Cette année, Steeve Lacy a fait une entrée remarquée dans la lumière. Déjà repéré avec sa Steve Lacy’s Demo en 2017 et bien connu des fans de The Internet, le garçon s’est offert un cadeau particulier pour ses 21 ans : alors que certains ne pensent qu’à se prendre une cuite monumentale, lui a sorti le brillant Apollo XXI. C’est donc avec sa navette sous le bras que ce spationaute musical a débarqué à La Cigale en novembre pour éblouir son monde. Et autant le dire : Houston, il n’y a eu aucun problème.
Autant le dire de suite : oui, l’album de Steve Lacy nous a profondément marqué cette année et entre avec facilité parmi les meilleurs albums qu’a compté 2019. C’est donc avec énormément d’attentes que nous nous dirigeons vers La Cigale pour sa date parisienne. Et il faut croire qu’on n’est pas les seuls puisque la salle bruisse de ces discussions d’impatience et de cette fébrilité propre aux petits événements en devenirs. Et un petit événement, il en était question ce soir-là puisque c’était le premier concert solo de Steve Lacy en France. Un événement attendu autant par le public que par le petit monde de la musique puisqu’on a vu passer devant nous Philippe Katerine et L’impératrice notamment. Sur les coups de 21h, les lumières s’éteignent et la star du soir fait son entrée sur scène pour un show à son image : lumineux, passionnant et tout simplement hors norme.
C’est dans une formule à deux que Steve Lacy a décidé de partir en tournée : lui et sa DJ. Un peu frustrant mais finalement tout à fait logique pour le jeune garçon aussi fan de jazz que de hip hop. Cette déclinaison scénique lui permettra ainsi d’évoluer à son aise sur scène, lui qui ne tient clairement pas en place arpente ainsi la scène, sourit, brille. Le spationaute se fait comète, mais jamais supernova, tant sa lumière ne s’éteint jamais. Une étoile est née et elle brille fort. Cette liberté de mouvement lui permet aussi d’alterner avec bonheur entre la basse, la guitare et le synthé, lui offrant le choix des armes selon la chanson. Et des chansons, il en a un paquet de formidables dans son chargeur.
Apollo XXI était conçu comme un voyage, une épopée avec ses chapitres, ses interludes et ses histoires qui se répondent et vivent les unes avec les autres. Steve Lacy a pris le risque de développer son concert autour de cette colonne vertébrale en en reproposant une relecture scénique qui suivait la trame de l’album. C’est donc dans l’ordre de la tracklist que le concert se joua avec une entrée en manière monumentale portée par Like Me, Playground et l’exceptionnelle (et vraiment trop courte) Basement Jack. Le garçon n’hésite jamais à interpeller la foule, à leur demander de laisser leurs portables dans leur poche pour profiter de l’instant présent. Une petite réussite, la foule répondant présente et nous avec. On est ébloui par l’émotion qui se dégage d’In Lust We Trust et surtout de la magnifique Love 2 Fast qui montre tout le talent et toutes les intentions du garçon de Compton. Amanda’s Interlude le voit s’éclipser de scène le temps de changer de tenue pour revenir interpréter les derniers morceaux de son Apollo XXI avec la superbe N Side et une Outro Freestyle/4ever qui joue vraiment avec malice des genres et de son format. Le voyage se termine mais Steve Lacy n’a pas l’intention de s’arrêter là, nous offrant au passage un inédit intense qui vit la foule se retourner avec de plonger dans sa Steve Lacy’s Demo pour interpréter les fabuleuses Ryd, Some et Dark Red. Les lumières se rallument et on a vraiment cette sensation d’avoir assisté à un petit événement , l’avènement d’un futur grand de la musique et d’avoir eu le privilège de l’avoir vu dans une salle à taille humaine telle que La Cigale. Il est certain que cela ne se reproduira sans doute plus. Steve Lacy est finalement déjà grand.
Photos : Céline Non.