La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la première partie de notre 264ème sélection des clips de la semaine.

MRCY – Flicker
MRCY dévoile cette semaine Flicker, 4e extrait pour accompagner la sortie de leur 2e album Volume 2 chez Dead Oceans.
Un an après leur premier opus Volume 1 que nous avait fait forte impression, le duo londonien transforme l’essai et revient avec un nouvel album à la hauteur du premier, déjà excellent. La soul chevillée au corps, le chanteur à la voix suave et le producteur de génie nous régalent extrait après extrait, enrichissant leur répertoire de multiples tonalités et sonorités. La pop néo-jazzy dans Angels, le groove et le rnb dans Wandering attention et l’afrobeats dans Angels et désormais Flicker.
Le titre écrit par Barney Lister, Kojo Degraft-Jonhson et Jonny Lattimer peut être compris comme une mise en garde contre la toxicité de la société et une invitation à l’hédonisme, à se recentrer sur soi pour se protéger.
Le clip été réalisé par Dumas Haddad. Il met en scène l’éveil d’un danseur, visiblement perdu, qui évolue dans un endroit pouvant s’apparenter à un hôtel quasi désert. On le voit se déplacer avec beaucoup d’énergie mais chancelant, dansant dans l’ombre et la lumière. Les rotations de la caméra viennent renforcer l’idée de la désorientation, comme si le monde du personnage n’avait plus aucun sens, au propre comme au figuré. Un clip très cinématographique qu’on vous recommande chaudement.
Vera Daisies – Chess game
Cela fait un moment que l’on connait le coup de crayon de Vera Daisies – vous savez, la deuxième moitié de feu Ottis Cœur – . C’est son boulot à plein temps. Même si l’autre partie du temps, elle est probablement derrière sa guitare et un micro.
Dans ce clip haut en couleurs entièrement assuré par l’artiste elle-même, Vera Daisies se met en scène avec un iPod Nano – si tu ne connais pas ce petit appareil, tu es décidément trop jeune -. Dans le fond, les buildings. Et visiblement tout – invasion d’extraterrestres, visite de Godzilla ou de zombies, sims cambrioleur autant dire une multitude de références culture pop de la fin des années 90 et bonus une météorite qui traverse les millénaires – peut arriver Vera Daisies ne quittera pas son banc d’où son pied chaussé d’une Converse rouge bat le rythme. La musique, meilleure protection contre un monde en déclin ?
Mixé par Alex Farrar (Angel Olsen, Suki Waterhouse, Wednesday, Snail Mail), le morceau Chess game est produit en étroite collaboration avec Géraldine Baux, plus connue sous le nom de Geagea puise son inspiration dans le rock des années 1990. Ces dernières ont vu arriver une palanquée d’artistes plus indie qui progressivement se retrouvaient dans les bacs alternatifs. Vera Daisies s’inscrit dans un rock 100% féminin, très consciente du monde qui l’entoure. Et bien qu’un semblant de détachement soit perçu dans le clip, le morceau cache une réflexion sur une relation aussi complexe qu’un chess game (jeu d’échecs pour les non anglophones), questionne la fragilité dans un monde qui part en vrille. Un morceau qui joue sur l’autotune mais fait la part belle à la guitare, un morceau qui nous ferait retomber sans douleur dans l’adolescence.
Kairos Bloom – Sensatio
C’est dans une ambiance rougeâtre que s’ouvre le clip de Sensatio, nouveau single des parisiens de Kairos Bloom. Dans ce titre qui évoque le fait de sentir, éprouver quelque chose se cache une réflexion profonde sur le froid clinique du numérique. Si le groupe se met en scène dans un décor comme théâtral, il apparait également sous des formes plus spectrales. C’est une ambiance générale très mystérieuse qui se fait justement sentir.
Avec Sensatio, le quatuor Kairos Bloom signe un titre planant qui fait intervenir des cordes autres que des guitares ; des violons ! Ce qui créée un effet de surprise. Comme pour ajouter une légèreté au propos de fond. L’absurdité d’internet côtoie ce qu’il a de plus beau comme de plus effrayant. Et c’est dans ces méandres que Kairos Bloom choisit de naviguer pour mieux nous enchanter.
Drugdealer ft Weyes Blood – Real Thing
Après plusieurs années de silence, voici le retour de non pas un, mais deux artistes particulièrement attendus. Drugdealer vient de sortir le titre Real Thing, en collaboration avec la talentueuse Weyes Blood. Le morceau vient, pour notre plus grand bonheur, accompagné d’un clip.
Real Thing nous parle d’amour, celui qui rassure, qui nous enveloppe de chaleur et de joie. Il nous parle de déception amoureuse, de changements et de bouleversements mais qui nous transporte vers quelque chose de meilleur pour nous. A cette ambiance légère et joyeuse s’ajoute la voix aérienne de Weyes Blood, posée sur plusieurs harmonies, un bijou pour nos oreilles.
On retrouve une composition soignée sur ce titre avec une basse très présente, une guitare acoustique donnant une vibe vintage, un violon mélodieux, ou encore une apparition d’un saxophone doux et vaporeux en fin de morceau. L’ambiance visuelle du clip est d’une douceur extrême, aux couleurs chaudes et rassurantes. On est plongé au cœur de la création du titre, dans le studio d’enregistrement pour la prise finale de la chanteuse. A savourer sans modération !
Si ce titre vous plaît, sachez que ce n’est pas la première fois que Drugdealer et Weyes Blood collaborent. Vous pouvez donc aller écouter leurs anciens titres : Suddenly, The End of Comedy, et Honey, à quand l’album ?
Tom Odell – Don’t Cry, Put Your Head On My Shoulder
La voix de velours du britannique le plus romantique que l’on connaisse, Tom Odell, revient nous bercer dans son nouveau titre, Don’t Cry, Put Your Head On My Shoulder.
L’auteur du titre à succès Another Love n’a pas fini de nous faire rêver. Rêver d’amour, principalement, car Tom Odell a le talent pour en parler avec émotion et poésie.
En pleine tournée actuellement en première partie de Billie Eilish, le musicien a récemment annoncé une nouvelle tournée en Europe et au Royaume-Uni. Il sera donc de passage à Paris le 31 octobre prochain à l’Accor Arena. Cette tournée est accompagnée d’une annonce supplémentaire : la sortie de son septième album studio, A Wonderful Life, prévue le 5 septembre prochain.
Revenons donc au titre du jour, Don’t Cry, Put Your Head On My Shoulder. Le clip de quatre minutes nous offre un plan continu du chanteur accompagné d’une femme, visiblement peinée et reposant sa tête sur son épaule. Ils se trouvent tous les deux à bord d’une voiture traversant un tunnel, pouvant représenter l’impasse dans laquelle se trouve son amie. Qui n’a pas besoin d’un ami, d’un frère ou d’une sœur pour affronter les moments difficiles, s’asseoir en silence, se sentir écouté et compris. Mais ce n’est pas toujours facile de se livrer, alors Tom Odell nous offre son épaule pour pleurer dans ce morceau, pour nous rassurer et nous redonner confiance. Pour tous ceux qui ont besoin de courage, de réconfort, ce titre vous est dédié.
John Butler – So Sorry
John Butler dévoile cette semaine “So Sorry”, nouveau single tiré de son dixième album PRISM, à paraître le 5 septembre 2025 chez Jarrah Records. Deuxième extrait après “Trippin On You”, ce titre marque un tournant pour l’artiste australien, qui délaisse officiellement le John Butler Trio pour une aventure plus intime, avec le producteur James Ireland (POND, San Cisco). « PRISM est « C’est une libération cathartique, une célébration du fait d’être seul, et une nouvelle exploration sonore, une exploration de tout ce que signifie être humain », confie John Butler.
“So Sorry” plonge dans la douleur sourde des relations longues,avec silences, regrets, souvenirs qui s’effacent peu à peu, amour qui s’effrite et devient parfois autre chose. Butler chante un amour qui s’use comme une fatalité. Le refrain “I’m sorry / So sorry” martèle cet aveu coupable sur un son folk-pop épurée, porté par une guitare acoustique et une mélodie entraînante et entêtante. Musicalement, So Sorry a une énergie douce-amère, presque dansante, qui donne envie de le chanter à tue-tête. C’est cette tension entre le fond et la forme qui rend “So Sorry” très accrocheur et entêtant. Le clip, réalisé par Luna Laure, est tourné dans un studio d’enregistrement australien, en plan serré. il montre Butler et ses musiciens en live, sans artifices. La caméra, tout le temps en mouvement , laisse toute la place à l’interprétation et à la force des paroles et de la mélodie. Un retour à l’essence : la musique, simplement.
PULP – Got to have love
24 ans après leur dernier album, les légendes du Britpop, Pulp, reviennent avec panache grâce à “Got To Have Love”, un hymne disco à l’amour, version 2025. Ce deuxième extrait de More — leur huitième album studio attendu le 6 juin chez Rough Trade Records — succède à “Spike Island” et annonce un disque aussi dansant qu’introspectif. Sur Got To Have Love, Jarvis Cocker et ses acolytes prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur flair : rythmiques effervescentes, cordes flamboyantes, chœurs dramatiques très 70s… Le groove est irrésistible. Un pont brillant entre nostalgie et modernité.
Mais derrière la fièvre du son, le texte résonne comme une urgence. Cocker y livre une confession intime : « Love est un mot que je n’arrivais pas à prononcer avant mes 40 ans. J’écoutais des chansons d’amour en boucle, mais je n’étais pas capable de l’utiliser dans la vraie vie. ». La chanson devient alors un dialogue intérieur: « Les paroles de cette chanson, c’est moi qui me parle à moi-même. J’ai dû me secouer un peu. Et maintenant, j’ai appris à dire ce mot sans rougir. Vous devez avoir de l’amour. Ah oui, vous en avez besoin. »
Le refrain, scandé comme une prière disco, fait de l’amour une nécessité existentielle. Écrite à la fin des années 90, la chanson semble avoir trouvé son moment. Grandiloquente, presque hystérique : « C’est une chanson légèrement hystérique qui tente de parler de l’amour tel que je le comprends aujourd’hui. » Un amour moins idéalisé, mais plus lucide, plus profond.
Le clip, réalisé par Cocker lui-même, est comme une machine à remonter le temps. Jarvis Cocker recycle des images issues du documentaire Wigan Casino (1977) de Tony Palmer, immersion culte dans la scène Northern Soul britannique. On y voit une jeunesse en transe, corps en sueur, danse viscérale. Des performances plus folles les unes que les autres de jeunes gens a la soif de vivre et de danse. « J’adore la danse. Et ce sont les meilleures images de danse que j’aie jamais vues. ». Le clip s’achève sur une pancarte évocatrice : « Love in action. »
En 2025, Pulp n’a jamais aussi bien parlé d’amour. Got To Have Love est un bijou de pop dramatique et dansante, porté par un Jarvis Cocker plus sincère, théâtral et libre que jamais. En mariant introspection et fièvre disco, le groupe parle à toutes les générations. Cinq minutes de pure joie : regarder ces gens danser, possédés par la voix parlée/chantée de Cocker, les chœurs hypnotiques, ce refrain qui tourne en boucle… Un tube né dans un autre siècle, propulsé dans le présent avec une telle justesse. Rendez-vous le 6 juin pour More.
Luvcat – Lipstick
Après Love & Money, Matador ou Dinner @ Brasserie Zédel, Luvcat revient avec Lipstick, une ballade tordue et envoûtante qui confirme sa capacité à mêler vulnérabilité et mise en scène dans une pop baroque teintée de noirceur. Nourrie par des influences telles que The Cure ou Amanda Palmer, la chanteuse originaire de Liverpool poursuit son exploration des thèmes de l’amour, du désir et de l’abandon, à travers une esthétique à la fois glamour et macabre. Lipstick s’inscrit une fois de plus dans son univers théâtral et introspectif.
Lipstick parle de solitude et de besoin d’attention, incarnés par une figure de femme-objet qui se plie aux fantasmes des autres — cowgirl, infirmière, poupée maquillée, hôtesse ou danseuse — pour mériter d’être aimée. Derrière ces masques se cache une profonde détresse, une quête désespérée pour être la préférée, quitte à tout sacrifier, tout perdre ou tout donner. Le refrain, “Come kiss off all my lipstick”, devient à la fois une invocation et un cri de guerre : celui d’une femme consciente de sa condition, oscillant entre soumission, rêve d’amour et colère.
Le clip, co-réalisé par Luvcat et Oliver Bradley-Baker, renforce cette atmosphère tragique et onirique. Tourné à Big Shed Studios à Manchester, il nous plonge dans un univers gothico-romantique aux allures de boîte à musique désaxée. Luvcat y incarne tour à tour une poupée danseuse, une infirmière, une cowgirl ou encore une hôtesse de l’air, évoluant dans un décor de miroirs et de damier noir et blanc. Ces personnages s’enchaînent et s’effritent au fil de la chanson, jusqu’à une scène d’hôpital de poupées, où les automates se dérèglent: rouge à lèvres qui dégouline, perfusions. La scène finale, poignante, montre une poupée immobile qu’un homme vient délicatement soulever et emporter — ultime écho de sa fragilité. Le résultat, visuellement léché et dérangeant, a été salué pour sa sincérité brute, sa mise en scène soignée et son esthétique cinématographique. Le clip illustre à merveille l’intensité émotionnelle et l’imagerie de la chanson.
Avec Lipstick, Luvcat signe une chanson poignante sur le rejet, le contrôle et le besoin d’être aimée à tout prix. Une chanson qui confirme, une fois encore, sa singularité au sein de la nouvelle scène pop britannique. Elle sera de retour à Paris le 4 juin pour un showcase intime chez Kiliwatch, avant de se produire au festival Rock en Seine le 20 août, où son univers à la fois audacieux, grinçant et flamboyant promet de marquer les esprits.
Ed Mount – Dead Tamagotchi
Le mois de juin pointe le bout de son nez, mais l’été met trop de temps à arriver à votre goût ? On a la solution : un cocktail, un transat, et le clip de Dead Tamagotchi, d’Ed Mount.
Avec un titre pareil, on pouvait s’attendre à une ambiance nostalgique et décalée, et on n’est pas déçu ! Au fond d’une piscine vide transformée en skatepark, Ed Mount et son groupe envoie une pop-rock solaire, douce et groovy à souhait. Autour d’eux, les skateurs s’en donnent à cœur joie sur la paroi fraîchement repeinte, un biker sirote un cosmopolitain, un jeune couple se rapproche timidement et un homme déambule avec son détecteur de métaux.
Cette troupe hétéroclite profite d’un moment estival qui paraît insouciant et tiré d’une autre époque. Joliment réalisé par Xavier Desrousseaux, le clip nous transporte dans une atmosphère vintage aux couleurs acidulées. On aurait presque envie d’envoyer balader notre smartphone, de ramener à la vie notre vieux tamagotchi et de s’installer au bord de la piscine – avec un hot dog – en attendant le reste de l’EP à venir d’Ed Mount.
Héron & Kanen – Bras Solaires
Avec Bras solaires, Héron et Kanen livrent une ballade folk lumineuse et apaisante. Composée en quelques heures lors d’une session créative au Mile End, la chanson célèbre leur amitié et leur complicité artistique.
Construite autour d’une guitare douce, d’un piano discret et de voix entremêlées, Bras solaires capte l’essence des matins lents et sereins. Les paroles simples et répétitives — « Qu’est-ce que tu vas faire de ta journée ? » — traduisent avec justesse la beauté des instants suspendus.
La réalisation minimaliste de Jérémie Essiambre met en valeur la chaleur et la sincérité de la pièce. Entre folk intimiste et influences traditionnelles, Héron poursuit son exploration d’un héritage québécois revisité, tandis que Kanen y apporte toute la douceur de son univers.
Un titre parfait pour ralentir et se laisser porter par la lumière.
Baby Neelou – ANTI-JEU
Baby Neelou ne la joue pas fair-play, et il compte bien nous le prouver avec son nouveau titre Anti-jeu. Fruit d’une collaboration avec le producteur Myth Syzer, qui, au passage, a toujours su garder un œil aiguisé sur les nouveaux talents, le morceau répond parfaitement à la pureté de la ligne de piano de son ancien single Par le code.
Dans le clip, on peut oublier les vagues et le soleil de Biarritz, sa ville natale : place à un gris minimaliste et à une ambiance citadine, prêt à enfiler son costard-cravate. Sans surprise, il vient se vanter d’une courbe de progression qui ne fait qu’exceller, sortie après sortie. Il parle à coeur ouvert, mais toujours avec classe. Myth Syzer ramène son cross, Baby Neelou ses meilleures paires de Prada, effectivement, c’est de la triche.
Nectar Woode – LOSE
Si on a récemment troqué un bon pull en laine contre une légère chemise fleurie, c’est le moment idéal pour écouter le nouveau titre de Nectar Woode intitulé LOSE. Ce morceau porte le doux parfum de l’été, et nous offre assurément de quoi sourire.
Nectar Woode est une artiste ghanéenne britannique. Le temps de quelques minutes elle nous emmène avec elle en studio, et sur le chemin de ses origines. LOSE est un titre chaleureux et groovy, porté par la superbe voix de l’artiste. On apprécie la manière simple mais efficace dont a été construit le clip. C’est une sorte de puzzle, une compilation joyeuse et rythmée de toutes les petites pièces qui teintent son quotidien. On découvre les paysages du Ghana, et ses couleurs.
À travers ces images, transparaît le sourire et la belle énergie lumineuse et communicative de Nectar Woode. Tout ira bien, pas d’inquiétude, l’été sera savoureux ! Surtout que … LOSE annonce la sortie de son prochain album it’s like I never left, le 18 juillet.