Dans le jargon informatique, un monolithe désigne une application conçue d’un seul bloc, et dont les composants ne peuvent être séparés les uns des autres, ce qui rend sa maintenance et sa vie difficile. Tout l’inverse de la musique de Monolithe Noir, que l’on retrouve avec son nouvel album Moira sur le label Kowtow Records. Plongée dans son univers sombre et modulaire.
Antoine Pasqualini, alias Monolithe Noir, est un expatrié musical. Installé en Belgique, il nous emmène pour ce deuxième album refaire une balade dans les contrées électroniques que sont ses compositions. Adepte des collaborations, il a fait le choix d’intégrer Rozi Plain, Peter Broderick et elsie dx sur cet opus afin de d’éclairer sa musique de tons nouveaux. Le résultat s’en trouve enrichi et ces protagonistes s’inscrivent magnifiquement dans sa démarche.
L’ambiance est particulière, parfois angoissante. Pourtant Moira s’écoute très bien en travaillant, ses variations lentes et graves permettant de rester concentré.e. On aime particulièrement la construction des morceaux, avec des synthétiseurs éthérés qui permettent aux pensées de s’articuler librement pendant de longues minutes sans interruption. Les nappes nous dévoilent des univers de tension et de mouvance, voyageant dans des espaces à la fois dématerialisés et extrêmement denses. En toute honnêteté, on avait un peu peur que l’album ne soit accessible qu’à un public de niche, mais on se rend compte au final que les titres s’écoutent aisément. Les collaborations mentionnées en début de chronique y contribuent largement, en apportant une présence humaine par le chant. Ce sont les morceaux qui nous ont le plus marqué: Rozi Plain donne un éclairage planant et vaporeux, presque irréel, là où Peter Broderick semble nous raconter une histoire, dans un registre beaucoup plus suave. Enfin, la conclusion de l’album, Dots, nous emmène vers les rêves et s’éteint dans une ultime montée synthétique.
Par son intensité, Moira prend des airs très cinématographiques voire vidéoludique. Ce trait nous donne très envie de voir ce que peut donner une restitution live de ces morceaux, et la scénographie associée car on imagine une infinité de visuels intrigants et solennels pouvant accompagner la musique de Monolithe Noir.