CocoRosie : « Notre rôle est de déranger, mais c’est un rôle douloureux »

Quelques jours avant le début de leur tournée européenne, les sœurs Casady, aka CocoRosie, nous ont accueillis dans leur studio de répétition à Montrouge. Une plongée unique dans le processus créatif de ce duo à l’univers chatoyant, qui ne cesse de nous surprendre depuis 20 ans. On y parle de leur nouvel album Little Death Wishes, de transformation, et de trouver sa place en tant qu’artiste dans un monde traversé par des violences envers les personnes queer.

VERSION FRANÇAISE (ENGLISH VERSION BELOW)

La Face B : L’album parle de traumatismes, notamment générationnels. Comment des foyers brisés créent des personnes brisées. Et en même temps, il est plein d’espoir. Au sens où, peu importe à quel point une personne est brisée, elle peut toujours se libérer. Même si cette liberté est fragile et incertaine. Était-ce votre intention de créer un album qui donne de l’espoir ou est-ce que c’est venu comme ça ? 

Bianca Casady : Nous n’avons généralement pas d’intentions spécifiques. Mais nous sommes intéressées par la transformation, et nous en faisons l’expérience à travers la musique que nous créons. Tu as raison, c’est en parlant de ces traumatismes qu’on peut arriver à les dépasser. C’est en s’appropriant cette histoire brisée qu’on peut trouver de la force, et c’est ainsi qu’on parvient à transmuter l’expérience. 

La Face B : L’album se termine symboliquement avec la chanson Unbroken. Ce que j’en comprends, c’est que l’imagination peut aider à guérir. Pensez-vous que l’imagination peut, collectivement et individuellement, nous aider à nous libérer de nos traumatismes ?

Bianca Casady : Absolument. Collectivement, il est essentiel que nous utilisions notre imagination pour commencer à imaginer le monde que nous voulons. 

La Face B : J’ai lu que vous avez créé l’album toutes les deux dans une chambre, comme à vos débuts. Comment êtes-vous passées de la chambre à un album studio ? 

Sierra Casady : On a vraiment apprécié le fait de revenir à un espace petit et intime. On a trouvé que cela rendait la musique plus puissante et plus pure. Et en ce qui concerne la production, même si ça ne s’entend pas, le processus a été plus simple que pour les albums précédents. 

Bianca Casady : Oui, je dirais qu’on s’est concentrées sur l’essentiel. On a travaillé de manière rudimentaire, avec des petits claviers, des rythmes existants. Au moins au départ. Ensuite, on est allées dans un vrai studio et on a ajouté un peu de magie sur le tout. Pour le faire briller davantage. Mais tout a commencé par une approche minimale, essentielle, une sorte de collage. On a collaboré avec des ingénieurs, mais on aime garder la main du début à la fin, en tant que productrices.

La Face B : J’ai entendu beaucoup d’influences Rap et R’n’B dans l’album. Sachant que vous avez exploré de nombreux styles au fil des ans. Quand vous démarrez le travail sur un album, savez-vous comment vous voulez qu’il sonne ? Ou est-ce que vous commencez à écrire et voyez où cela vous mène ?

Sierra Casady : Je pense que l’un des aspects les plus agréables de la création d’un album est qu’il s’agit d’un courant que l’on suit, qui nous emmène quelque part. Et on espère être surprises en chemin. C’est une façon amusante d’aborder la musique. On met de côté les vieux concepts et on laisse la vie surgir organiquement. 

Bianca Casady : Il y a un grand écart entre notre point de départ et notre point d’arrivée. Nous avons commencé dans un monde théâtral, avec du chant lyrique, beaucoup de réverbération sur la batterie. Nous étions dans un état d’esprit différent au début. Et à mi-chemin du processus, la chanson Nothing but Garbage est arrivée, et nous avons senti que c’était la nouvelle direction à prendre. Ça a été une sorte de révélation.

La Face B : En ce qui concerne les thèmes de l’album – les traumatismes, la transformation, les liens familiaux – à quel moment sont-ils apparus ? 

Bianca Casady : Nous avons tendance à être attentives à ce qui se présente à nous et à l’honorer, puis à le nourrir. En sortant de la pandémie, ce qu’on a écrit était empreint de frustration et assez politique. Mais ça s’est transformé en quelque chose de beaucoup plus personnel au fur et à mesure.

La Face B : Comment s’est passée la collaboration avec Chance The Rapper, pour Girl in Town ? Comment avez-vous vécu le fait d’inclure quelqu’un de nouveau dans votre processus créatif, sur lequel vous aimez avoir la main ?

Sierra Casady : Nous avons ressenti une connexion lorsque nous avons rencontré Chance. Il nous a invitées à venir travailler dans son studio. Cela s’est fait de manière organique, on a trouvé des points communs sur lesquels on pouvait construire ensemble. Nos mondes sont très différents mais on a perçu quelque chose chez lui, dans son histoire, dans laquelle nous nous sommes retrouvées.

Bianca Casady : On lui a proposé un morceau auquel il a été très sensible, et il a commencé à écrire et enregistrer tout de suite. C’était vraiment amusant pour nous d’assister à ça.

[Sierra Casady a dû partir à ce moment de l’interview.]

La Face B : La semaine prochaine, vous commencez une tournée européenne qui s’annonce très intense : 44 dates, presque une par soir. Comment avez-vous adapté un album aussi éclectique en live ? 

Bianca Casady : En fait, nous avons exclusivement des nouveaux musiciens cette année. Nous avons travaillé avec Tez, un beatboxer français, pendant une quinzaine d’années. Mais il a décidé de se concentrer sur son propre projet, ce qui nous a obligées à repenser notre live. Au même moment, nous avons rencontré un nouveau claviériste, français lui aussi. Il a une grande collection d’instruments acoustiques très rares. Sur scène, on aura un célesta vieux de 150 ans, un thérémine, un cristal baschet – c’est un instrument fait de cristaux, il n’en existe que quelques-uns dans le monde.

Nous avons également un nouveau batteur, à qui nous avons fait passer tous les samples rythmiques. Et c’est incroyable à quel point ça ressemble à l’album. Et pour couronner le tout, nous aurons un quatuor à cordes – que nous sommes sur le point de rencontrer pour la première fois, d’ailleurs. Tout cela est très ambitieux (rires). Il y a beaucoup de pression. De plus, jouer tous les soirs signifie qu’on doit être confiante sur le fait d’être en forme, de ne pas perdre notre voix… 

La Face B : C’est vrai que c’est impressionnant !

Bianca Casady : Oui, ce sera vraiment une mission 24 heures sur 24 pendant les deux prochains mois. Nous allons également enregistrer un album live tout au long de la tournée. C’est quelque chose que nous n’avons jamais fait. On donne vraiment tout pour cette tournée (rires). Par ailleurs, certaines de nos nouvelles chansons sont assez difficiles à mémoriser. Nothing but Garbage, par exemple. Elle est rapide et il n’y a pas vraiment de logique ou d’histoire auxquelles se raccrocher. Et puis c’est un peu un « virelangue ». Tous les matins, je me réveille et je répète le premier couplet. « Slutty bitches, Stitchy witches, Itchy bitches, Too big britches »… et je me demande “mais qu’est-ce que je suis en train de raconter ?” (rires).

La Face B : Une fois que tu as fait ça, tu peux tout faire (rires).

Bianca Casady : C’est sûr !

La Face B : L’année dernière, vous avez célébré le 20e anniversaire de votre premier album. Quelles sont les choses que vous avez apprises sur vous-même et sur l’autre au cours de ces 20 années de CocoRosie ? 

Bianca Casady : Je dirais que nous avons grandi tout au long du projet. Nous avons commencé assez jeunes, et on n’a jamais arrêté de développer ce projet. On a travaillé sur plusieurs productions théâtrales. Et même plus ou moins sur du théâtre pour enfants à un moment. On essaye en permanence de nouvelles choses, on s’aventure sur de nouveaux territoires.

Et on doit toujours trouver un pied d’égalité. C’est assez délicat parce que nous sommes toutes les deux des leadeuses, mais avec des approches très différentes. Donc c’est chacune son tour. Elle a un caractère très différent du mien. Elle a un côté actrice, et moi je suis plus émotive, je n’arrive pas à faire semblant. C’est assez incroyable en fait, parce qu’on a beaucoup de pression, mais on arrive à la gérer en se relayant. Nous sommes des opposés, en quelque sorte, ce qui est une véritable force dans pas mal de situations.

La Face B : Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontées du fait de travailler entre sœurs ? 

Bianca Casady : On déclenche toujours des réactions chez l’une et l’autre. C’est quelque chose qui est profondément ancré dans nos corps, quelle que soit la quantité d’efforts qu’on fait (rires). Et c’est très subtil, ça peut venir d’une simple expression faciale… Nous communiquons ensemble de façon subconsciente, d’une certaine manière.

La Face B : Vous avez soutenu les femmes et les communautés queer et trans depuis vos débuts. Ces derniers mois ont été très difficiles, aux États-Unis comme dans le reste du monde, avec énormément d’attaques directes envers ces communautés. En tant que personnes et artistes ayant toujours lutté contre l’oppression, comment ressentez-vous l’impact de la période actuelle sur votre art ? Avez-vous du mal à rester inspirées et créatives ou puisez-vous de la force dans la lutte ?

Bianca Casady : C’est un mélange de choses. Il y a des combats intérieurs au sein des communautés et je pense que c’est ce qui est le plus violent, d’une certaine manière. Aux États-Unis, en ce moment, on voit vraiment les choses en noir et blanc. On n’est pas encouragés à avoir des conversations nuancées. La pensée critique semble avoir disparu.

Je me suis rendu compte qu’on est des sortes de provocatrices. On se trouve toujours du côté impopulaire des choses. Même dans le cas du féminisme ou des politiques queer, on se retrouve généralement dans la marge, d’une manière ou d’une autre. Je pense qu’une partie de notre rôle est de déranger, mais c’est un rôle douloureux, parce qu’on peut recevoir beaucoup de négativité. On a du mal à trouver notre place, là où on peut être les plus utiles. Notamment parce qu’on s’amuse beaucoup, à partager toutes ces choses joyeuses. Et puis on pense aux enfants qui meurent de faim en Palestine… Alors on se demande : comment parler de ce qui se passe, tout en gardant notre joie ? Où se situe l’équilibre ?

La Face B : Je pense que la joie peut être une forme de résistance en elle-même. 

Bianca Casady : C’est vrai, mais j’y pense beaucoup. Comment utiliser cette plateforme que nous avons ? Comment utiliser toutes ces scènes ? Je n’ai pas encore vraiment trouvé la réponse.

La Face B : Vous avez une communauté de fans très solide que vous avez conservée au fil des ans. Les gens sont inspirés par votre musique depuis 20 ans maintenant. Y a-t-il des artistes (musicaux ou autres) que vous admirez et qui vous inspirent depuis longtemps ?

Bianca Casady : Je pense que j’ai surtout été inspirée par la littérature et la musique classique. Anne Carson est une écrivaine qui m’a beaucoup inspirée. Elle fait beaucoup de conférences sur des essais poétiques. C’est un format qui ne colle pas vraiment à un genre particulier. Plus récemment, j’ai aussi découvert Etel Adnan, une autrice libanaise qui a écrit des poèmes et des essais en anglais et en français. Ma sœur ne consomme rien. Donc on n’est pas du tout au courant des nouvelles choses qui se font. J’écoute Hildegard, ça date des années 1100 (rires). Et puis beaucoup de Chopin, de Satie, des compositeurs français. La poésie japonaise du XVIIe siècle fait également partie de mon imaginaire. Ces poètes qui sont presque religieux, qui font un vœu de poésie, abandonnent tout et voyagent. Dans l’ensemble, je pense que nous sommes vaguement liées à des mondes anciens.

La Face B : C’est peut-être votre secret pour garder un son toujours frais, original. Parce que vous n’êtes pas directement influencées par ce qui se passe autour de vous.

Bianca Casady : C’est possible. En fait, on s’amuse librement avec la musique pop. On en fait une sorte de collage. Et parfois on n’est pas en phase avec notre époque. Des fois les gens disent « ça ressemble à de la trap », mais je ne sais même pas ce qu’est que la trap. En ce qui nous concerne, on continue de jouer, d’interagir avec les sonorités contemporaines, mais pas nécessairement en même temps que ce qui est à la mode.

Crédits Photos : Cédric Oberlin

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ENGLISH VERSION

La Face B : The album touches on trauma, especially generational trauma. How broken homes create broken people. At the same time, it feels quite hopeful. In the sense that no matter how broken, people can always find freedom – even if it’s fragile and uncertain. Was it your intention to make a hopeful album or did it kind of just happen ? 

Bianca Casady : We generally don’t have specific intentions. But we are interested in transformation, and we experience that through creating music. You are very right that with the description of all this brokenness, we arrived at another side. It’s through the owning of the broken story that one finds empowerment, thus transmuting the experience. 

La Face B : The album symbolically finishes with the song Unbroken. My understanding of it is that through imagination, one can start to heal. Do you think that imagination can collectively or individually help us to free ourselves from traumas ? 

Bianca Casady : Definitely. Collectively, it’s key right now that we use our imagination to start imagining a world that we want. 

La Face B : Regarding the creative process of the album, I’ve read that it was mostly the two of you, creating music in a bedroom like in the beginnings. Can you describe the process of taking it from the bedroom to a studio album ? 

Sierra Casady : We really enjoyed coming back to a small, intimate space. We found that it made the music more potent and pure. As far as production goes, even though you might not hear it, it was a more simple process for us than the previous records. 

Bianca Casady : Yes, I think we got down to some very essential qualities. Using small keyboards, existing beats, and working in a rudimentary way at least at a departure. Then we went to a different kind of studio and threw magic over the whole thing. Make it glitter more. But it started in a very collage, essential, minimal approach. We collaborated with engineers but we have a very hands-on approach from beginning to end, working as producers.

La Face B : I’ve heard a lot of Rap and R’n’B influence in the album. And you’ve explored so many genres over the years. When you start working on an album, do you know how you want it to sound, or do you just start writing and see where it takes you ?

Sierra Casady : I think that one of the most enjoyable parts of making a record is that it is a current that you ride, that takes you somewhere. And we hope it takes us somewhere, by surprise. So it’s a fun way to approach the music. Trying to put aside dead concepts and let some life arise organically. 

Bianca Casady : It’s quite a big arch from where we started to where we ended up. We started in a more theatrical world, lyrical singing, a lot of reverb on the drums. Our heads were in a different place, and halfway through the process, the song Nothing but Garbage happened, and we could feel that this would be the new direction. This was our revelation moment.

La Face B : As far as the themes of the album go – brokenness, transformation, family ties – how did they come about in the process ? 

Bianca Casady : We tend to notice what’s coming up and then honor it, and then we start to nurture it. Coming out of a pandemic, it started out quite frustrated and political. But it turned into something much more personal as it went.

La Face B : How did the collaboration with Chance The Rapper, in Girl in Town, happen ? How did it feel including someone new into your creative process, which you said was quite hands-on ? 

Sierra Casady : We felt there was a kindred connection when we met Chance. He invited us to come work in his studio. It just happened organically, we felt that we had common threads to build on together. Even though our worlds are so different, there was something underneath, in his background, with which we connected.

Bianca Casady : We presented some music and he got inspired and did his writing and recording process which was really fun to witness. We handed him something and he was very awake to it and wrote something on the spot. 

[Sierra Casady had to leave at this point in the interview]

La Face B : You’re starting your European tour next week. 44 dates, almost one every night, which sounds very intense. How do you adapt such an eclectic record into a live show ?

Bianca Casady : We actually have all new people playing with us. We worked with Tez, a French beatboxer for about fifteen years. He decided to do his own thing for a while, and that forced us to rethink our process. Around that same time, we met a new keyboardist who is also French. He has a big collection of very rare acoustic instruments. We’re going to have a 150-year-old celesta, a theremin. A Cristal Baschet, an instrument made of crystals – only a few exist in the world.

We also have a new drummer, to whom we gave all the samples of our beats. And it’s amazing how much it sounds like the record. And then on top of that, we have a string quartet – rather for some of our favourite older songs. We’re about to meet the quartet for the first time, actually. It’s all very ambitious (laughs) and there’s a lot of pressure. Also, the fact that we are playing every night means we have to trust that we will be well, that we won’t lose our voices…

La Face B : Yes, it’s quite impressive !

Bianca Casady : Yes, it will be a very 24 hours a day mission for the next couple of months. We’re also going to record a live album throughout the tour. Which is something we have never done before. So, we’re kind of going all in at this moment (laughs). Some of our new songs are quite tricky to memorize, too. “Nothing but Garbage” for instance was really hard. It’s fast and doesn’t have a lot of logic or story to it. It’s a bit of a “tongue-twister”. So every morning I wake up and practice the first verse. “Slutty bitches, Stitchy witches, Itchy bitches, Too big britches”… and I’m like “what am I saying” ? (laughs).

La Face B : Once you’ve done that, you can do anything (laughs).

Bianca Casady : Yes !

La Face B : Last year, you celebrated the 20th anniversary of your first album. What would you say are the main things that you have learned about yourselves and each other through 20 years of CocoRosie ? 

Bianca Casady : I think we’ve grown up through the project. We started pretty young. It’s been an opportunity for us to just keep expanding. We’ve done several theater productions, almost going into children’s theater at some point. Always trying new things and stepping into new territories. And having to continually meet each other there as equals. It’s very tricky because we’re both leaders, with a very different approach. So we take turns. She’s a very different character, more an actor type and I’m more emotional and don’t have a lot of fake. It’s quite amazing because it’s a lot of pressure but we can keep rotating. We’re kind of opposites, which is a real gift in a lot of situations. 

La Face B : What challenges have you faced from working as sisters ? 

Bianca Casady : We definitely trigger each other, and it’s deeply embedded in the body, no matter how much work you do (laughs). And it’s so subtle, like a facial expression… We’re communicating with each other on a subconscious level, in a way.

La Face B : You’ve stood beside women, queer and trans communities from the start. And the past few months have been really rough, in the US as well as worldwide, with so many direct attacks on these communities. As people and artists who have consistently fought against oppression, how do you feel like the current period is impacting your art ? Do you find it hard to stay inspired and creative or do you find strength in fighting ? 

Bianca Casady : It’s a mix. There is inner fighting inside the communities too and I think that’s the most violent, in a way. In the US, it’s really black and white thinking. We’re not being encouraged to have nuanced conversations. Critical thinking seems to be out the window.

I’ve realized that we are a bit of provocateurs. That we’re always on the unpopular edge of something. Even with feminism or queer politics, we’re usually in the margin somehow. I think part of our role is to disrupt but that can be a painful role, because you can receive a lot of negativity from that. We’ve been struggling to figure out what is the most useful place where we can be. Also because we are having so much fun, putting all of this joyful stuff out. And then thinking about children starving in Palestine… So we wonder : how to reflect what’s happening, and at the same time have our own kind of joy ? What’s the balance ?

La Face B : I guess joy can be a form of resistance, in itself.

Bianca Casady : Yes, but it’s on my mind a lot. How to use this platform. How to use all these stages. I haven’t quite figured it out. 

La Face B : You have a very strong fanbase that you have kept over the years. People have been inspired by your music for 20 years now. Are there any artists (music or other) that you have also looked up to, that have inspired you for a long time ?

Bianca Casady : I think I have been inspired mostly by literature and classical music. Anne Carson is a writer that I have been very inspired by, she does a lot of lectures of these poetic essays. Which is a form that doesn’t really fit into a genre. I also recently learned about Etel Adnan, a Lebanese writer who wrote poetry and essays in English and French. My sister doesn’t consume anything. So as far as new things go, we have no idea what’s going on. I listen to Hildegard, from the 1100s (laughs). And then a lot of Chopin, Satie, French composers. Japanese poetry from the 17th century is also a big part of my imaginary world. These poets who are almost religious, who take on the vow of poetry and give up everything and just travel. Overall I think we’re connected loosely to old worlds (laughs).

La Face B : Maybe that’s the secret to keeping a very fresh sound, because you’re not directly influenced by what’s happening around you.

Bianca Casady : Maybe, but then I think we freely play with pop music and kind of collage it. And maybe sometimes we’re out of sync with the time. And people will say “it sounds like trap” but I don’t even know what trap is. So we’re still playing, interacting with new music, but not necessarily at the same time as what’s in fashion.

Credits : Cédric Oberlin

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