Les clips de la semaine #250 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, découvrez la première partie de la 250ème sélection des clips de la semaine.

BOLIVARD – VOYEURISME

Que faites vous en ce moment ? Vous regardez un clip de Bolivard ? Très bien, nous aussi et on avait envie de vous parler de son dernier morceau Voyeurisme.

Après le superbe je m’en foutisme, le garçon en noir et blanc qui explore les zones grises de la vie persiste et signe avec un nouveau morceau qui semble confirmer la formule à venir de son premier album (même si on ne doute absolument pas de sa capacité à nous surprendre) : gimmick de guitare hyper entêtant, production léchée et une plume habile qui nous entraine avec une pointe de surréalisme dans un monde qui ressemble étrangement au notre.

Avec Voyeurisme, Bolivard nous offre un nouveau concept : exploser le quatrième mur de la musique. Même Deadpool n’y avait pas pensé. Un morceau qui s’analyse lui même, qui retourne la position de l’auditeur pour le transformer en sujet premier, en personnage principal de la musique qui l’écoute. Étrange à la première écoute, le morceau devient carrément addictif et on se plait parfois à répondre au Docteur sans avoir peur d’être jugé (parce qu’au fond, personne ne nous écoute).

Pour le clip, pas besoin de grands plans ou de cinématographie, Bolivard rend hommage à une certaine idée du clip des années 80. Armé de son plus beau t-shirt Aphex Twin (un tshirt noir et blanc tiens tiens) le garçon nous offre un lypsinc plutôt flingué, aussi décalé que le morceau qu’il accompagne et s’autorise même des petits pas de danse, ou des solos de guitares.

C’est drôle, attachant, le genre de petite pastille qu’on laisse avec plaisir prendre une place importante dans notre existence.

Pour le reste, le premier album de Bolivard est attendu pour le printemps chez Cookie Records avec une date au Café de la danse annoncée au mois d’avril !

The Limiñanas – Faded

Et si The Limiñanas était le groupe de rock francophone le plus important de ces 15 dernières années ? La question mérite d’être posée tant le duo à la ville comme à la scène ne cesse d’impressionner et d’enchainer les albums addictifs et impressionnant.

C’est une nouvelle fois le cas avec Faded, nouvelle expérience auditive qu’ils ont dévoilé ce vendredi. Toujours aussi psychédélique, toujours aussi léché, ces 13 morceaux sont un kaléidoscope rock sur le temps qui passe, la place des légendes et l’importance du cinéma dans nos vies, le tout accompagné de compagnons vocaux impressionnants.

Si vous en doutez, on vous laisse découvrir le morceau qui donne son nom à l’album en compagnie de Penny. Une trompette qui sonne le réveil et une ambiance crépusculaire, proche du western, qui nous entraine donc à la poursuite de cette personne dont le temps est passée mais qui continue de nous hanter comme un fantôme, une trace de notre histoire qui ne disparaitra jamais. Un morceau qui ressemble tout autant à un générique de fin qu’à l’ouverture d’une aventure. C’est à la fois tendre et rempli de noirceur, répétitif et pourtant jamais redondant, une petite bulle rock une nouvelle fois offerte par The Limiñanas.

Et puisqu’on parle de cinéma, comment ne pas voir dans ce clip un hommage au récemment disparu David Lynch. On retrouve notre trio dans un lieu hors du temps, nimbé de rouge alors que la pleine lune brille au somment du ciel et transforme le monde.

Le clip joue parfaitement sur son montage, sur les figures qui se transforment et sur la dilution du temps pour nous offrir un grand moment d’étrange, une sorte de mise sur piédestal de la figure de l’icône déchue.

Pour le reste, c’est le live qui est en ligne de mire pour The Limiñanas. Le groupe tournera partout en France et si l’Olympia affiche déjà complet, on ne manquera pas de les retrouver à l’Aéronef ou sur la route des festivals cet été.

Et si vous êtes curieux.ses, une interview avec Lionel et Marie arrivera prochainement sur le site !

Brian D’Addario – Till the Morning

C’est l’aîné de la fratrie qui s’élance en solo le premier. Brian D’Addario, moitié du duo The Lemon Twigs, a surpris cette semaine en annonçant la sortie de son premier album, prévue pour le 20 mars, accompagné de son premier extrait éponyme.

L’univers de Till the Morning reste fidèle à l’identité musicale et poétique qui caractérise son travail avec son frère Michael D’Addario. Celles et ceux qui apprécient la patte artistique des deux frères retrouveront ici des sonorités familières, empreintes de la même sensibilité et créativité. Pourtant, un détail interpelle au premier abord : cette voix si reconnaissable semble presque orpheline sans celle qui l’accompagne habituellement. Mais cette impression s’efface rapidement, laissant place à un véritable plaisir d’écoute, porté par l’authenticité de l’interprétation et la finesse de l’écriture.

Se lancer en solo, après des années de collaboration à deux, demande du courage. Nous pouvons cependant être rassurés : cette aventure personnelle ne marque pas la fin du groupe que nous aimons tant.

Avec cette annonce inattendue, notre impatience de découvrir cet album ne fait que grandir. Ce premier pas en solo est une véritable réussite, et nous avons hâte d’en écouter davantage.

King Hannah – Leftovers

Décidément, cette semaine a été riche en surprises, et l’une d’elles fut la sortie d’un titre inédit de King Hannah, Leftovers.

Ce morceau, né lors de l’élaboration de leur dernier album Big Swimmer, résulte d’un processus créatif approfondi. Initialement prévu pour figurer sur l’album, il a été écarté avant de renaître en single. Bien que retiré à l’époque, les membres du groupe ont toujours cru en son potentiel, et ils ont eu raison.

À la fois calme et puissant, ce titrese distingue par des harmonies saisissantes, sur lesquelles le groupe déploie un lyrisme qui évoque la vie quotidienne dans sa répétitivité la plus profonde. Ce morceau transcende les instants banals, métamorphosant les moments les plus ennuyants en sources inattendues de satisfaction. C’est là la véritable force de King Hannah : la capacité de transmettre une émotion palpable, subtilement dépeinte à travers des gestes et des décors quotidiens qui révèlent une intensité insoupçonnée. La mélodie, riche en graves et en nuances, soutient parfaitement ce propos, donnant toute sa puissance au message de la chanson.

C’est un plaisir que de découvrir de telles sorties, qui provoquent un frisson inattendu, comme un cadeau surprenant d’un être cher, sans occasion particulière. Alors profitons pleinement de ce cadeau qu’est Leftovers, encore et encore.

Nerlov feat Chahu – Cramé

Les avengers de la pop angevine sont de retour ! En effet, Nerlov et Chahu s’associent à nouveau pour notre plus grand bonheur et reviennent ensemble avec un titre inédit : Cramé.

Musicalement, on penche plus vers l’univers du premier cité. Entre des nappes électroniques qui nous cajolent et la présence toujours aussi importante de la batterie, Cramé est un voyage doux au premier abord mais qui gagne en intensité au fur et à mesure que le morceau avance.

Et au fond, est-ce qu’on serait pas tous un peu Cramé ? Si le morceau parle des moments de doutes, de ces petites voix qui parfois glissent à nos oreilles et nous poussent vers l’autodestruction, le morceau à l’effet inverse et nous offre un grand moment de catharsis. On ne peut que vous inviter à hurler en chœur avec Nerlov le refrain de cramé, on vous assure que l’effet est bien plus immédiat que n’importe quel antidépresseur.

Le clip de Morgan Richard joue avec brio sur le montage en plan fixe. En effet, dans une cage d’escalier, on regarde évoluer Nerlov et Chahu. Le clip joue de son côté fixe pour nous offrir un petit côté voyeuriste, comme si on s’incrustait sans le vouloir dans l’intimité de l’amitié de nos deux popeux angevins à moustache.

Un morceau qui fait du bien et qu’on espère pouvoir découvrir en live lors du passage de Nerlov à La Maroquinerie le 11 mars prochain.

Sam Fender – Remember My Name

Le 21 février est une date que les fans de Sam Fender attendaient avec impatience, puisqu’elle marque la sortie de son très anticipé troisième album, People Watching.

D’autant qu’il avait dévoilé, quelques jours plus tôt, le clip poignant du titre Remember My Name, qui clôt l’album.

Un ensemble de cuivres ouvre le bal, et accompagne Sam Fender jusqu’à la fin de ce morceau touchant dédié à ses grands-parents. Des premières aux dernières danses, on imagine la vie partagée par ce couple : l’amour, les joies du quotidien, la fierté de voir grandir ses enfants et petits-enfants. La beauté des instants maintes fois répétés, le bonheur de se connaître intimement… et la douleur de voir s’envoler les souvenirs construits pendant toute une vie.

En se mettant à la place de son propre grand-père, qui s’est occupé de sa femme atteinte de démence, l’artiste exprime le bouleversement que cette maladie provoque chez les proches. Voyant son monde s’écrouler peu à peu, il oscille entre gratitude, nostalgie, espoir et impuissance. Pas de grande déclaration, ici – l’amour se joue dans l’attention et le soin à l’autre, à travers des scènes de la vie de tous les jours. C’est ce réalisme qui rend le morceau aussi juste et puissant. 

On ne peut que vous encourager à écouter l’intégralité de l’album People Watching– il vous sera d’ailleurs difficile d’y résister après vous être plongé dans le tourbillon d’émotions qu’est Remember My Name.

Split – Good Cop

Après avoir plaidé For Fuck’s Sake fin d’année dernière, le groupe Split récidive et dégaine un hardcore toujours aussi massif avec Good Cop, hymne anti-flic.

Marvin Borges-Soares (ex Structures) et ses copains passent en revue les faits et témoignent des violences policières récurrentes. Pour preuve, le clip constitue une série saccadée d’images qui illustre l’ampleur du préjudice et les dommages causés.

La construction du clip enchaîne les images antithétiques. Il y a là une notion manichéenne renforcée par l’utilisation du noir et blanc. L’ordre et le désordre sont représentés par les mêmes personnes. D’un côté, l’image voulue illustrée par les uniformes clairs et les marches militaires. De l’autre, l’image perçue et réelle incluant une violence inouïe.

Cela met en évidence le décalage glaçant entre théorie et réalité, tous deux étant largement rejetés par le groupe qui refuse toute forme d’autorité, toute forme d’austérité.

“A good cop is a dead cop”, voici le message martelé et totalement explicite de ce morceau. Enfin un groupe qui ose faire ce genre de composition coup de poing.

Le groupe hardcore de Rouen est visiblement loin d’avoir dit son dernier mot. Vivement la suite.

The Black Veils – Gaslight !

Les bolognais de The Black Veils sortent les cuissardes. Serait-ce une nouvelle manière de dire retour en grande pompe ? Plaisanterie mise de côté, les italiens prennent le décor d’un cabaret des âmes désespérées pour illustrer leur nouveau single Gaslight !. Un nouveau single qui invite à se lancer sur le dancefloor et étendre ses ailes de chauve-souris pour calibrer quelques mouvements bien sentis, inspirés de ceux du performer Vita Ninja.

Il ne faut pas croire mais l’obscurité est toujours au rendez-vous, on ne parle pas de briquet ici mais bien de manipulation mentale qui voit des agresseurs aussi bien masculins que féminins, aucun genre n’est épargné du côté des victimes non plus. Gregor Samsa installe une théâtralité et le post-punk dans lequel The Black Veils a évolué ces dernières années se fait beaucoup plus dansant, non moins froid dans son approche.

SURE – Belong to the past

Dernière sortie avant l’album pour les gars de SURE : Belong to the past. On a eu la facette dansante de SURE, découvrons la mélancolie douce. Si le présent ne permet pas de dessiner véritablement de grand sourire sur les visages, l’avenir n’en est pas non plus des plus armé. Alors tant qu’à regarder dans le rétroviseur, autant le regarder avec une bande originale de qualité.

Bien qu’il soit surtout question d’une relation, SURE accumule les images catastrophistes pour finir sur un plan de soleil couchant. Un soleil qui se lèvera toujours, l’avenir radieux n’est qu’une question de temps. La sagesse nous appelle, alors on citera le Dalaï Lama : « Il n’y a que deux jours dans l’année où rien ne peut être fait. L’un s’appelle Hier et l’autre s’appelle Demain. Aujourd’hui est le bon jour pour aimer, croire, faire et surtout vivre ».

Vivre de sa musique, tel est le choix du trio SURE, nous avons décidé de les aimer et de croire en eux pour de bonnes raisons ! Avec Belong to the past, laissez vous porter par un présent bien ancré dans les eaux troubles du post-punk tant aimé par ici, la rythmique introductive qui désespère est puissante et on se fait prendre par les sentiments.

The Horrors – Ariel

Le groupe anglais sort pile dans un mois son nouvel album nommé Night Life. Après 20 ans d’existence, The Horrors ne se lance pas dans la musique de pub pour lessive, on vous rassure. Ariel se dessine pourtant sur un ton cinématographique en lorgnant sur la prog expérimentale à la sauce Massive Attack.

Les couleurs du clip sont froides et granuleuses. On y voit le chanteur Badwan errer seul dans ce blanc manteaux de la forêt après un parcours le long d’une route déserte. Ariel marque une nouvelle approche plus subtile, électronique et fine dans la discographie de la bande.

Le morceau surprendra par sa maturité toujours aussi dark mais pourra aussi décevoir par son manque de punch. En tout cas, il est l’un des favoris de la bande.

BDRMM – Lake Disappointment

Pour finir de nous mettre l’eau à la bouche juste avant la sortie de leur nouvel album intitulé Microtonic à la fin de ce mois de Février, nos 4 compères britanniques de BDRMM (lisez Bedroom…) nous livre ici avec Lake Disappointment une nouvelle pépite de leur composition. Et ce nouvel essai vient à nouveau confirmer leur récente accointance envers les musiques électroniques, style se mariant admirablement avec leur shoegaze/dream pop d’origine.

Visuellement, là où leur premier jet, John on the Ceiling, pouvait effrayer les personnes sensibles, voire épileptiques avec son côté psychédélique, on est plus ici sur un clip scénarisé emprunt à l’univers cinématographique, à mi-chemin on pourrait dire entre Lost et Twin Peaks… A n’en pas douter une satire de notre société de consommation actuelle tournée irrémédiablement vers le virtuel, où les acteurs sombres dans une folie douce jusqu’à se détruire eux-mêmes…

Preuve en est encore une fois que des artistes actuels comme BDRMM restent lucides sur ce monde et ses dérives qui les entourent et essayent à leur échelle de faire passer certains messages. Grand bien leur fasse !

Mentissa – Désolée

Mentissa, l’artiste révélée par The Voice revient avec Désolée, un morceau inspiré des années 1960 aux années 1990 tant dans la musique que le visuel. Écris à la première personne, ce titre évoque le fait de ne pas s’excuser d’être soi, de s’affirmer qu’importe le regard, le jugement et l’acceptation des autres. Elle chante : « J’avoue mes ambitions / Sont le reflet de ma passion / J’avoue mes maladresses / Ainsi est ma sagesse / J’avoue mais je suis moi / Et pour ça, j’suis pas … »

Désolée convoque de multiples influences musicales allant de la pop, des grooves des swinging sixites au disco. Une palette de sonorités que met en image Greg Orhel. Le réalisateur qui a précédemment collaboré avec Jain et Orelsan, rassemble des images d’archives sur lesquelles il insère Mentissa. Il partage son intention de vouloir « mélanger les époques, de chercher des connexions, montrer que les gens s’amusent à diverses époques exactement de la même façon peu importe les décennies qui passent ! » dans un communiqué.

S’amuser, faire la fête mais surtout avec la liberté de ne pas s’excuser de cela.

Moussa – Joue

Souvenez-vous, Moussa nous avait conquis et saison avec son morceau électro cabrioli, sorti en 2017. Le musicien originaire de Nantes revient après quatre ans d’absence avec le clip et single Joue, dans l’attente d’un prochain album intitulé La Nuit Je Rêve. Même si sa manière de poser les mots reste la même, le musicien dévoile une nouvelle facette de lui.

Avec ce morceau qui parle de désir amoureux, urgent et quasi-possessif, il se montre habité par des influences rock, lointaines de la pop qui le caractérise. Joue commence par un son sale, brut, des bruits de studios, des larsens. Un choix musical qui amplifie la sincérité des paroles qui tournent en boucle comme si elle possédait Moussa : « Toi tu joues, avec moi. Je te veux, maintenant. »

Pour illustrer ce titre aux airs punk et DIY, l’artiste s’accompagne de QASAR et de Mohamed Chabane. Le clip a été tourné sur des toits en Tunisie. Comme pour rajouter de la poussière et une tension au bord du précipice à ce jeu. Un retour réussi et prometteur.