Simia, a t-il quelque chose de spécial ?

Quand le jeune passionné Simia décide de livrer sa carte de visite, on peut se demander ce qui le rend spécial, comme le nom de son projet. Pour répondre à cette question, il faut plonger dans ce dernier. Prenez une bonne dernière respiration et c’est parti pour une apnée de 8 titres et 24 minutes.

Avant de s’élancer sur le tremplin, il faut un minimum de connaissances sur le personnage. Simia, c’est un fanatique de la rime et de l’écriture, qui dès son plus jeune âge intègre des cercles d’écriture pour peaufiner sa plume. Il commencera le rap par la scène, n’ayant peur de rien, il enchainera les bars et café sur Paris avant de décoller pour Montréal. Là-bas, il rencontrera Yaska et QuietMike, principaux beatmakers sur Spécial. En 2017 et à son retour du Canada, il remporte la final du Buzz Booster en Ile-de-France, ce qui lui permettra de s’émanciper dans le milieu du rap. Juste avant de lancer son premier projet, il passe par la case freestyle et sort 11 capsules qui feront leur petit effet. Maintenant que vous en savez plus, le grand saut peut être effectué.

Comme un Moteur diesel, l’album commence en douceur. Certes un brin mélancolique car l’artiste y exprime ses doutes, ses craintes et ses regrets. C’est ce qui permet de comprendre dès le début le personnage et les pensées de Simia. Quand le moteur cesse de tourner, on peut dire qu’il est au Point Mort : pour ce second morceau, le rappeur se pose sur une guitare pour exprimer encore une fois ses tracas, après un début simpliste où la guitare accompagne la voix du rappeur. Par la suite, une instrumentale beaucoup plus sombre viendra trancher et ramener plus de hargne dans le morceau. La tracklist poursuit toujours un peu plus sombre, à l’image du groupe Joy Division et plus particulièrement du membre star du groupe Ian Curtis à qui il fait référence dans ce troisième morceau. Le côté sombre de la prod collera parfaitement à la scène et au turn up, le live est donc visé dans ce son en référence à Ian Curtis qui était une bête de scène. L’obscurité est aussi présente dans les textes, car Simia conclut le morceau par cette phrase : « Combien d’années avant l’suicide ? / Pas sûr qu’il m’en reste encore dix / Avant d’me pendre dans la cuisine, / Comme un torchon ou Ian Curtis ». Simia est aussi joyeux et romantique, deux caractéristiques retrouvées dans le très pop Elle fait la tête. Pop dans l’instrumentale, mais Simia arrive a y étaler un flow très kicker qui ravira les fans de rap et les plus ouverts d’esprit.

Le titre éponyme du disque, Spécial, est un peu une synthèse de ce que propose le projet, texte peaufiné et authentique, refrain réussit prod à la fois mélancolique et agressive. Une dualité représentant l’artiste. Même les thèmes abordés dans le morceau se retrouvent dans d’autres titres, comme dans la conclusion du projet Peur d’être seul. Comme il l’a montré sur la première track, ou encore sur Elle fait la tête, le rappeur sait aussi jouer de sa belle voix, pour poser sur une prod musicale et se repentir de ses aventures amoureuses. C’est ce qu’il fait sur 100 fois. Simia a invité son beatmaker Yaska et le membre de la 75ème Session, Sheldon sur le morceau Rouge Pâle. Une connexion réussie où les voix chantonnantes de Simia et son beatmaker collent avec le rap sombre de Sheldon.

Alors, a-t-il quelque chose de spécial, Simia ? Oui, comme chacun de nous, il a une histoire, un passif, des peines de cœurs, des questionnements. Et toutes ces caractéristiques, il arrive à les mettre en musique, à trouver les bons rythmes et les bons flows pour faire ressortir ce qui est enfoui au plus profond de lui. Une thérapie qui peut aussi aider certaines personnes se reconnaisant dans les paroles afutées du rappeur. Voilà ce qui rend spécial Simia.