Les clips de la semaine #250 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, on vous offre la seconde partie de la 250ème sélection des clips de la semaine.

Suzane – Mouvement

L’annonce d’un Zénith en mars 2026 était plus qu’un indice sur le retour imminent de Suzane. Trois ans après Caméo, la musicienne revient donc en pleine lumière et annonce l’arrivée d’un troisième chapitre musical avec le surprenant Mouvement.

Si elle a toujours été une superbe conteuse d’histoire, Suzane à cette fois-ci taillé son texte à la serpe pour lancer le Mouvement. Un texte acéré donc, composé de phrase qui claque sur un rythme percutant. Un morceau bien plus proche du rap que de la pop et qui montre une évolution nette dans la carrière de l’artiste.

Bien décidée à plié le game, Suzane tente le K.O dès le premier rond avec cet uppercut musical bien senti, porté par une production froide et presque tribale qui s’autorise pourtant une envolée lyrique à la fin du morceau. La voix et les mots de Suzane se transforment en armes acérées avec un mot mantra répétitif et hypnotique qui nous retourne la tête et nous pousse à la suivre dans son combat.

Bien décidée à tout maîtriser de A à Z, Suzane passe aussi derrière la caméra pour ce clip et nous entraîne dans un univers futuriste avec son gang de danseuse se préparant à la guerre.

Des teintes grises, un monde froid et une caméra en mouvement constant pour un premier extrait qui annonce la couleur : Suzane est bien décidée à dominer cette année 2025.

De nôtre côté, on est prêt pour le round 2 et on a très hâte de voir où tout cela va mener.

Edouard Bielle – Comme Avant

Quel plaisir d’avoir des nouvelles d’Edouard Bielle ! Un an jour pour jour après son concert de Saint-Valentin à la Maroquinerie – et y avait-il ce soir-là meilleure catharsis que de hurler « Loverdose » à tue-tête ? Non je ne crois pas – le chanteur nous dévoile son tout nouveau single, « Comme avant », et nous donne envie de rebaptiser le 14 février la Saint-Edouard.

Et force est de constater que la recette Edouard Bielle fonctionne toujours à merveille : un zeste de vocalises haut perchées, une bonne dose de synthés distordus, des mélodies qui rappellent Christophe, et cette obsession pour une esthétique entre seventies défraîchies et néons oranges.

Le clip, réalisé par Las Favoritas, met en scène un Edouard façon crooner sous les projecteurs, mi-star de la chanson, mi-vedette de cinéma. Face à lui, un public aussi hétéroclite qu’inattendu : un accro du selfie, trois enfants trop sages, un date en pleine parade amoureuse, une critique prenant des notes et une dévoreuse compulsive de pop-corn – entre autres. Une galerie de personnages qui vient interroger notre rapport au spectacle: qu’attend-on vraiment d’un concert ? Et parvient-on – ou doit-on seulement essayer – à laisser une partie de soi au vestiaire avec son casque de vélo ?

Quant à la chanson elle-même, c’est sans doute l’un des textes les plus touchants qu’Edouard Bielle nous a offert jusqu’à présent. Dans « Comme avant », il creuse ses thèmes de prédilection – l’amour, l’absence, la désillusion – mais avec une intensité nouvelle. Le morceau raconte la fin d’une histoire, sans espoir de retour, avec une mélancolie qu’il ne cherche pas à enjoliver. Une « Dolce Vita » version 2025, où la nostalgie a quelque chose de plus rêche.

Et – à notre plus grande satisfaction – « Comme avant » n’est que le début. Un album est en route, et même si l’attente sera forcément longue, on espère tout de même l’avoir dans nos oreilles bien avant le 14 février 2026.

UTO – White Flag (Dido Cover)

À l’occasion du presque premier anniversaire de leur dernier album, When All You Want To Do Is Be The Fire Part Of Fire, UTO dévoilera début mars, More heat to the fire part of fire, un EP complémentaire de cinq titres. Parmi eux, de nouveaux morceaux, des réinterprétations d’anciennes compositions, mais également des reprises, dont White Flag, de la chanteuse britannique Dido.

Retour dans le passé de nos années adolescentes (à préfixer par un pré ou post selon votre âge) et les séries qui nous passionnaient alors avec leurs bandes-son d’opening tout aussi cultes que les séries elles-mêmes. Duvet de Bôa pour Serial Experiments Lain– l’anime avant-gardiste produit par Shojiro Abe – ou encore Here with me de Dido pour la série Roswell. Un son, un rythme traînant, des inflexions de la voix, qui nous apparaissent aujourd’hui comme des marqueurs temporels.

Avec White Flag, UTO replonge dans ces années adolescentes où beaucoup de choses se vivent intensément, mais de manière intériorisée. Et même si c’est une reprise, la patte musicale d’UTO est bien présente. Les violons de la version originale se muent en des nappes et des boucles électro orchestrées par Emile.  Le timbre de la voix de Neysa réinvente celle de la Dido à travers de délicats effets. Et si l’on s’imaginait avec eux une nouvelle série qui nous ferait revenir une vingtaine d’années en arrière ? Cela tombe bien, UTO sera en concert le 13 mars à la Gaité Lyrique. On s’y donne rendez-vous ?    

Minuit Machine – Party People

Après Hold me et Cent fois, Minuit Machine dévoile un nouvel extrait de son futur album Queendom dont la sortie est prévue le 21 mars. Party People nous embarque au travers de ses rythmes syncopés dans les chemins d’une dark pop, infrangible sans toutefois être complètement badtripante. Car les couplets s’entrechoquant avec les refrains font que la noirceur des uns se recolore au contact des autres. Une ligne mélodique surgit et trouve une échappatoire aux beats électroniques qui structurent avec force le morceau. Mais est-elle pérenne ? On ressent que l’ambivalence des ressentiments est toujours présente. Ceux-ci évoluant dans un équilibre instable suivant la ligne de crête des émotions. Il est Minuit Machine, à vous d’avancer.

Après avoir ouvert pour Kompromat sur de nombreuses dates, Minuit Machine sera en tête d’affiche au Badaboum à Paris le 20 mars pour la sortie de son album. Un concert qui s’annonce chaud bouillant.

Los Fanfarons feat. KIM – Azul Fellawen

Azul Fellawen veut dire en Kabyle « Bonjour à tous ». Mais, il semble que, pour les Los Fanfarons cela signifie également que, et même si les fraises d’Espagne arrivent sur nos étals, la saison des raclettes n’est toujours pas terminée. L’occasion pour Romain Sanderre (aka Jérôme Violent) et Cléa Vincent (aka elle-même) qui à eux deux, forment le duo Los Fanfarons d’inviter Kim sur leur dernière composition en date. Azul Fellawen s’enrobe de l’humour enjoué et absurde – parfois très premier degré, parfois beaucoup moins – qui stimule la créativité de Los Fanfarons. Un repas filmé par Pauline Bravi comme un moment de partage – entre art, fromage et cochon – où tous les sentiments s’exprimeraient sans filtre ni censure. Rires spontanés ou forcés, moments de complicité ou de gêne, pour se retrouver ensemble, au bout des poêlons, jusqu’à l’inatteignable épuisement des stocks.

Los Fanfarons a programmé une nouvelle soirée Luna In Pesci en compagnie de Roberto Cicogna, Lola Sauvageot et Gael Etienne. Ce sera le jeudi 3 avril au Pop-Up du Label. Il vous restera bien un bout de fromage ou de charcutaille à partager avec eux. 

Beach Youth – 7am

On passe en Normandie pour aller saluer les quatre garçons de Beach Youth qui annoncent l’arrivée de leur nouvel album pour le mois d’Avril et signent leur retour avec la proposition d’un premier clip : 7am.

On peut parler de retour puisque déjà 4 ans nous séparent depuis leur dernier EP, et les retrouvailles sont un bonheur. Pour ce titre dont le clip est articulé comme une journée de vacances, du lever du soleil à la nuit, tout semble annoncer un nouveau départ.

Dès le titre, qui ressemblerait plus à la programmation d’un réveil qu’au titre d’un tube du Top 50, aux paroles (“I Think I’ve never Felt more ready”), tout fleure l’ouverture d’un nouveau cycle. Côté musique, les synthétiseurs sont chauds et solaires comme le soleil d’une journée d’été qui brûle la peau. Côté images, le format aplati met en valeur les paysages et évoque les dimensions d’une carte postale envoyée lors d’un séjour à la mer.

Et en même temps, pour un album qui s’appelle Sunbathing, le choix est des plus cohérents. Ça donne envie d’aller s’y échapper et on est presque surpris de ne pas voir l’office du tourisme de Normandie figurer dans la liste des partenaires de ce clip.

Warhaus – Zero One Code 

Warhaus vient de dévoiler le clip de “Zero One Code”, extrait de son album Karaoke Moon, paru le 15 mars 2024. Dès sa sortie, cet album a conquis par son alliance envoûtante de romantisme et d’ironie, sublimée par une instrumentation riche et cinématographique. Résultat d’une collaboration intense entre Maarten Devoldere (Warhaus) et Jasper Maekelberg, qui ont passé neuf mois dans un studio mansardé à Bruges, Karaoke Moon s’impose comme l’album le plus abouti et dense de Warhaus à ce jour. Il marie passion et légèreté avec une intensité mystérieuse, puisant dans un large spectre d’influences, du jazz à la new wave, sur fond de sonorités orchestrales et cinématographiques. L’album oscille entre lyrisme et introspection, abordant des thèmes universels tels que l’amour, la solitude et la quête de vérité dans un monde en perpétuelle mutation.

Zero One Code s’impose comme un pilier central de l’album, où Devoldere navigue entre poésie et philosophie. S’inspirant de Hermann Hesse, il y questionne le dilemme entre libre arbitre et destin prédéfini. La production, marquée par des cors plaintifs et une cloche résonnante, évoque l’ambiance sombre et hypnotique de Red Right Hand de Nick Cave. Le texte oscille entre rêve et réalité, capturant les doutes et angoisses contemporains. Avec ses arrangements feutrés et son intro langoureuse, Zero One Code se distingue par la voix grave et envoûtante de Devoldere, à la croisee de Leonard Cohen et Nick Cave. Il y explore l’amour, le désir et la solitude sur des sonorités à la fois rétro et modernes.

La chanson met en scène une dualité omniprésente, symbolisée par l’image d’une pièce à deux faces et du code binaire. Les métaphores électriques et incisives (“I’m the lightning strike”, “the massage chair’s electrical shock”) traduisent l’intensité de ces tensions internes. L’oscillation constante entre acceptation et rejet (“I accept and I deny”) installe une contradiction permanente, qui semble inéluctablement mener à l’affrontement, scellé par un appel au combat final (“When the bell rings, pick a side”).

Le clip de Zero One Code, réalisé par Michiel Venmans, incarne cette dissociation et cette folie latente. Depuis une fenêtre bruxelloise, trois tableaux distincts se succèdent : une rue, un hippodrome, un homme qui observe. Au fil du clip, l’ordre se désagrège progressivement, laissant place à l’absurde, en parfaite symbiose avec l’univers de la chanson.

Warhaus sera en concert à L’Olympia le 19 mars 2025 pour une soirée unique, offrant l’opportunité de découvrir en live les titres de Karaoke Moon.

JeanJass X Jungle Jack – Châteldon

JeanJass s’affirme comme un expert en collaborations. Après avoir travaillé avec Mairo, Keroué, Fuku et tous les invités de High & Fines Herbes, sans oublier ses nombreuses productions, le pape de Charlouz a accueilli Jungle Jack en studio. Deux mois après la sortie de DYONYSOS, les deux artistes se retrouvent à Bruxelles pour lever le voile sur leur deuxième single, Châteldon.

Direction le Cheval Marin pour savourer un bon poulet, accompagné bien sûr de frites et de l’incontournable cognac. Les rappeurs s’offrent ensuite une véritable immersion dans la vie bruxelloise : Grand-Place, Place Royale, et même un détour par la brocante des Marolles. De véritables guides improvisés, prêts à faire découvrir la capitale dans ses moindres recoins, avec évidemment une pause bien méritée pour une Jupiler. Ils l’avaient déjà prouvé avec DYONYSOS, mais ici encore, leurs univers fusionnent parfaitement entre les rimes aiguisées de Jungle Jack et une instru boom bap sublimée par une mélodie au piano concocté par double J.

Les deux artistes poursuivent ainsi la construction de leur projet commun, réussissant à piquer la curiosité et à donner envie au public d’en découvrir davantage avant la sortie de cette pépite, prévue pour le 21 mars.

Mathieu des Longchamps – Tout sera pardonné

Un vent de liberté souffle sur le nouveau clip de Mathieu des LongchampsTout sera pardonné. Avec ce 3e extrait de son prochain opus Le vert et le bleu, Mathieu des Longchamps nous fait voyager dans ses émotions et dans les terres sud-américaines pour un road-trip libérateur. 

Le titre follement folk est un hymne à l’audace, au lâcher-prise et à la légèreté. On apprécie particulièrement l’élégance et la délicatesse de la guitare, qui nous procure à chaque écoute un plaisir non dissimulé, décuplé pendant le magnifique final instrumental.  

Tout sera pardonné est une ode au voyage et à l’aventure, mise en image par Mathieu des Longchamps grâce à des instants de vie captés récemment en Uruguay. Mathieu des Longchamps nous offre sa quête de liberté avec des images à couper le souffle, qui n’auraient rien à envier à une campagne touristique pour voyageurs à la recherche d’un coin de paradis à la beauté authentique. 

Ces images sont d’ailleurs un avant-goût du documentaire Retour à Colonia : une autre histoire de vie réalisé par l’artiste, qui sera diffusé le 15 mai à l’occasion du concert de Mathieu des Longchamps dans la salle parisienne Les trois baudets. 

Arman Méliès – Requiem pour un pou

Si vous pensez à Johnny, veillez à ne pas laisser votre langue fourcher ! Oubliez la chanson homonyme de Pascal Parisot, il s’agit bien d’une chanson d’Arman Méliès qui parait sur l’album Ambrosia à paraître le 7 mars prochain. Si son univers vous fait penser à celui d’Hubert-Félix Thiéfaine ne feignez pas la surprise, les deux hommes se connaissent bien et ont longuement collaboré ensemble.

Requiem pour un pou s’offre un clip où les images pleine de tendresse de Gaspard Royant relatent avec justesse la vie d’artiste, celui qui traverse la France entière et parfois – avec beaucoup de chance pour peu qu’il perce – le monde pour un public fidèle au poste qui lui aussi, prend parfois la bonne vieille route. Tout au long du clip, Arman Méliès se fait homme de l’ombre mais bien présent.

Un artiste a beau s’entourer d’une équipe bienveillante, répondant à ses moindres interrogations, il lui arrive de se retrouver seul face à lui-même au sortir de la scène. Arman Méliès entonne des « Allez crève » qui pourraient tirer des larmes aux plus sensibles d’entre nous comme un profond cri du cœur. On l’entend. La réponse est toute trouvée : continuer à aller voir nos artistes préférés !

Saint Levant – DIVA 

Véritable lover boy, Saint Levant déclare sa flamme avec ferveur à une femme un peu diva, qu’il essaie de rassurer de son amour. Sorti le jour de la Saint Valentin, accompagné d’un EP Love Letters sur lequel il apparaît, le morceau Diva met en avant la complexité d’une relation et les besoins mutuels de l’un et d’un autre décrite comme une “miss independent”.

Cet aspect se retranscrit dans le clip par  une mise en scène d’un couple qui se dispute, incarné par Saint Levant et l’actrice Chaima Ameziane.

Derrière la caméra se trouve Lyna Zerrouki à la mise en scène et le directeur de photographie André Chemetoff, déjà derrière Bad Girl de MIA, Born to die de Lana Del Rey et Houdini de Dua Lipa. Le clip frappe en effet par son esthétique et ses jeux de cadrages. On se retrouve plongé dans le quotidien mouvementé de l’artiste d’origine palestinienne et algérienne. Derrière la célébrité, dans la quotidien d’Alger la blanche.