Peanut Butter Sunday : l’Acadjonne en mode punk rock

À mi-chemin entre fougue adolescente et affirmation culturelle, Peanut Butter Sunday livre un premier album punk rock chanté en acadjonne, aussi décomplexé qu’électrisant. Originaires de la Baie Sainte-Marie, ils transforment leur accent coloré et leur énergie brute en hymnes taillés pour l’été. Une bouffée d’air salin parfaite pour vos road trips dans l’Est canadien.

Crédit : Beaulieu

Un premier album qui sent l’été et l’adrénaline

Imaginez Sum 41 élevés à la Baie Sainte-Marie, troquant l’anglais ontarien pour l’acadjonne : vous obtenez Peanut Butter Sunday. Leur premier album éponyme, sorti le 23 mai 2025 via Acadian Embassy, est une décharge de punk rock francophone enracinée dans la Nouvelle-Écosse. Après des années d’attente insoutenable, PBS — comme aiment les appeler les intimes — signe un disque sans compromis, énergique et profondément sincère, co-réalisé avec leur camarade Jean-Pascal Comeau.

Punk rock acadien : entre nostalgie et modernité

Dès les premières notes de Contrare, l’album donne le ton : tension douce-amère, explosion d’électricité, voix râpeuses et refrains à hurler. Michael Saulnier y confesse être « pissé off » — et ce spleen générationnel ravive l’esprit frondeur des années 2000. Entre clins d’œil à Blink-182, Thursday, Saves The Day ou The Offspring, Peanut Butter Sunday bâtit des passerelles entre nostalgie emo-punk et fraîcheur brute.

Le groupe va même chercher du côté du Midwest emo : les riffs plus complexes de Compliqué et Jazz convoquent davantage American Football que le simple pop-punk de leurs débuts. Le final abrasif de 12345 rappelle quant à lui les figures du post-hardcore comme Rites of Spring.

Crédits : Rose Cormier

L’acadjonne comme acte punk

Ce qui distingue Peanut Butter Sunday, c’est leur choix de chanter en acadjonne, ce parler francophone du Sud-Ouest néo-écossais. Loin de l’anglais dominateur, ils imposent fièrement leur langue, refusant tout compromis. Comme le résume Michael Saulnier : « On voulait juste avoir du fun, pis que ça nous ressemble. » Rien de plus punk que d’être soi-même, sans filtre.

Du Dollarama à la scène : des textes ancrés dans la réalité

L’album respire le vécu : l’amertume des tournées fauchées (trop de kilomètres, trop de pâtes du Dollarama, la van de la mère à Norm), l’obsession de « payer pour jouer ». Tout ça s’infiltre dans les textes avec un humour mordant et une tendresse lucide.

Marché la côte cherche un apaisement :
« Dis-moi exactement quoisse tu veux / C’est toi qui halle les cordes / Shu rinque un enfant. »
Tandis que Mal de tête assène :
« Hai un mal de tête pi j’veux poin parler à anyone. »

Même les morceaux uptempo comme Vin rouge cachent sous leurs accords majeurs des fuites existentielles : boire pour échapper aux responsabilités. Quant à Mermaid, single ludique et addictif, il rêve d’une vie sous-marine sans boulot :
« Can I just be a mermaid / Swimming with my friends all day / No work no job just all play. »

Normand Pothier raconte : « La toune Mermaid c’est un hommage à une vie relaxe. Vivre sous l’eau sans jobbe, avec tous tes amis. »

De la scène aux studios : une ascension éclair

S’ils déboulent aujourd’hui avec un premier album, Peanut Butter Sunday a déjà fait ses armes : demi-finalistes aux Francouvertes 2023, premières parties de Green Day au Festival d’été de Québec, tournées avec P’tit Belliveau, passages remarqués aux Francos de Montréal, à Santa Teresa ou encore au Festival de la chanson de Tadoussac.

Sur scène, leur énergie dévastatrice et leur autodérision font mouche. Leur récente participation à la Soirée Acadian Embassy au Phoque OFF aux côtés de Postfun et XIA-3 confirmait leur statut d’incontournables de la scène punk émergente.

Une production DIY mais affûtée

Enregistré au Studio La Classe (Memramcook), l’album conserve ce grain brut et vibrant propre aux meilleures productions punk, sans sombrer dans le lo-fi poussiéreux. Trevor Murphy — musicien (notamment dans Quiet Parade) et co-fondateur d’Acadian Embassy — est à la baguette.

Depuis ses débuts, Acadian Embassy a su mettre en avant des artistes singuliers comme Sluice, ou plus récemment Maude Sonier. Comme pour ces talents, Trevor a encore frappé juste avec Peanut Butter Sunday, prouvant une fois de plus qu’il a l’oreille fine pour dénicher les pépites de l’Acadie.

Une scène musicale acadienne en feu

Peanut Butter Sunday s’inscrit dans une effervescence musicale où l’acadjonne sert d’étendard. Aux côtés d’artistes comme P’tit Belliveau, Les Hôtesses d’Hilaire ou Joseph Edgar, ils incarnent une génération qui ose brouiller les genres et affirmer sa singularité.

Crédits : Charline Clavier

Pour conclure

Même si Peanut Butter Sunday ne réinvente pas le genre, leur album sera pour sûr dans toutes les playlists d’été, parfait pour n’importe quel road trip à travers l’Est Canadien. De la rage adolescente au spleen d’adulte désabusé, de l’acadjonne aux refrains fédérateurs, ils signent un disque vibrant et sans concession.

Avec cette collection de morceaux à chanter à tue-tête, ils réussissent à marier l’énergie punk à la profondeur d’une identité acadienne fièrement assumée. Un album rafraîchissant, audacieux et terriblement vivant.

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