L’hybride Arthur Fu Bandini était très attendu par ici dans son projet solo. Jusqu’à très tard, deux titres se battaient en duel sur les galaxies internet : L’être à vous et Retrouver le soleil. Pour le reste, il fallait avoir la chance de croiser son nom sur une affiche. Lauréat 2024 du Chantier des Francofolies, Arthur Fu Bandini a tracé sa route et enchaîné les concerts jusqu’à (enfin) nous révéler la précieuse matière posée en studio : Ca n’a jamais été mieux avant. Sept pistes révélant qu’une partie de la palette poético-rock d’Arthur Fu Bandini.
Le garçon porte en lui l’amour du verbe, il pose sa voix plus qu’il ne chante, la composition est cinématographique, elle installe une ambiance : A quoi bon. L’EP s’ouvre avec ce titre fort nourri par des influences aussi rock que psyché. Planant, Tu te reconnaitras rend hommage aux « empathiques pathologiques ». Rythme lent, vapeur enveloppante et bidouillages de machines, il sait faire infuser ce qu’il a de bon.
Retrouver le soleil c’est la persistance à trouver la beauté des choses, la lumière dans l’obscurité, la joie dans la misère. Et au-delà de son message, le morceau invite à une certaine chaleur, ça chaloupe, c’est tout bon. Dub ? Ça puise de l’inspiration dans le genre, ça prend racine et ça monte jusqu’à Bashung. Gober fait flirter le reggae avec le rock, un peu à la manière de The Clash il y a quelques décennies. Le garçon n’est pas uniquement poète, il laisse transparaître un certain engagement en interrogeant la notion de réussite. Un coup de force bien senti.
En titrant avec une référence cinématographique, Comme dans les ailes du désir compte comme un morceau parfaitement aiguisé, soigné. Le chanteur se fait faiseur d’images et malaxe à nouveau les sonorités dub, les triture et en extrait le plus beau nectar. Arrive Déploiement (interlude), un court instrumental synthétique suspendu dans l’espace.
Sortie la première c’est finalement celle qui fera office de belle conclusion : L’être à vous. En première lecture, on pourrait croire qu’il s’adressera à nous. Le morceau laisse planer de la vapeur, une certaine noirceur dans le propos, L’être à vous nous cueille par ses beaux mots.
Si vous souhaitez prendre un risque musical, essayez de classer Arthur Fu Bandini. Vous avez tout le temps du monde. Alors dans la facilité, vous le mettrez en chanson française parce qu’il chante en français mais c’est pour le moins réducteur. Vous pourriez le mettre aux côtés de Bashung et de Gainsbourg, ça ne sera que temporaire.
On sent une véritable exigence dans les productions d’Arthur Fu Bandini, une folle envie de triturer les genres pour mieux les déstructurer et dérouter son auditoire. Si le passage en studio jalonne la carrière, c’est surtout sur scène qu’il faut le voir bidouiller sa machinerie !
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