ADN #970 : Gris Anthracite

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Gris Anthracite marque une immersion totale dans ce rap auto-tuné qu’il affectionne tant. Fidèle à son univers aux multiples influences, il joue avec son ADN musical pour mieux nous en dévoiler les contours et nous ouvrir les portes de son monde artistique.

Prince – Purple Rain

Gris Anthracite : C’est un exercice assez difficile, au final, de ne choisir que cinq morceaux. Mais il a fallu faire des choix, et je vais commencer par un titre qui date un peu : Purple Rain de Prince.

Là, on touche vraiment à des souvenirs d’enfance et à l’un de mes premiers contacts avec la musique. Je pense que c’est la première chanson dont je me souviens consciemment depuis que je suis petit. J’ai ce souvenir de l’avoir entendue quelque part, et ça m’avait marqué. C’était dans la vieille voiture du daron, sous la pluie… J’ai des mini-souvenirs comme ça, des sortes de flashs.

Et depuis, elle me suit. J’avoue que je ne l’écoute pas souvent, peut-être deux fois par an. Mais à chaque écoute, c’est toujours un retour en arrière légendaire.

C’est une musique que je me suis fait tatouer depuis. Elle me provoque surtout de la nostalgie. Il faut vraiment la voir comme un pilier.

The Rolling Stones – Sympathy For The Devils

Gris Anthracite : Les Rolling Stones sont, je pense, mon groupe préféré, ou en tout cas celui qui m’a le plus marqué quand j’étais petit.

C’est cette même vibe que le son précédent, où je me revois dans une vieille voiture ou dans le salon de mes parents. C’est vraiment une musique de confort. J’ai des flashs de mes parents l’écoutant avec plaisir. Il y a pas mal de morceaux comme ça qui me rappellent ces périodes de mon enfance.

Avant de faire du rap, j’ai eu plein de phases musicales. Par exemple, j’étais dans un groupe de reprises de hard rock/métal qui sonnait un peu comme Iron Maiden ou d’autres groupes du même style. Donc forcément, j’ai aussi un héritage très rock et tous ses dérivés. Il y a pas mal de sons dans ce genre qui m’ont vraiment marqué. C’est l’héritage familial, si on peut dire ça comme ça. Mes parents étaient complètement passionnés par la musique, donc c’est ce que j’ai écouté en premier et ce qui m’a inspiré au début. Ils faisaient tourner ces morceaux tout le temps, partout.

Et dans ma musique actuelle, je me nourris de toutes ces influences. Ça m’a énormément marqué quand j’étais plus jeune, et on peut considérer cette musique comme un autre pilier. Je suis trop content de la présenter, car c’est un son qui date pas mal.

Booba – AC Milan

Gris Anthracite : Là, on va faire un bond en avant jusqu’au collège. On va parler de rap. Je ne sais plus vraiment comment je suis tombé dessus, sûrement par hasard en cherchant un peu, mais je suis directement arrivé sur du Booba et ses sons assez vénères. Du coup, je vais choisir AC Milan.

C’était juste fou. Dès le matin, j’allais au collège avec mon petit MP3… Au début, je ne comprenais pas vraiment. J’ai appris plus tard que c’était un clash, mais je m’en foutais complètement des embrouilles entre rappeurs, donc j’avais aussi du La Fouine dans mes écouteurs.

La fin du morceau m’avait un peu choqué en plus. Je ne savais pas si c’était vrai ou pas, quand il parlait du casier judiciaire de La Fouine… J’étais comme un fou, je me demandais : « Ça vient d’où ? ». J’arrivais au collège avec les yeux pleins de colère, presque, tellement j’étais matrixé.

Il y avait cette sorte de violence qui m’avait marqué au début. Tu découvres un nouveau style de musique, et à un moment où je me cherchais encore, c’est comme si ça m’avait réveillé avec une grosse claque. Il y avait des paroles où je me demandais comment c’était possible d’être aussi trash, mais en même temps que ça passe comme ça.

Ça m’a surtout ouvert les portes vers plein d’autres sons. À la même époque, il y avait le feat entre Kaaris et Future, ou encore cette rotation entre La Fouine, Sefyu et Soprano. C’était l’époque où j’avais une sorte de dérivé de mini iPod sur lequel je pouvais télécharger les clips en mini fichier MP4. Donc chaque matin, je me butais aux clips… (Rires).

Lino – Wolfgang

Gris Anthracite : Mes débuts dans le rap ont vraiment commencé avec Booba. En l’écoutant, je suis tombé sur son feat avec Lino sur Temps Mort 2.0. De là, j’ai voulu creuser et découvrir ce que Lino faisait en solo, ce qui m’a mené à son album Requiem et surtout au morceau Wolfgang.

Ce qui m’a marqué, c’est avant tout l’écriture de Lino, qui est juste incroyable. À chaque réécoute, je découvre de nouvelles subtilités dans ses textes. Mais ce qui m’a vraiment frappé avec Wolfgang, c’est la fin du morceau : un passage électro avec des basses grime, un drop qui a peut-être un peu vieilli aujourd’hui, mais qui à l’époque m’a complètement surpris. Ce mélange entre rap et électro, sans que je puisse l’expliquer précisément, avait quelque chose de vraiment fascinant, surtout parce que je n’avais jamais entendu ça auparavant.

Et le plus dingue, c’est que ça vient de Lino, une légende du rap français avec Arsenik, qui n’était pas du tout attendu sur ce type de prod. Ce morceau fait un peu figure d’ovni dans l’album, comme un test sonore. Je ne sais pas s’il a réellement marqué les esprits à sa sortie, mais en tout cas, qui m’a marqué, et tout le projet en général, qui m’a rendu fou.

Usky – Maria

Gris Anthracite : Ce morceau, c’est celui qui m’a vraiment donné envie de faire ce que je fais aujourd’hui. Et c’est assez récent, parce que j’ai commencé le rap avec auto-tune il y a seulement trois ou quatre ans. Il s’agit d’un son de Usky, tiré d’un EP de trois titres intitulé Trilogy.

Le concept de cet EP est c’est que les trois morceaux s’enchaînent sans aucune coupure, avec des transitions hyper fluides, au point que tu as l’impression d’écouter un seul et même morceau en continu.

Je l’ai vu à Rennes, il y a pas très longtemps, au Quatre Bis, dans une toute petite salle très intimiste. C’était l’un de ses premiers concerts de sa mini-tournée, et c’était juste incroyable

21 Savage ft J Cole – A lot (Single Bonus)

Gris Anthracite : À l’époque du lycée, j’ai quand même eu ma phase rap US. Et il y a un son de 21 Savage qui m’a vraiment marqué : A Lot.

Je n’écoute pas énormément de rap américain, mais ce single est chargé de souvenirs pour moi. C’est un morceau que j’écoute très souvent. Pourtant, le reste de la discographie de 21 Savage ne me parle pas tant que ça. Mais ce titre, je le trouve incroyable, alors je voulais en parler un peu comme mon son bonus.

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