Camilla Sparksss, expérimentations et talent.

Camilla Sparksss, alter ego de Barbara Lehnoff, sort le puissant ICU RUN via On The Camper, nouvel album qui ne se prête pas à l’avarice, tant la richesse et la puissance sont au rendez-vous. La musicienne suisse-canadienne ferme la parenthèse sur les berceuses de Lullabies (2023), disque-oeuvre exploratoire dépoussiérant ces rengaines destinées de prime abord aux enfants. Désormais, retour à l’essence de sa musique dans une entité plus contourée, plus poussée, toujours plus précise. Êtes-vous prêts·es pour une masterclass ?

crédit cover et photos Roger Weiss

Musicienne mais surtout artiste au sens large.

Qu’on la rencontre à la basse avec son partenaire dans Peter Kernel ou ici au sein de son projet solo derrière les machines, Barbara est une artiste dont on se souvient. D’abord, lorsqu’il s’agit du traitement de la musique, le noise la suit comme son ombre. Puis, elle divise cette ombre pour la multiplier en autant d’expérimentations qu’il s’avère possible de créer. C’est ainsi que sur ICU RUN, elle tire les ficelles de toutes ces déclinaisons.

Un disque enivrant.

Camilla propose des textures aussi insaisissables qu’ingénieuses, parfois dérangeantes et creepy à souhait comme sur l’introduction Holy Shit ou encore Fatherless. D’autre part, sa voix enchanteresse étoffe la plupart des compositions, renforçant l’aspect hypnotique jusqu’à son paroxysme. Ses influences, tirées de son chapeau où sont consignées les mille idées qui lui viennent à la seconde, regorgent de ce DIY qui a forgé sa musique. On s’extasie sur l’électro/techno industrielle à l’effigie de Stranger ou de Backflip. Les curseurs sont poussés au maximum. La danse s’invite dans ces boucles glitchées. On voudrait virevolter toute la nuit, on voudrait taire le sommeil.

ICU RUN, une marque de haute couture.

Puis, la musicienne se plonge dans les années 80, tirant de cette décennie le fleuron de la musique. Stormseeker engage à se crêper les cheveux, sortir son plus beau cuir vernis, étinceler avec les couleurs les plus flashy. Pour les nostalgiques donc, mais pas que. C’est un véritable hymne, singulier dans ce disque, et qui pourtant mérite largement sa place. Camilla Sparksss, en vrai patchworkeuse, échafaude une étoffe haute couture. Loin de ces vieilles couvertures dont on a le cliché, ces morceaux mis bout à bout engagent à les partager, à les écouter, à les diffuser. Et comme l’artiste paraît fearless, elle ne s’est pas interdit d’aller dans des terres plus méconnues, bien que plutôt proches. Ainsi, Amami Tu, en featuring avec Francesco Bianconi, prend le chemin de la transe sans transition. Une réussite absolue à notre sens.

Danser le noise.

Le titre I Like The Noise résume parfaitement cet album. ICU RUN est une profonde déclaration d’amour au genre. Le noise s’y voit décortiqué, comme une horloge qu’on démonte pour en comprendre les rouages. Camilla Sparksss reste fidèle à elle-même en ajoutant de la précision et fait preuve à chaque nouvel opus d’une plus grande maîtrise. Elle n’est pas seulement musicienne mais une artiste complète et c’est ce que transpire ses créations. Le noise ici se danse, ce disque est taillé pour la scène. Ne loupez pas chaque plancher qu’elle foulera !

Retrouvez Camilla Sparksss sur Facebook et Instagram

Laisser un commentaire