Ça y est, c’est l’heure de parler de Yolande et l’amour. Les deux cohabitent (comme ils peuvent), se charrient, s’étreignent, se séparent. Cette année, c’est d’abord aux côtés de Claude qu’on avait commencé à découvrir les secrets de leur histoire : Yolande aime Partager. Mais depuis le 11 octobre, le livre est grand ouvert. Yolande et l’amour, c’est un premier album réussi et riche, pas forcément en moyens, mais en humanité. Aujourd’hui, on est ravi d’inverser les rôles, c’est La Face B avec Yolande Bashing.
Yolande Bashing, c’est toujours Baptiste, Lillois multipolaire qui se serait caché uniquement sous un pseudonyme – tout le reste, sa Réalité. Après un premier EP sur Bruit Blanc qui nous avait retourné la tête en 2018, Yolande et ses synthés abordent comme funambules un sujet plus que vaste, et délicat. On y va : c’est quoi l’amour, au juste ? Si on pouvait le résumer, on dirait que l’amour, c’est un sentiment de tendresse profonde; mais c’est aussi sans doute la passion, l’affection et l’empathie. C’est ce feu qui anime chaque être humain et qui le relie à d’autres. C’est ce qui trace l’histoire de chacun et qui donne une raison de vivre, d’avancer et de construire. Quand on aime, on projette; on se souvient. En fait, que serions-nous vraiment, sans l’amour ? Une chose est sûre : Yolande en a besoin, et, plus que jamais, Yolande en donne.
Parlons-en donc, de Yolande et l’amour. Yolande Bashing a le don de transformer les choses du quotidien en belles phrases thérapeutiques. L’album s’ouvre ainsi sur Les linges sales, morceau dont le parler-chanter rappelle le Rodéo de Mickey 3D, et première claque qui donne la couleur de l’album en mixant confusion et errance du sens. Sur Du chou, balade électronique qui s’achève en sautillements cathartiques (malgré les paroles contradictoires de Yolande qui nous confie avoir du mal à danser et à penser), on pense immédiatement à Flavien Berger qui serait devenu maître en fourche-langues. Et puis, ici, on se balade en permanence entre le passé et le présent – Aujourd’hui. On se laissera donc aller à la nostalgie au long du progressif et planant Partager, mais aussi près de Claude et de Jean-Pierre Pernaut, parrain de ce premier album. Yolande passe son temps à enfiler des gants sur des mains aux plaies encore à vif : les fantômes du passé nous hantent inévitablement tous encore un peu. Pourtant, Yolande a transformé la douleur en poésie et tend les deux bras vers le futur et les autres. Parce que c’est là tout le propos de ce disque : s’interroger sur le et; et principalement sur le avec.
Yolande s’est parfois plaint de se sentir mal-aimée. On se perçoit souvent comme tel, quand on aime très fort les gens. Il naît alors une ambivalence entre haine et amour, par manque de démonstration de l’entourage, ou par une attention trop focalisée sur ses propres sentiments pleins de fougue. Yolande et l’amour prend part à la digestion de ces impressions teintées d’amertume. C’est pour cela qu’inviter des proches à participer à la création de cet album est apparu comme une évidence. C’est par exemple Pablo qui a réalisé le clip de Claude, c’est le neveu de 6 ans qui a écrit le titre de l’album, c’est Romain qui a glitché la pochette… Mais ce n’est pas tout, car Yolande a aussi proposé à ses amis de collaborer musicalement. Le langoureux Abcès – morceau qui nous prouve que Yolande Bashing, ce n’est pas que de la techno énervée et libératrice – est donc brillamment mené à la basse par Aurélien Gainetdinoff. On est aussi agréablement surpris d’entendre le flow agité de Demain Rapides sur Plonger sous Marine, qui contraste sans conteste avec le chant hypnotique de Yolande. Tous ces noms, elle nous les cite un par un dans Mes amis, tourbillon d’eau froide mêlé d’une mise à distance du passé et surtout d’un besoin de remercier tous ces éclats de vie qui permettent de tenir debout.
Finalement, on ne pouvait pas parler de Yolande et l’amour sans évoquer son hymne Réparer les vivants, point culminant de l’album. Ce titre est LA formule qui résume toute la démarche de son auteur. On le prend en pleine figure comme un cri du cœur, et Yolande se transforme en messie. Enfin, c’est un morceau qui prend tout son sens sur scène, quand tout le monde chante naïvement le refrain Et je vais m’amuser à réparer les vivants, alors que Yolande qui aime être acclamée ne l’a pas encore demandé. Et ces phrases résonnent encore dans la tête…
Yolande et l’amour est un album qui donne tout autant envie de danser que de pleurer, immergeant totalement ses auditeurs dans la mélancolie. Yolande en est cependant la maîtresse, et il ne sera plus jamais question de s’y noyer. C’est un album qui nous tiendra pour sûr compagnie pendant les longues périodes d’hiver, car c’est un album qui nous rappelle que nous ne sommes jamais vraiment tout seul. Alors merci, Yolande, on a bien envie de rester avec toi.
On compte sur vous pour venir la découvrir ou la redécouvrir sur scène cette année – prochaine date le 7 novembre à Rennes aux côtés des bons gars d’Odezenne...