Les clips de la semaine #268 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la deuxième partie de notre 268ème sélection des clips de la semaine.

Rosemarie – Faire partie du monde

Elle nous avait plongés dans un océan de douceur avec La merRosemarie revient cette semaine avec Faire partie du monde, nouvel extrait de son premier album Réparer annoncé à l’automne chez Contrejours, le label qu’elle a fondé avec Claire days.

C’est un plan séquence qu’a choisi Fanny Magot pour mettre en images ce 2e morceau de Rosemarie. Assise à l’intérieur d’une voiture, cheveux au vent, Rosemarie semble détachée, apaisée. La caméra la fixe mais jamais Rosemarie ne la regarde. Les paysages défilent, comme les pensées que l’artiste nous partage. Faire partie du monde, tolérer ma tristesse, ne plus s’excuser d’être : des mantras qui guident Rosemarie et lui permettent d’avancer. Avancer, comme cette voiture qui arpente des routes sinueuses, à l’image des épreuves que la vie peut parfois nous réserver. 

On ressent une certaine urgence à délivrer son message, comme si Rosemarie avait cheminé longtemps et se sentait désormais prête à faire partie du monde. La rythmique plus rapide et les arrangements viennent renforcer ce sentiment, avec notamment le piano entêtant et les envolées des cordes. 

Un morceau très personnel donc, qui continue de tracer le beau chemin vers l’acceptation et la réparation esquissé par Rosemarie

Bon Iver – From

Tiré de son dernier album, SABLE, fABLE, le nouveau titre de Bon Iver, From, a le droit aujourd’hui à son heure de gloire bien méritée ! 

Le cinquième album de Bon Iver, prend à contre courant ce que l’on connaissait du groupe jusqu’alors. Loin des ballades lentes et mélancoliques, SABLE, fABLE apporte des éclaircies à la discographie de Bon Iver. Nous apercevons quelques couleurs dans le paysage mélodique du groupe, et même de la douce chaleur, notamment dans le titre du jour, From

Le morceau est un joyau folk indie et soul captivant. Justin Vernon se transforme dans le clip en chauffeur privé, au volant d’une Cadillac Brougham rutilante. A bord, on observe la vie se dérouler, les personnages se succéder et les contrats de divorce se signer ! A l’oreille, un rythme régulier, entraînant et simple nous fait hocher de la tête. Avec quelques chœurs et la voix perçante de Justin VernonFrom nous emporte dans la balade en Cadillac. 

Un des plus beaux titres de l’album et qui nous accompagnera sans doute tout au long de l’été lors de nos longs voyages sur la route des vacances. Bon Iver ne cesse de surprendre son auditoire, innove et évolue pour notre plus grand plaisir ! Découvrez le clip de From et si ce n’est pas déjà fait, foncez écouter SABLE, fABLE ! 

Droges – Toujours En Retard

Le duo Droges n’a pas fini de faire parler de lui. Après Jamais proprio, les garçons continuent à distiller leur verbe acide. Avec Toujours en retard, l’heure est venue de s’attarder sur les retardés de la vie. Ceux qui sont méprisés, écrasés, dominés depuis la nuit des temps. Ceux qu’un ancien Président soit-disant socialiste a osé appeler les « sans-dents », ceux qu’un autre a estimé qu’ils n’avaient qu’à traverser la rue pour trouver un emploi… On ne va pas énumérer la liste des humiliations, Droges vous parle des damnés de la Terre de toutes les générations. 

Dans ce clip en noir et blanc, le duo a délaissé la pyromanie pour se filmer en train de courir. Pour fuir ? Mais fuir quoi ? On ne peut pas fuir éternellement. Des images d’usine entre deux plans de la course captées par un drone ponctuent la diatribe. 

Avec toujours cette techno punk au cœur du projet des Droges, ils nous promettent des concerts où l’on danse sur la bien triste condition humaine. Ca joue sur les bidouillages analogiques et la rythmique punk, les phrases ne sont jamais vraiment chantées ou quand elles le sont, c’est dans un registre chargé de dérision.   

Kae Tempest – Diagnoses

Après Statue in the square et Know yourselfKae Tempest continue de distiller les singles qui composent son nouvel album Self Titled qui débarquera dans les bacs dans quelques jours maintenant. Les plus chanceux l’auront vu au YoYo, on ira lia rattraper à la Cité de la musique dans le cadre de Days Off – où, pour l’anecdote, iel n’avait pas pu se rendre en 2022, Covid was guilty ! -.

A travers Diagnoses balancé cette semaine, Kae Tempest lève le voile sur la santé mentale – vous savez, cette grande cause du quinquennat -. Dans ce morceau une nouvelle fois très intime, iel en fait un véritable manifeste pour la résilience : « It’s the world that’s sick. Baby we’re alright. » 

Son expérience de la neurodivergence et de la transition suffisent à la sincérité du propos. Diagnoses se fait fédérateur. Comme beaucoup de ses textes plus littéraires, il en va d’une forme d’humanisme universaliste. Un banger estival comme iel le définit : “It’s a summer banger about antipsychotics and HRT and loving each other regardless of how mental we are”. On a toujours cru qu’il était plus que nécessaire de renouer avec l’écoute de l’autre et l’empathie.

Diagnoses est un morceau au beat puissant co-produit par Fraser T. Smith (AdeleStormzy) et Tom Rowlands (The Chemical Brothers) alliant le hip-hop et des sonorités plus pop. Pour son clip, l’artiste s’est emmuré.e dans ce qui s’apparente à un hôpital psychiatrique. A tout moment, les plans sur l’artiste se resserrent sur une paroi de semblant de cellule, laissant voir uniquement son regard qui se fait intense, chargé émotionnellement.

Vulax – Window

Un drôle de clip pour un drôle de pianiste. Cette semaine, Vulax aka Valentin Filatre dévoile Window, extrait de son premier album J’ai fait une compil qui rassemble 28 morceaux écrits par le jeune musicien néo-classique de 23 ans.

Celui qui s’était fait remarquer l’année dernière sur Tik Tok en réinterprétant le jingle de Décathlon s’attaque là à un sujet qui fait rage dans le monde du piano : le classique vs le néo-classique. 

Filmé à l’argentique par Romain Argento, le clip nous transporte dans une salle d’audition austère où les membres d’un jury, non moins austères, s’apprêtent à évaluer la composition de Vulax. Après une entrée en scène hésitante suivie du réglage chronophage et maladroit de son tabouret, Vulax entame sa partition. La tension et la gêne palpables laissent place à la beauté et à la légèreté des cordes frappées avec délicatesse par Vulax. Le pianiste laisse libre cours à la poésie de ses émotions. 

La violence du verdict des membres du jury vient néanmoins assombrir le tableau. Incarné par de vieux messieurs, le jury exprime la critique des puristes du classique à l’égard du néo-classique : qualifié de musique d’ascenseur, sans complexité dans la composition, quasi insulte pour les grands compositeurs classiques étudiés dans les conservatoires. Tous les membres du jury incarnent le conservatisme des chantres du classique, à l’exception d’une jeune femme, visiblement touchée par Vulax. On regrettera le côté un brin caricatural, mais qui a le mérite au moins de la clarté du message.

Un débat tellement stérile et hors sol puisque la musique est faite pour être écoutée et procurer de l’émotion. Et c’est bien la revanche et la légitimité des artistes néo-classiques tels que Vulax, mais aussi d’autres artistes plus confirmés comme Sofiane Pamart, Riopy ou encore Ludovico Einaudi. Si ces derniers remplissent autant de salles et sont si écoutés, c’est bien que leur musique, quelle que soit l’étiquette qu’on lui attribue, réussit à toucher le public. L’art n’est-il pas le reflet de son époque ? Bravo Vulax ! 

Just Mustard – POLLYANA

Tout commence par un son d’effet assourdissant qui nous captive. Katie Bell, chanteuse du groupe, apparaît sur toutes les caméras de sécurité de la ville de Dundalk, et pose sa voix aérienne et envoûtante. Nous voilà plongé dans un trip shoegaze qui va imprégner parfaitement le personnage fictif de l’écrivaine Eleanor H. Porter. Malicieuse et optimiste, Katie s’amuse à se rendre malade dans cette ville sur le déclin. Cette mise en abîme est une petite claque  qui nous pousse à écouter le titre indéfiniment pour l’explorer davantage. On retrouvera Just Mustard à Paris le 24 septembre prochain au Point Ephémère.

Royel Otis – Car

Le duo australien qui ne cesse de grimper nous partage son clip pour son nouveau single Car. Réservé aux personnes solitaires et noctambules, le titre nous enivre de la recette tant efficace du groupe : des riffs eighties avec un jeu de batterie identique et rapide. Le duo déambule dans les rues de New York en narrant une romance éphémère qui s’évapore rapidement devant l’immensité de la ville. 

Car est donc un nouvel extrait de leur futur album hickey qui sortira le 22 août prochain. On les retrouvera prochainement à l’Olympia. Save the date !

Wet Leg – davina mccall

Voler est un symbole de liberté, et ce besoin d’indépendance aérienne ce manifeste de différentes façons : soit à travers ce que l’on juge nécessaire de posséder pour se sentir libre, soit par la manière dont on souhaite être perçu, pour se sentir plus léger face à l’image que les autres ont de nous. Ici, ce sont des ailes que l’on ressent le besoin d’acquérir.

Il reste un peu plus de dix jours, précisément jusqu’au 11 juillet, avant la sortie du très attendu deuxième album du groupe américain. Jusqu’à présent, ils ont su nous faire patienter avec talent : d’abord avec le titre sauvage catch these fights, sorti en avril, puis avec l’électrique et sensuel CPR en mai.

Cette nouvelle offrande, davina mccall, confirme la richesse du projet à venir : un morceau frais et doux, qui évoque une balade, une chaleur amicale et enveloppante qui caresse la peau. On y ressent un désir profond d’aimer, de chérir, et de libérer un être cher pour qu’il puisse lui aussi goûter à cette liberté que seul l’amour procure, ces ailes qui prennent leur envol lorsque l’on accepte pleinement ses émotions.

Nous sommes en quête d’authenticité, et c’est précisément ce que cette chanson offre à nos petits cœurs en ce début juillet.

Laissez-vous, comme nous, emporter par ces sensations, sublimées par un clip d’animation qui mêle folie et élégance, à l’image des harmonies inspirées par ce single.

Wet Leg sera en concert au festival Beauregard le 6 juillet, au Cabaret Vert le 17 août pour nos amis de l’Est, puis à l’Olympia le 27 octobre prochain.

Folk Bitch Trio – Moth Song

D’une plage sous un ciel gris et humide à la douce chaleur intime et feutrée d’un studio, Folk Bitch Trio semble avoir pour mission de nous montrer, et surtout de nous faire ressentir, que la poésie et la béatitude se nichent dans chaque tableau de vie, dans une multitude de souvenirs.

Nous aimons imaginer que les notes qui s’échappent de ce nouveau single australien agissent comme des coups de pinceau, traduisant à la fois les effets positifs et teintés de nostalgie du temps qui passe. Une scène rude, parfois amère, que nous avons traversée peut peu à peu s’adoucir, voire s’embellir au fil des mois et des années.

Ce que nous vivons au quotidien ne suffit pas toujours à nous apaiser, mais ce sont précisément ces nouveaux instants, aussi marquants que ceux du passé, qui peuvent effacer ou transformer une mémoire douloureuse et incertaine.

Nous le répéterons autant qu’il le faudra : les harmonies vocales du trio sont exactement ce dont nous avons besoin. Une richesse d’émotions et d’intensité devenue rare, une véritable célébration de la douceur dans chacun de ses détails. Moth Song est une pépite fraîche, sortie de leurs veines, pour illuminer un moment de vie.

Le chemin qui mène au 25 juillet, date de sortie de leur premier album, semble à la fois lointain et pourtant si proche. Que ce nouveau titre nous accompagne jusque-là.

hard life – y3llow bike

Vouloir avancer dans la même direction que l’être aimé constitue déjà une étape majeure sur le plan sentimental. Mais si, en plus, ce chemin pouvait se parcourir à bord d’un seul et même moyen de locomotion, alors une véritable épopée amoureuse se dessinerait à l’horizon.

Le groupe hard life revient cette semaine avec un troisième extrait de son nouvel album Onion, attendu pour le 18 juillet. Ce morceau inédit s’appuie sur une sensation pure de voyage mental saisissant, teinté de souvenirs doux-amers.

Captivants, les titres comme y3llow bike parviennent à dénicher une forme de joie et d’apaisement dans ce sentiment diffus d’incomplétude ou d’inachèvement. Ne pas savoir ce que cela fait d’être sur ce même vélo jaune que la personne aimée crée cette frustration tendre qui traverse toute la chanson.

Même à Tokyo, loin de leur Angleterre natale, leurs pensées et leurs souvenirs les accompagnent. Ces décors, enrichis par l’éloignement, gagnent une âme nouvelle, plus accessible, presque familière.

Ce troisième morceau de hard life agit comme une clé sentimentale : le plaisir discret de rédiger l’épilogue d’une histoire d’amour ancienne et surtout, restée inachevée. Saisissez l’occasion de dominer ces souvenirs, parfois douloureux ou frustrants, pour leur offrir la couleur qu’ils ont peut-être toujours méritée.