Une conversation avec Parcels

Si 2018 a définitivement marqué l’explosion de Parcels avec la sortie de leur très bon premier album, 2019 risque de marquer une nouvelle étape pour le quintette australien puisqu’ils sont attendus en avril à Coachella. On avait eu la chance de rencontrer deux membres du groupe lors de leur passage à Lille en novembre. Avant de retourner l’Aeronef, ils avaient pris le temps de répondre à nos questions. L’occasion de parler de leur musique, de leur pochette mais aussi de Mila Jovovich et de pilules magiques anti jet-lag.

 

La Vague Parallèle :  Alors, première question très importante : Comment allez vous aujourd’hui ?

Louie : Ça va super bien, j’ai passé une très bonne journée alors que Noah pas trop. Mais ouais quand t’es en tournée, c’est comme ça, y a des jours où tout se passe à merveille et certains jours tu te demandes vraiment ce que tu fais là, ce que tu vas faire de ton bref passage sur terre que t’appelles « la vie ».

LVP : Vous êtes de retour en France pour quelques concerts, vous avez beaucoup de fans ici, qu’est-ce que la France signifie pour vous ?

Louie et Noah : Alors déjà ça signifie de la bonne nourriture, l’hospitalité est toujours au top et ça rend la tournée beaucoup plus simple. Pour donner une image, c’est comme si tu te glissais dans un bon bain chaud. – Je pense aussi que ça vient de la scène musicale française qui est très riche et vivante dans beaucoup d’endroits du monde et il y a aussi beaucoup de gens qui nous aiment ici et c’est vraiment cool.

LVP :  Vous jouez tôt ce soir !

L :  Ah ouais ? à quelle heure ?

: À 19h30, d’habitude c’est 20h50 par là.

LVP : C’est quoi le moment idéal pour écouter votre musique ?

L : 19h30 ! À 19h30 ce soir. Si vous ne savez pas quoi faire ce soir, venez ! Puis t’as beau travailler demain matin, tu peux toujours sortir ce soir.

LVP :  Il y a 3 ans, peu de gens connaissaient Parcels, maintenant votre groupe est partout et votre album était attendu avec impatience. Comment expliquez-vous cela et quel est votre ressenti ?

N :  C’est plutôt une sorte de voyage pour nous, on a joué beaucoup de concerts ces 3 dernières années et on a beaucoup bossé, on y a mis du temps à vrai dire. On y a vraiment mis du notre dans cet album et dans tous les sens. On a dédié notre vie à ça. Le fait que ce soit arrivé il y a 3 ans ne donne pas l’impression que ça soit passé vite, c’est pas surprenant pour moi.
Si on avait pas autant donné pour cet album, ça aurait été différent. Y a eu une sorte de progression naturelle, on a beaucoup de chance pour pleins de choses.

LVP : Vous avez joué dans beaucoup de festivals cet été et même avant. Maintenant vous faites des têtes d’affiche, est-ce que le public vous paraît différent que ce soit dans les salles de concerts ou aux festivals ?

L :  Oui bien sûr, faut essayer de captiver la foule, en festival t’es conscient du fait que tout le monde ne te connaît pas et même s’ils te connaissent ils sont pas à « fond » sur toi, ils sont juste là pour le plaisir et attendent les têtes d’affiche un peu plus tard dans la soirée. Puis très souvent tu joues qu’un set de 30 min en festival et c’est très rapide, t’es là « voilà on joue telle chanson, pendant tel temps » et c’est vraiment très court. Mais maintenant ça fait un petit moment que les gens nous écoutent désormais et je suis impatient de voir ce que ça donne, ça va être une sacrée aventure.

LVP : Oui, vous voulez prendre votre temps avec votre public en fait.

L & N :  C’est ça.

LVP : Pour moi votre album parait comme un ensemble, vous avez un début, un interlude avec Everyroad et une fin avec les remerciements/crédits et ça peut être comparé à un film, est ce que vous vouliez en arriver à ce résultat ? Et comment avez vous travaillé pour en arriver là ?

L : C’est cool la façon dont tu dis ça, on était très concentrés sur la façon dont l’album devait se présenter, c’est cool que ça ait un petit coté cinématographique.

N : C’est juste la façon dont on considère le cours de la musique, c’est comme une histoire qu’on raconte.

L :  On voulait que ça soit de l’art en fait, une œuvre d’art qui ressort du lot et c’est naturel de vouloir une intro et une fin, si t’as le temps de faire les choses comme il se doit c’est comme ça que ça doit se présenter avec le point culminant qui se forme etc.

LVP :  Mais dans votre album, vous n’avez pas une chanson qui ressort en particulier… Est-ce que ça a posé des problèmes avec votre label ?

L : Ouais c’était un peu notre inquiétude puis c’était pas trop notre but de faire un hit qu’on entend à la radio, on était vraiment concentré sur le fait de faire notre propre album en fait.

N :  Mais c’est assez paradoxal car on veut vraiment passer à la radio et on passe à la radio d’ailleurs mais on a jamais eu l’idée de faire une chanson POUR la radio, ce qui est assez bien car on est assez ouverts pour faire partie de ce « marché pop », passer à la radio, faire du commercial mais tout ne tourne pas autour de ça.

LVP : Je ressens beaucoup de mélancolie dans votre premier album, est ce que c’était important pour vous de faire quelque chose d’inattendu et de sortir quelque chose différent de votre EP ?

N : Oui c’était l’intention de sortir quelque chose de différent de Hideout je pense, mais c’était aussi quelque chose assez naturel.

L :  Moi je pense que les paroles présentes dans notre premier EP restent malgré tout assez mélancoliques d’une certaine façon et celles dans l’album donnent quant à elles, l’envie de voyager, de découvrir mais ça reste assez similaire au final.

LVP : Mais l’album est moins électro et plus acoustique selon moi, non ?

L : Oui bien sûr, y a pas mal d’électro dans l’album aussi mais il y avait plus d’opportunités de tester des trucs différents, il y a des parties dans l’album où c’est plus électro d’autres où c’est plus acoustique.

LVP : Vous êtes à 5 dans le groupe, comment avez vous composé l’album ? Est ce que certains de vous ont apporté des chansons toutes faites ou est-ce que c’est un travail commun ?

L : Ça a été plusieurs mois d’écriture, chacun était dans sa chambre à écrire et après on a fait une sorte de sélection, on a réussi à assembler quelque chose dans la chambre de Jules avec tout ce qu’on avait mais oui beaucoup des chansons viennent de chacun de nous, de notre travail perso.

LVP :  Vous êtes souvent comparé aux Beach Boys ou Jungle, qu’est ce que ça vous fait ?

L : Ce sont tous des influences, on aime beaucoup ces groupes et on pense à ces groupes quand on écrit mais ça reste assez léger… Après on a eu un moment difficile avec cette « french touch » parce qu’on n’est pas français,

N :  Qu’est ce que tu veux dire par là ? Qu’on ne peut pas être comparés à eux ?

L : Juste qu’on n’en fait pas partie quoi, qu’on est juste inspirés par ces groupes

N :  Oui bien sûr on n’en fait pas partie.

LVP :  C’est peut être parce que vous êtes chez Kitsune et que vous avez travaillé avec Daft Punk ?

L :  Ouais ça doit être ça, puis on aime juste ce style de musique rien de plus.

LVP : Vous avez l’air de beaucoup aimer la musique, comment est-ce que vos influences musicales ont été digérées dans vos propres chansons ?

L : C’est arrivé assez rapidement, c’est comme si on avait absorbé toutes nos influences d’un coup mais ça change très souvent, quand on part en tournée et qu’on voit très souvent un groupe, on peut arrêter d’un coup d’être influencé par eux on se dit « oh non ça leur ressemble trop » et on essaie de revenir en arrière pour changer ça.

N :  Y a un lien très léger, très subtil avec le fait d’utiliser nos influences dans notre propre musique, faut pas que ça soit évident en fait. On a souvent pensé que notre travail pouvait trop ressembler à certains groupes et du coup on change ça immédiatement pour pas que ça se remarque trop.

LVP :  Oui, c’est ce qui est assez cool avec votre musique, on remarque les influences mais ça semble rester votre musique au final, c’est pas du plagiat ou une pâle imitation…

L : Je pense qu’on est vraiment à la limite de l’original…

LVP : Pour parler de votre pochette d’album, d’où vient cette idée ? Est-ce que c’est la vôtre ?

L : Non, on a travaillé avec la sœur de Jules, guitariste du groupe. Sa sœur aimait bien l’idée d’une compagnie aérienne du nom de Parcels et elle a trouvé l’inspiration dans l’ère de la jet set où voyager en avion était très glamour à cette période.

N :  C’est une sorte de fantasme qu’on a créé, celui d’avoir notre propre ligne et on aime beaucoup cette image, ça a beaucoup aidé avec l’histoire de l’album, c’est aussi très lié à la pochette de notre EP Hideout avec les valises tout ça… Il y a toujours cette idée de voyage.

LVP : Cette pochette joue un rôle important dans votre esthétique ce qui nous mène aux clips réalisés de façon très méticuleuse, est-ce que vous prenez beaucoup part à la réalisation de ces derniers ou est-ce que vous prenez les choses comme elles viennent ?

N : On travaille plutôt pas mal avec les réalisateurs, on aime bien voir comment ils perçoivent notre musique avant qu’ils proposent leurs idées mais une fois qu’on commence à travailler avec eux on devient assez précis quant à ce qu’on veut obtenir mais on aime beaucoup quand une idée vient de l’extérieur car très souvent la perception de ta propre musique peut devenir assez ennuyeuse/lassante

LVP :  Ça fait quoi d’avoir travaillé avec Milla Jovovich ?

: C’était tellement cool, c’est vraiment une femme très drôle, elle a son petit brin de folie mais elle est très sympa et fait toujours des choix judicieux. Elle a vu beaucoup de choses incroyables dans sa vie, surtout avec Hollywood et ce depuis ses 14 ans. Puis elle a créé assez tôt des sortes de mécanismes pour affronter ce quotidien à un très jeune âge et c’est assez intéressant.

LVP :  Elle a aussi vécu en France.

L : Oui, je crois qu’elle parle français. Elle est vraiment cool, on a passé un bon moment avec elle et le fait de voir un vrai acteur pour la première fois, c’était fou.

N : Ouais, je trouve qu’elle est sous estimée en tant qu’actrice et une fois qu’elle passe devant la caméra, ça devient magique.

LVP : J’ai une question par rapport aux titres de vos chansons, c’est quoi l’histoire derrière ces derniers ? Pourquoi avoir enlevé les espaces entre les mots ?

L : C’est un truc que j’ai toujours fait et ce que j’aime par rapport à ça c’est qu’on a commencé à procéder de cette manière car la barre d’espace de Patrick était cassée et c’est assez drôle car au début c’était juste quelques mots et après tu les rassembles et tout d’un coup ça créé en quelque sorte un nouveau mot.

N : Puis on a continué à agir de cette façon car en vrai on est assez superstitieux et on se dit que si on change quelque chose un mauvais truc va nous arriver, on aime quand les choses se présentent différemment et même quand on était en studio, cette idée de superstition était assez présente au quotidien.

LVP :  Et c’est pour ça que votre album s’appelle « Parcels » ?

L :  Ouais, c’est assez intéressant, je pense qu’on avait peur de ça aussi, de toute façon ça ne pouvait qu’être un mot, le titre aurait pu être un ensemble de mots juste rassemblés tous ensemble mais non le fait d’utiliser ce titre en particulier pour un premier album, c’est classique.

LVP :  Breakbot vient de sortir un remix de Lightenup, d’ailleurs je le trouve brillant, ça vous plaît qu’on fasse de votre musique quelque chose d’un peu plus dancefloor ?

N : Oui, j’aime beaucoup écouter quelques remixes en regardant le coucher de soleil sur la plage.

L : Ouais, c’est quelque chose, ça nous plaît vraiment.

N : On est des grands fans des remixes qu’il fait et c’est arrivé comme ça dans notre boite mail et on a vraiment bien aimé, c’était cool.

LVP : Est ce que vous aimeriez que vos chansons soient remixées par d’autres musiciens aussi ?

L :  J’ai toujours voulu un remix par Caribou, ça serait super cool, il a un truc propre à lui dans la façon dont il interprète les sons

N : Moi j’aimerais bien un remix par Kevin Parker.

LVP : Quels sont vos derniers coups de cœur du moment ? Que ce soit en musique, film, livre…?

L : Je lis un livre en ce moment que j’aime beaucoup, ça s’appelle « Kafka on the Shore », tu connais ?

LVP : Non, va falloir que j’y jette un coup d’œil !

L : Ouais c’est une traduction d’un roman japonais, c’est l’un des écrivains japonais les plus connus au monde, Murakami. J’aime vraiment la façon dont les mots sont traduits depuis le japonais

N : Moi je lis un livre qui s’appelle « Meet me in the bathroom », c’est un bouquin sur New York au début des années 2000, c’est vraiment basé sur les groupes rock des années 2000 en fait, comme les Strokes et tous ces gars. C’est vraiment très intéressant surtout avec tous ces dialogues, ces citations qui viennent de pleins de gens de cette époque et qui racontent pleins d’anecdotes sur les groupes new-yorkais de ces années.

L : Je suis aussi complètement accro à l’émission de radio qu’Ezra Koening de Vampire Weekend présente sur Beast 1, ça s’appelle Time Crisis et ça parle de la culture fast food et tout ça c’est assez drôle.

N : Y a aussi un podcast qu’on écoute tous les 5, d’Hamish et Andy, c’est un podcast de deux australiens et à chaque fois qu’on prend un vol, t’en vois toujours un parmi nous avec ces écouteurs qui est plié de rire rien qu’en écoutant leurs podcasts, ils sont super drôles et c’est très australien en fait.

L :  Ils ont des auditeurs à l’international aussi !

LVP : Pépite fait vos premières parties en France, un groupe que notre équipe aime beaucoup, la dernière fois c’était Garçon de Plage, qu’on aime tout autant, comment les avez vous découverts ?

L : Je pense que ça vient de Jules, il va souvent en France et puis il rencontre quelques artistes français, il est aussi ami avec certaines d’entre eux puis souvent quand il sort dîner avec eux, d’autres les rejoignent puis ils sont tous ensemble et voilà…

N : On choisit souvent les gens avec qui on sort beaucoup, pour être sûr qu’il y a vraiment un bon « feeling » entre nous et ce, au quotidien.

LVP : J’ai une dernière question, vous voyagez beaucoup et donc est-ce que vous avez des astuces pour faire face au jetlag ?

L : On a souvent un jetlag quand on voyage depuis l’Australie ou les EU, quand tu dois voyager d’un bout à l’autre du monde. Je sais pas, y a des gens qui disent qu’on peut éviter le jetlag en dormant aux bonnes heures mais je pense que ce sont des conneries.

N :  Moi je pense juste que c’est une histoire de chance, quand le vol se déroule bien et que tu arrives à dormir correctement, au bon moment ça aide. Ça m’est arrivé de pas réussir à m’endormir avant 5 h du matin avec le décalage horaire et ça a duré pendant 2 semaines…Mais tu peux pas éviter le jetlag.

L :  Apparemment y a des pilules qui t’aident à éviter le jetlag, c’est magique.

N : Ouais mais ce genre de truc ça nuit à ton cerveau qui devient juste fatigué quand le soleil se couche…

Retranscription : Océane Briand