On a retrouvé Feu! Chatterton à l’occasion de la sortie de leur quatrième album, Labyrinthe. On a parlé d’évolution, qu’elle soit musicale ou dans l’écriture, du temps qui passe, de cohésion de groupe, de ses semblables et de journal intime.

La Face B: Salut Feu! Chatterton. Généralement je demande aux gens la première question c’est comment ça va mais là j’ai une question un peu différente. Je me demande comment se sentent les garçons qui dévoilaient la mort dans la pinède gratuitement sur Soundcloud en 2014, en sortant un quatrième album quasiment dix ans plus tard et en remplissant un Bercy ?
Clément: On a du mal à y croire. On se pince un peu. C’est extraordinaire l’accueil du public. Les garçons d’il y a 10 ans,15 ans qui sortaient La Mort dans la Pinède auraient du mal à croire que le public serait aussi nombreux et aussi en attente de notre musique et en confiance surtout avec ce qu’on a leur proposé.
Effectivement, on a rempli un Bercy avant même la sortie de l’album, mais ça c’est un marqueur de confiance extraordinaire dans le public qu’on n’avait pas quand on a sorti La Mort dans la Pinède.
Arthur: C’est un peu miraculeux. On en voit des groupes de lycées et pas que de lycées d’ailleurs. Parfois on regarde et on pense à des groupes avec qui on a grandi et qui n’existe plus et qui était géniaux.
Tu vois, tu dis wow, la vie d’artiste, elle est magnifique, mais elle peut être cruelle aussi.
Surtout quand elle se fait en collectif, parce qu’il y a tellement d’aléas pour que l’osmose continue de vivre. On est dans la semaine de sortie et c’est ultra émouvant de voir qu’on a construit ensemble ce qu’on continue de construire ensemble et qui trouve son public c’est un cadeau en fait on essaye d’être à la hauteur de ce cadeau.
Sébastien : Je crois que l’excitation c’était la même c’est ça qui est fou c’est pour ça aussi qu’on n’arrive pas trop à y croire je pense qu’on est pour nous on est un peu dans la même état. L’excitation quand on sortait on a fini de mixer la mort dans la pinède. Je me souviens on avaiy l’impression de faire un truc déjà complètement fou on avait fait mixer par un vrai mixeur, on avait enregistré avec des vrais micros, c’était la première fois… Il y a une forme de dé-réalité, tu vois, pour nous c’est…
Arthur : Toujours un commencement.
Sébastien : C’est un peu la même chose qu’avant, juste bon bah… C’est marrant.
Maintenant on en vit, on en vit bien et tout, il y a des aspects économiques, mais sinon sur le reste je pense que l’excitation c’était la même, ouais.
Clément : La matière musicale quotidienne c’est la même chose, vraiment, et la façon dont on l’a fait, dont on a créé la musique c’est vraiment c’est la même chose. C’est fou.

LFB: Pour moi j’ai toujours l’impression que les titres et les pochettes d’album sont des choses très importantes chez Feu ! Chatterton.
Du coup je me demandais ce que ça voulait dire pour vous Labyrinthe ? Et il y a un truc hyper particulier c’est que c’est seulement la deuxième fois que vous apparaissez sur une pochette d’album.
Arthur: C’est sûr que pour nous c’est super important mais ça vient quand même toujours en deuxième phase. Une fois qu’on a fini l’album donc, on est déjà au bout d’un épuisement tu vois. Un marathon. Tu as fini le disque et on passe dans cette phase et on sait qu’elle va être cruciale. C’est des moments de grandes tensions, de grands doutes, parce que ça compte vachement. Et la question de est-ce qu’on apparaît ou pas sur la pochette, à chaque fois, c’est un truc qui compte.
Sébastien : Je crois que sur celui-là, tu vois, on l’a appelé labyrinthe pour plein de raisons, peut-être on en parlera, mais une de ces raisons, c’est que le travail sur ce disque a été très chaotique. On a été quand même au bord de l’explosion ou de l’implosion, je ne sais pas. Et donc, on a pendant deux ans et demi vraiment mis du temps à trouver la voie vers cet album. Peut-être en fait que l’album était déjà là, on s’en rend compte maintenant, mais nous même, on ne s’en rendait pas compte.
On a mis quand même deux ans à se rendre compte qu’on avait fait des bonnes chansons, en fait.
Et moi je pense qu’on tenait, enfin moi je sais que je tenais à ce qu’on soit d’une certaine manière dans la pochette parce que c’est quand même un album qui au fond bien sûr parle de choses universelles mais qui part quand même de l’intime et de questionnements qui sont des questionnements qui se résument au titre d’une chanson par exemple ce qu’on devient. Et quand on parle de ça moi je sais qu’il y a plein de chansons dans l’album,
A cause ou grâce par exemple, on pourrait lire les textes et si on pense au groupe, on peut avoir une certaine lecture quand même de ces histoires. Et je pense que c’était important qu’on y soit, pas de manière frontale. Je trouve que Fifou, le photographe, il a été très fort là-dessus avec son graphiste, Julien. Ils ont réussi à nous mettre dedans de la bonne manière et on est perdus et en fait on l’a été pendant ces deux ans, je pense qu’on n’est pas les seuls.
Arthur : C’est inconscient je pense, au même titre que quand on fait les chansons, il y a quelque chose de très inconscient en nous qui s’exprime.
Pour la pochette, c’est le cas. En fait, on explore plein de pistes avant d’arriver à ça.
Ça, ce n’était pas du tout, au départ, quand on fait les photos, on a un peu un plan, un mood board. Ce n’était pas du tout ça. Ça, c’est une piste accidentelle du jour du shooting et qui devient la cover.
Donc, on explore plein de pistes, mais c’est assez fort parce que c’est là, en réfléchissant, en en parlant, je me dis, en fait, on voit qu’on est perdus mais on est perdus ensemble et on voit les interactions entre nous cinq dedans.
Il y en a un qui dit vas-y avance, tu regardes un peu là et on est ensemble quand même et ça c’était vraiment le truc qu’on a mis du temps à retrouver et qui a compté pour qu’on trouve une issue salutaire et qu’on fasse ce disque. De se dire on est perdus mais ensemble et on va discuter et on va trouver le choix.
Sébastien : Tu vois la photo qui a été choisie, en fait, on voit qu’on est en train de douter, d’avancer. En fait, la pochette, je trouve, elle raconte… En la revoyant pendant qu’on était à la FNAC, je me disais, en fait, c’est fou, cette pochette, elle raconte…
Arthur : Plus que ce qu’on pense, en fait, nous-mêmes, le disque.
Sébastien : On est comme ça, on n’ose pas trop passer d’un truc à l’autre. Il y en a un qui dit, vas-y, avance. Il y en a un qui ne veut pas avancer.
Clément : Il y a un truc qui est assez fou dans cette pochette aussi. Quand Fifou, le photographe, nous a proposé, parmi d’autres pistes,cette photo avec le damier là et nous dessus dans cette position là… Nous on a quand même l’habitude quand on choisit un truc de chipoter ensuite au maximum, de faire des modifs et en fait sur cette photo là, il y avait un vrai consensus.
On s’est dit ok la photo est hyper forte, et personne n’a dit attends non mais là cette position ça va pas, non mais là je suis pas bien personnaliste parce qu’en fait avec photoshop on aurait pu faire pas le truc tu vois. Mais en fait c’est marrant quand même, on n’a pas du tout chipoté sur notre position là dessus tu vois.
Arthur : Ce n’est pas un photo-montage, ce n’est pas les bonhommes sont posés dans un faux décor. Cette zone elle existe, c’est un parking délabré où en fait les dalles ont été arrachées donc sous les dalles il y a ces cercles.
LFB : Tu vois c’est intéressant parce que je trouve qu’il y a toujours cette forme justement de pudeur dans vos pochettes sauf sur L’oiseleur qui était un peu l’affirmation de Feu!Chatterton en tant que groupe professionnel un peu.
Et là il y a ce truc et effectivement qui est intéressant d’être aussi perdu et tout petit dans le monde mais d’un album qui parle énormément de soi et qui est très direct par rapport à l’intime.
Arthur : Je pense, plus que jamais, on a accepté qu’un disque c’est un journal intime. L’intime du groupe, mais c’est toujours ça. Parce que parfois, ton journal intime, tu n’as pas de raison de le montrer. Ou bien tu peux être gêné de le montrer. Mais on le sentait. Là, avec le recul, tout ce que ça raconte, c’est vraiment ces deux dernières années, voire ces quatre dernières années depuis le dernier album, et on a consigné là-dedans nos doutes, nos errements, mais aussi nos joies, aussi l’envie de s’encourager, l’envie d’y croire, nos espoirs, les naissances, tout ce qu’on a envie de transmettre. Donc c’est vraiment un jour relatif, je pense.
LFB : Pour moi le labyrinthe c’est un piège dans lequel on se perd et on veut sortir et je me demandais si vous aviez créé cet album comme un projet en mouvement et si vous aviez été surpris de là où il vous avait emmené.
Sébastien : Je pense que c’est le moment où on a accepté ce que c’était faire un album. E fait ça l’est à chaque fois mais on a mis du temps à s’en rappeler et celui-là on a mis du temps à comprendre, à se rappeler que faire un disque c’était être dans une maison, dans une architecture en mouvement et dont on ne maîtrisait pas l’issue et dont il ne fallait pas en fait maîtriser l’issue.
Au début, on a commencé cet album avec, peut-être à cause du succès sur Palais d’Argile, des projections. « Il faudrait faire comme ci, il faudrait faire ça, il faudrait composer de telle manière » et en fait ça ne nous amenait jamais à une forme de satisfaction.
On n’était jamais heureux de ce qu’on faisait et progressivement, on a accepté de se perdre. Je pense qu’il a fallu du temps pour qu’on accepte de se perdre ensemble.
Ce n’est pas un piège, tu vois, parce que quand il y a le mot piège, il y a quelque chose de négatif.
Au contraire, ce qu’il a fallu, c’est un endroit où on a été bien. Et en fait, je me souviens maintenant de plein de moments où quand on créait, on ne savait pas ce qu’on faisait, mais on était content d’être ensemble. Et quand on a retrouvé ça, en fait, le disque, il a trouvé son chemin
Clément :Il y a un truc, je pense, aussi un peu métaphorique sur comment les chansons ont été faites et ce qu’elles sont aussi au final.
J’ai l’impression que les chansons ne se regardent pas les unes les autres, c’est un peu si je file la métaphore du labyrinthe, mais si on est plusieurs dans un labyrinthe et qu’on est tous à des endroits différents, on sait qu’on fait partie de la même pièce, mais on ne voit pas le chemin qu’il peut y avoir entre nous.
Et les chansons, je pense qu’on a aussi accepté que chaque chanson ensemble n’avaient pas forcément de dialogue et qu’on pouvait aller au bout dans la production, dans un style donné sur chaque chanson.
Ce qui fait que je pense que c’est aussi l’album où on est allé vraiment le plus loin possible dans la production, aussi parce que c’est la première fois qu’on est vraiment maître à bord de la production de A à Z. et qu’il y ait une diversité qui fasse que les chansons, elles sont… Il y a des extrêmes de différence entre les chansons.
Arthur : Je vais dire une dernière chose là-dessus aussi. Quand on y pense, le labyrinthe, c’est le symbole d’un lieu figé, mais un espace qui représente le mouvement. C’est intéressant, c’est paradoxal.
C’est quelque chose qui n’est pas en mouvement, mais qui symbolise l’idée du mouvement. Puisqu’un labyrinthe, tu dois le traverser et ça, je trouve que c’est un truc architectural un peu équivoque. On aime bien quand les ambivalences, on aime bien les articulations comme ça, un peu dual, en général, ça nous porte.
Et il y avait ce truc-là, quoi. On est là, C’est un endroit, on est à un âge aussi où on construit des fondations dans nos vies.
On stabilise des choses, parce que les enfants, parce que les maisons, tu vois, c’est un âge aussi de bâtisseur.
Mais en même temps, de bâtir quelque chose qui soit le symbole même du mouvement. On va dire que la vie, elle est tout le temps en mouvement. Et ça, le labyrinthe, c’est le seul symbole qui est comme ça.
Sébastien & Arthur: Pardon du coup, ça nous inspire. (rires)
Sébastien : Parce que là, en repensant, grâce à ta question, je me rends compte à quel point je pense que ce chemin de cet album, ça a été le chemin de réapprendre à faire groupe.
En général les groupes c’est des prétextes pour être ensemble.Je ne sais pas, il n’y a pas beaucoup d’art où tu peux faire des choses ensemble.
Et la musique, c’est vrai que c’est un des arts où tu peux te retrouver dans une pièce, chacun un instrument, tu t’échanges et au lieu de discuter, tu joues ensemble.
Il y a une forme de gratuité. Et je pense que le labyrinthe, pour nous, ça a été de retrouver un endroit de jeu.
C’est un jeu quand même un labyrinthe. C’est quand même un endroit où tu es censé jouer. Un peu comme dans Jumanji. En fait, c’est à la fois un jeu… Non mais ça me fait penser à Jumanji !
Clément : Jumanji, c’était violent quand même.
Sébastien : Ouais mais en fait ils jouaient, ils étaient heureux de jouer à ce jeu. Après ils ont été obligés, ils sont rentrés dedans et puis il a fallu trouver la fin. Mais il a fallu accepter pendant ces deux ans de retrouver une manière de jouer ensemble au sens du jeu.

LFB : Oui et puis d’éviter le piège, parce qu’on parlait de piège, mais le piège ça aurait peut-être été, vu que Palais d’Argile a été un gros succès, de faire un truc dans la continuité, d’aller dans les attentes des gens et j’ai l’impression que c’est pas un album qui évite ça justement.
Clément : Dans le groupe, on s’est toujours dit que la manière de s’amuser le plus possible, c’était de continuer à explorer le plus possible pour toujours se renouveler mais sans que ça soit vraiment conscientisé. Mais peut-être celui-là un peu plus que les autres.
Avec le recul, on voit quand même que les trois premiers albums ont une certaine forme de continuité.
On avait l’impression qu’on explorait, mais en fait, après sur le deuxième album, après sur le troisième album, c’est juste qu’on n’avait pas fini d’explorer cette espèce de pack de territoires. Là, c’est vrai qu’on est vraiment rentré dans un autre territoire.
Mais, je pense que Arthur et Seb ont des points de vue différents là-dessus que moi, moi, j’ai toujours eu confiance dans le processus. Et je me suis toujours dit qu’on arriverait quoi qu’il arrive à se renouveler parce que sinon c’est un crève-cœur. On ne peut pas vivre ce truc-là.
Si on vit un truc où on a l’impression qu’on refait la même chose qu’avant, on n’est plus nous-mêmes. J’ai l’impression que c’est ça qui fait aussi l’ADN du groupe
Arthur: Pour reprendre l’idée du prétexte et de faire des trucs ensemble. Bah, quand t’es avec tes potes et que tu te fais chier, bah, tu vois plus tes potes. Tu vois, tu vas avoir d’autres potes, tu vas faire d’autres trucs. Je pense que c’est assez certain. Au bout de 15 ans, on a vraiment besoin, même nous, juste pour être bien ensemble, qu’il y ait une excitation.
Et l’excitation, elle naît du fait que « wow, attends, il y a du nouveau, là. Qu’est-ce qui se passe ? »
Tu dois être un peu alerte, tu dois être un peu vif., tu te redécouvres. Et tu redécouvres des parts de l’autre. Et pourquoi le processus a été compliqué ? Pourquoi ça a fait imploser ? C’est qu’à un moment,tu peux avoir la flemme de ça. Tu as envie d’être dans ton monde à toi, ton truc solitaire, ton confort, et de retrouver cette énergie collective, c’est-à-dire aussi d’accepter que chacun a une manière d’être et des envies différentes, de prendre le temps d’être attentif, attentionné, ça a repris du temps.
Et le deuxième point, c’est la même réponse, c’est aussi, on parle du rapport au public, mais nous on a une chance, c’est qu’on le sent, on le pressent, enfin on le sait, c’est que notre public, il attend ça de nous.
Il y a des artistes, ils doivent sentir que leur public, il attend une fidélité à ce qu’ils ont toujours été et ils doivent se sentir enfermés dans, je dois faire ce que j’ai toujours fait. Nous, on sait que si on fait ce qu’on a déjà fait, même si c’est au top du top de ce qu’on a déjà fait, les gens vont dire, les gars, vous n’avez déjà servi ça. Qu’est-ce qu’il se passe, tu vois ? Et ça, c’est génial d’avoir un public comme ça.
Sébastien : Moi, j’aime bien l’analogie avec la cuisine parce que c’était vraiment… Moi, ma peur au début, c’était, et je pense que ça m’a tenu longtemps, qu’on réutilise des recettes.
Parce qu’on a quand même développé sur trois albums, deux EPs, une manière d’écrire, de composer, d’arranger. Et dès le début de cet album, je me disais, mais on ne va pas encore reprendre le bouquin de recettes de Feu ! Chatterton avec la balade, le morceau LCD… Et au début, il a fallu du temps pour trouver des nouveaux.
C’est pour ça qu’on a fait appel à Alexis Delong. C’est un producteur qui travaille très différemment de nous. Nous on vient quand même d’un mode d’enregistrement à l’ancienne, on s’enferme en studio, après avoir bien travaillé sur les morceaux, on s’enferme trois semaines, on enregistre tout et à la fin ça part au mix.
Là on n’a pas du tout fait ça et c’est Alexis qui nous a aidé là-dessus puisqu’on était à deux doigts de le faire, on a fait un mois ICP en décembre et à la fin de ce mois, on avait des pistes, on aurait pu partir au mix.
Mais en fait, je me souviens à Noël, moi je les avais réécoutées et je me suis dit, on est très très loin du truc.
Mais d’un autre côté, la dynamique économique, le fait que c’est rajouté un mois le studio, c’est de l’argent, c’est risqué, tu sais pas ce qui va t’arriver.
Clément : Et Alexis Delong, il nous a dit les gars, mais vous êtes des dinosaures.
Sébastien : Vraiment, il nous a dit ça, vous êtes vraiment des dinosaures. En vrai, on va dans une maison à Montreuil, ça va coûter moins cher que n’importe quel studio. On ramène notre matériel, Arthur enregistre des voix, on continue les arrangements.
Arthur : Dans le souplex, dans la chambre d’enfants.
Sébastien : On a fini les 7 premiers morceaux de l’album comme ça. Et ça, c’est quelque chose qui nous a permis de trouver un autre mode de production et qui nous a évité de ressortir la même carte.
Arthur : D’ailleurs, on a fait beaucoup de voix là-bas, on a fait l’étranger, on a refait tout le labyrinthe.
Je suis en train de penser en même temps, parce que je sais que les voix, c’était un truc pendant longtemps, plus même que les instruments, on se disait, ce n’est pas possible d’enregistrer une bonne voix, ailleurs que dans un bon studio avec un bon micro.
Vraiment, on disait ça. Et là, je crois, parce qu’on a réécouté, on a fait des émissions de radio, on a entendu les morceaux et j’étais fier qu’on ait osé prendre des prises voix justement qui avaient une vérité profonde, une urgence. parfois, peut-être au dépend de la qualité profonde du HD de l’enregistrement, mais je crois que ça apporte cette lecture intime du disque où les choix, c’est des choix bruts, d’intimité, de simplicité.
LFB : D’humanité aussi. Mais ce qu’il y a d’intéressant dans la façon dont l’album est construit, moi comme je le vois, c’est que, allons voir, c’est le morceau le plus « Feu! Chatterton ». Et ce qu’il y a de marrant, c’est qu’en fait j’ai l’impression que ce morceau-là, c’est un peu la porte pour tomber dans le terrier du lapin blanc.
Sébastien : Et d’aller sur quelque chose de complètement inconnu. C’était un peu un piège qu’on a décidé de sortir, on a eu beaucoup de débats au moment où on a décidé de le sortir en premier, parce qu’il y en avait d’autres qui montraient tout de suite le changement. Et il y a eu beaucoup de débats en interne. Est-ce qu’on fait le piège ? On fait croire aux gens qu’on va refaire la même chose ?
Moi, perso, je n’étais pas dans cette team. (rires) Mais en même temps, je pense qu’au final, a posteriori, ça a été un bon choix. Parce qu’on aurait commencé avec un morceau New Wave ou Le Labyrinthe en mode reggaeton, je pense que ça aurait trop déstabilisé. On a on a mis ce piège et c’est vrai que les gens là je le vois quand ils ont reçu et dans le public on le voit sur les réseaux en fait ils s’attendaient pas du tout à ça.
LFB : Très électronique aussi.
Sébastien : Ouais très électronique, des styles qu’on a jamais exploités.
Clément: Ce n’était pas un vrai piège, c’était plutôt une main tendue tu vois de dire aussi aux gens, venez.
Sébastien : J’aime bien le lapin blanc, j’aime Alice aux pays les merveilles.
Clément : On est encore là, venez, rentrez dans notre univers. Et boum reggaeton.
Arthur : Pourquoi c’est aussi le premier morceau de l’album ? C’est que l’album est quand même teinté de pas mal de doutes, il y a beaucoup d’ombres. Mais c’était important pour nous de lancer en disant, allez, ça va bien se passer quand même.
Séabastien : Prenez la torche pour rentrer dans la caravane.
Arthur : On a besoin de lumière et on doit la traverser. On doit faire cette traversée et il y aura de la joie quand même. On croit à une issue.
Un labyrinthe, pourquoi ce n’est pas qu’un piège ? C’est qu’il y a quand même au moins une issue normalement. Ou il y a le moteur.
Clément : Bon après on a sorti une chanson sur le deuil juste après.
Arthur : Elle est lumineuse aussi.

LFB : Et si je vous dis que pour moi c’est un album de perspectives, est-ce que c’est quelque chose qui vous convient ?
Arthur : Pas mal, ça répond à l’idée d’architecture, l’idée d’axe.
LFB : Pour moi, il y a plusieurs perspectives. Il y a plusieurs perspectives musicales, parce que c’est un album qui est très varié musicalement.
Il y a aussi beaucoup de perspectives dans l’écriture, parce que tu n’utilises pas que le je. C’est intime, mais en même temps, tu vas chercher l’autre et tu parles pour l’autre. Il y a ces recherches-là. Et il y a aussi des perspectives temporelles, puisque pour moi, c’est un album très mental où vous plongez dans des souvenirs.
Arthur : Ouais, et aussi l’avenir, de transmission. le labyrinthe, allons voir, et vraiment l’idée de parler à quelqu’un de plus léger.
Sébastien : Ouais, le temps comme un futur, en tout cas, il est tendu vers un futur, c’est vrai, parce qu’il essaye de proposer un chemin.
Arthur : C’est pas mal, c’est un album de perspectives, ça dit beaucoup de choses. On va dire oui, fais gaffe ! (rires)
Sébastien : C’est plus simple, on répondrait comme ça, il n’y aura pas de conversation.
LFB : Arthur, est-ce que tu as l’impression que ton écriture, elle a évolué avec cet album-là ? J’ai l’impression que l’écriture est beaucoup plus directe.
Arthur: Ça a été un des grands enjeux, un des grands défis pour moi. On le disait tout à l’heure, quand on fait de la musique, il y a beaucoup de processus très inconscients.
Et il y a des choses conscientes, notamment musicalement. C’était, je pense, le désir, surtout pour les copains, de ne pas se répéter et donc d’aller chercher d’autres manières de produire. Et moi, dans l’écriture, le désir de réussir à être plus direct.
Et en fait, ça a l’air de rien mais dans mon aventure personnelle, c’était un grand défi, un grand bouleversement d’arriver à… Il y a certains mots, certaines phrases, « comme des enfants dansant sous la pluie ».
C’est rien, c’est dérisoire. i, quand je l’écris, que je le chante et je dis, je la garde cette phrase, j’ai l’impression que je suis un fou.
Je suis un ouf d’oser cette simplicité-là, tu vois. Et je suis tellement heureux, à titre personnel, d’avoir réussi à oser cette simplicité qui est en moi.
La pudeur, la peur du jugement, du regard des autres, il y a plein de trucs qui peuvent t’obliger en tant qu’auteur, en tant qu’artiste un peu. Et pour grandir dans ton art, tu es obligé de te défaire de ça, sinon tu ne vas pas aller… Tu ne vas pas te découvrir vraiment, tu ne vas pas aller là où tu dois devenir toi.
Et oui, ça se ressent du coup.
LFB: Et d’aller chercher du personnel dans les mots d’autres personnes, c’était important aussi pour toi sur cet album-là ?
Arthur : Ouais, toujours, toujours. Tu vois, il y a un morceau, c’est le texte de Léo Ferré sur le carrousel. L’étranger, c’est le texte d’Aragon.
Sébastien : Ils sont très intimes les deux. L’étranger, c’est un texte qu’Aragon l’écrit pour lui-même. Quand il parle de la vieillesse. C’est vrai, je n’avais pas remarqué aussi que les… Pour une fois, parce que d’habitude c’était des textes qui avaient des perspectives plus sociétales, là, c’est vrai qu’ils sont très intimes.
LFB : Palais d’Argile était très politique, je trouve que celui-là l’est aussi. Parce que de creuser en soi et d’aller chercher de l’intime, c’est aussi d’aller trouver en soi des choses qui vont parler aux autres. Et à notre époque, j’ai l’impression qu’on ne se parle plus beaucoup les uns les autres.
Arthur: C’est pour ça qu’un des grands sujets qui parcourent le disque, peut-être le deuxième, qui se voit moins que l’histoire du temps qui passe et du chemin, c’est l’idée du semblable.
Sébastien: Elle est dans Carrousel, tu vois, dans le texte de Ferré.
Arthur : Carrousel, dans mon frère aussi.
Sébastien : Le mot semblable, il résonne fort dans Carrousel, je trouve. Oui, toi qui es mon semblable. Et pourtant, c’est un pourri, un peu, celui-là.
Arthur : Oui, c’est lui qui est pêcheur. C’est-à-dire qu’en fait, souvent, oublier que l’autre est un semblable, c’est penser que nous, on est bons et que l’autre est mauvais. Mais personne n’est pur. Donc la faute de l’autre, elle pourrait être ta propre faute.
Donc il y a ça et de toutes les manières, même quand on parle d’un revoir, même quand on dit au revoir à notre manager, Jean-Philippe.
On parlait de journal intime, mais si on ne pensait pas que l’intime a une résonance universelle et que c’est quelque chose qui peut faire du bien à partager, ce serait hyper impudique et égocentrique
C’est quand on fait des chansons, peut-être c’est avec le temps, de manière un peu intégrée, il y a notre manière d’exprimer nos ressentis. C’est toujours comme quand on parle à un ami. Donc, l’idée de dire « Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?» ou bien « Est-ce que tu as déjà vécu la même chose ? »
On partage ce qu’on a vécu et le simple fait de savoir qu’on est plusieurs humains à avoir vécu la même chose, que globalement dans nos vies, on vit après les mêmes choses, ça fait du bien, que ce soit des douleurs ou des joies.
Ça fait du bien et c’est un rappel à l’ordre un peu de dire « Les gars, la nature humaine, elle prend un peu de recul, les couleurs, les pensées, vu d’un tout petit peu plus haut là, on est vraiment tous quasiment pareil. Et on croit fort en l’humanité, en la nature humaine. Ce n’est pas une idée très à la mode là, mais on y croit vraiment.
Sébastien : C’est marrant parce que maintenant qu’on réfléchit sur le disque avec toutes ces interviews, je pense qu’il y a l’affiche rouge qui est le morceau qu’on a repris depuis 2022, mais qui a été marquant pour nous quand on l’a joué au Panthéon en bas, pas très loin d’ici.
C’est un poème qui part de l’intime. C’est une lettre, Aragon reprend une lettre d’adieu et d’amour d’un résistant étranger qui est venu se battre pour la France et qui est a deux heures de mourir. Et je ne sais pas si ça a germé, en tout cas dans la tête d’Arthur, mais j’ai l’impression que beaucoup des textes de cet album, ils essayent de parler de sujets sociétaux, toujours avec l’outil qu’est la poésie, mais en partant de questions intimes.
Arthur : En fait, c’est comment le monde nous pénètre intimement. Et comment on le rend autre. Et de fait, on peut pas faire abstraction du monde dans lequel on vit, on s’est aussi laissé traverser par ça.
Sébastien : Et même dans une chanson comme Mon Frère, qui est plus directe dans son propos politique, elle parle d’une question que je pense au fond qu’il a posé à son frère et à nous. Je trouve que c’est quelque chose de nouveau par rapport à ce qu’on a départ.
LFB : Au-delà du texte, ce que moi j’ai beaucoup aimé, et on parlait de confiance du public, c’est que c’est un album qui est élastique sur le temps des morceaux. Est-ce que vous trouvez que c’est un luxe, quand vous créez un album, de vous dire que vous pouvez vous autoriser de faire un album d’une heure, de faire des morceaux de 7 minutes, et que les gens vont l’écouter ?
Sébastien : Cet album, c’est marrant parce que je pense que c’est celui où on s’est le moins posé ces questions-là.
Je pense que sur les albums d’avant, on se disait est-ce que vraiment tout ça… Par exemple, Sous la pyramide, qui est le dernier, qui commence par 4 minutes de musique instrumentale psyché, on ne s’est jamais dit que c’était chiant de faire ça.
On ne s’est jamais posé de questions. Peut-être c’est parce que c’est l’âge ou en tout cas la confiance en notre public. Mais là, je trouve qu’on n’a pas du tout eu de réflexion sur le format. Et je pense que ça, peut-être, ça se ressent.
Du coup, il y a une élasticité parce que tu as des morceaux plus courts, peut-être comme le Carrousel qui a une guitare très courte, et des morceaux de 7 minutes ou même comme l’étranger, tu vois, qu’on aurait pu arrêter avant, en fait, qu’on a tiré. Je crois que l’élasticité, c’est un truc qui nous suit depuis le premier album.
Raphaël : Il y a toujours eu un peu d’élasticité dans le temps des morceaux.
Mais j’ai l’impression qu’avant, il y avait quelque chose d’un peu plus… On a toujours fait des morceaux un peu longs, c’est vrai qu’avant, c’était des débats. Avant, on se posait la question de dire c’est un peu long ou c’est un peu… Mais là, naturellement, on a fait des formes assez simples, et des morceaux qui ont naturellement pris des formes un peu plus complexes.
Et du coup, je pense que quand on est arrivé sur des trucs à des formes plus tarabiscotées, on les a assumé sans se poser de questions.
Tout comme les morceaux qui avaient un truc, c’est un couplet à refrain, un couplet à refrain, un petit coup, un dernier refrain, c’est fini, hop.
Sébastien : Je pense que là, ça se voit plus aujourd’hui parce qu’on est beaucoup plus habitué quand même à écouter des morceaux courts qu’il y a dix ans.
Raphaël: Oui, c’est ça.
Sébastien : Quand on fait un morceau de dix minutes, en fait, il y a quand même des gens qui continuent à sortir des disques de rock progressif et là aujourd’hui c’est vrai que c’est même un morceau de six minutes pour les gens c’est long quoi.
Clément : Moi je pense qu’il y a un truc très différent de ce qu’on faisait avant c’était qu’avant parfois on avait une espèce de… c’était presque une déclaration. : Je pense quand on faisait des morceaux avec des structures qui étaient un peu tarabiscotées ou des morceaux qui étaient très longs ou même des morceaux qui étaient très courts il y avait un truc un peu de… c’était presque de la déclaration politique tu vois.
On disait genre ok bah nous en fait on peut faire ça et c’est vrai que sur cet album la question ne s’est pas du tout posée et je pense que c’est aussi pour ça qu’on ressent plus un truc naturel d’élasticité c’est que en fait les morceaux ont le format qu’ils sont censés avoir et peut-être qu’avant il y avait un truc où on trichait un peu plus pour montrer à quel point c’était spécial de faire des formats différents.
Arthur : Peut-être juste faire rentrer, parce qu’en fait avant, là, entre les deux albums, on a eu plusieurs canaux d’expression chacun.
LFB : Oui c’est ça, vous avez fait des bandes originales aussi.
Arthur : Avant on n’avait que Feu, donc tout ce qu’on désirait, tout ce qui nous amusait, fallait que ça rentre dans nos chansons.
Donc pendant un petit peu à la marge, on pouvait oublier juste la nécessité et la logique interne de la chanson pour se faire plaisir.
Genre « j’ai trouvé une bonne partie, c’est cool, on a envie de s’éclater ». Mais maintenant, on a plus respecté la chanson elle-même, genre où est-ce qu’elle nous emmène ? Et la nécessité de chaque chose dans la chanson.
Parce qu’on a pu exprimer ailleurs nos longueurs. La forme de la chanson, en fait, elle est dure à maîtriser parce qu’elle t’impose une épure, une concentration. Parfois, tu as envie de dire non, on met plus.
Clément: la chanson va en pâtir en fait souvent quand même et là on a plus eu de sang froid je trouve là dessus on apprend en fait c’est beaucoup l’expérience qui te donne cette confiance dans le morceau que tu es en train de faire.

LFB : En parlant du sens des chansons, le fait d’avoir plusieurs mixeurs sur l’album c’est parce que les morceaux l’imposaient ?
Clément: C’était une grande liberté c’est la première fois qu’on a autant de mixeurs.
Sébastien : Mais je pense qu’il faut qu’on dise quand même que c’est la première fois qu’on produit nous-mêmes. En fait, Universal est juste distributeur et donc on n’aurait jamais fait ça sur un autre disque parce qu’ils n’étaient pas chauds et ça coûte cher en fait.
Clément: C’est la première fois qu’on décide vraiment de notre budget et de là où on met l’argent, tu vois, parce que c’est nous qui sommes le label.
Là on s’est dit bah en fait on va prendre ce luxe de faire mixer chaque morceau par différents mixeurs jusqu’à ce qu’on ait la version.
Franchement très honnêtement c’est incroyable comme expérience parce que ça te donne des éclairages sur ton morceau que tu n’imaginais même pas.C’est une expérience qu’on n’avait pas avant parce que peut-être à des rares exceptions près sur les albums précédents chaque morceau avait été mixé par une seule personne et en fait on allait au bout du mix avec cette mêle personne on avait une V1 et après parfois on est allé jusqu’à la V13 parce qu’en fait on a des fous furieux tu vois.
Là au lieu de faire ça on a pris différentes personnes les mix peuvent te faire lire la chanson d’une manière totalement différente avec deux mixeurs différents.
Arthur : On est dans nos bulles tu vois c’est le premier retour de mix c’est la première fois que tu captes comment les gens peuvent comprendre ton morceau, « ah ok lui il le voit comme ça il est pas du tout dans notre vibe donc on ne va pas prendre lui ».
Au début tu cherches parce que tu sais ce qu’ils ont déjà fait comme travail donc tu dis ça ça pourrait correspondre et puis pendant t’en trouvant tu dis ah ouais et après là tu le pousses dans le détail mais c’est vrai que c’était fou de pouvoir faire ça.
Sébastien : Mais je pense que quand même ça le fait qu’on ait fait ça, c’est quelque chose que presque on s’est dit au départ sans se le dire, c’est que je pense que sur ce disque particulièrement, plus que les autres, c’est un artisanat et c’est pour ça qu’on a fait un mois de studio puis un autre puis un autre
En fait, on est revenu au travail et c’est comme si on était revenu à l’atelier jusqu’à vraiment que ça soit vraiment fini.
Ce qu’on avait jamais pu faire avant même si on aime bien nos autres disques mais je pense que sur les autres disques sans doute si on nous avait dit vous avez encore 3-4 mois vous pouvez essayer différent on aurait peut-être fait ça.
LFB : Mais après ça peut ne jamais finir.
Sébastien : Ouais mais en fait de fait ça s’est fini. C’est juste qu’il y a des aspects souvent qui sont en fait économiques parce que nous on aurait toujours envie d’aller plus loin. Et là on y est allé sur chaque morceau, on avait tous les pistes, on étudiait, on savait ce qu’on envoyait au mixeur et ce cet artisanat là, il se sent peut être.
Arthur : Un morceau comme Baisse les armes, je pense que si on avait été encore dans la pression d’avant même juste en licence à un moment tu te convaincs que c’est ok parce que le temps est passé. Et là c’est juste bah on se pose pas la question du temps on se pose la question de la chanson et c’est fini non c’est pas fini attends, on en réessaye jusqu’à ce moment où tu vois que ce que tu essayes ça te déstabilise, tu reviens à l’étape juste avant, mais au moins tu sais que tu es allé au bout, au bout, au bout.
Clément : Mais je pense pour l’auditeur, même de manière inconsciente en fait, l’élasticité dont tu parles sur cet album, à mon avis, ça vient aussi en grande partie du fait que les mixs, on est vraiment allé au bout de ce qu’on voulait comme idée.
LFB : Vous vous apprêtez à faire une tournée sur les plus grosses scènes en salle que vous ayez fait, les zéniths, deux Bercy. Comment vous envisagez justement de garder l’intime avec le public, c’est quand même quelque chose de très compliqué, est-ce que vous avez pu faire là au Trianon par exemple ?
Sébastien: C’est un gros défi mais le live aux Zénith de Paris qu’on a sorti, le double album live, en fait je pense que ça nous a donné une forme de confiance dans le fait que dans des grandes salles, on pouvait rester nous-mêmes.
Et cet été c’est fou parce qu’on a joué devant beaucoup plus de gens que dans les Zéniths, on a joué devant 12, 20 000 personnes à Crozon (Festival du bout du monde ndlr) et en fait on a joué 1000 Vagues qui est un morceau qui en fait c’est juste 5 gars qui jouent quasiment en acoustique.
Et il y a quelque chose qui se passe.C’est peut-être parce que les gens sont plus attentifs à ce qu’on dit, je ne sais pas comment expliquer, mais il est possible de créer de l’intimité avec un grand monde.
Après, il y a des salles qui sont plus ou moins, d’un point de vue acoustique, agréables mais je ne crois pas que Bercy, ça soit le cas, par exemple.
Tu vois, il y a beaucoup de gens qui apprécient la salle comme une salle grande, mais qui permet de garder quand même une forme d’intimité avec l’artiste.
Clément : Je pense que l’intimité, ça vient surtout du message plutôt que du lieu.