INO CASABLANCA À TOUT-VA

Quand on arrive à faire danser sa nonchalance, à mélanger trap, raï et kompa dans un même élan, difficile de ne pas fasciner les foules. Neuf mois seulement après son très acclamé TAMARA, Ino Casablanca revient avec EXTASIA, un projet solaire qui prolonge l’été et nous plonge dans un état d’extase musicale.

@1toxine @martin_srda

Dès l’ouverture d’EXTASIA, le ton est donné : «2k25, j’suis le rookie, j’ai à peine bougé le p’tit doigt ». Cette nonchalance n’est en réalité que le pur reflet d’une sérénité artistique. Ino Casablanca ne force rien. Après le succès critique de TAMARA, nommé d’ailleurs parmi les dix finalistes au Prix Joséphine, le jeune artiste confirme qu’il n’a pas l’intention de se conformer à un style unique ou à une géographie sonore préétablie. Son œuvre se caractérise par une création totalement décomplexée, en marge du modèle américain. C’est de cette manière qu’Ino Casablanca incarne une nouvelle génération de musiciens cosmopolites, et qui place dès le début de ce dix titres un engouement particulier.

Groove solitaire

Comme à son habitude, sa voix, à la fois posée et expressive, se déploie avec une assurance tranquille sur des productions multicolores. Sa plume, souvent légère lorsqu’il aborde l’amour, parfois teintée d’humour, laisse aussi transparaître des réflexions plus intimes. Le poids des attentes familiales ou la quête d’identité occupent une place centrale dans son récit. Le titre MOULA SOLITUDE, en collaboration avec Draganov, illustre parfaitement cette ambivalence. Derrière une apparente douceur, le morceau raconte la lucidité d’une génération qui a pour volonté de s’émanciper, choisir la passion plutôt qu’un chemin plus sûr. Un titre qui trouve un écho dans TAMARA, dont le nom, en amazigh, signifie justement « la souffrance au travail ».

Toujours en quête d’exploration, Ino Casablanca s’essaie sur KITLÉ à des sonorités inspirées du kompa, ce genre haïtien où le rythme épouse la joie du mouvement. La danse y devient essentielle, le projet regorge d’ailleurs de respirations musicales, où percussions et lignes de synthé s’entrelacent avec fluidité, en perpétuelle transition.

Ovni en transe

Le clip de DIMA RAVE et récemment BISSAP DU 20ÈME prolonge la philosophie de l’artiste. Il incarne une euphorie visuelle qui rejoint l’énergie du disque. On y retrouve la ferveur et l’insouciance d’un monde rêvé, celui d’une fête sans frontières où les genres s’abolissent au profit d’une émotion collective.

Une énergie résolument féminine émane constamment de l’univers de notre protagoniste. Qu’il s’agisse des thèmes qu’il explore ou de ses clips, cette présence se manifeste également sur EXTASIA. À travers sa collaboration BLICKY avec LinLin, artiste à la carrière débutante mais fulgurante, elle tisse un fil supplémentaire à cette mosaïque sonore.

Ce qui impressionne à l’écoute du projet, c’est la cohérence d’ensemble. Aucun morceau ne semble superflu. L’équilibre entre moments de transe et instants d’apaisement est finement maîtrisé. Les placements vocaux, toujours précis, s’accordent parfaitement aux textures instrumentales. On sent que chaque détail, du choix des percussions à la progression harmonique, a été pensé pour le mouvement.

EXTASIA est une œuvre d’élan et de lumière, un disque qui fait danser autant qu’il fait réfléchir dans notre rapport aux catégories de genres. Il capture le sentiment d’être à la fois ancré dans le réel et suspendu dans la transe. Entre TAMARA et EXTASIA, le sandwich musical de 2025 est tout simplement délicieux.

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