Bouleversant, élégant et prometteur : trois adjectifs qui siéent particulièrement bien au premier EP solo d’Hausmane sobrement intitulé I – comprendre One. On pourrait cependant le lire « i » en anglais, tant les morceaux qui le composent sont personnels. L’artiste, compositeur et producteur franco-libanais qui a travaillé aux côtés d’artistes tels que La Chica, Dwara ou André Manoukian, et qu’on a pu suivre aussi avec son trio FORM, nous livre ici 5 fragments de son histoire aux multiples influences folk, jazz, soul et indie.

« La solitude, l’amour, la tristesse, le pouvoir du collectif, être comblé puis être complètement perdu. Tous ces paradoxes ont donné naissance à ces chansons » explique Hausmane. Un livre ouvert sur ses sentiments et ses émotions dans lequel on plonge avec délice. On ressent de la générosité, de la fragilité, de la pudeur et une profonde humanité.
C’est comme si la musique d’Hausmane avait un super pouvoir. Provient-il des vibrations, des fréquences, de la sincérité qu’on ressent, de la douceur qui émane ou tout simplement de sa beauté ? La beauté d’une musique reflète souvent la beauté de l’âme de celui ou celle qui la compose. C’est sans doute là que réside la magie d’Hausmane.
Miles away, un morceau qui sonne comme une évidence
L’EP débute tout en douceur avec Miles away. Un morceau qui sonne comme une évidence pour Hausmane. Une évidence parce que c’est le premier titre qu’il a écrit pour son projet solo. Une évidence aussi parce que c’est le premier morceau qu’il joue pour démarrer ses sets. Une évidence enfin dans ce qu’il dépeint : l’histoire d’une irrésistible relation amoureuse pourtant annonciatrice de tumultes à venir.
Ce guitare-voix laisse s’exprimer toute la sensibilité d’Hausmane. Sa voix chaleureuse nous enveloppe et nous emporte dans cette histoire d’amour qu’on a tous vécue, où le désir et la beauté des sentiments l’emportent sur la fatalité du malheur annoncé.
On poursuit avec New memory. Encore un magnifique morceau qui résonnera dans le cœur de toutes celles et tous ceux qui ont déjà connu des ruptures amoureuses – autant dire à tout le monde. Dans New memory, Hausmane parle du moment qui suit une séparation, et de la tentation qu’on peut parfois avoir de revenir en arrière. Une manière de fuir l’évidence crue de la situation en s’accrochant encore un peu au réconfort de l’habitude. Une période particulière pendant laquelle de nouveaux souvenirs peuvent être partagés, à la fois fugaces et marquants.
Le choix de l’épure
Hausmane a de nouveau fait le choix de l’épure pour mettre son titre en musique. Sa folk légèrement jazzy, dont la mélodie nous fait penser à Annie Lennox et son Here comes the rain again, réussit encore une fois à nous toucher en plein cœur.
3e morceau de l’EP, Under the weather est le seul qui ne parle pas d’amour. Hausmane aborde avec beaucoup de pudeur le sujet de la solitude. Cette solitude dans laquelle on se mure, presque rassurante, par crainte de se dévoiler ou de causer du tracas à ses proches. Un morceau avec néanmoins une part de lumière et/ou de sagesse avec la conviction que les choses finiront par s’arranger.
La force du morceau réside ici dans sa construction. Hausmane a malicieusement travaillé sur le principe de la répétition. Les toutes premières notes jouées à la guitare se répètent en boucle et structurent le morceau. On retrouve également la répétition des paroles, chantées trois fois. Le morceau résonne comme un mantra, auquel la superposition progressive de différentes sonorités vient ainsi créer de l’intensité.
Darling, le titre prophétique d’Hausmane
Retour à l’amour avec Darling, interprété avec La Chica. Les deux artistes racontent l’histoire d’une rupture, la leur. Etrange d’ailleurs de savoir ce titre prophétique car écrit avant même la fin de leur idyle.
Sans haine ni colère, la chanson est un véritable dialogue entre elle, en espagnol, et lui, en anglais. Elle mise sur la nostalgie et vient célébrer le bonheur passé d’une relation passionnée dans laquelle les deux amants furent tout l’un pour l’autre.
Si les histoires d’amour finissent (souvent) mal, les ruptures peuvent être belles.
Dwf, un final simplement magistral
L’EP se termine déjà par le majestueux Dwf pour Don’t wanna fall. Hausmane aborde ici la lutte entre le cœur et la raison. D’un côté essayer de ne pas retomber amoureux, mais de l’autre être présent pour la personne que l’on a décidé de quitter.
Un slow magistral qui nous fait chavirer à chaque écoute, enregistré avec une partie de ses avengers comme Hausmane aime à les appeller : Nathan Mollet (clavier), Levane Katchlichvili (guitare), Matis Hurion (batterie) et Viktor Raynaud (basse). D’abord, la première note à la guitare, un silence, puis la voix suave d’Hausmane. Et progressivement, chaque instrument vient subtilement enrichir le morceau aux accents jazzy, jusqu’à un magnifique final instrumental très équilibré dans lequel chaque musicien trouve l’espace de s’exprimer en mettant en valeur le collectif. Vous l’aurez compris à la lecture de ces quelques lignes, nous avons eu un véritable coup de cœur pour Dwf.
Avec I, Hausmane nous offre là un véritable petit bijou, une pierre précieuse minutieusement polie et taillée, dont les multiples facettes reflètent toute l’étendue du talent de l’artiste. On est évidemment impatients de découvrir les prochains chapitres de l’épopée musicale d’Hausmane.
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