Chez La Face B, on adore les EP. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux, dans lequel on vous présentera une sélection d’EP. Aujourd’hui, on s’intéresse aux EP de Nous Etions Une Armée, de Charlie Trimbur et Clinique Lacuna.
Nous Etions Une Armée – territoire(s) perdu(s)
On vous l’avait dit, Léo Nivot et Rémi Le Taillandier nous ont laissés sur notre faim en sortant leur premier opus Depuis toujours, j’ai l’impression que ma vie est sur le point de commencer. Non pas que l’objet était décevant, il était injustement trop court – à défaut d’un titre à rallonge -. Nous Etions Une Armée récidive ! Cette fois-ci, le duo mise sur 3 titres. Il faut même finir par admettre que ce minimalisme leur va bien, une manière de laisser s’imprimer les mots, les voir prendre du sens. Entre temps, ils sont passés par le Point Ephémère, une appellation de salle qui leur allait bien au teint et nous annoncent une Maroquinerie pour novembre prochain.
Il est faiblard de dire que nous savons patienter. Alors le nouvel objet sonore est arrivé à point nommé. Ainsi, territoire(s) perdu(s) s’ouvre avec un titre que l’on trépignait de retrouver posé en studio : territoire perdu. Léo Nivot n’a rien perdu de son phrasé, n’a pas fini de parler avec son cœur et ses tripes. Un titre hautement politique dont le duo peut être particulièrement fier parce qu’il touche sans manquer sa cible. S’en suit ne pas regarder en bas, comme une invitation à prendre garde, à trouver un équilibre que l’on sait complexe. La boîte à rythmes fidèle au poste, ne pas regarder en bas utilise les mots comme des instruments à eux-seuls. Et comme pris dans une tempête intérieure rythmée par des distorsions, c’est jour & nuit qui clôt l’objet. On en parlait il y a quelques semaines, c’est la dualité qui prime, ponctuées d’explosions, les émotions fortes vous tiraillent.
Voilà une nouvelle manière de vous dire qu’il faut continuer à les suivre dans leurs expérimentations courtes, à les voir quand ils sont en concert parce qu’ils sont encore loin d’avoir dit leur dernier mot.
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Charlie Trimbur – La nuit pure
Dans l’ombre de Yoa, d’Eddy de Pretto ou encore de Woodkid, on a décidé de le faire prendre la lumière, on parle ici de Charlie Trimbur. Dans un EP intitulé La nuit pure, il lève le voile sur un projet solo empreint d’une grande sensibilité.
On vous parlait de Jusqu’au bout il y a quelques semaines, un morceau d’ouverture hyper mélancolique, une voix autotunée au refrain et une boucle aux textures urbaines jusqu’à ce qu’il convoque l’intime en faisant intervenir par le biais d’un message vocal une voix vraisemblablement familière. Jusqu’au bout est comme le récit d’une tristesse anonyme que l’on serait tentés de qualifier de dépression mais nul ne saura vraiment. Un morceau qui oscille entre parts d’ombre et de lumières instantanées. Ma sœur s’inscrit dans une orchestration plus évoluée où un piano se fait central, les cordes sont sophistiquées, Charlie Trimbur expose son amour fraternel. Dans Après l’orage, c’est la phase de l’amoureux égaré post-rupture « Demain, j’me lèverai tôt pour voir si c’est plus beau sans toi ». Après l’orage est un morceau qui gagne en intensité dans ses dernières secondes où l’instrumentation se pulvérise à petits feux. J’te jure qui prend la suite joue sur la répétition de la formule et la production qui l’accompagne, reprend le timbre mélancolique de Jusqu’au bout. Le producteur triture ses productions comme il remue ses incertitudes. L’EP s’achève sur le titre éponyme, un piano-voix brut sans décor si ce n’est un nouveau message vocal. Le morceau se clot non sur un lent fondu au noir mais sur un « Ok c’est bon ». A notre tour de dire qu’ok c’est bon Charlie Trimbur s’est installé en son nom propre.
Âmes frêles, cet EP est pour vous !
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Clinique Lacuna – Who can revive the city ?
Nouveau changement d’ambiance dans ce nouveau numéro de Format Court. Clinique Lacuna c’est le duo formé par les producteurs Darzack et Late. On a croisé leur chemin lors de leur concert en première partie des Nantais sculpteurs de sons ATOEM au Trabendo en octobre 2023 et depuis, on guette les productions ! Après Holy Land et Miss You Lindsay, le duo balance alors Who can revive the city ? Un EP aux 6 titres – 9 si on compte les extended versions complémentaires – qui fait résonner toutes leurs influences les plus 80s.
L’italo-disco et la house se sont données rendez-vous et si vous doutiez de la combinaison, vous vous trompiez ! A commencer par You and I, cette chouette collaboration avec Natalie Bouclette que l’on vous avait partagé au détour d’une playlist de la semaine qui vous offre un retour dans les années 1990 du temps des soirées Cheers. Ça vous met dans le bain tout de suite, c’est frais, ça sent bon le printemps et les soirées en guinguette ! Et derrière, Le scénariste prend le relai où Late s’active au chant. Quand on vous parle des influences 1980, c’est le morceau le saisissant. Clin d’œil certain à France Gall dans le refrain, ça nous emballe ! Il démarre comme une émission télévisée de cette même décennie 80s, c’est Pressure. Avec une oreille légèrement distraite, il pourrait vous rappeler le tube Hollywood Seven de Jon English. On s’ambiance, on se laisse porter : efficacité ! Il a le titre d’une extension de fichier incomplète, c’est .move qui délaisse les voix humaines pour des voix robotiques, on est sur une composition plus propre au clubbing tardif. On ne l’a pas vu venir, c’est Rock the train qui joue sur les distorsions sonores et un synthé rebondissant en fond de jeu. Plus technique, moins dansant, il montre les compétences du duo en matière de djaying. Cherish Everyday s’affirme comme une conclusion plus proche de l’EBM où la chanson revient. C’est plus tranchant, plus sombre malgré un message plein d’espoir. On pourrait y apercevoir au loin une influence Depeche Mode dans ses phases noires.
Amis des dancefloors et esprits retro, emparez-vous de cet EP pour rythmer vos soirées entre potes, c’est proprement brillant et bien amené !
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