En novembre 2019, Penelope Antena est partie aux états unis pour présenter son premier album. De la musique donc, mais surtout des rencontres à travers son Antelope Tour américain. C’est à travers ce prisme humain que Penelope a décidé de nous raconter son périple, nous offrant un carnet de bord intime de ses personnes croisées sur la route. Pour ce troisième épisode, on se rend au Club Garibaldi de Milwaukee à la rencontre de Brendan.
En avril dernier, en manque d’inspiration, un peu sur un coup de tête, je suis partie seule à Chicago. Là bas, j’ai rencontré Woody du groupe Vulfpeck. On a connecté et beaucoup partagé. Après mon départ, il m’a mis en relation avec un ami musicien qui comme moi, un peu sur un coup de tête, venait passer l’été à Paris, seul et sans trop savoir ce qu’il venait y faire. Seulement, j’habite loin de Paris, loin de tout en fait! Alors quand j’ai reçu un message de Brendan me proposant de se rencontrer et de faire de la musique ensemble, je l’ai invité à me rejoindre.
Parfois,(rarement) dans la vie, on rencontre des gens vraiment comme nous, des âmes sœurs qui comprennent et vivent la même chose, même si c’est sur un autre continent.
Brendan, comme je l’aurais fait à sa place, n’a pas hésité, n’a pas eu peur. Il est monté dans un train vers Montpellier, puis à un pris un bus d’une heure, puis un autre bus jusqu’à ma petite montagne au bout du monde. Et directement j’ai su qu’on allait bien s’entendre.
Le soir même, nous avons commencé à écrire de la musique dans mon studio, à parler jusqu’au matin, à rigoler et après quelques jours il a finalement laissé l’appartement qu’il louait à Paris, pour s’installer chez moi, créer et s’inspirer de cet endroit qui a vu naitre Antelope et de tout le mysticisme qui l’entoure.
C’est Brendan qui un matin, déjà chaud en Juillet dans le sud, m’a dit en se servant un café, que ma musique toucherait les américains et que j’y avais ma place sur la scène musicale. C’est lui qui m’a montré comment et à qui écrire pour trouver des dates. C’est aussi lui qui m’a rappelé qu’une fille qui écrit, chante, produit, mixe sa musique seule, sans l’aide de personne, méritait de tenter sa chance partout.
Alors nous avons commencé à organiser cette tournée du Midwest américain. D’abord ensemble en France, puis pendant plusieurs mois à distance.
J’ai lu une interview de James Blake il n’y a pas longtemps. On lui demandait qu’elle était pour lui la plus grande différence entre le monde de la musique en Europe et aux Etats-Unis : “ En Europe, les musiciens jouent des coudes entre eux. Le marché est beaucoup plus petit, alors on partage moins. Chaque artiste essaie un peu de se tailler la part du lion. On est moins enclin à donner ses bons plans quand on les a enfin. En Amérique c’est différents, les gens sont tous connectés entre eux, on sent ce rêve américain, où la réussite prévaut et chacun se présente son ingénieur du son, son éditeur, il y a cet communion, cette entraide beaucoup plus forte que chez nous.”
Pour moi cette réponse décrit parfaitement Brendan. Voilà un jeune homme, qui ne me connaissait pas il y a quelques mois, qui est entré dans ma vie, m’a pris par la main, m’a présenté tous les gens qui comptaient pour lui, a organisé une tournée dans son pays et a tout fait pour qu’elle se passe au mieux, sans aucun gain d’argent à la clé (évidemment… les tournées DIY, ça coute, ça ne rapporte pas).
C’est aussi comme ça que je décrirais mon voyage. Le rêve américain. Plein de musiciens qui jouent tous les soirs de la semaine, qui sont en studio le reste du temps. Cette soif de réussir à vivre dignement de son art.
Je crois que c’est notre plus grand point commun avec Brendan. On n’a pas grand chose à perdre à essayer finalement. Au pire on aura de beaux souvenirs à raconter à nos enfants.
Et c’est ce qu’on s’est dit ce soir là à Milwaukee, dans la voiture pour rentrer avant mon vol vers la France. Cette tournée, c’est un magnifique souvenir qu’on s’est offerts. La fatigue, le froid, le matériel lourd à porter, tout ça on l’oubliera vite. Ce qui restera c’est l’aventure! C’est la scène, les gens, la musique.
La neige tombe fort devant chez lui à Chicago. La voiture vidée, on se fait un thé et se pose sur le canapé dans son grand salon rempli d’instruments de musique. Un dernier gros hug, je pars trop tôt demain matin, je ne veux pas qu’il se réveille avec moi.
J’espère revenir bientôt, mais Brendan prends mes mains dans les siennes et me dit que non! Qu’il faut espérer qu’on se retrouve sur un autre continent pour une nouvelle tournée!
Merci à tous les gens que j’ai rencontré, qui ont sans le savoir changé ma vision de la vie.Merci à KowTow Records, d’avoir cru en cet album et de l’avoir fait vivre. Et si celui-ci a été écrit dans la plus grande des solitudes, je sais que le prochain sera rempli de collaborations!
Brendan, you’re my person. Thank you. Sorry J, Grammy’s after party.