Les clips de la semaine #272 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Pour accompagner votre rentrée, on vous invite tout de suite à découvrir notre 272ème sélection des clips de la semaine

chest. – Entertainment

On les a rencontré à Rock en Seine, ils nous en parlaient déjà. Leur single Entertainment est désormais dans les bacs (virtuels) ! Le quatuor parisien ne ravale pas sa colère, non, il la balance ouvertement. Avec Entertainment elle électrise autant qu’elle cicatrise. Ca charge, les guitares crient et la section rythmique est bien nerveuse, on baigne dans la noise des années 2020 ! Les parisiens recommandent aux fans d’Idles d’y jeter une oreille.

Dans le clip réalisé par Clara Griot, en pleine campagne, on joue avec les lumières rouges pour cerner les émotions brutes désormais libérées. Et on s’amuse aussi à mettre en lumière ce qu’on veut bien vraiment montrer, métaphore de notre société du spectacle – salutations cordiales à Guy Debord ! -. Traqué par un projecteur, chest. le pousse à se concentrer sur autre chose. Mais rien n’y fera.

Equipe de Foot – Mitch

Après nous avoir fait le coup de la vidéo renversée en avant-première pour révéler Healing but No, Equipe de Foot revient sur un format plus ordinaire – et encore – pour présenter Mitch. Au détour d’une jolie promenade bucolique à vélo, Equipe de Foot s’adresse à son pote du même surnom. Un pote qui pourrait être vous, nous, tout le monde.

Avec Mitch, le groupe invite à continuer à vivre sa vie en étant parfaitement conscient de la maladie. Et comme un refrain éternel, un fil rouge du travail d’Equipe de Foot l’importance de verbaliser ses émotions, ses humeurs en amitié comme en amour.

Mitch est un morceau profondément doux, bienveillant inscrit dans une ambiance lo-fi. Equipe de Foot ne nous déçoit pas dans son approche truffée d’expérimentations sonores variées. Triturer les sons tout en nous tranquillisant.

Frànçois & The Atlas Mountain et Yasmine Hamdan – L’homme à la rivière

Alors qu’elle sort un prochain album I remember I forget dans une semaine Yasmine Hamdan revient avec une cover. La chanteuse libanaise s’accompagne de Frànçois and The Atlas Mountains pour reprendre en français River Man de Nick Drake. Un morceau qui ne se trouvera pas sur l’album de Yasmine Hamdan. Cette version française, traduite par L’homme à la rivière.

Les voix des deux artistes coulent librement sur une balade jouée à la guitare. Il y a un aspect très onirique, sensuel et atmosphère dans ces vocalises aériennes et parfois brumeuse.

Le clip réalisé par Jade De Brito, est également bercé d’onirisme, de rêveries. Elle nous donne à voir des images poétiques, parfois gravées de phrase, des scènes au bord de l’eau où Frànçois and The Atlas Mountains se transforme en l’homme de la rivière.

Tom Odell – Wonderful Life

Tom Odell confirme une fois de plus sa capacité à saisir l’essence de la mélancolie contemporaine avec le clip de Wonderful Life, titre phare de son septième album studio A Wonderful Life. L’auteur-compositeur-interprète britannique, reconnu pour sa sensibilité à fleur de peau depuis Another Love, livre ici une réflexion poignante sur les paradoxes de notre époque.

Le morceau s’articule autour d’une ironie grinçante qui traverse l’ensemble de l’œuvre. Tom Odell déploie magistralement un procédé narratif qui juxtapose des scènes anodines du quotidien avec des images plus sombres reflétant les tensions sociétales actuelles. Cette construction en miroir culmine avec le refrain « what a wonderful life« , répété comme un mantra désabusé qui souligne l’écart entre l’idéal et la réalité.

Le clip, réalisé par Alex Leggatt, traduit visuellement cette tension narrative. L’artiste endosse le rôle d’un témoin passif, confronté à un défilement d’images qui échappent à son contrôle. Cette mise en scène renforce le sentiment d’impuissance face aux événements du monde, thème central de l’album où Tom Odell explore sa propre vulnérabilité et celle de la société. Les tonalités froides qui dominent l’esthétique visuelle amplifient cette atmosphère de désenchantement, en parfaite cohérence avec l’univers sonore dépouillé de l’album.

KNEECAP & PAUL HARTNOLL – SAYŌNARA

Kneecap, trio irlandais devenu la sensation montante des scènes indé, revient frapper fort après un été incandescent de festivals Copains de route des grandioses comme Fontaines D.C., ils continuent de tordre le rap et la rave à leur sauce. Pour ce nouveau morceau, ils s’associent à Paul Hartnoll, issu du mythique duo Orbital, figure de la musique électronique britannique. Une rencontre entre insolence juvénile et sagesse de la rave.

Dès les premières secondes, Sayōnara nous catapulte musicalement dans une warehouse à la fin des années 90. Les synthés psyché et saccadés évoquent les drops interminables des Chemical Brothers, ceux qui hérissent la peau avant l’explosion. Puis la drum, déroule un beat techno droit comme une autoroute, sur lequel les voix graves de Kneecap viennent rapper en gaélique avec une rage sourde. Les paroles parlent de jeunesse, de fêtes sans limites, de carrière qui décolle et de gueule de bois au petit matin. On l’avoue : on imagine déjà ce morceau enflammer les fosses, transformant les concerts en véritable bordel.

Le clip met en images ce besoin de fuite et de liberté. On y suit une employée de bureau, visiblement écrasée par la routine, oscillant entre hangover et burnout. La caméra alterne entre son quotidien gris et ses fantasmes hallucinés : collègues en harnais, patron muselé façon BDSM… jusqu’à ce qu’elle craque. Le refrain devient l’instant d’évasion : elle se jette dans ce dancefloor moite et underground qu’elle fantasme, pour se libérer de ses chaînes. Dans un final jouissif, elle quitte son job, embarque dans une camionnette pleine de mégaphones et diffuse son message contagieux : lâchez prise, dansez, perdez la tête. Une parfaite métaphore de l’esprit Kneecap : sauvage, mais furieusement vivant.

Marco Ema – Feu de paille

Depuis la sortie de Anyway Mommy Love en 2023, on avait déjà hâte d’avoir encore autre chose de la part de Marco Ema ! Rendez-vous à l’hiver 2026 pour la sortie de son nouvel album mais, en attendant, on peut écouter son nouvel extrait Feu de paille, qui parle de la peur de vieillir, de la mort et de la perte. Comme dans son premier extrait Avalanche, on se retrouve dans un jardin, au milieu de linge, cette fois-ci avec Marco Ema occupé à écrire, peut-être des solutions pour devenir invincible.

San-Nom – Alors ça va

San-Nom revient avec un nouveau titre tiré de son dernier 2 titres du même nom, Alors ça va. Le cow-boy rappeur nous emmène pour la dernière fois dans son appartement pour ce clip, qui marque la fin d’un cycle, une autodestruction dans ses paroles autant que dans son décor. Ici, San-Nom se met à nu et dépouille au fur et à mesure ses frustrations, ses hontes et ses peines en même temps qu’il dépouille son appartement de ses meubles, de ses souvenirs et de sa décoration. On termine cette chanson avec son titre Alors ça va, comme un bouquet final posé au sol, comme si tout ça n’était que des problèmes de privilégiés, et qu’au final, ça n’avait pas plus d’importance dans le monde qu’un bouquet de fleurs séchées resté à terre dans un appartement vide.

Lux Griffith – People are People to People

Lux Griffith réchauffe notre rentrée pluvieuse avec un premier single doux et lumineux, People are People to People. Derrière Lux Griffith, on retrouve Jordane Sagot, musicien nantais, qui signe ici le morceau de clôture d’un EP attendu pour novembre. Artiste pluridisciplinaire, il propose une indie pop-rock chaleureuse, portée par des synthés mélodiques et une rythmique entraînante. De quoi séduire les amateurs de Benny Sings, Joesef ou encore Metronomy.

Le clip, réalisé par Yohann Gérard, met en scène Lux dans la peau d’un jeune employé de bureau, visiblement plus à l’aise au milieu des fleurs que dans un open space grisâtre (coucou La Défense). Et l’expression prend vie derrière la caméra : Jordane se met à fleurir littéralement, ce qui intrigue son collègue Léo Doublé (une sorte de Dwight Schrute à la française) et agace son patron, figure aussi velue que mystérieuse. Un joli clin d’œil au timing : quoi de mieux que de s’épanouir en automne, quand la flore se fait rare.

On vous laisse découvrir ce premier titre, avant de plonger début novembre dans l’univers complet de Lux Griffith.

Asaf Avidan – Unfurling Dream

Unfurling Dream est le dernier extrait de UNFURL, le nouvel album d’Asaf Avidan attendu pour le 10 octobre prochain. Porté par sa singularité vocale, son audace musicale et sa profondeur émotionnelle, UNFURL s’annonce déjà comme l’une des œuvres les plus personnelles d’Asaf Avidan, entre introspection et vertige existentiel. Inspiré par les théories de Carl Jung (Carl Jung voyait l’inconscient comme un espace partagé d’archétypes universels qui influencent nos rêves, nos peurs et notre quête d’identité), l’album brouille totalement les frontières entre le conscient et l’inconscient, entre l’intime et l’universel, et propose un voyage intérieur où la voix singulière d’Asaf Avidan devient guide.

Mais ça parle de quoi, Unfurling Dream ? Le titre s’ouvre comme l’introduction d’une comédie musicale ou d’un film, en douceur, tel un début de méditation cosmique, avant de se déployer en une fresque cinématographique où se rencontrent envolées orchestrales et couplets de rap incisifs et ludiques, sans rappeler Madcon. L’artiste y évoque la perte de repères et l’effritement de l’ego, jusqu’à la dissolution du “moi”. Les paroles, à la fois mystiques et charnelles, convoquent des images de métamorphose : “I’m a worm, I lose my form / I am reborn, I have no shape, I am the storm.” C’est un chant de l’effondrement et de la renaissance, où l’angoisse du vide se transforme en libération — un véritable effet phénix du Moi. Comme souvent chez Avidan, l’introspection a cette portée et dimension universelle. Tout ce message véhiculé par cette voix unique où s’entremêlent fragilité et puissance, relevée de touches pétillantes et énergiques. Musicalement, le titre surprend par ses contrastes. Enregistré aux studios Miraval avec un orchestre de 40 musiciens, il marie une instrumentation ample, magistrale et cinématographique à des passages scandés presque hip-hop, créant une tension permanente entre lyrisme et brutalité. L’écriture se fait libre, imprévisible, mais toujours instinctive et viscérale, à l’image d’un album qui s’annonce audacieux et foisonnant.

Le clip, produit par Asaf Avidan & Tamir Muskat, rêvé et édité par Asaf Avidan, et réalisé exclusivement avec l’intelligence artificielle, accompagne cette traversée intérieure avec une élégance visuelle hypnotique. Un corbeau, fil rouge narratif, apparaît comme symbole de transformation et de passage. Les images convoquent des références cinématographiques — James Bond, visions oniriques et surréalistes — et traduisent la richesse sensorielle et émotionnelle de l’album. Chaque séquence devient une projection des états mentaux évoqués par la chanson : chaos, perte de soi, puis éclat, lumière et réinvention, renaissance avec Asaf Avidan qui tient sa version bebe dans les bras.

Avec Unfurling Dream, Asaf Avidan livre un titre qui condense l’essence d’UNFURL : un album imprévisible, ambitieux et profondément personnel. Asaf Avidan nous présentera cette nouvelle création avec plusieurs dates en France : Lyon (30 octobre), Metz (31 octobre) et Paris (4 et 5 novembre, dont une date déjà complète). Un rendez-vous à ne pas manquer pour plonger dans cet univers où la musique devient miroir de l’âme.

Technopolice – … Regretter Après

N’oubliez pas, tout le monde, la drogue n’est pas une solution pour vivre un moment intense. Technopolice sait le faire super bien, et surtout de manière saine.

À titre personnel, contrairement à un lendemain de soirée difficile, nous ne regrettons pas de passer notre dimanche à décuver avec Regretter Après, le quatrième single du groupe cette année. Dans une ambiance 3D tout droit sortie des tréfonds de l’internet, le groupe dévoile ce dernier extrait avant la sortie de son nouveau disque Chien de la casse, prévu pour le 26 septembre.

Nous sommes toujours preneurs de ces capsules musicales qui nous accompagnent dans les instants les plus compliqués, et Technopolice réussit à adoucir les dimanches difficiles. Si c’est votre cas en lisant ces lignes, voici une solution à portée de main pour vous aider à affronter cette journée faite de maux de tête et d’allers-retours aux toilettes.

Une joie nous anime à l’idée de découvrir, dans deux semaines, ce nouvel album. Encore une fois, c’est toujours un plaisir de mettre en avant sur notre site les artistes d’Howlin Banana, qui sont et resteront toujours les bienvenus dans nos colonnes.

Of Mountains and Seas – Cygnus 

C’est le genre de morceau qu’on écoute seul.e dans la nuit, quand on a besoin de rêver, quand on se sent libre. Avec son nouveau titre, Of Mountains and Seas nous offre une véritable expérience, à la fois visuelle et sonore. 

Entre mystère, nostalgie et douceur, on le découvre dans cet environnement onirique. C’est lui qui le construit. Cygnus se déploie dans un temps autre, qui s’étire et se dilate. On est fasciné par cette drôle d’installation lumineuse au milieu des bois. Cette expérience peut être perçue comme une tentative d’envoyer des signaux, et de communiquer avec les étoiles. Les lumières se dressent vers le ciel, dans l’attente et l’espoir de trouver un récepteur. C’est une danse silencieuse, menée par les néons d’une fête déserte et intérieure. On inspire l’air qui traverse nos poumons, tout en relançant la cassette. 

Max Baby – Feet 

Ne vous y trompez pas, les dernières prévisions météorologiques n’annoncent rien de bon pour les prochaines semaines. Du jamais vu ! Ah vous avez peur, vous tremblez ? Mais vous vous sentez encore plus vivant n’est-ce pas ? Cette prédiction nous vient de Max Baby, et s’intitule Feet

La maison est un lieu de vie, lieu pour s’aimer, et célébrer les années qui passent, un lieu pour mourir. Le clip de Feet a été réalisé par Julie Réali, et repose sur une véritable expérience cinématographique. L’histoire est construite, très bien amenée, et les plans travaillés. Dans un environnement désertique, on découvre cette maison, habitée par différents personnages aux regards tristes. Max Baby part à leur rencontre et traverse les tableaux, agissant comme un drôle de magicien. Il ne les réveille pas, il les scrute ; nouvel habitant de cette maison figée dans le temps. On retrouve dans ces images et la musique de Max, cette attirance pour quelque chose d’aussi dérangeant que captivant. L’étrange, s’il n’est plus inconnu, devient magie. 

L’absurde se niche aussi dans les détails. Entre les ballons d’anniversaire et le bouquet de mariée, les larmes coulent sur certaines joues. Une seule personne semble avoir le sourire, habitée par un rire qui se rapproche plus de la démence, de la folie. Le rythme s’accélère, tandis que dehors les éléments se déchaînent. Les murs ne sont que papier. La tempête gronde et transforme les visages. Les personnages sont traversés par une énergie contre laquelle il demeure inutile de lutter. Pour ce morceau qui prend corps autant qu’il nous fait vivre nos émotions, on ne peut que vous recommander d’entrer sans crainte dans cet univers parallèle, avant que les murs ne s’effondrent. 

David Byrne ft. Hayley Williams – What is the reason for it ?

En voilà une belle surprise. David Byrne, que l’on connaît peut-être pour sa carrière en tant que chanteur des Talking heads, sort un nouvel album solo. Ces dernières semaines, la parution de ses singles s’est accélérée. Mis en images par des visualizers toujours très psychédéliques, auxquelles nous vous invitons à jeter un œil, ils ont dessiné les contours d’un album marqué par un nouvel amour. Premier véritable clip, What is the reason for it ?, créé par Dustin Yellin à partir de dessins de Byrne lui même, est sorti la semaine dernière. Des petits personnages s’y demandent quelle bonne raison il peut y avoir à l’amour. Ni tout à fait humains, ni tout à fait soleils, ni porc-épics, mais quelque chose entre les trois, les voilà qui dansent du mieux qu’ils peuvent à ce morceau quasi carnavalesque. Ils s’y abandonnent à des visions délirantes : une ribambelle de yétis dansent le Madison en se tenant la main, une force invisible vous aplatit comme une crêpe, ne laissant que vos bras gesticulants. L’amour est un délire dont on ne comprend jamais vraiment l’origine. On ne peut que s’efforcer un temps d’y jouer son numéro d’équilibriste, avant d’admettre sa défaite, et de se vautrer dans son déséquilibre avec le plus de joie possible. Enfin, dans une période de répit, voici ce que l’on peut également faire : écouter de la belle musique et regarder des réjouissants dessins animés comme ceux de David Byrne.