2019 est encore dans le rétroviseur, la rédaction de La Face B a donc décidé de partager avec vous les albums qui ont fait battre nos coeurs au cour de l’année 2019. Chaque rédacteur a donc choisi un album qui aura marqué son année. Voici la première partie des coups de coeur de La Face B avec The Murder Capital, Toro Y Moi, Carla dal Forno et Ninho.
The Murder Capital – When I Have Fears (Clémence)
Août 2019. Un vent violent quittait les côtes irlandaises pour atteindre les nôtres. Sous l’égide des cinq meurtriers dublinois, When I Have Fears s’offrait à nos terres. Le creux des reins suintait, les tempes luisaient, les joues accueillaient des perles de pluie et en trois quarts d’heure à peine, ma carcasse avait remué dix fois. Quand l’urgence prend au corps, l’émotion à la gorge, il ne reste plus qu’à se laisser aplanir sous le poids massif des grattes, écorcher par le piano rustique de How The Streets Adore Me Now, périr au contact des quelques cordes timides fredonnant leurs plaintes. Alors, les lèvres encore scellées, je me questionne… Quels mots pour traduire ceux tourmentés de James McGovern ? Comment refléter la férocité de More Is Less ? On Twisted Ground se conte-t-il sans lâcher une larme ? L’oeuvre Post-Punk, mêlant de front et sans pudeur rudesse et fragilité, sera miroir de l’âme de son auditoire ou ne sera rien. Ainsi, en cette journée d’été, nombre de femmes et d’hommes ont allègrement sombré, permettant à The Murder Capital de se hisser au sommet des plus belles surprises clôturant la décennie. Janvier 2020. La platine ne cessera donc sa course
Toro y Moi – Outer Peace (François)
« Chaz Bundick je t’aime« , voilà, une déclaration d’amour à la personne plus connue sous le nom de Toro y moi, cela fait déjà plus d’une décennie que l’artiste et producteur américain nous régale avec ses projets, et c’est en 2019 qu’il nous gratifie d’une friandise musicale avec Outer Peace.
Titre phare de l’album Ordinary pleasure nous offre un groove incandescent qui te fait perdre le sens de tes jambes, comme il le dit si bien on “maximise le plaisir” avec ce morceau chaloupé.
La palette de l’artiste révèle des ambiances et des techniques très différentes, parfois plus profond avec Baby Drive It Down qui nous emmène dans une autre dimension, parfois rappé avec Monte Carlo, on retrouve également la voix fluette et sensuelle d’ABRA sur le morceau Miss Me, une artiste qui nous manque beaucoup depuis son dernier projet solo ROSE sorti en 2015.
Cet album est terriblement contemporain mêlant tout ce qui se fait de mieux de nos jours, une énergie communicative cadencée par une musique électronique à la production léchée, des mélodies entêtantes et surtout une musicalité aux frontières inexistante et qui incite à un voyage permanent, ce disque donne le sourire tout simplement.
Merci donc Toro y Moi de nous permettre de nous déhancher sans aucun style en pensant qu’on en a, quelle délivrance !
Carla dal Forno – Look Up Sharp (Héloise)
L’australienne Carla dal Forno vit à Londres après avoir passé du temps à Berlin. C’est dans la capitale britannique qu’elle a conçu son deuxième album Look Up Sharp captivant successeur de You know What it’s Like et sorti sur sa propre maison de disque, Kallista Records.
Ce dernier opus est personnel, d’une beauté froide et envoûtante aux illustrations sonores nuageuses. On la suit dans un brouillard hypnotique coldwave aux influences post punk et ambiant. A l’écoute de l’album on pense à the Cure, à Massive Attack, à Brian Eno… mais la fusion de tout ces genres crée une identité sonore bien à elle et ce deuxième album confirme sa place parmi les compositeurs/trices électronique les plus importantes du moment.
Ninho – Destin ( Pierre)
Un des projets les plus attendus de l’année, encore plus parce qu’il est arrivé tôt dans l’année. Destin de Ninho était attendu au tournant, annoncé comme l’album de l’année par le rappeur lui même dans Binks to Binks partie 6. Les espérances étaient donc gonflés à bloc, surtout que 2019 a vu de gros noms revenir sur la scène (Nekfeu, PNL) et d’autres artistes confirmer avec des projets plus que réussi (13Block, Zola,…). Mais Ninho a su confirmer et dès l’introduction : Sans Peine.
On ressent directement ce qui fait la force du rappeur : sa motivation et son authenticité. Deux notion très importantes dans le milieu du rap actuel où la concurrence est rude. D’autres morceaux très trap viendront renforcer cette idée (NI, Goutte d’eau,…)
Ninho a réussi à se diversifier. Il a proposé des morceaux calibrés qui peuvent correspondre à chaque étape d’une année. Ce qui fait que peu importe le moment, il y aura surement du Ninho dans votre playlist. De plus, il a su s’entourer d’artistes collant bien à son univers et à la proposition musicale qu’il a décidé de délivrer. Les têtes d’affiches du rap actuel sont présentes, Koba La D sur le très énergique La vivance, Niska sur le tube Maman ne le sait pas, Jul, comme on a rarement l’habitude de le voir, sur le mélancolique Jusqu’à minuit et aussi la douce voix de Dadju sur Jamais, un son de lover qui ne joue pourtant pas la carte de la facilité. Car malgré sa facilité à s’adapter sur des instrumentales différentes, Ninho garde la même hargne dans ses lyrics, faisant de lui un rappeur à l’énergie unique. D’autres invités sont proposés comme Fally Ipupa qui rentra hommage aux racines congolaises du rappeur avec A Kinshasa, le rappeur Tito, délivre un couplet tranchant sur Zéro Paluche et la chanteuse Faouzia vient ajouter une touche de douceur sur le surprenant Money. Car oui, Ninho a encore réussi à surprendre et être là où on ne l’attends pas forcément, comme sur le morceau L’ancien. Le tout a été livré avec une communication digne des plus grands, stade que Ninho a atteint tout en gardant ses valeurs et ses objectifs. Ce qui lui a permis de livrer un album aux univers variés, mais sans non plus perdre l’auditeur.