Danser dans le chaos avec Boost de Robert Robert

Sorti le 24 octobre 2025, Boost marque le retour de Robert Robert avec un troisième album plus lumineux que jamais. Ici, pas de nostalgie déguisée ni de faux espoirs : l’artiste montréalais choisit de s’ancrer dans le réel, de regarder la vie droit dans les yeux, même quand elle pique un peu. Ce disque, c’est une invitation à voir du beau dans le sale, à continuer d’avancer, à danser dans le chaos.

Crédits : Gerardo Alcaine

Voir du beau dans le concret

Dès Isa, le ton est donné : “J’me sens comme un golden dans une meute de loups / Élevé à coup d’Pixar dans un monde de fou”. Entre autodérision et lucidité, Arthur Gaumont-Marchand dresse le portrait d’une génération perdue mais pas éteinte, celle qui cherche encore comment respirer dans un monde trop vite. Puis vient Kia Rio, ce tube déjà familier : un road trip sentimental où il s’abrite “dans les détours”, à la recherche d’un peu de douceur dans la confusion.

Sisi, dédiée à sa fille Simone, ajoute une touche de tendresse et de gravité : “Sens-tu comme la terre tourne pleine de pollen et de rage”. Le chaos du monde s’y mêle à la beauté de la filiation, entre peur, transmission et mise en garde sur les gens qui veulent nous juger. Avec Boost, la chanson-titre, il trouve un équilibre rare : “C’est la vie, c’est comme ça”. Sur une production aérienne et lumineuse, il chante la résilience tranquille, celle de ceux qui n’ont pas trouvé toutes les réponses, mais qui continuent d’avancer quand même.

Des contradictions dansantes

Le court interlude Futur, avec la drag queen acadienne Sami Landri, qui nous rappelle que “le moment présent est iconic”. Quelques secondes de sagesse pop avant Oh God, morceau coup de cœur de l’album. “J’peux-tu juste vivre ?”, demande-t-il sur une mélodie irrésistible. C’est un cri du cœur déguisé en danse, une prière à taille humaine où l’on sent le besoin d’arrêter de performer pour simplement exister.

FMLP (Fous-moi la paix) prolonge cette quête d’équilibre : entre rejet de soi et de l’autre, Robert Robert explore ses propres contradictions dans une ambiance hypnotique. Avec Shine, intégrant un morceau de Delachute, il mêle anglais et français dans une mélancolie suspendue. Le morceau, construit à partir d’une démo brute, garde les aspérités du moment : c’est imparfait, sincère, vivant.

Victoire agit comme un souffle intime. Moins évidente, plus introspective, elle évoque la répétition des erreurs et la beauté fragile de l’attachement. Puis vient Pourvu, en duo avec Virginie B, où l’amour se dit dans toute sa maladresse : “J’apprends à danser sur mon toit / En attendant que tu me vois”. Des phrases simples, mais qui touchent droit au cœur.

Danser dans la fin du monde

Avant de s’éteindre, Life Is Going 2 Fast 4 Me!!! surgit comme une tempête électronique. Un instrumental au souffle d’urgence, où tout semble s’emballer avant de retomber doucement. On n’y comprend pas tout, mais on ressent l’essentiel : cette tension entre énergie et épuisement, entre le besoin d’avancer et l’envie de s’arrêter. Enfin, Tympan clôt l’album en beauté, dans un éclat d’humour et de dérision en quatre phrases, conclues par : “Chu un rongeur du futur”. Comme un pied de nez au sérieux, une manière de boucler la boucle en riant du monde plutôt que d’en pleurer.

Musicalement, Boost est un petit bijou d’équilibre. Co-réalisé avec Benoît Parent et mixé par Valentin Ignat, l’album marie le digital et l’organique, les samples vifs et les textures feutrées. Robert Robert revient à ses racines de producteur, mais son geste est plus humain, plus incarné. Derrière les synthés, on entend un cœur qui bat — parfois trop fort, parfois à contretemps, mais toujours sincère.

Boost, c’est le disco d’une génération lucide. Celle qui sait que le monde va trop vite, mais qui choisit malgré tout d’y mettre un coup de néon. Robert Robert ne cherche pas à fuir la réalité : il l’habite, la transforme, la rend dansable. Une main tendue dans la brume, un sourire en coin, un beat pour tenir encore un peu.

Robert Robert présentera Boost au Club Soda le 26 février 2026, avant de faire vibrer le Grizzly Fuzz à Québec. En attendant, on peut l’écouter marcher droit dans la tempête, casque sur les oreilles, le cœur grand ouvert, dans la première neige de Montréal.

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