La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. On vous invite tout de suite à découvrir la première partie de notre 270ème sélection des clips de la semaine.

Sébastien Delage – Game Boy
Quelques semaines après nous avoir fait danser un slow sur la fin du monde, Sébastien Delage continue de jeter des petits cailloux musicaux pour paver l’arrivée de son nouvel album et dévoile Game Boy.
Un titre au double sens évident et qui se la joue ludique en faisant un parallèle évident entre les jeux-vidéos et les histoires d’amour : jouer, évoluer, perdre, recommencer … jusqu’à finalement atteindre le niveau final.
Dans une écriture toujours aussi intelligente, et en bon garçon des 80’s, Sébastien Delage joue avec les mots, avec les sous entendus pour nous offrir une sorte de poésie geek, à la fois drôle et sensible, saupoudré d’un bien de mélancolie et d’un humour qui ne masque jamais sa sincérité.
Rythmiquement, le musicien passe la seconde et offre à Game Boy un écrin pop organique qui nous fait danser, entre une batterie parfaite et une basse ronde comme il faut pour nous faire remuer, balançant comme des petites étoiles filantes dans le ciel des sonorités 8 bits discrètes avant que la guitare ne renforce le tout dans les refrains.
Visuellement, Sébastien Delage et Antoine Presles nous entraine dans une superbe vidéo en mode super-nintendo. On suit alors le musicien dans un univers hyper coloré, déposant ici et là des références évidentes et nous entrainant dans une quête amoureuse qui le voit traverser des fêtes, des donjons et des mises à jour inattendues jusqu’à rejoindre le boss final, celui du grand amour.
Un clip qui, de notre côté, nous fait fatalement penser à l’excellent Scott Pilgrim et qui ouvre la porte à l’arrivée de TURBOSTÉRONE pour le mois de novembre.
Hot Chip – Devotion
On a un peu de mal à y croire, mais cela fait déjà 25 ans que Hot Chip nous fait danser. un quart de siècle qui aura vu la musique du quintette londonien grandement évoluer, passant d’une électro-pop DIY à quelque chose de plus ample et ambitieux, tout en gardant au centre de l’histoire les émotions, l’amour et la dynamique d’un groupe de potes qui finit toujours par se retrouver pour faire de la musique ensemble.
Toute cette histoire, elle se raconte dans leur premier Best-Of, Joy In Repetition, prévu pour septembre mais aussi dans Devotion, le titre inédit qui l’accompagne et qui a été dévoilé cette semaine. Un morceau qui porte en lui toute la douceur et la tendresse qui guident la musique de Hot Chip mais aussi cette manière de jouer avec des sonorités étranges pour les transformer en grand élan pop qui frappe en plein cœur. Dansante, enlevée et hautement romantique, Devotion parle d’amour mais aussi de l’histoire d’un groupe, de ce qu’il vaut de dévotion, de confiance en l’autre et de joie pour créer une œuvre et faire perdurer un projet encore et encore.
De dévotion, il en est aussi question dans la vidéo de Will Kindrick tournée au Japon. En effet, il n’y a pas de meilleur pays pour parler de fierté, de sérieux et de répétition. Dans le clip, le réalisateur met en avant les keibiin, à savoir les personnes en charge de la circulation et de la sécurité au Japon.
Si il les fait légèrement dévier de leur rôle en insérant des moments de danse superbement chorégraphié, Kindrick s’interroge malgré tout et fait un parallèle interessant entre le rôle de ces personnes et le morceau de Hot Chip. Qu’est-ce qui pousse à aimer ce que l’on fait ? Comment sont les personnes une fois leur « uniforme » retiré ? C’est un clip qui respire l’amour et le respect, filmé avec tendresse et un brin d’humour. Bref une vidéo parfaite pour la musique d’Hot Chip.
Implaccable – Fais un 3
Implaccable est une figure incontournable de l’underground français. Il incarne à lui seul plusieurs dynamiques de changement, entre originalité et sincérité artistique. Avec lui, chaque projet est une nouvelle pierre à l’édifice.
Il présente Fais un 3, en collaboration avec Luvlunatik : un titre accompagné d’un visuel fidèle à l’esthétique de son prochain projet baptisé [tracsicisme]. Le clip, à la fois épuré et soigné dans l’attitude reflète le style dandy moderne propre aux artistes du collectif. Le « 3 » formé avec les doigts est un véritable emblème, un signe distinctif qui se balade de main en main lors de leurs shows.
Qu’il s’agisse de prendre Kids de MGMT comme madeleine de Proust ou de lancer une page Instagram pour aller courir chaque dimanche matin, tout porte l’empreinte TRACS avec eux. Car c’est un art de vivre dans sa forme la plus littérale.
Le projet [tracsicisme] est d’ores et déjà disponible en CD. Pour la version streaming, il faudra encore s’armer de patience. Mais une chose est sûre : ce crew inamovible continue de s’imposer, et occupe une place de plus en plus marquée sur le territoire francophone, et au-delà.
Keeqaid – Courage
« Lundi c’est Kee ». Cette formule, devenue petit à petit une signature, a rythmé le début d’année de Keeqaid. Chaque semaine, le rappeur a su imposer un tempo régulier à ses sorties, avec des morceaux comme Tequila ou Voilà, qui ont su capter l’attention d’un public et sont devenus ses titres les plus écoutés.
Ce lundi, c’est Courage qui arrive en clip, fraîchement après Mangue. Le rappeur l’a bien compris, il ne sert à rien de disparaître des radars lorsque sa fanbase n’est pas encore solidement établie. Dans une ère où l’attention se disperse facilement, c’est en investissant une sphère médiatique de niche, avec régularité, qu’il parvient à fidéliser progressivement.
Dans le teaser de PATRON, son prochain projet annoncé pour le 26 septembre, il prend des allures d’entrepreneur et incarne pleinement le rôle de celui qui trace sa route tout en y assumant sa direction artistique. C’est Kee le patron.
Luvcat – Vicious Delicious
Après Love & Money et plus récemment Lipstick, Luvcat signe un retour fracassant avec Vicious Delicious, un single incandescent qui annonce avec panache la sortie de son tout premier album du même nom, prévue pour Halloween, le 31 octobre 2025 chez AWAL. Ode baroque à l’addiction affective et au désir aussi ravageur qu’irrésistible, Vicious Delicious enfonce le clou d’une esthétique à la fois décadente, gothique et théâtrale, entre cabaret, romance punk et sensualité obscure.
Entre Sid & Nancy et le fantôme d’Amanda Palmer, la chanteuse originaire de Liverpool livre une nouvelle pièce dramatique de son théâtre sensuel et noir. « Vicious Delicious est une chanson sur un homme terrible au goût divin. » confie Luvcat.
Inspirée par une histoire d’amour toxique, la chanson se présente comme un banquet vaudevillesque, sucré-salé, où chaque vers est un baiser addictif et empoisonné. Luvcat oscille entre voix féline et sarcasme criant dans ce jeu du chat et de la souris d’attraction-répulsion électrisant.
Le refrain, entêtant et délicieux, résume toute l’ambiguïté du morceau : “You’re so cruel and you’re so vicious / But my goodness, you’re so delicious.”
Une fois encore, sa plume d’une authenticité rare mêle sans complexe et retenue une poésie punk et des confessions crues : “Cooked up a medieval feast / And then you ate me up” . En somme un art de l’image très cinématographique entre glamour ancien et modernité.
Le clip, co-réalisé par Luvcat et Oliver Bradley-Baker, illustre cette tornade sentimentale à travers un huis clos baroque et surréaliste. Il s’ouvre sur une vaste maison presque vide, baignée de lumière tamisée. Luvcat y apparaît seule, en lingerie et robe de chambre transparente bordée de fourrure léopard, regard planté dans la caméra. À la fin du premier couplet, l’amant surgit : costume sombre, regard d’acier, silhouette de majordome ténébreux. Le duel peut commencer.
À chaque refrain, le décor se transforme. Tango dramatique en robe corsetée, gestes brusques, regards brûlants : la tension monte. On bascule ensuite dans un banquet fastueux et décadent, entre baroque et contemporain, où les convives se jaugent et murmurent des sous-entendus à travers la table.
Les refrains et le pont se muent alors en comédie musicale exaltée : chorégraphie de groupe, portes qui claquent, regards complices, énergie effervescente.
Le clip se conclut par un concert final : Luvcat, en mini-robe léopard, électrise une scène en damier. Tous les codes visuels sont là — opulence gothique, sensualité cabaret, théâtralité fétichiste — pour incarner cette signature artistique unique et reconnaissable entre mille.
Avec Vicious Delicious, Luvcat marque le coup d’envoi d’un album explosif : un véritable conte noir et flamboyant pour cœurs cabossés. Un opéra glam sur l’amour féroce, les addictions émotionnelles et les plaisirs déguisés en poison: « Son rouge à lèvres est un peu bavé et ses bas sont un peu filés, mais je suis tellement fière de la façon dont nous avons capté cette histoire étrange et magique, ainsi que tous les amants et libertins que j’ai croisés en chemin. »
Luvcat sera de retour à Paris le 22 novembre à La Trabendo, dans le cadre d’une grande tournée mondiale. Elle passera également par Rock en Seine le 20 août, où son univers de glamour noir et sensualité à vif promet, encore une fois, de marquer les esprits.
Jeanne Bonjour – Métamorphose
On guette toujours avec impatience les clips de Jeanne Bonjour. Après nous avoir époustouflés avec le très cinématographique Les lumières de la ville, Jeanne Bonjour et son réalisateur Sacha Arethura explorent un autre concept à l’esthétique tout aussi léchée pour accompagner Métamorphose.
On retrouve avec plaisir l’énergie et l’écriture brute de Jeanne Bonjour pour un titre rock qui parle de dépendance et d’indépendance, avec les rues et monuments les plus connus de Londres comme décor. Classe. Tower bridge, Big Ben, Buckingham Palace, Picadilly Circus, la garde royale, etc.
Un clip carte postale filmé avec un caméscope et habillé de nombreux collages pour une esthétique DIY qu’on adore. God save Jeanne Bonjour !
Wolf Alice – The Sofa
Wolf Alice continue de nous teaser son prochain album, The Clearing, prévu pour le 29 août prochain. Cette semaine, le groupe a dévoilé son deuxième single issu de ce prochain opus, The Sofa. Celui-ci vient illustré d’un clip épuré, où l’on voit tout au long la chanteuse Ellie, allongée sur ce fameux sofa, se laissant aller à ses pensées et ses interrogations. Se succèdent ensuite tous les autres membres du groupe, semblant tour à tour se perdre dans leurs songes.
Différent du précédent single, Bloom Baby, Bloom, The Sofa se veut plus doux et calme. Une batterie légère et un rythme de guitare acoustique apaisant, et la voix d’Ellie comme guide principal dans ce titre. The Sofa offre à l’auditeur la possibilité de s’accorder un moment de paix et d’indulgence.
A l’image des différents personnages retrouvés dans le clip en arrière-plan, Ellie s’imagine différentes vies : danseuse, boxeuse, entourée d’un large groupe d’amis ou mariée. Certes, nos vies pourraient être différentes si nous avions fait d’autres choix, suivi d’autres chemins et rencontrer d’autres personnes. Peut être que nous ne sauverons pas le monde, que notre quotidien n’est peut être pas celui que l’on s’était imaginé, mais c’est ok et nous pouvons être heureux. Didn’t make it out to California / Where I thought I might clean the slate / Feels a little like I’m stuck in Seven Sisters / North London, oh England / And maybe that’s ok.
Wolf Alice nous donne ici l’espace pour mieux s’accepter et mieux accepter ses émotions, faire le vide et se reposer sur votre canapé. Le quatrième album de Wolf Alice, The Clearing, disponible le 29 août 2025, à ne pas manquer !
Don Dias – Late soccer game
A la rentrée de septembre, le rennais Don Dias sortira son album Things I Miss / Things I’d Like to Miss chez Howlin’ Banana Records. Comme tout objet sonore en attente, le garçon distille des singles clippés. C’est donc Late soccer game qui s’offre un clip. On l’avait sélectionné dans notre playlist de la semaine dernière, on vous présente désormais le clip.
En plein milieu des immeubles, un stade de foot s’improvise dans un parc et la bande de copains/copines s’est retrouvée pour un match. Tourné à l’arrache, il n’est pas sans rappeler les images de nos caméscopes des années 1990. Et ça ne déconne pas du tout sur le terrain ! On vous laisse apprécier le match autant que la bande originale qui l’accompagne.
Légère en apparence, Late soccer game donne à entendre une certaine nostalgie – au-delà de celle qui transparait dans le grain d’image de son clip -. Don Dias joue de la saturation, nous ferait presque basculer dans la shoegaze, le morceau se complait dans une forme de déstructuration qui fait bon aux oreilles.
BB and The Bullets – I Want You / She’s so heavy
Les néo-zélandais de BB and The Bullets se sont livrés à l’exercice complexe de la reprise. Qui plus est, pas n’importe laquelle, celle du répertoire des Beatles : I Want You/She’s So Heavy. Un morceau qui déjà à l’époque de sa sortie cassait l’image très classique des quatre garçons dans le vent. Exercice réussi pour le trio ? Oui !
Dans le super décor du Royal Whanganui Opera House sans public, le trio accentue l’aspect blues rock du morceau désormais culte et frôle la funk. On s’imprègne de l’énergie de la pièce aux travers de gros plans sur les instruments, plans sur les visages. BB and The Bullets s’est visiblement fait plaisir sur cette redécouverte. Le temps de la chanson, c’est comme assister à hauteur d’homme à une sorte de répétition haute qualité avant le grand show.