Half Moon Run, princes poétiques au Trianon

Ce 26 novembre, c’est la pluie qui nous accueille lorsque l’on sort de chez nous, pour nous accompagner sur notre chemin, avant et après le concert. Au milieu de tout ça, une éclaircie réchauffera notre cœur : le concert d’Half Moon Run dans un Trianon complet et enthousiaste. Retour sur une date sur le fil de l’émotion.

Parfois, une petite anecdote peut définir une soirée, lui donner une saveur particulière et nous ramener avec facilité dans un souvenir déjà passé. Alors que l’on s’installe dans la partie assise de la belle salle parisienne, nos yeux sont attirés dans la pénombre par une scène assez lunaire : là dans un coin de la salle, parmi la foule, une personne fait son yoga. Tranquillement, comme si le monde autour d’elle n’existait pas, elle fait ses exercices, elle sort même un tapis de sol et se contorsionne, se détend. Mi-amusé, mi-fasciné, on la regarde faire, on l’observe s’accaparant un espace et un instant pour elle, à elle. Cette scène à la fois douce et poétique guidera notre soirée en compagnie d’Half Moon Run et de Leif Vollebeck. C’est au second que revient la tache d’ouvrir la soirée. On ne le connaissait pas vraiment avant ça, mais on a gardé sa musique dans un coin de notre tête depuis. Aussi proche de la soul que de Bon Iver, le garçon nous a chanté l’amour tendre, le cœur ouvert, derrière son synthé ou sa guitare, le canadien aura enchanté le public présent tôt, reprenant avec lui le rythme de ses chansons. On notera pour finir une superbe reprise de ce bon vieux Kendrick Lamar qui nous aura filé une bonne dose de frisson.

Les lumières se rallument et lorsqu’on regarde en direction de la scène, une chose nous marque : que ce soit au niveau des instruments présents sur scène et des installations lumières qui les entourent, on prend conscience d’une chose : Half Moon Run a franchi un gros palier depuis notre dernière rencontre scénique avec le quatuor. Cette idée ne mettra pas longtemps à s’affirmer dans nos esprits : les lumières sont puissantes, le son est très propre et le show est carré. On sent qu’avec ce troisième album, Half Moon Run a envie de conquérir le monde. Et le set de ce soir-là sera à l’image du son produit sur A blemish in the great light : plus direct, plus puissant, plus intense. Mais attention : cela ne signifie pas qu’ils ont renoncé à la douceur pour l’efficacité, bien au contraire. Dylan, Isaac, Conner et Devon restent ces garçons sensibles, habités, poétiques, qui en une note nous emmènent dans leur univers aux harmonies vocales folles, à la tension palpable et à l’émotion toujours présente au centre de leur musique.

En plus d’une heure trente, ils auront exploré avec bonheur un répertoire devenu aussi imposant que divers. Impossible de résister aux anciennes chansons, Sun Leads Me On restant un monstre de tendresse qui nous fait dresser les poils, Call Me In The Afternoon une pop song sublime, Drug You un vrai voyage épique et Full Circle, une pépite qui nous a fait tomber amoureux du groupe et qui nous fait toujours le même effet sept ans après. Mais c’est définitivement du côté des nouveautés que notre cœur a penché ce soir là : Then Again est superbe, Favorite Boy est un hit et Flesh And Blood, notre chanson favorite de leur dernier effort nous met les larmes aux yeux. C’est pourtant à travers Razorblade, titre imposant qu’on imaginait mal transposé en live que le groupe nous emporte définitivement, le faisant encore plus évoluer en live, lui donnant corps et âme comme on ne pensait pas qu’il était possible de le faire.

C’est donc un show exquis que nous auront offert Half Moon Run, prouvant une nouvelle fois tout leur talent et leur savoir-faire. On sort de la salle et c’est une pluie battante qui nous accueille, mais c’est le sourire aux lèvres qu’on remonte le boulevard Rochechouart, ravi de ce moment précieux avec Half Moon Run. Les retrouvailles auront vite lieux, puisqu’on sera à leur date de mars au Grand Mix de Tourcoing. Le rendez-vous est déjà pris.

Photos : Inès Ziouane.