Fadah, fou furieux.

Originaire de l’Essonne, Fadah, rappeur de 29 ans, se situe à la croisée des genres en apportant un soin particulier à l’écriture de ses textes. Entre ambiance électronique et morceaux planants, il a trouvé le credo lui correspondant. De retour avec le même flow tranchant qu’à ses débuts, il nous livre Furieux.

Fadah est considéré comme un réel marginal, et malgré ses divers voyages entre Toulouse, Montréal et Paris, il ne se revendique d’aucune communauté. Son look d’hooligan anglais montre qu’il n’est pas de retour pour blaguer. Son attitude, son flow et son amour de l’écriture font de lui un personnage facilement reconnaissable dans le paysage rap. Un rap engagé et piquant dans lequel on va se plonger de suite avec Furieux.

L’aliénation est un thème récurrent dans l’album, Camisole en est le parfait exemple. On sent directement la rage du rappeur envers la société actuelle et ses dérives. Morceau éponyme, Furieux est plus personnel, ce qui permet de mieux comprendre le personnage de Fadah, et dans une autre ambiance, Agression, on a affaire à une vraie biographie du rappeur. Premier extrait du projet, BPM est à la croisée de la musique électronique et du rap, un contraste permettant au morceau d’être festif malgré un thème sérieux. Un clip assez surréaliste a d’ailleurs été réalisé par Skip.

Notes de piano et ambiance plus calme marquent Mykki Blanco. En faisant référence à une icône des droits LGBT, le rappeur s’indigne contre la mode des réseaux sociaux et leur diktat. Un morceau contre le conformisme imposé par les mœurs du 21ème siècle. A l’image de Fadah, le morceau XTRM, passe du tout au tout, entre rap et sonorités électroniques : on a affaire à une track haute en couleurs. Dans Première Fois, on a encore une autre facette du rappeur aui nous fait découvrir sa belle voix en chantant sur une instrumentale beaucoup plus planante livrée par un des grands artisans du projet, BLV.

On poursuit l’écoute dans une autre ambiance avec Zodiaque, plus sombre. Le rappeur y évoque ses démons et son parcours, ce qui sublime l’atmosphère de ce titre. Le flow tranchant est bel et bien présent sur Vécu, sur des sons inspirés de la trap ; le rappeur s’amuse et kick avec beaucoup de sérieux. Avec Mourir demain, on retrouve une ambiance beaucoup plus ensoleillée que les deux derniers morceaux, illustrant encore une fois la polyvalence de Fadah. Suit Chez moi, une ode aux différents lieux de vie du rappeur. Mais pas que, puisque le titre traite aussi de la vision du monde du rappeur et de son mode de pensée. Pour clôturer l’album avec énergie, il réalise avec Faire avec un très bon choix, l’artiste n’hésitant pas à varier ses flows, créant une réelle ambiance rappelant le reste du projet.

Entre autopsie de la société actuelle et autopsie de lui-même, Fadah a réussi à nous faire réfléchir tout en évitant l’étiquette du « rappeur rabat-joie », grâce à des instrumentales et des flows variés. Un album, varié, où tout le monde peut y trouver son compte.