La Face B a rencontré Sienna Spiro à l’Alhambra, à l’occasion de son unique concert en France. Son premier EP, à la fois intime et poétique, mêle émotions brutes, mélodies envoûtantes et une élégance rétro aux accents des années 60. Avec sa voix intemporelle et ses textes empreints de confidences et de métaphores, Sienna Spiro dégage une sincérité instinctive, à la fois fragile et magnétique. Une rencontre idéale pour explorer ses débuts, ses influences légendaires et son rapport profondément instinctif à la musique. Un moment fascinant avec une jeune artiste londonienne qui avance avec grâce, authenticité et audace.
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« Tout ce que je fais vient du ressenti… Ma voix dicte beaucoup de ce que j’écris, c’est un processus naturel qui guide la musique. » Sienna Spiro
La Face B : Bonjour Sienna, tu as grandi à Londres, une ville au patrimoine musical si riche. Comment Londres a-t-elle façonné ton art et ta façon d’aborder la musique ?
Sienna Spiro : J’adore cette question. Je pense que, comme tu l’as dit, il y a tellement de culture à Londres. Tellement de styles de musique différents, tellement de types de personnes à rencontrer. Je suis quelqu’un de très inspiré par les gens, les environnements et les différentes cultures. Vivre à Londres m’a exposée à tout cela. J’ai pu être entourée de toutes sortes de musique et rencontrer énormément de personnes différentes. Plus précisément, l’école que j’ai fréquentée à Londres, appelée Elam – l’école de musique – avait un mélange incroyable de personnes. Cela m’a complètement transformée, en tant que personne et en tant qu’autrice.
La Face B : Comment décrirais tu tes chansons ou ta musique pour ceux qui te découvrent en France ?
Sienna Spiro : Elles peuvent être un peu tristes. Je pense qu’elles sont très intentionnelles. Tout ce que je mets dans mes chansons, je le réfléchis vraiment. J’espère qu’elles seront intemporelles. Je pense aussi qu’elles sont très cathartiques. C’est ainsi que je décrirais ma musique pour le moment – elle devient de plus en plus cathartique.
La Face B : Ta voix est très intemporelle. Tes chansons semblent fraîches, mais elles pourraient venir d’une autre époque. Cela nous ramène dans le temps. Ton look est très années 60 – il nous transporte dans le passé.
Sienna Spiro : Merci. C’est mon compliment préféré.
La Face B : Tu as commencé à écrire des chansons à seulement 10 ans. Te souviens-tu de la toute première chanson que tu as écrite ?
Sienna Spiro : Oui, en fait. Elle s’appelait Lady in the Mirror. Je l’ai écrite parce que j’étais harcelée à l’école. J’étais une grande fan de Michael Jackson, comme tu peux le deviner. L’idée était que la personne dans le miroir est la seule qui sait vraiment ce que tu traverses, car personne d’autre ne me croyait. D’une manière ou d’une autre, j’ai trouvé la structure d’une chanson et je l’ai même interprétée devant toute mon école.
La Face B : C’est incroyable. Tu n’as que 19 ans ! Les jeunes aujourd’hui sont si audacieux, ils mettent tout leur cœur à s’exprimer. Mais chanter devant tout le monde étant enfant – c’est courageux et admirable.
Sienna Spiro : Merci ! Ça m’aide plus que tout. C’est vraiment thérapeutique.



La Face B : Ta reprise virale de Redbone de Donald Glover a dépassé les 6,7 millions de vues. Avec le recul, que représentait ce moment pour toi ? As-tu senti que c’était un tournant, ou ce n’étaient que des chiffres ?
Sienna Spiro : Je ne pense pas que ce soit un tournant. Je suis évidemment très reconnaissante pour tout l’amour et le soutien que cette reprise a reçus.
Donald Glover est l’un des plus grands artistes de notre époque, et cette chanson est l’une des meilleures en ce moment. J’ai essayé de faire ma propre version, et je suis contente que les gens l’aient appréciée. Mais ça n’a pas été un tournant – c’était juste un moment de gratitude. Je suis heureuse d’avoir pu reprendre cette chanson.
La Face B : En grandissant, ton père t’a fait découvrir des légendes comme Frank Sinatra, Nina Simone, Etta James et Marvin Gaye. Comment ces voix vivent-elles dans ta musique aujourd’hui ? Elles influencent même ton look – Nina Simone dans les années 60, Nancy Sinatra.
Sienna Spiro : Bang, bang. Tout l’album Starwalking, en fait. Ils m’ont appris à chanter. Je n’ai jamais pris de cours de chant, j’adorais juste chanter. Les écouter et essayer de les imiter m’a beaucoup appris. Frank Sinatra, par exemple, est un chanteur tellement coloré. Il racontait toujours une histoire à travers chaque mot et modulait sa voix de façon intéressante. Le timbre, l’émotion et la capacité de Nina Simone à donner autant de puissance aux mots – tout cela a façonné ma façon de chanter et d’écrire.
La Face B : Les gens décrivent souvent ta voix comme une voix qui reste longtemps après la dernière note.
Sienna Spiro : Awww, c’est adorable. Merci.
La Face B : Comment vois-tu ta voix comme partie intégrante de ton identité de conteuse ?
Sienna Spiro : C’est une très bonne question. Je ne connais pas grand-chose à la musique techniquement, et parfois ça me rend un peu insecure. Mais tout ce que je fais vient du ressenti. En général, je ferme les yeux, quelqu’un joue quelque chose, et je laisse simplement sortir ce qui vient. Ma voix dicte beaucoup de ce que j’écris – c’est un processus naturel qui guide la musique.
La Face B : Ta voix est très instinctive. Alors, quand tu écris, qu’est-ce qui vient en premier : les paroles, la mélodie ou l’émotion que tu essaies de capturer ?
Sienna Spiro : Ça dépend. Parfois j’ai quelque chose à dire et je le ressens tellement que je ne peux pas m’empêcher de l’écrire. D’autres fois, je ne sais pas ce qui va venir. Je crois que tout art – musique, peinture, poésie – vient d’une source, pas des humains. Certaines personnes savent s’y connecter, d’autres non. Je me laisse simplement ouverte à ce qui vient. En général, la mélodie vient en premier, puis les paroles, mais toujours avec intention.
La Face B : Tes paroles vont de confessions intimes, comme dans Maybe Need Me, à des métaphores vivantes, comme Taxi Driver ou Butterfly Effect. Écris-tu à partir de ton expérience personnelle, ou inventes-tu parfois des histoires ?
Sienna Spiro : Les deux. La plupart de mes chansons viennent de mon expérience, mais je suis très dramatique – je peux faire beaucoup avec peu. Parfois, la plus petite rencontre devient une chanson entière.
La Face B : Ton premier EP est divisé en “sink songs” et “swing songs”. Peux-tu expliquer ce que représente cette dualité ?
Sienna Spiro : Les “sink songs” sont le début du projet. Ce n’est pas une question de bonheur ou de tristesse – c’est juste une tonalité. Elles semblent désespérées, misérables. Ensuite, des chansons comme Origami sont plus délirantes, un mélange des deux. Et puis il y a des chansons pleines de confiance en soi et de récupération de quelque chose pour soi-même. Les “swing songs” ne signifient pas joie – c’est juste une émotion différente, comme Butterfly Effect, où l’on souhaiterait que tout soit différent.
La Face B : Quelle piste de l’EP a été la plus personnelle ou difficile à écrire ?
Sienna Spiro : Cyanide a été vraiment difficile à écrire et à admettre ces sentiments.
La Face B : J’ai lu que tu ouvres pour Sam Smith. Peux-tu nous en parler ?
Sienna Spiro : Oui, à New York ! Je suis super excitée – New York est l’un de mes endroits préférés. Sam est l’un de mes artistes favoris et une grande inspiration. Je suis très reconnaissante et impatiente.
La Face B : Merci beaucoup et bon concert ce soir !
Sienna Spiro : Merci ! J’espère que tu passeras un bon moment!
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Version en Anglais
La Face B: Hello Sienna, you grew up in London, a city with such a rich music heritage. How has London shaped your artistry and the way you approach music?
Sienna Spiro: I love that question. I think, like you said, there’s just so much culture in London. So many different avenues of music, so many different kinds of people you can meet there. I’m a person who is very inspired by people, surroundings, and different cultures. Living in London exposed me to all of that. I got to be around so many kinds of music and meet so many different people. Specifically, the school I went to in London, called Elam—the music school—had this incredible blend of people. That completely changed me as a person and as a writer.
La Face B: How would you describe your songs or music for people discovering you in France?
Sienna Spiro: They can be a bit sad. I think they’re very intentional. Everything I put in my songs, I really think about. I hope they’re timeless. I also think they’re very cathartic. That’s how I would describe my music at the moment—it’s becoming increasingly cathartic.
La Face B: Your voice is very timeless. Your songs feel fresh, but they could come from another era. It takes us back. Your look is very ’60s—it takes us back in time.
Sienna Spiro: Thank you. That’s my favourite.
La Face B: You started writing songs at just 10 years old. Do you remember the very first song you wrote?
Sienna Spiro: I do, actually. It was called Lady in the Mirror. I wrote it because I was being bullied at school. I was a big Michael Jackson fan, as you can probably tell. The idea was that the person in the mirror is the only one who truly knows what you’re going through, because no one else believed me. Somehow, I got the idea of a song structure and even performed it in front of my whole school.
La Face B: That’s amazing. You’re only 19! Young people today are so fearless, putting their whole heart into expressing themselves. But singing in front of everyone as a child—that’s brave and admirable.
Sienna Spiro: Thank you! It helps me more than anything. It’s really therapeutic.
La Face B: Your viral cover of Donald Glover’s Redbone gathered over 6.7 million views. Looking back, what did that moment mean to you? Did you feel it was a turning point, or was it just numbers?
Sienna Spiro: I don’t think it was a turning point. I’m obviously really grateful for all the love and support it received. Donald Glover is one of the greatest artists of our time, and that song is one of the best around right now. I tried to do my own version, and I’m glad people liked it. But it didn’t feel like a turning point—it was just a moment of gratitude. I’m happy I got to cover that song.
La Face B: Growing up, your dad introduced you to legends like Frank Sinatra, Nina Simone, Etta James, and Marvin Gaye. How do those voices live in your music today? They even influence your look—Nina Simone in the ’60s, Nancy Sinatra.
Sienna Spiro: Bang, bang. The whole of Starwalking, actually. They taught me how to sing. I never took formal singing lessons; I just loved it. Listening to them, trying to emulate them, taught me so much. Frank Sinatra, for example, is such a colourful singer. He always told a story through every word and threw his voice in interesting ways. Nina Simone’s tone, emotion, and ability to make words feel so powerful—they’ve shaped how I sing and write.
La Face B: People often describe your voice as one that lingers long after the last note fades.
Sienna Spiro: Awww, that’s lovely. Thank you.
La Face B: How do you see your voice as part of your identity as a storyteller?
Sienna Spiro: That’s a really good question. I don’t know much about music technically, and I sometimes feel insecure about that. But everything I do is based on feeling. Usually, I’ll close my eyes, someone will play something, and I’ll just let whatever comes out, come out. My voice dictates a lot of what I write—it’s a natural process that guides the music.
La Face B: Your voice is very instinctive. So when you write, what comes first: lyrics, melody, or an emotion you’re trying to capture?
Sienna Spiro: It varies. Sometimes I have something I want to say, and I feel it so strongly I can’t help but write it. Other times, I don’t know what’s coming. I believe all art—music, painting, poetry—comes from a source, not humans. Some people can tap into it, some can’t. I just let myself be open to whatever comes. Usually, melody comes first, then lyrics, but always with intention.
La Face B: Your lyrics range from intimate confessions, like in Maybe Need Me, to vivid metaphors, like Taxi Driver and Butterfly Effect. Do you write from personal experience, or do you sometimes invent stories?
Sienna Spiro: Both. Most of my songs come from experience, but I’m very dramatic—I can do a lot with a little. Sometimes the smallest encounter becomes a full song.
La Face B: Your debut EP is split into “sink songs” and “swing songs.” Can you explain what that duality represents?
Sienna Spiro: The “sink songs” are the start of the project. It’s not about happy or sad—it’s just a tone. They feel unhopeful, miserable. Then songs like Origami feel delusional, a mix of the two. And then there are songs full of self-belief and reclaiming something for yourself. “Swing songs” don’t mean happy—they’re just a different emotion, like Butterfly Effect, wishing everything were different.
La Face B: Which track from the EP was the most personal or challenging to write?
Sienna Spiro: Cyanide was really hard to admit those feelings.
La Face B: I read you’re opening for Sam Smith. Can you tell us about that?
Sienna Spiro: Yes, in New York! I’m so excited—New York is one of my favourite places. Sam is one of my favourite artists and a big inspiration. I’m so grateful and excited.
La Face B: Thank you so much, and have a great concert tonight!
Sienna Spiro: Thank you! I hope you enjoy it.