2PanHeads : « On se prend la tête mais en décalé »

Alors que le duo dévoile aujourd’hui leur deuxième EP Moscow & Jerusalem, La Face B en a profité pour leurs poser quelques questions. Nous avons parlé d’identité musicale, d’auto dérision et de ville utopique.

La Face B : Bonjour 2PanHeads… mais qui êtes-vous ?

2PanHeads : Salut ! On s’appelle Rod et Canton, on vient de Lorraine. On est pote de longue date, on se considère un peu comme frangins en musique, car ça doit faire 15 ans qu’on en fait ensemble.

LFB : Et comment résumeriez-vous votre musique en trois mots ? 

2PH : Rave And Roll (Rires)

LFB : Vous nous offrez votre deuxième EP. On sent une réelle cohérence entre les morceaux par rapport à votre premier EP Suprematism, où il y a des titres plus à part comme Hopeless Song. Avez-vous réfléchi, choisi, cette homogénéité ? 

2PH : En effet cet EP on l’a pensé comme un EP concept. On avait besoin de neuf alors on s’est isolé deux semaines en Bretagne pour écrire quatre titres qui traversaient une histoire qui reflète un peu nos vies. Çà nous semblait mieux de faire ca plutôt que de lier de vieux morceaux qu’on joue en live. C’est ce qui nous ressemble le plus.

LFB : Justement, en parlant du live, ce qui est fort dans cet EP est la concrétisation de votre identité. On retrouve cet aspect très cadré, quasi-mécanique avec des sonorités plus vibrantes, plus dansantes. On le voit très bien sur scène avec le décalage entre Rod et Canton. Quelle place accordez-vous à la scène ?

2PH : La scène est pour nous le plus important. C’est le point de départ.

Rod : C’est un espace toujours serein, où on se sent en plein euphorie. Tout est vrai.

Canton : C’est là où tout existe, un vrai espace de liberté, dans lequel on s’échappe de nos conditions habituelles. Une transe. On part du principe que la scène est devenue fondamentale au projet.

LFB : Exactement ! Quand on vous voit sur scène, on est frappé par l’énergie qui se dégage, on a l’impression que vous jouez (littéralement) vos vies. Puis il y a des vidéos qui vous entourent qui nous transportent directement dans votre univers. Est-ce que le vjing est un parti-pris ? 

2PH : Oui ! Ca peut paraître con à dire, mais on joue un peu nos vies. Le vjing est un parti-pris important, notre Vj c’est MORSE, notre grand copain. Il y a encore une histoire de fraternité, d’autant plus qu’on a toujours vécu à travers ce rapport entre le son et l’image, quand Canton a fait les Beaux-Arts par exemple. 

LFB : Pour revenir à l’EP, on retrouve ce côté décalé sur la pochette de l’EP, que pouvez vous m’en dire ?

Rod : On adore cette ambiguïté, on ne sait pas si vous vous prenez au sérieux ou pas… Là où il y a ambiguïté, il y a réflexion, donc on travaille que cet aspect, même dans le visuel.

Canton : Ce côté décalé dans le visuel, on le doit à un jeune photographe que j’aime beaucoup, Pierre to pire. Cette image représente tout. Il y a cette idée de mouvement avec un musicien dans le métro. Alors, on s’identifie puisqu’on se trimbale 120 kilos de matos pour jouer dans une petite salle. Ça représente beaucoup d’énergie, qui peut-être dangereuse si on se prends trop au sérieux. Et ce musicien qu’on voit sur le visuel, ça nous fait aussi penser à notre home studio. (Rires) On se prend la tête mais, en décalé.

LFB : Il y a aussi un décalage entre cette image et le titre Moscow&Jerusalem. Pourquoi ce titre ?

2PH : C’est l’idée que l’on se fait de la ville parfaite. Il fallait un nom de ville et on est tombé sur un truc assez poétique, on était en voiture dans les Vosges et là, on voit le panneau d’un hameau : Moscou et Jérusalem.. On a trouvé ça ouf ! (Rires). On s’est dit qu’on prenait des risques car il peut y avoir une connotation politique, alors que pas du tout, ça reste de l’ordre de l’ironie.

Canton : Je crois que ce hameau a été créé par une femme Russe marié à un israélien. 

LFB : Il me semble aussi qu’il y a l’idée d’un voyage quasi-initiatique d’un artiste qui irait dans ce lieu utopique. Est-ce que ça pourrait être une métaphore de tout travail artistique ? Cette idée de parcourir, gratter, chercher, lorsque l’on créer. Tout cela pour atteindre un idéal

2PH : Oui, c’est une métaphore ! On se demandait s’il s’agirait d’une ville remplie d’artistes, ou au contraire une ville dans laquelle on est seul, isolé. Le rite initiatique se situe là. Car parfois, les artistes agissent comme des poètes, parfois comme des commerciales mais on converge tous vers un idéal. On cherche tous notre liberté, mais est ce qu’on est libre parce qu’on a beaucoup des semblables, des pairs (des gens qui identifie ce que tu fais et envers qui tu t’identifies. En quête d’identité et d’appartenance.), ou libres parce qu’on est seuls ? Il n’y a pas de réponse mais un chemin de croix, c’est sûr. Dans cette idée de liberté il y a la pulsion de créer la musique que tu aimerais entendre.

LFB : A part à Moscow & Jerusalem, où pourra-t-on croiser 2PanHeads ?

2PH : On jouera le 27 février au Truskel, le 3 avril à l’Internationale, le 14 avril au Dublin Castle à Londres et le 17 avril au House of Parliaments à Bordeaux.

Crédit photo : MORSE