Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Trois ans de silence. Trois années où la voix grave et posée de Frenetik s’était effacée des radars. Puis, le 1er septembre, une vidéo de trois minutes a ravivé la mémoire collective : l’artiste est de retour. Avec Belhingam, sorti un mois plus tard, le rappeur bruxellois signe un morceau à la fois introspectif et affirmé, preuve que le temps n’a fait qu’aiguiser son écriture et sa faim. Pour célébrer son retour, il joue le jeu de l’ADN en dévoilant ses inspirations musicales.

Kanye West & Jay-Z – No Church I The Wild
Frenetik : Le morceau No Church in the Wild de Kanye West (et Jay-Z) représente pour moi un vrai tournant. C’est l’une des premières productions qui m’a vraiment marqué, une prod différente de tout ce que j’avais entendu jusque-là. À cette époque, elle a ouvert quelque chose en moi, une nouvelle manière d’écouter et de ressentir la musique.
Elle m’a appris à ne pas juste rapper sur une prod “cool”, mais à chercher une vraie connexion, une authenticité dans le son. Depuis, j’essaie toujours que la prod et moi, on se réponde, qu’on s’accompagne mutuellement pour créer un vrai univers.
Youssoupha – L’enfer c’est les autres
Frenetik : Le deuxième morceau dont j’aimerais parler, c’est L’enfer c’est les autres de Youssoupha. Ce son m’a vraiment inspiré et m’a donné envie de me concentrer sur l’écriture, sur l’art de raconter une histoire. Ce que j’aime, c’est la façon dont tout s’articule : le texte, la prod, et même l’image qu’on peut se faire en écoutant.
Ce morceau m’a poussé à chercher cette capacité à faire ressentir, à rendre mes mots visuels et vivants. J’essaie, à travers mon écriture, d’aborder des sujets réels, parfois durs, avec des mots simples mais sincères, pour que n’importe qui puisse s’y reconnaître, peu importe d’où il vient.
Booba – 3G / 4G / 5G
Frenetik : Le troisième choix, c’est un peu différent : plutôt qu’un seul morceau, j’ai choisi une série, celle de Booba, 3G, 4G, 5G et tout ce qu’il a fait dans cette lignée. Ces sons m’ont marqué parce qu’ils m’ont aidé à comprendre qu’au-delà de l’écriture, il fallait aussi que je développe une vraie présence, une confiance, presque une arrogance dans ma manière de poser.
Ce n’est pas de la prétention, mais plutôt une énergie, une assurance qui dépasse les mots. Comme je suis quelqu’un de nature assez calme, j’ai voulu que ma musique reflète l’opposé : un espace où je peux me défouler, transformer mes émotions, même les plus négatives, en force. Ce type de morceau m’a vraiment appris à canaliser tout ça et à le sublimer dans mon univers.
Future – March Madness
Frenetik : Le quatrième morceau dont j’aimerais parler, c’est March Madness de Future. C’est un son que je trouve à la fois ancien et toujours actuel. Ce que j’aime avec ce morceau, c’est qu’il m’a fait comprendre qu’au-delà de l’écriture ou du rap, j’aimais vraiment la musique dans son ensemble. Il m’a montré qu’un bon refrain, une top-line bien placée, ou même une certaine énergie dans la voix peuvent transmettre autant qu’un texte fort.
Grâce à ce son, j’ai commencé à m’ouvrir davantage, à expérimenter avec le chant, à comprendre que le rap et le chant, c’est un peu les deux faces d’une même pièce. Ce morceau m’a aidé à passer d’une vision de simple rappeur à celle d’un véritable artiste, parce qu’avant tout, j’ai grandi dans la musique, j’ai été bercé par elle, et c’est ce lien-là que j’essaie toujours de garder vivant dans ce que je crée.
Makoma – Na Pesi Yo
Frenetik : Le cinquième et dernier morceau que j’ai choisi est un peu spécial : Na pesi yo du groupe Makoma, un ancien groupe gospel congolais. C’est un son qui me tient particulièrement à cœur, parce que c’est ce que j’écoutais quand j’étais tout petit. Ma mère et ma grand-mère me le faisaient écouter, et c’est sans doute l’une des premières musiques que j’ai entendues de ma vie. Ce morceau m’a marqué, d’abord parce qu’il était différent du gospel classique : il avait une énergie nouvelle, et je crois même que c’est la première fois que j’ai entendu quelqu’un rapper dans une musique de ce style. Ça m’avait intrigué, je me demandais comment, dans une musique de Dieu, il pouvait y avoir un rappeur. Mais au fond, c’est justement cette fusion, cette liberté, qui m’a fasciné.
Avec le recul, je pense que c’est aussi grâce à ce morceau que s’est forgé quelque chose d’important en moi. Aujourd’hui encore, on me dit souvent que dans ma musique, il y a toujours une part de moi liée à Dieu, que dans mes textes, la foi et la croyance reviennent souvent. Et c’est vrai, parce que ça fait partie de mon histoire, c’est par là que tout a commencé. Pour moi, la foi, ce n’est pas juste un thème, c’est un fil conducteur, une vérité qui m’accompagne depuis le début. Je trouve essentiel de rester honnête avec ça, peu importe ce que je fais ou la direction que je prends. Je crois même que c’est à travers la musique que j’ai pu garder ce lien fort avec Dieu, parce que je vois ce que je fais comme un don qu’Il m’a donné. C’est grâce à ça que j’ai pu vivre de belles choses, grandir, et surtout partager ce que je ressens avec d’autres à travers mes sons.