En ce début d’année, Melissa Weikart a dévoilé Easy, un nouvel EP qui sonne comme un nouveau départ pour sa musique, faite désormais d’explorations et de textures variées. C’est à l’occasion de son passage à Lille qu’on a rencontré la musicienne. L’occasion d’échanger avec elle sur la création de l’EP, sa formation, son évolution et son amour de la musique.

La Face B : Salut Melissa, comment est-ce que ça va ?
Melissa Weikart: Ça va bien, ça va très bien. Je suis contente parce que je suis en tournée avec Carmen Quill qui vient de New York et c’est une amie que j’ai invitée pour qu’on fasse une tournée en Europe. On a joué à Amsterdam, à Londres, à Bruxelles hier soir et ce soir à Lille.
LFB :Comment tu le vis de faire vivre ta musique en live ? C’est vrai que l’expérience doit être complètement différente entre ce que tu fais sur l’EP et quand tu es sur scène.
Melissa Weikart: Oui, c’est clair que c’est différent parce que justement sur l’EP j’ai des textures, des arrangements, des basses, des synthés, etc. En fait, c’est assez naturel pour moi de jouer le solo parce que les chansons étaient conçues comme ça, donc quand j’ai fait les arrangements et la production, c’était surtout comme rajouter des couches sur quelque chose de préexistant.Il y a quand même un morceau, Wasting Time, où souvent je le fais avec un backing track parce que c’est le seul morceau sur l’EP qui a une boîte à rythme et donc j’aime bien quand même faire vivre ce côté électronique qui est un peu rare dans mes chansons
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LFB : Tu as l’impression que ta formation musicale, elle te permet aussi d’avoir cette aisance et de t’adapter aux différents lieux dans lesquels tu joues finalement ?
Melissa Weikart: En fait je vois ça comme des exercices un peu d’improvisation. S’adapter à certains contextes, c’est toujours prendre en compte le lieu et la vibe… Comment la musique peut vivre dans ce petit cocon de la scène et je joue sur des scènes très différentes. Il y a quelques semaines c’était le Trianon et souvent je fais des concerts dans des lieux très intimes. J’aime bien les deux et c’est très différent mais du coup je m’adapte en fonction de chacun parce que je trouve que la musique vit différemment. Donc je pense qu’il y a ce côté d’improvisation qui fait partie de ma formation musicale. Moi je trouve ça vraiment intéressant de s’adapter, je trouve que le live c’est ça, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’adore jouer en live, parce que c’est toujours différent et ça, pour moi, c’est très excitant, cette façon de faire vivre de la musique.
LFB :Tu viens du jazz, mais du jazz plus de l’improvisation. Quand je parle à des musiciens qui ont fait des conservatoires, j’ai l’impression que pour passer à de la musique un peu plus pop, ils sont obligés de déstructurer, mais j’ai l’impression que toi, ta formation t’a déjà permis d’avoir ça à travers les connaissances qu’on a pu te donner.
Melissa Weikart: Ouais c’est ça. J’ai commencé le piano classique à 5 ans, après j’ai fait des études en musique et ensuite j’ai fait un master au conservatoire et c’est là où j’ai vraiment été bousculée. C’était très expérimental, je faisais beaucoup d’improvisation libre, de musique contemporaine, et puis du free, et donc j’étais très encouragée à regarder mes influences et me questionner beaucoup sur ça et à capter que tout ce qu’on ramène à la table entre guillemets en tant qu’artiste c’est des choses qui sont modulables et qui apportent du « meaning ». Sans que ça devienne trop intellectuel parce que pour moi c’est très important de rester dans quelque chose d’authentique, dans quelque chose que je peux ressentir et qui n’est pas un objet qui est trop analysé et trop intellectualisé parce que j’ai quand même envie de aussi accéder à ce truc d’émotions brutes et d’impressions.
LFB : C’est un peu la question que j’allais te poser. Tu viens de dévoiler un EP qui s’appelle Easy et je me demandais si le titre, au delà d’être un titre de morceau, c’était aussi une volonté de retrouver une certaine idée de la simplicité et un côté plus direct dans la création.
Melissa Weikart: Absolument. En fait, mes sorties précédentes, c’était du piano et de la voix, et je ne m’étais pas trop posée de questions par rapport aux arrangements. C’était vraiment arrangé de façon live, voix, piano, et je ne voulais pas que ce soit plus.
Et là ça faisait quelques années que j’avais cette volonté de rajouter des arrangements d’autres instruments parce que c’est quelque chose que j’aime bien faire et je commençais à entendre des possibilités. Mais j’avais aussi souvent l’opinion d’autres personnes m’ont dit en mode « ah fais comme ça, fais comme ça » …
Au final l’enregistrement et la production de l’EP ça ne m’a pas pris beaucoup de temps. Mais j’avais vécu un espèce de rejet, d’échec et ça m’a forcée à me recentrer sur moi.
J’ai eu une période, il y a un an, d’arrangement de morceaux que j’avais composés et je me suis vraiment enfermée dans mon petit studio, dans une cave, là où j’avais accès à un studio et donc c’est là où je me suis dit qu’il ne fallait pas que je me laisse influencer. J’étais là en mode en fait c’est moi qui peut vraiment décider comment je veux que ma musique sonne, c’est un peu ma responsabilité de chercher ça.
Je suis partie d’un truc un peu négatif qui est devenu hyper positif parce que ça m’a forcée à me dire en fait il n’y a personne qui va me dire comment faire. Il faut se faire confiance et c’est donc ça c’est vraiment un thème dans le fait de s’écouter et revenir à son intuition et prendre confiance mais de façon mesurée.
LFB : Est ce que tu as l’impression qu’un format court comme celui d’un EP c’est plus libérateur qu’un album au niveau des recherches expérimentales ? J’ai l’impression que chaque morceau se suffit à lui-même et est un terrain de jeu différent à chaque fois et que tu pouvais un peu tout autoriser en ce moment-là ?
Melissa Weikart: Oui, en fait c’était assez libérateur justement parce que je voulais présenter mon univers, comment il était à ce moment-là, qui a évolué avec le temps, avec des expériences, etc.. Et donc le format de l’EP ça m’a permis déjà de bosser un peu plus vite parce que du coup j’avais plein de trucs en tête et ça s’est vraiment fait vite, il y avait une espèce de momentum et donc je suis assez contente parce que j’ai pu suivre cette vague et je pense que si j’avais été dans la recherche de composer, de produire un album, ce que je suis en train de faire maintenant,je n’aurais pas pu.
C’est quelque chose qui prend plus de temps parce que je trouve que l’album c’est un espèce d’objet sonore, ou en tout cas pour moi ce que je recherche à faire c’est decréer un narratif en fait, un format d’à peu près 45 minutes.
Moi, quand j’écoute de la musique, j’écoute beaucoup, de début à la fin des albums. Ca me calme en fait d’écouter des albums et de prendre le temps, de les écoute beaucoup de fois et comme ça ça absorbe un peu les intentions des musiciens et musiciennes qui font ça… Mais du coup pour revenir un peu à la question, l’EP, ça m’a justement permis de donner une petite part du gâteau de ce que je suis en train de présenter et comment je suis en train d’évoluer.

LFB : Ce qu’il y a d’intéressant aussi quand tu l’écoutes, c’est que je trouve que le titre correspond à la manière dont la musique est transmise. Tu n’as pas besoin d’avoir un tas de références ou de connaître tes références à toi.
Melissa Weikart: Ah oui, mais c’est intéressant que tu le dises ça parce que, en fait, ça fait depuis un an, je suis un peu revenue à mes « racines » de singer songwriter américain de la musique folk. Je suis un peu revenue à ça parce que c’est quelque chose quand j’habitais aux états unis en fait je l’ai un peu pris pour acquis . J’étais entourée de personnes au conservatoire avec qui je faisais des études, j’allais voir des concerts… En fait, il y avait beaucoup de singers songwriters, de musiciens folk autour de moi, dans ma maison, qui jouaient, etc… Et moi, je viens pas de cet univers. C’était des gens qui ont vraiment grandi avec ça. Ils allaient chaque été, depuis qu’ils sont enfants, dans des espèces de colonies ; pas de vacances, mais tu sais, des trucs où ils jouaient des morceaux ensemble, etc… Et je trouve ça hyper puissant parce que du coup tout le monde a un peu ses mythes partagés, des objets partagés.
Ça crée vraiment une culture et une communauté.
Et donc j’étais vraiment dans un truc de… j’ai écouté beaucoup de musique early folk et tout depuis l’année passée. Et j’ai aussi écouté beaucoup par exemple Nick Drake, j’étais à fond dans ça.
Je pense que j’étais vraiment dans une recherche de revenir à ce que ça veut dire d’écrire une chanson et après de la faire à ma manière.
Ma manière, je dirais, c’est de présenter quelque chose d’assez intuitif, de ramener des petites surprises, de changer de direction, de bousculer mais pas trop agressivement la personne qui écoute.
LFB : Moi j’ai vu une sorte de cheminement. Ca démarre comme un EP de piano-voix et justement au fur et à mesure des morceaux on part sur quelque chose, des éléments qui s’ajoutent et je trouve qu’il y a un côté de l’ordre du rêve aussi dans la façon dont ça part, c’est un cheminement très onirique en fait qui arrive au fur et à mesure de l’EP.
Melissa Weikart: Oui c’est clair et puis par exemple, il y a le morceau un peu ambiant que je ne joue pas en live parce que c’était vraiment quelque chose que j’avais composé avec plein de textures, plein de couches.
Ce n’est pas vraiment un morceau de live parce que justement c’est dans ces textures, c’est dans cette recherche de bruit, de background noise et de feel.
L’EP m’a permis d’aller dans certaines directions tout en restant dans ce flou, comme tu dis, de rêve. J’ai toujours des inspirations ou des sujets de morceaux mais ça change souvent de sujets au milieu et donc c’est comme des rêves parce que ce n’est pas très logique parfois ce que je raconte.
LFB : Ce qui est intéressant c’est malgré tout, les chansons sont souvent centrées sur le piano et la voix. Le piano est un instrument qui t’accompagne depuis toujours. Est-ce que t’as l’impression que ta relation au piano c’est un peu comme une relation amoureuse où vous vous connaissez très bien mais il y a toujours une recherche pour se surprendre un peu ?
Melissa Weikart: C’est drôle. Quand j’ai commencé à faire ces chansons de cette façon, je voulais justement prendre mon piano qui est mon instrument de toujours et la voix qui est aussi un instrument que j’utilise depuis toujours.
J’adore chanter depuis que je suis enfant et je ne les faisais pas ensemble.
Je chantais dans des choeurs, je chantais avec des amis, je chantais dans des comédies musicales.
Et après, le piano, je le faisais à côté, je faisais mon répertoire classique.
Et aussi, au lycée, j’avais dirigé des comédies musicales. J’apprenais les morceaux à des comédiens, comédiennes.
Donc j’avais aussi ce rapport au piano, mais je ne les faisais pas vraiment ensemble, je me sentais un peu perdue parce que j’avais l’impression que ma voix avait plus un style pop ou un peu soul et le piano j’étais un peu bloquée dans le classique donc je ne savais pas comment les faire communiquer et donc le projet justement c’était pour prendre ces deux facettes et les faire se parler
Donc souvent je trouve qu’il y a un peu un dialogue, ma voix qui vient, le piano qui prend moins de place, puis après le piano qui répond, et les petites dissonances… J’aime bien ces petits frottements parce que du coup justement c’est un peu l’exploration. Ce sont deux créatures en moi qui ne sont pas toujours d’accord.
LFB : L’utilisation de la voix est hyper intéressante parce que je trouve qu’elle est utilisée à la fois comme un instrument mais aussi comme un guide,qui ramène du sens,qui instaure ce dialogue dont tu parles.
Melissa Weikart: Je trouve que quand j’écris des paroles, souvent, c’est un peu stream of consciousness, je sais pas trop comment dire ça en français, mais j’ai envie que ça soit comme si je parlais à quelqu’un dans une conversation, un pote de façon normale. Juste de raconter une histoire.
Donc c’est quand même un peu un phare dans des contextes qui peuvent être un peu chaotiques, des dissonances, des surprises. J’aime bien avoir la voix comme une ancre.
LFB : Mais ce qu’il y a de marrant, c’est que je trouve que cette idée-là de double emploi de la voix, ça nourrit aussi l’écriture. On en parlait, il y a justement un côté très folk sur certains morceaux, très écrits et il y a des morceaux qui sont plus vaporeux et avec de la répétition et des choses beaucoup plus poétiques. Il y a une recherche d’écriture qui est très différente d’un morceau à l’autre.
Melissa Weikart: Oui carrément. Sur Wasting Time, pour moi c’était le morceau le plus propre parce que la structure est assez simple et le refrain par exemple, j’étais vraiment dans ce côté un peu Karen Carpenter, Carole King, un peuWeyes Blood pour citer quelqu’un de plus contemporain. Chanter de cette façon très chaleureuse et un peu timeless.
J’aime beaucoup ces voix des années 70, ce son et cette chaleur, c’est quelque chose avec lequel j’ai grandi. Ecouter Carole King par exemple ça m’a beaucoup marquée et The Carpenters aussi.
Mais aussi dans ce morceau, justement, il y a ma voix qui prend le rôle de synthé dans le fond et c’était drôle parce que du coup, quand j’avais montré à des amis, ils s’étaient en mode « Mais quoi ? Ça sonne comme un synthé, c’est fou » Et je suis en mode « Ah non, mais c’est ma voix ! »
En fait, justement, je voulais utiliser ma voix comme instrument parce que les voix sont des vrais instruments aussi, on peut faire des choses vraiment inattendues avec et ça n’a pas que besoin de prendre le rôle de narration et donc dans cette chanson en particulier, il y a cette position d’une mélodie très, disons, classique, pour moi plutôt classique, et après il y a une voix qui fait synthé et qui fait des effets, qui essaye de mettre des effets dessus et c’était hyper ludique pour moi de faire ça.
Et, à la fois aussi, dans le couplet de ce morceau,J’ai fait exprès de chanter un peu dans un yaourt anglais, justement parce que j’aimais bien cette idée où on ne sait pas trop si on capte les mots ou pas.
J’aime trop ce truc comme les Cocteaux Twins qui font où tu commences à inventer des paroles.Tout le monde en écoutant invente un peu leurs propres paroles et je trouve ça vraiment chouette.

LFB : Il y a un morceau qui m’a beaucoup marqué sur l’EP, j’ai l’impression qu’il mélange un peu tout ce qu’est l’EP, c’est le troisième, Better When You Wait, et j’aimerais bien que tu me parles de ce morceau-là et de comment tu l’as construit, parce que je l’ai l’impression qu’il y a plusieurs vies dans le même morceau.
Melissa Weikart: Alors à ce moment-là, j’écoutais beaucoup le dernier album de Lana Del Rey et j’étais hyper impressionnée par la façon dont elle écrit des chansons vraiment très épiques et très dramatiques.
Et donc cette chanson, je suis partie de cette idée là,un peu de théâtre, de cinéma, de raconter quelque chose, une histoire épique.
Comment je peux résumer le sens de cette chanson ?Je dirais que c’est sur le fait qu’on ne peut pas juste avoir des choses comme ça.
Peut-être qu’il faut cultiver des relations romantiques, amicales, je ne sais pas quoi, mais souvent on veut trop à la fois dans la vie.
On veut juste ressentir, avoir la satisfaction de se dire : « OK, j’ai réussi ça,je ressens cette émotion hyper forte, etc. »
Et en fait, moi j’ai constaté que souvent c’est vraiment mieux quand on prend le temps pour digérer, pour construire des choses dans cette société où on est frénétique et que tout va librement, c’est un peu une réponse à ça.
Il y a des images un peu inventées. Fishing in the dark blue sea, par exemple…je pensais un peu à une scène de film où il y a quelqu’un dans un endroit très loin, dans un temps très lointain. Et je ne sais pas, c’était des images qui pour moi étaient très dramatiques et qui racontaient un peu des trucs épiques.
LFB : C’est marrant parce que ça va bien avec l’évolution du morceau, il y a vraiment plusieurs ambiances, plusieurs étapes qui montent un peu comme ça.
Melissa Weikart: Celui-là, je l’avais écrit piano-voix d’abord.Et petit à petit rajouté les éléments. Mais ça m’a pris longtemps pour vraiment capter les bonnes textures. J’ai rajouté de l’orgue. Souvent je joue ce morceau et je dis c’est mon morceau d’église parce qu’il y a de l’orgue, il y a des trucs très résonnants eEt après je chante dans les aigus.
Ca s’est construit de façon assez intuitive, c’est allé assez vite.
Et puis j’ai aussi utilisé ce truc qui revient dans ma façon de composer, c’est de jouer avec des couplets et de la répétition.
À la fin, il y a l’accompagnement, t il y a la voix au dessus et ils ont des boucles mais qui ne durent pas le même temps donc ça se décale petit à petit puis après ça se recale et ça c’était aussi très marrant de jouer avec cet effet là justement parce que ça déséquilibre, je pense, ça nous déséquilibre et j’aime bien ce truc où ça interpelle l’auditeur en fait. C’est comme si on marchait, on trébuche et puis après on se remet sur le chemin.
LFB :Tu t’apprêtes aussi à sortir ton premier album avec Béatrice Mélissa. Je me demandais comment les différents projets que tu faisais nourrissaient ta créativité et est-ce que justement tu avais besoin d’avoir des projets un peu différents à chaque fois pour te challenger dans ta création et dans ton rapport à la musique ?
Melissa Weikart: Oui carrément. Ce sont des projets où il y a le nom Mélissa dans les deux et c’est clair que c’est moi qui chante la plupart du temps. Avec Béatrice on partage la composition donc il y a quand même cet élément commun évidemment mais les approches sont assez différentes. Avec Béatrice, c’est vraiment quelque chose de très collaboratif qui ne pourrait pas exister sans l’une ou l’autre.
Et évidemment, il y a Béatrice qui conçoit la composition de la part d’une producteuriste dans un truc de musique électronique et moi qui viens avec mon bagage un peu classique, un peu expérimental et donc on se réunit.
Je pense que ce que ça m’a beaucoup appris parce que j’ai vu l’autre perspective justement, la perspective de Béatrice et aussi les choses qui m’ont vraiment nourrie créaivement c’est quand on était dans le studio et qu’on faisait le mixage ou de la production et qu’on se posait des questions sur comment on voulait que ça sonne au moment du studio et ce que chaque décision pouvait communiquer donc je pense que ça m’a préparée pour aller dans cette direction de production pour mes chansons.
Avant, j’avais moins un regard global, j’étais vraiment plus dans l’exécution de jouer du piano, de composer… mais pas de tout concevoir.
J’ai toujours été musicienne, donc j’ai moins pensé aux autres éléments. Après, la production, c’est quelque chose de musical aussi, mais j’étais plus dans un truc de musicienne en mode, je joue les instruments, je fais de la composition, et donc ça m’a permis d’un peu zoomer et concevoir tout ce qu’on faisait comme des choix artistiques, même de penser à l’image, à l’esthétique visuelle.
Ça m’a beaucoup inspirée de travailler avec Béatrice, qui est quelqu’un qui vient de ce monde. C’est une artiste plus hybride.
Après avec mes chansons solos, ça m’a permis de faire une recherche d’harmonie et aussi de créer un rapport à l’écriture de paroles. et j’ai ramené ça au projet Béatrice Melissa. Ce qui étaitdrôle parce que j’ai commencé à écrire plus en français mais avec Béatrice et ça m’a aidé parce que je me sens pas trop à l’aise d’écrire en français toute seule j’ai besoin de quelqu’un d’autre pour que je peaufine un peu ce que je dis parce que je suis un peu moins à l’aise dans cette langue, il y a tout un bagage que je connais moins.
Mais globalement, j’aime beaucoup justement les deux projets. Je pense que le mot clé dans les deux, c’est le fait qu’ils sont hybrides et qu’il y ait de la dissonance. Pour nourrir ma créativité, j’ai besoin d’avoir plein de projets différents justement pour avoir cette hybridité et aussi pour avoir cette différence.
Et je pense que de façon plus globale, ça peut aussi se lier à l’identité bilingue… Je pense que pour moi c’est très stimulant.
Après je joue dans d’autres projets aussi en tant que side-push. J’aime bien voir comment les autres font. Je trouve ça hyper intéressant et après laisser tout un peu macérer.
Crédit Photos : David Tabary