Nous Etions Une Armée : « Faire des chansons d’amour, c’est faire des chansons de résistance »

A l’occasion du Bivouac, on s’est posés avec Léo Nivot et Rémi Le Taillandier qui à eux deux forment Nous Etions Une Armée. Leur premier album mais le ciel est sublime sort ce 24 octobre, on a tenté de comprendre ce qui les animait, décrypter la théâtralité de leur jeu scénique et leur perception de l’objet album. Nous vous recommandons plus que vivement d’aller les voir à la Maroquinerie le 20 novembre prochain.

© David Tabary / Dans Ton Concert

La Face B : Salut les gars, comment ça va post concert ?

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier
: Ça va super bien. Très bien. Les gens étaient trop sympas. On a grave parlé avec eux après. Ça nous a fait bien plaisir.

Léo Nivot : Moi j’ai adoré ce concert.

Rémi Le Taillandier : Et la date était vraiment cool.

LFB : Le Bivouac vous connaissiez déjà ?

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier : Non, pas du tout.

LFB : Je vais revenir sur notre première rencontre qui a eu lieu dans un théâtre, la Scala de Paris.

Quand je dis la première rencontre c’est vraiment le premier concert que j’ai vu de vous c’était à la Scala. Donc ce n’est pas si lointain, à l’occasion de la première édition de son festival musical. Le fait est que le théâtre c’est un lieu assez familier de Léo. Je voulais savoir une chose simple : quelle est la place du théâtre dans le projet Nous Etions Une Armée ?

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot
 : Ouais, wow mon dieu !

Rémi Le Taillandier : Bah si !

Léo Nivot : Ouais, ouais, ouais.

LFB : Et c’est Rémi qui va répondre ? (rires)

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot
 : Ouais, pardon. (grande réflexion) Je crois que malgré nous il est présent parce que le parlé chanté il impose ça. Il impose en tout cas un questionnement sur l’adresse. Sur l’adresse et sur le placement de la voix. Après j’ai quand même l’impression que c’est vraiment deux choses complètement différentes. Je ne sais pas, je ne saurais pas vraiment dire.  Non, je vais dire ça. Le théâtre que j’aimerais voir et que j’aime voir et que j’aurai envie de voir, c’est un théâtre qui se rapproche un peu de ce qu’on fait, qui est vraiment lié à de la sensation et à de la production d’images mentales.

Et que, dans ce sens-là, c’est du théâtre, mais ce n’est pas du théâtre classique. Et dans notre bio, on cite Antonin Artaud quand il dit le théâtre de la cruauté et qu’il parle de lui comment il voit l’acteur, comme quelqu’un qui doit brûler sur scène et produire des formules magiques en parlant. Pour moi, c’est complètement ça. Pour moi, c’est complètement ce qu’on fait, essayer de produire des formules magiques et d’essayer d’être au bord du sacrifice sur un fil. Jamais y aller, mais être sur un fil. Et donc ça, c’est du théâtre, mais c’est plus du théâtre au sens d’Antonin Artaud. En tout cas, pas du théâtre psychologique, puisque ça, ça me saoule un peu et puis je n’aime pas trop ça.

Rémi Le Taillandier : Moi, j’allais dire exactement ça. Les mêmes mots. (rires) Non, j’allais dire que quand même, c’est plus simple, mais on pense quand même pas mal à notre mise en scène, à notre place sur scène. Enfin, un petit peu, mais on sait que c’est important. Moi, j’aime trop sur scène voir les corps des musiciens et leur interaction entre eux, leur interaction avec le public. Et ça, c’est un peu du théâtre quand même. C’est un peu de la mise en scène et de la mise en corps sur une scène pour un public. Donc il y a beaucoup de choses forcément en commun. Et j’aime beaucoup dans les groupes de rock, quand il y a de la théâtralité, quand il y a un chanteur qui joue la comédie, entre guillemets. On essaie de faire ça parce qu’on aime le voir dans d’autres groupes, que ce soit plus ou moins proche du théâtre ou pas, je sais pas. Mais les corps sur scène, avec tout ce que ça provoque dans le public.

Léo Nivot : En fait, c’est vraiment ce qu’il dit. C’est pour ça que j’ai du mal à répondre. Mais en fait, ma réponse, c’est ça. Au sens d’Antonin Artaud, oui, c’est du théâtre. Mais c’est pour ça aussi que j’évite un peu le truc. J’ai l’impression que le mot théâtre a le même problème que le mot poésie. En fait, pendant longtemps, on n’ose pas trop dire poésie parce qu’on a l’impression que ce mot provoque un truc chez les gens qui n’est pas ce qu’on fait. Et le théâtre, c’est pareil. Là, quand Rémi dit jouer la comédie, je me dis, oh putain, ce n’est vraiment pas ça qu’on fait. Alors qu’en fait, c’est ça au sens noble du terme. Et du coup, je n’ai vraiment pas envie de dire c’est théâtral ni dire on joue la comédie parce que ce n’est pas ça. Mais alors qu’en fait, c’est ça. C’est qu’en fait, on fait de la poésie.

LFB : Je pense que vous êtes dans le biais de la performance. La performance scénique. Parce qu’il y a ce juste milieu, cette théâtralité, l’intensité dramatique.

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot
 : Carrément.

LFB : Et quand tu parles de production d’images, c’est là où, quand Rémi, pour le coup, tu dis réfléchir à la mise en scène. Ce qui m’a scotché, c’est que vous êtes quand même dans une mise en scène assez dépouillée. Pour ne pas dire minimaliste…

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier
: En fait, moi, je parlais des textes. La production d’image pensait vraiment aux textes.

LFB : Mais en fait, c’est là où c’est beau, parce qu’au-delà de la production d’images mentales, je serais très curieuse un jour de vous voir, dans d’autres circonstances, avec des projections dans votre dos. Et vous seriez juste des corps dans un décor. En soi, dans votre musique, et surtout dans vos textes, l’intime et le politique se mélangent souvent. Autant que le deuil avec la lutte. Comment on explique ce choix de mélanger autant de choses fortes, mais qui ne sont pas contradictoires, qui se répondent…

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot
 : Oui. Je suis en train de réfléchir à ça. Je suis en train d’écrire la bio. J’ai une explication très claire. Les chansons d’amour sont aussi des chansons de résistance à ce que l’on déteste en nous, à ce qui nous fait honte, à ce que l’on aimerait cacher. Faire des chansons d’amour, c’est faire des chansons de résistance à ce qui pourrait entraver cet amour. Il y a un truc du domaine de la lutte et de l’effort dans toutes les chansons d’amour, j’ai l’impression. Dans le deuil et dans les passions, je me demande pourquoi j’écrivais là-dessus. J’ai l’impression qu’il y a un truc là-dedans qui me passionne. Parce qu’en fait, j’ai toujours un peu horreur d’écrire sur des trucs intimes ou personnels ou individuels. Ça me cringe un peu. En même temps, c’est exactement ce que je fais.

Ce que j’ai compris, c’est que je le fais parce que ces états-là nous reconnectent au monde et nous plongent dans un état presque mystique avec le monde qui nous entoure, typiquement, le deuil ou la passion. Ça fait que le monde tout autour, l’air, tous les éléments sont chargés d’une absence ou de la présence d’une personne qui n’est pas là. Ça nous fait redécouvrir le monde et des forces que l’on ne voit pas le reste du temps. C’est comme ça que je me l’explique. Il y a tout ce truc que ce qui est sûr, en parlant de soi, on parle des autres.

Il y a l’universalité à tous ces trucs. Mais surtout, ce que je trouve génial, quand on aime quelqu’un très fort ou qu’on perd quelqu’un, on se met à délirer le monde qui nous entoure. C’est ça qui me fascine. C’est ça qu’on retrouve beaucoup dans les textes. Ça parle de l’intérieur mais surtout de l’extérieur et des effets de l’extérieur sur des absences.

C’est pareil pour le politique. Ce ne sont pas des chansons politiques. En tout cas, ce ne sont pas des chansons militantes. Les messages ne sont pas clairs. Ce ne sont pas des chansons de manif. Et en même temps, pareil, je pense que c’est Territoire perdu. C’est qu’en fait, c’est aussi des délires sur les espaces, sur le fait qu’on est beaucoup plus que juste des personnes. On est des territoires tout entiers. On est des paysages. Il y a un peu ce truc-là.

LFB : Tu es d’accord Rémi ?

Nous Etions Une Armée 
Léo Nivot : C’est des conneries ?

Rémi Le Taillandier : Non, non du tout.

LFB : Ce n’est franchement pas déconnant. C’est même magnifique. Du fait que justement, tu ne chantais pas des chansons militantes, il y a une sorte d’implication quand même. Je me demandais à l’occasion quelle était la place pour toi d’un artiste aujourd’hui ? Parce que des fois, on a l’impression, par le biais des réseaux sociaux, que tu vas avoir ton engagement personnel. Rémi, tu vas être un peu en retrait par rapport à ça. Tout en assumant ce qu’il raconte. Parce que tu es associé à lui. Mais des fois, on a l’impression que c’est plus Léo qui va prendre la parole. Le fait est que tout à l’heure, ce qui est dit sur la Palestine, c’est Léo qui le porte.

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier : Là, il y a des moments où la vie est tellement absurde qu’en fait, c’est juste comme quelqu’un qui a la parole. Il y a une vérité, une absurdité à être sur scène, à faire un concert, à être heureux, à danser, à chanter… Il y a juste une partie un peu idiote, un peu obligatoire, de remettre l’absurdité aux yeux du monde, aux yeux du public. De dire que c’est épouvantable, que je n’ai pas envie de chanter. Je ne sais pas si je n’ai pas envie de chanter, mais dire que c’est absurde ce qui se passe. On ne devrait pas être là. Il y a des gens qui sont tués. Il y a un génocide en cours. Il y a une guerre absurde qui n’est même plus une guerre. C’est un peu comme une excuse. Je ne sais pas. Je ne sais même pas quoi dire. Ça me bouleverse. J’ai l’impression que c’est juste pour désigner l’absurdité. Et aussi, il y a la force du nombre et la force d’avoir une parole un peu plus audible que les autres. C’est bien. Et plus il y a de paroles, plus on est entendus. Mais c’est quand même très peu. Et on sait que ça ne suffira pas.

Léo Nivot : En fait, pour moi, pour un groupe aussi petit que nous, il y a presque une question d’efficacité qui est presque un peu dérisoire. Et stratégiquement, c’est vrai que nous, ça ne va pas faire pencher le truc. Mais il y a le truc dont Rémi parle un peu, c’est de décence. On est obligés de dire un petit mot parce que c’est juste un truc de décence. Après, sur ce que tu dis avec Rémi, on est super raccord. Tout ce qu’on sort sous notre nom, que ce soit artistiquement ou les posts, c’est moi qui écris. Parce qu’entre guillemets, c’est moi qui écris le post, les paroles et qui parle sur scène. Mais c’est nous deux. Quand on est sur scène, en vrai, on est ensemble.

Et sur le reste… En tout cas, c’est sûr qu’on ne fait pas de la musique militante. On ne fait pas de la musique politique. J’ai l’impression qu’on met un keffieh, il y a le mot territoire perdu mais ce n’est même pas une chanson politique. Alors qu’en vrai, ce n’est pas de la chanson politique. Mais ça, c’est dû au fait que les artistes ne s’engagent plus du tout. Ils flippent et ils ont des raisons peut-être de flipper, je pense. Et en tout cas, nous, je pense qu’artistiquement, ça ne colle pas.

Et je pense qu’il y a des gens qui peuvent faire ça mieux que nous. De faire un truc plus frontal, qui peuvent être des chansons qui peuvent être reprises comme des slogans et tout. Nous, ce n’est pas trop notre DA. Mais en tout cas, ce que nous, on fait, on a fait ces dernières chansons, c’était que quand on en parlait et que quand même on expliquait le sens sur les réseaux, on n’explique jamais trop le sens, mais quand on donne un sens possible, on donnait un sens un peu politique parce que ça nous semblait important. Et je pense qu’il y a mille autres manières de lire le truc, mais la parole publique qu’on voulait donner, c’était de le réaxer un peu parce que la situation est tellement grave que ça nous semblait bizarre de ne pas l’orienter comme ça.

Rémi Le Taillandier: Jour & nuit, ça aurait pu parler d’une autre horreur mondiale.

Léo Nivot : Jour & nuit, elle existait avant et c’est souvent comme ça. En plus, comme les paroles sont écrites de manière un peu par vision, on ne sait pas trop de quoi ça parle. En vrai, ça parle de plein de trucs. Et là, elle s’est mise à parler de ça parce qu’on la jouait et on s’est dit que ça parle de ça alors qu’elle n’avait pas été quitte. Mais ça nous donne un prétexte pour parler de ça et ça nous donne un prétexte pour politiser le truc. Pour le coup, nous, c’est vrai que c’est une question un peu presque individuelle d’en parler ou pas parce que nous, on se sent cons de monter sur scène sans le faire. Il y a des gros artistes qui ont un vrai poids et qui ne parlent pas et en vrai, c’est abusé. Il faut arrêter. C’est vraiment abusé.

LFB : D’ailleurs, pourquoi est-ce que tu ne donnes pas de clé de lecture ? Je pense que tu te sens obligé de donner le sens des chansons parce que tu vois que les gens font ce qu’ils veulent et d’une certaine manière, je me demande, c’est une question que j’ai empruntée à une interview de Nick Cave, est-ce qu’une chanson révèle son sens qu’une fois qu’elle est sortie ? C’est là où pour moi territoire perdu, pour moi, est chargée de tellement de sens.

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier
: Territoire perdu, c’est un peu une exception dans les chansons qui ont un sens un peu clair. Moi, je savais tout de suite ce que ça voulait dire. Léo aussi, je pense, qui parlait de chez lui, qui parlait de sa sensation quand il rentre au Creusot. Mais c’est une exception. Les chansons d’amour, elles ne parlent pas de quelqu’un. Les chansons de deuil, elles ne parlent pas de quelqu’un. Et peut-être que Léo, il a des sens qui évoluent parce qu’on joue beaucoup les chansons. Et aussi, sa version, son interprétation, elle évolue énormément de la première date à la dernière. Et donc, j’imagine, pour moi, c’est en tout cas qu’on passe par plusieurs idées, par plusieurs sensations que proposent les musiques et les textes.

Léo Nivot : Avant, les textes étaient plus surréalistes, donc ils offraient plus de chemins. Et donc, peut-être que je savais encore moins de quoi ils parlaient et je le découvrais plus tard, mais même encore maintenant, même Ne pas regarder en bas et tout. En fait, même devant les gens devant lesquels on joue.  On a joué le morceau devant quelqu’un et en sachant qu’il était dans la salle, je me suis dit que ça parlait de ça. Enfin, ça ne parle pas de ça, mais ça résonne aussi avec ça.

LFB : Mais est-ce que la personne, par exemple, s’est sentie concernée ?

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot : Non, je ne pense même pas. Je pense que c’est vraiment presque de moi à moi et tout. Oui, oui. Mais c’est vrai que les chansons, elles continuent de vivre et ça, c’est quand même un truc qui est fort, qui est génial.

LFB : Autre chose. Rémi, bizarrement, mais ça, c’est vraiment l’inconscient qui parle, j’ai cette sensation que c’est toi qui est vraiment sur la partie musique, genre compo.

Nous Etions Une Armée

Rémi Le Taillandier : Je n’écris pas du tout de texte, en tout cas (sourire).

LFB : J’ai bien compris inconsciemment aussi (sourire). Mais je me suis dit, tiens, bizarrement, j’ai l’impression que c’est Rémi qui se charge vraiment de la compo. Donc je voulais savoir comment fonctionne la compo chez Nous Etions Une Armée…

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier
: C’est pas moi qui compose. Le processus, c’est assez souvent la même chose. C’est Léo qui fait une chanson avec un texte et de la musique et qui me la fait écouter. Et je lui dis ce que j’en pense. Et très souvent, je lui dis, c’est super bien. Et après, on passe plusieurs mois, plusieurs semaines en studio dans une maison en Bourgogne, une maison de famille. Et là, on refait tout. On travaille la structure, on travaille les boîtes à rythme, on travaille les synthés, les guitares. On réécrit des petites parties de guitare ensemble. Vraiment, on produit le morceau, on réalise le morceau, tous les deux. Et à la fin, on a la version album qu’on offre aux gens.

LFB : Vous faites vraiment tout. Vous faites de l’auto-prod.

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot
 : Ouais, ouais, ouais. Vraiment jusqu’à tout. Là, on est en train de faire la pochette, en train de finir la colorimétrie de la pochette. On apprend tout, en fait.

© David Tabary / Dans Ton Concert

LFB : Justement, parlons du disque. Si on part du principe que le disque n’est pas une fin en soi, pourquoi est-ce que vous avez commencé avec des EP alors que vous auriez largement pu partir sur votre premier album, pourquoi ne pas avoir commencé par un album ?

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot
 : Ah je ne suis pas sûr.

Rémi Le Taillandier : En fait, on aime vraiment les disques.

Léo Nivot : Moi, j’adore les EP.

LFB : Oui, on voit ça… (rires) Sur le deuxième EP, 3 morceaux ! (NDLR : le deuxième EP territoire perdu existe uniquement au format digital)

Nous Etions Une Armée
Léo Nivot 
: T’es ouf toi, sur le vinyle, il y en a cinq ! (rires) Il y en a quatre et une intro. (NDLR : Léo Nivot parle du premier EP qui, lui, est sorti, en effet, physiquement en vinyle et compte 5 pistes.)

Rémi Le Taillandier : En fait, on a tous les deux, par exemple, un super bon exemple, c’est le premier EP de Feu! Chatterton, genre 2016, je ne sais pas quoi. Et tous les deux, on a écouté cet EP-là et on a adoré. Et alors, il est très court. Il y a quatre ou cinq morceaux qui sont excellents.

Léo Nivot : Il y a un truc super fragile dans l’EP, super accessible, super puissant. Moi, l’EP, c’est le format, vraiment, jusqu’à très très récemment, j’étais en mode, moi, je vais faire que des EP. De toute façon, un album, j’y arriverai jamais. C’est beaucoup trop long. Même moi, je n’écoute pas d’album. Enfin, aussi, j’écoute des albums, mais c’est trop long. Et j’adore le format EP. Vraiment, 4 titres, je trouve que c’est génial et tout. Et avant de faire des chansons en français et tout, même moi, j’avais fait 2 EP et je réfléchis à la structure, je trouve que c’est trop bien.

On peut vraiment penser à une structure et tout, j’adore ça. Et ça, ce premier EP, c’était vraiment… Il y avait les 4 titres, on savait que c’était un EP et que ça n’allait pas être plus. Et il y avait un truc, c’était ça, c’était sûr que c’était ça.

LFB : Pour en plus, faire un titre hyper long (Depuis toujours, j’ai l’impression que ma vie est sur le point de commencer NDLR). Tu ne pouvais pas faire plus long ?

Nous Etions Une Armée

Léo Nivot : Non, mais c’est bien. Moi, j’adorais ça. Au fur et à mesure, on s’est dit, peut-être qu’il y a un album, mais en fait…

Rémi Le Taillandier : Finalement, on est arrivé un peu avec la même évidence sur l’album.

Léo Nivot : Je ne pensais pas qu’on allait y arriver, que ça allait tenir et tout. Mais moi, j’adore les EP.

LFB : Super, on aura que des formats courts pour Nous Etions Une Armée… (rires). Non, mais là, j’exagère, l’album arrive fin octobre. Vous avez été longtemps un groupe de première partie. Quand je dis longtemps, toujours. Et vous avez enfin fait un Point Ephémère, à votre nom. Je sais que vous avez déjà fait un docu dessus, mais est-ce que vous pouvez revenir sur un peu ce concert ? Parce que je pense que ça reste une claque assez incroyable.

Nous Etions Une Armée
Rémi Le Taillandier : En fait, il y a eu une première claque avant. En fait, à Paris, les concerts, à chaque fois… Enfin, le premier concert qu’on a fait à Paris, c’était le meilleur concert de notre vie. C’était au Supersonic. Et en fait, c’était d’avoir des gens dans la salle qui connaissent les morceaux, qui gueulent, qui sont avec nous, qui ne sont pas dubitatifs. Parce que quand même, moi, je ressens un peu, les 20 premières minutes, les gens, ils sont un peu dubitatifs. Ils ne comprennent pas trop le personnage, ils se prennent un peu des claques de son, c’est un peu fort et tout. Et là, d’avoir des gens qui, tout de suite, sont avec nous, c’était vraiment une énergie et une sensation géniale. Donc ça, c’était au Supersonic.

Et après, au Point Éphémère, cette date, on l’a pensée pendant super longtemps, on a fait une créa lumière pour la date, on a été stressés comme des fous et on a voulu vraiment que ce soit un événement unique. Il y a des morceaux qu’on a joués que là-bas. C’est la première fois qu’on joue aussi longtemps. On a eu toute la journée dans la salle pour préparer le son et tout, on a invité nos potes pour la première partie. C’était vraiment une soirée folle. Et ça sera pareil à la Maroquinerie (le 20 novembre NDLR) en mieux, et avec plus de monde, plus de gens, de belles personnes qui nous aiment.

Léo Nivot : Mais c’est marrant ce que tu dis sur les premières parties, parce que moi, j’ai vraiment eu l’impression, ça, au Point Éphémère, mais ça, c’est ce qu’on dit dans le truc et tout, mais c’est vraiment l’impression de faire un premier concert, parce que je me suis dit, en fait, c’est vraiment autre chose, c’est vraiment comme un autre exercice, c’est autre chose, de jouer devant des gens qui viennent pour toi, qui ont écouté, et presque, ça demande à repenser les choses. Mais c’est un truc à réapprendre, et c’est génial, et en vrai, c’est tellement grisant, c’est tellement agréable, c’est tellement fou. C’est vrai qu’on a adoré.

Rémi Le Taillandier : C’est vrai qu’avoir plus de temps pour en faire un set plus long, ça nous était jamais arrivé, et ça nous a forcé à penser au rythme, à des moments plus calmes dans le set, parce qu’en première partie, on tabasse du début à la fin, on n’a pas le temps de niaiser.

Léo Nivot : « Pas le temps de niaiser » (s’esclaffe de rire)

Rémi Le Taillandier : Je n’avais pas de meilleurs mots. Et là, en fait, il fallait niaiser un peu (Léo Nivot rit encore), il fallait prendre le temps, laisser le temps aux gens, passer par des états différents, et c’était trop bien de réfléchir à tout ça.

LFB (par la voix de Charles) : Non, mais c’est intéressant, je pense, pour tout artiste, justement, de bascule entre des sets très cadrés de 30 minutes, où limite, si tu débordes au coup de ton son, il y a des sets où tu es plus sur une heure, une heure dix, et effectivement, le fin… C’est super différent. Quand tu es un spectateur, tu t’en rends pas compte mais pour un musicien, le gap est énorme.

Nous Etions Une Armée

Rémi Le Taillandier : Et même là, 50 minutes, c’est déjà un gap par rapport aux premières parties. Genre là, on a fait que des festivals cet été, et c’était aussi peut-être un troisième exercice, quoi, le set de 50 minutes.

LFB : On va finir sur est-ce que vous avez des recommandations, que ce soit cinéma, bouquin, théâtre… Je sais que Léo lit beaucoup. Va-t-il nous sortir un EP obscur ?

Rémi Le Taillandier : Moi, je vous recommande une pièce phénoménale qui a été créée cet été à Avignon. Une pièce qui parle de la fin du monde, qui parle des hommes qui laissent le monde partir en cacahuètes et qui essayent de s’aimer au milieu de tout ça, avec une création, une bande originale sublime, écrite par mon meilleur ami. Ils ont joué à Avignon tout l’été, j’ai vu une vingtaine de dates, à chaque fois, c’était de mieux en mieux. Et il y aura la tournée en 2026, et faudra pas la louper, quoi. Les places vont partir très vite.

Léo Nivot : Et moi, je peux recommander Antoine Mouton, je ne sais pas si tu connais ?

LFB : Les Chevals Morts.

Léo Nivot : Ouais ! Au nord tes parents, que j’ai lu là, et que je trouvais extraordinaire, c’est un poète que j’ai vu en lecture. J’adore ce mec-là. Et il y a un autre poète que j’adore qui s’appelle Christophe Manon, c’est un peu abusé de dire ça mais j’ai l’impression qu’on écrit de la même manière, il a des phrases que j’ai sur un PDF qu’il a sorti en livre. J’ai trouvé ça extra, c’est tellement troublant !

A (re)lire :
> Notre chronique de Depuis toujours, j’ai l’impression que ma vie est sur le point de commencer
> Notre première rencontre avec Nous Etions Une Armée
> Notre portfolio du Point Ephémère
> L’ADN de Nous Etions Une Armée

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