre.

Le récit s’achève sur Voilà la mer, où Lisa Portelli est définitivement revenue à sa réalité. Le chanté-parlé, la poésie, elle retrouve une composition où s’entremêlent les boucles électroniques et le piano. Sa personnalité comme recomposée.

A la limite de la transe et de certaines touches jazzy, Lisa Portelli installe avec Absens un retour envoûtant qu’il est bon d’écouter d’une traite. La chanteuse s’est frottée à la liberté pour mieux s’y retrouver. Comme une laborantine évaluerait ses dosages, Lisa Portelli dose savamment ses expérimentations pour mieux laisser s’exprimer sa créativité délicate. Bien entourée, elle propose un album remarquable, toujours poétique. Absens, l’album où nos oreilles ont répondu présentes.

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