Chez La Face B, on adore les EP. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EP sortis récemment. Retour sur la scène française qui mèle les genres avec Le Noiseur, Galo DC et Bolides.
Le Noiseur – Musique de Chambre
La musique de chambre est à l’origine, une œuvre dédiée à un petit ensemble de cordes. Mais Le Noiseur a lui décidé de prendre le terme au sens premier du terme, comme il le prouve sur la pochette de son EP. Sa musique, il la fait dans sa chambre, en peignoir tranquillement. Cinq ans après son premier album, c’est donc en format court que revient le parisien. Musique de Chambre se compose de cinq titres ou Le Noiseur s’amuse à faire l’explorateur de la pop, allant chercher des intentions autant dans le hip hop que du côté des bandes originales, jouant aussi avec sa voix, entre un phrasé rappé sur l’origine du monde ou summer slow 88, se faisant plus fragile sur Aston morphine ou conteur d’un quotidien mélancolique sur Dépression Nord . Reste cependant un invariable propre à tous ces titres : mettre le mot au centre de chaque chanson. Car au final c’est là ou tout se joue pour Le Noiseur, plus que musicien, il devient poète du quotidien, amenant des images grâce au mot, passant de la liberté au spleen en un seul mot, en une seule respiration. Musique de chambre se transforme ainsi, dans le fond comme dans la forme, en terrain de jeu intemporel ou rien ne compte que de se laisser partir, emporter par le sens des mots et la grandeur des émotions. Entre lyrisme, douceur et pulsions cinématographiques, Le Noiseur effectue un joli retour en attendant un second album qui devrait arriver au cours de l’année.
Galo DC – Les Orgues
La formule d’une chanson pop est bien connue : environ 3 minutes 30, un refrain accrocher et un certains BPM pour ne pas trop froisser ou surprendre un auditeur souvent innatentif. Galo DC a sans doute bien retenu la leçon mais pour mieux la pervertir. Ainsi si les chanson qui composent Les Orgues tournent toutes autour des 3 minutes requises, chacune s’amusent pourtant de ce format pour l’amener dans des terrains inconnus. A L’ouest lance la charge avec sa basse efficace et son rythme effréné, Helium va ralentir le rythme avec sa superbe interlude à la flute tandis que Double joue sur des rythmes plus électronique et dansant avec sa guitare aussi discrète qu’entêtante. Sauvages et Izi ramène les guitares en avant pour deux morceaux plus énervés et puissant. Au milieu de tout ça, le duo nous raconte les histoires des grandes villes, des amours qui ne sont pas forcément réciproques, des soirées trop arrosées ou l’on gâche tout sans s’en rendre compte, ou la violence n’est jamais loin et ou on s’invente des moments dans nos têtes. Au final avec Les Orgues, Galo DC s’amuse, joue avec les mots, les sens et les sons, triture le tout comme des scientifiques fous qui finissent par tout faire péter. Et c’est dans ses explosions, dans ses mouvements que Galo DC trouve la réponse de sa musique qui se moque des genres et des tendances pour finalement ne ressembler qu’à elle même.
Bolides – Boys & Girls, Vol 1.
En première partie de Vidéo Club à la Maroquinerie pour défendre leur premier EP Boys & Girls, Vol.1, Bolides a sorti 5 titres aux accents rap/r’n’b. Une boite à rythmes omniprésente, de l’auto-tune utilisé avec parcimonie, des featurings bien étudiés…
Bolides c’est quoi ? Deux beatmakers, un chanteur et un entourage bien riche, comme le prouve cet EP placé sous le signe de la collaboration entre artistes émergents avec notamment Hyacinthe et James Baker. On se retrouve catapulté dans un univers à mi-chemin entre Hamza et Nelick qui nous emporte en plein soleil, pendant les vacances, à chiller sur un transat avec une bière bien fraîche à la main dont les gouttes de condensation viennent rafraichir l’atmosphère chaude. C’est un peu l’effet de l’EP : cinq perles désaltérantes, légères avec des sujets abordés plutôt classiques : les soirées, les chassé-croisés entre filles/garçons. On retiendra surtout le duo avec Ehla, la soeur de Clara Luciani, qui propose un jeu musical du chat et de la souris agrémenté d’une petite touche d’humour.
Un EP plutôt lisse et uniforme, mais sans fausse note pour ce trio à surveiller.