Le punk suédois n’a jamais été autant au goût du jour. Avec The Hives Forever The Hives, le septième album d’un groupe qui refuse obstinément de lever le pied après plus de 30 ans de carrière, The Hives rappelle au monde entier pourquoi leurs concerts sont toujours des fêtes électriques. Alors que la scène suédoise vibre de nouveau avec des groupes plus récents comme les Viagra Boys ou Royal Republic, les cinq Scandinaves en costume reviennent frapper un grand coup.

Le grand retour des souverains
L’album démarre comme un lever de rideau dans un cabaret punk. L’intro ne dure que quelques secondes, mais on sent déjà la sueur, les projecteurs et la foule prête à exploser. Puis arrive Never Is Enough, single imparable sorti en avril, qui frappe comme une gifle. Le refrain s’incruste dans le crâne : impossible de ne pas sauter et chanter « Enough is enough”, et crier “youuuu’re uuuunbeliiievable” dans sa chambre ou devant son miroir de salle de bain. L’énergie des Hives est là, intacte, le groupe est bel et bien de retour, et ça fait plaisir à entendre.
Punk royal et riffs rebelles
Avec Hooray Hooray Hooray, le tempo s’emballe encore. La ligne de basse est mise en avant sur le couplet, elle claque, les guitares fusent : le morceau est un vrai sprint punk qui évoque la pochette de l’album où le groupe trône, couronné comme des rois du chaos. Bad Call, plus lent mais tout aussi intense, donne envie de secouer la tête à coups de mélodies saturées et d’entonner les coeurs hurlés par Nicholaus Arson.
Quelle satisfaction d’entendre Nicholaus gueuler dans le micro du studio comme à l’époque de Come On ! Vient ensuite l’excellente Paint A Picture qui joue avec les contrastes : couplets sautillant et refrains au tempo ralenti où guitare, basse et batteries sont martelés, le tout dans un effet cataclysmique qui ne laisse aucune respiration. Une fois de plus, on ne doute absolument pas de l’efficacité et de la résonance que ce morceau aura en live !
La monarchie du pogo
Sur O.C.D.O.D, le son se fait plus sale, les guitares saturent, la voix grésille. On se croirait revenu dans une cave punk des années 80, où les fosses ressemblent à des champs de batailles. Vient ensuite un hymne à la vie et la liberté. Avec Legalize Living, les Hives lâchent un cri de révolte : sirène de police en ouverture, riff tranchant, slogans scandés… le groupe hurle sa soif de liberté dans un monde qui se resserre.
Les punks suédois ne ménage pas leurs mots face aux systèmes politiques actuels, car oui si vous en doutiez la musique est politique, le punk encore plus. Après un interlude plus planant, Roll Out The Red Carpet adoucit le ton, appelant à dérouler le tapis rouge pour l’amour, entre deux riffs de guitare. On apprécie ce moment de grâce que nous offre le groupe à la moitié de cet album.

The Hives pour toujours
Les dernières pistes font le grand écart entre la rage et l’émotion. Born A Rebel et The Can’t Hear The Music relancent le pogo avec un rock bondissant, transpirant tandis que Part Of Most Resistance” laisse percer une mélodie plus tendre, presque indie-rock. On est surpris, on pensait écouter un album des Hives qui fait du Hives mais le groupe évolue sans perdre son énergie et ce qui les caractérise, quel plaisir !
Vient maintenant la conclusion : The Hives Forever Forever The Hives. Ce titre sonne comme un manifeste, il prend aux tripes, il donne la chair de poule. On imagine déjà des milliers de voix le reprendre en chœur, poings levés, pour remercier le groupe de trente années de riffs, de sueur et de concerts inoubliables.
Le groupe nous offre en cette rentrée de septembre un album qui marque la progression des Hives, avec une recette qui fonctionne, des morceaux compris entre 2 min 30 et 3 min 30 on a déjà hâte d’entendre retentir la guitare des suédois en concert. Avec cet album, The Hives prouvent qu’ils ne comptent pas ralentir. Plus de trois décennies de carrière, sept albums, des centaines de concerts, et pourtant cette énergie adolescente, brute, inépuisable, ne les quitte pas. The Hives Forever, Forever The Hives n’est pas seulement un disque : c’est une promesse de soirées en sueur, de pogos endiablés et de refrains hurlés sous les flashs aveuglants des stroboscopes.