MNNQNS : « Body Negative est un album de pop »

Il faut être honnête, chez La Face B on est parfois un peu lent (ou un peu feignants, on vous laissera décider). On avait croisé la route de MNNQNS en septembre dernier pour la réouverture du Grand Mix. Alors qu’ils reviennent ce soir à Lille pour présenter leur premier album Body Negative, on s’est dit que le moment était idéal pour sortir cette interview. Rencontre avec le groupe de pop que la France attendait !


Photo : Céline Non

La Face B : Alors la première question que je pose toujours c’est comment ça va ?

Adrian: Tout va bien, je sais pas trop quoi répondre à ça !

LFB : J’ai une première vraie question qui est un peu étrange en y repensant : est-ce que tu connais Patrick Bateman ?

A : Pas du tout ! C’est qui ?

LFB : C’est le personnage principal d’American Psycho ! Et si je te pose cette question là c’est parce que quand j’ai vu la pochette de l’album, le nom de l’album et le nom du groupe, j’ai trouvé que ça ressemblait vachement à American Psycho.

A : Ok ! C’est quoi, c’est un vieux film ?

LFB : C’est un livre de Bret Easton Ellis, c’est une espèce de yuppie dans les années 90 qui est une espèce de sociopathe serial killer qui cache ça derrière un visage de perfection.

A : Ah ok !

LFB : Pour moi il y a une espèce de sainte trilogie du malaise entre guillemets entre le nom du groupe, de l’album et de la pochette.

A: Ouais y a un truc un peu chelou, c’est ce qu’on cherchait. On voulait un truc qui puisse faire un peu réfléchir. Pas en mode questions existentielles, c’est pas l’idée, mais juste un truc qui interpelle un peu. A priori le visage du gars n’a rien de particulièrement négatif ou quoi, mais juste le fait de voir le titre associé à ce truc là, tu te poses des questions.

LFB : Finalement il est assez vide dans son expression.

A : Bah ouais carrément c’est ce qu’on cherchait.

LFB : Justement, Body Negative, est-ce que c’est une réaction à notre époque ou une réaction à votre mode de vie ?

A : Alors, à la base c’était un peu une grosse blague pour être honnête. On était tombé sur le hashtag body positive sur Instagram, twitter et tout qui nous a fait pas mal marrer, même si c’est très bien sur le papier et que c’est une très bonne idée (après si tu fouilles, tout n’est pas top top dans ce truc là, mais on s’en fout). Mais ouais ça nous faisait marrer de tomber sur ce truc là alors qu’on était en plein dans une tournée où on s’infligeait tout les sévices possibles à nos propres corps tu vois. Et du coup on s’est dit qu’on était potentiellement pas mal body negative tu vois. Et vu que ça nous a fait pas mal fait marrer sur le moment, on l’a gardé ce truc là, jusqu’à en faire le titre de l’album.

LFB : Et justement, les gens réagissent comment quand ils voient ça ?

A : En fait, ce genre de questions on l’a eu uniquement dans les médias. Je pense que les gens qui achètent le cd ou le vinyle en physique, je suppose qu’ils ne se posent la question.

LFB : C’est votre premier album et j’ai eu l’impression que vous l’avez vraiment pris comme un terrain d’expérimentation, comme une page blanche.

A : C’est vrai. Si tu te cantonnes à des EPs pendant mal de temps, le fait d’avoir plus de temps disponible sur un album, en espérant que les gens lui accordent du temps d’écoute, car si tu penses un album sur la durée faut se dire que peut-être que les gens vont l’écouter en entier ou pas, c’est un truc à prendre en compte, surtout avec internet.
Mais ouais je pense qu’on a voulu vraiment utiliser ce truc de durée pour aller plus loin sur des structures, par exemple sortir du format pop par moment, aller sur des structures complètement éclatées plutôt que garder des trucs sur 3 minutes 30, un peu classiques.
On a pu aussi ajouter pas mal de transitions un peu électroniques, ambiant qui sont des choses qui me tiennent pas mal à coeur.
À Rouen, là d’où on vient, il y a beaucoup de groupes et d’artistes de musiques expérimentales, ambiant drone et compagnie, et donc on est souvent confrontés à ce genre de trucs qui nous plaisent. Du coup on a eu envie d’amener ces choses là dans des morceaux qui ne sont pas nécessairement expérimentaux à la base, vu que c’est censé être de la pop à l’origine je suppose. Et voilà l’idée c’était de juxtaposer ces éléments plus expérimentaux – je vais pas dire avant-garde car le mot est horrible – mais ouais plus expérimentaux, à des choses beaucoup plus accessibles à tout le monde je pense.

LFB : Vous aviez déjà une imagine très figée dans les médias – on vous avait catégorisé sur un style de musique en fait…

A: Ah ce truc un peu rock tu veux dire ?

LFB : Ouais, donc aller un peu à l’encontre de ça, c’était un truc qui vous importait ?

A : Je pense que ce truc là était vraiment important car c’est toute l’esthétique associée au rock un peu classique, ce n’est pas quelque chose qu’on défend, pas du tout tu vois.
Enfin ce truc de la veste en cuir, faire de la moto et manger des gros steaks, c’est pas trop notre sauce.
Du coup je pense que c’est important de se démarquer, quitte à en faire un peu des caisses dans les médias comme on a pu le faire, mais ouais je pense que c’est bien d’appuyer sur ce truc-là, parce que j’ai l’impression que c’est un truc qui revient beaucoup dans certains groupes actuels, ce truc du renouveau du rock. Et je trouve ça stupide en fait, ça ne sert à rien de faire un renouveau d’un truc qui a déjà été poncé, limé autant que tu veux, fin ouais, autant partir sur autre chose.

Après ça nous a servi cet article tu vois, je vais pas leur casser du sucre sur le dos, ça nous a beaucoup servi. Mais oui c’est tellement pas une image qu’on défend.

LFB : Moi je trouve qu’il y a une somme d’influences assez énorme sur l’album, parce que y a de la pop, du punk, même du hip hop dans certains endroits, des touches électroniques… comment on digère ça pour garder une structure et une ligne sur un album de 12 titres?

Grégoire : Je pense que les influences restent inévitables de toutes façons. A partir du moment où on écoute des choses et qu’on a un tant soit peu une sensibilité vers ça, ça va forcément ressurgir dès qu’on va faire de la musique, et le but c’est de trouver l‘équilibre entre garder ces influences de façon à ce qu’elles nous inspirent et qu’on ne recopie pas le truc en gros.
Du coup je pense qu ‘on a toujours fait nos morceaux d’une certaine manière, je veux dire sans se poser vraiment de questions.
Je me souviens d’un morceau qu’on avait fait et tu me disais «ouais bon ce couplet ce refrain sonne vraiment Strokes un peu», et au final je crois que c’est un des seuls qu’on a jamais vraiment abouti.
Ou alors qu’on a jamais vraiment utilisé, car tous les morceaux qu’on a fait pour l’album ou même avant, y a eu genre 5-6 versions pour chaque titres. Et en fait, pour revenir aux influences, c’est important qu’elles soient présentes mais qu’elles ne dépassent pas un certain seuil. Et de toutes façons je pense que si tu fais sans référencer un peu ce que tu fais, sans prendre appui sur tes influences, ça ne marchera pas de toutes façons. L’influence c’est comme un outil, une ligne de conduite quoi. Il y a pleins de groupes qu’on entend au début, dans leurs premiers morceaux, souvent le problème, si il y en a, c’est que l’influence est trop présente quoi, on entend encore trop les trucs qu’ils aiment. Mais le but ouais c’est de faire ce que t’aimes avec ce que tu as aimé quoi.

LFB : Moi ce que j’ai trouvé hyper intéressant dans votre album, c’est qu’il n’y a absolument aucune nostalgie.

G : Ouais de toutes façons on est pas trop nostalgiques.

A : C’est tellement un truc qui me saoule beaucoup quand les gens me disent «oh putain mais ça devait être trop bien dans les 70s», ben ouais ça devait être trop bien mais c’est passé, c’est fait, maintenant faisons autre chose. Ca sert à rien d’être passéiste à tout bout de champ, parce que c’est facile de tomber là dedans.

G : Et quand on sera vieux on dira «ah c’était bien notre époque». (rires)

LFB : Au-delà des genres musicaux, je trouve que vous prenez la liberté de vous éloigner des structures classiques de la chanson. C’est-à-dire que certaines chansons sont hyper courtes, comme d’autres qui font plus de 5 minutes, qui respirent et qui se cassent et qui reviennent… C’était quelque chose qui vous intéressait aussi cette liberté totale ?

A : Ouais carrément, comme je te disais tout à l’heure c’est aussi du au format album. Tu peux te permettre – et même tu dois le faire quelque part – de sortir de ce truc de format 3min30. Contre exemple typique : j’ai écouté l’album entier de Lady Gaga, le truc méga fat, Art Pop. Tous les morceaux sont des formats 3 min 30, FM. Et du coup pour elle ça fonctionne, mais vu que nous on est dans un créneau plus hybride entre plus indie et en même temps des choses pop qui sont censées, sur le papier, plaire au plus grand monde, c’est bien d’arriver à trouver cet équilibre entre une partie des chansons qui sont dans des formats un peu classique, et d’autres carrément renverser le truc et faire des chansons de moins de 2 minutes, ou de plus de 7 minutes si il faut..

G : Après je trouve que le morceau le plus pop, Desperation Moon, sur notre album, je crois qu’il fait moins de 3 minutes celui-là. Mais ouais moi à chaque fois je pense toujours à Nirvana, ils avaient des morceaux avec des refrains etc hyper accessibles, mais c’était souvent long comme morceaux. Tant mieux si ça dépasse et si c’est pas 3 min 30 partout.

A : Ouais je pense que c’est important. Mais ouais ça m’a limite choqué en écoutant Lady Gaga hier. T’as presque l’impression que c’est pas pensé comme un album mais comme une collection de titres qui sont streamés un par un par ci par là par des gens, et je pense que c’est déjà ça. Et vu que nous on l’a pensé comme étant un truc globlal, c’est nécessaire de passer par là pour ne pas tomber dans ce truc là de tout les morceaux sur l’album en question font 3min30.

G : Et je me demande si c’est pas 3min10 maitenant.

LFB : Ce que je trouve aussi intéressant c’est qu’il y a un vrai travail sur la voix qui varie en fonction des chansons : y a des trucs un peu plus agressifs, parfois un peu plus phrasés, rapés, des trucs comme ça, et je trouve ça vraiment cool que la voix s’adapte à la chanson.

A : Yes, bah merci, c’est ce qu’on a essayé de faire. Je pense que c’est important : j’ai presque l’impression que beaucoup des groupes actuels laissent un peu la voix de côté pour se concentrer sur ce truc d’agression des guitares, ce qui est super bien tu vois, c’est un peu le truc d’énergie primal tu vois, mais c’est tellement un élément central, ce truc de matériel vocal, que tu sois en chant lead ou avec des chœurs et compagnie, c’est hyper important. Même quitte à la faire devenir elle-même un instrument, comme c’est le cas dans le shoegaze ou des musiques comme ça tu vois, qui sont aussi des trucs qui nous ont beaucoup influencés et qui nous influencent encore sûrement. Mais ouais quitte à ce que ça devienne presque une sorte de ligne de synthé dans la manière où elle est traitée. C’est assez cool de jouer avec toutes ces possibilités là tu vois.

LFB : Tu joues avec ta voix comme tu joues avec un instrument, finalement ?

A : C’est un peu l’idée ouais.

LFB : Vous allez peut-être me contredire : j’ai trouvé que l’album était très lumineux sur certains morceaux.

G : Lumineux, tu veux dire ?

LFB : Dans la couleur musicale, je sais pas, je trouvais ça…

G : Ouais pourquoi pas, en tout cas je vois pas cet album là comme quelque chose de sombre tu vois.

LFB : Ouais c’est ça.

G : Ouais nan mais moi je suis d’accord avec ça, c’est un album de pop principalement.

LFB : C’est ce qu’on disait tout à l’heure, être un peu à l’encontre de ce qu’on attend de vous, de l’image qu’on vous a donné.

G : je sais pas ce qu’on attendait de nous, tu vois. (rires)

A : Je sais pas non plus, moi un peu la sensation que les médias amenaient le truc en mode qu’on se tournait vers du punk ou des trucs super dark.

G :J’ai cru sentir ça un peu, mais ça n’a jamais été l’ambition.

LFB : Bah c’est ça, quand tu faisais des recherches sur les précédents, c’est l’image qu’on vous donnait. Si tu gardes les articles qui sortent, y a beaucoup de gens qui sont choqués en mode «putain ils font de la musique un peu joyeuse, rythmée…», je pense que les gens s’attendaient pas à ça.

G : Peut-être ouais, mais c’est toujours dur de juger la perception des gens et ce qu’ils vont dire après sur ce qu’on fait ça définit même l’appréhension que les gens vont avoir, ce qu’ils vont entendre tu vois. Si tu y vas en mode «ah ouais j’ai vu que ce truc c’est un gros groupe de punk, qu’ils cassent tout sur scène machin» et qu’en fait c’est hyper pop, je pense que oui en réalité y a un décalage. Je sais pas moi je pense pas, on a jamais été un truc très vénère. Après on aime bien mettre de l’énergie dans ce qu’on fait quoi. Moi je nous vois plus comme des mecs un peu débiles, que des mecs un peu sombres. (rires)

LFB : Y a deux balades sur l’album : est-ce que vous êtes des gens sentimentaux ?

A : Ah oui, complètement sentimentaux.

G : On vit une véritable bromance entre nous 4 depuis au moins 2 ans. on est limite amoureux l’un de chacun d’entre nous.

A : On se l’est pas encore dit ! (rires)

G : C’est parce qu’on l’est pas encore complètement. C’était quoi la question ? ah oui, je pense. Marc t’es un sentiment? Félix aussi ? Yes on l’est tous un peu.

LFB : Sur le live, puisque vous êtes reconnus pour être assez monstrueux en live. Je vous ai vu à Rock en Seine, pas cette année, mais l’année d’avant, car cette année vous jouiez en même temps que We Hate You Please Die et mon cœur a tranché. Est-ce que cet album là permet d’apporter des nuances sur le live au niveau des émotions qui se dégagent ?

G: En fait le truc c’est que ces morceaux de l‘album on les joue en live depuis que bien avant que l’album sorte au final. Ça fait super longtemps qu’on les joue. Donc je sais pas quoi répondre à ça : est-ce que ça a apporté autre chose ? Je pense que oui, mais maintenant je saurais plus dire quoi car c’est devenu notre set depuis plus d’un an en fait. Mais je sais pas, c’est peut être technique, mais le fait qu’il soit sorti va changer le truc car il n’y a pas que nous. Il y a les gens qui viennent voir le concert qui font le concert aussi. Et du coup je pense que si déjà ils peuvent venir en connaissant déjà les morceaux ça changent des trucs aussi. Et puis si nous on en a conscience, on va changer notre façon de le jouer, même si c’est pas beaucoup tu vois.

A : C’est sûr qu’en termes d’intention et tout, le fait d’avoir à notre disposition les balades dont tu parlais tout à l’heure, ben y a une qu’on joue qui est Limits of Town ça permet carrément de faire des respirations dans le scène. Sinon c’est très souvent boum boum sans arrêt.
Du coup c’est pas mal d’avoir ce trucs là à disposition, et là on commence aussi à amener des trucs différents. Je te parlais des transitons sur l’album, bah c’est des trucs qu’on essaye d’amener progressivement dans le set. Là notre nouvelle intro de concert, c’est un truc qui est construit uniquement autour d’oscillateurs électroniques, des trucs que marc utilise, ainsi que des percussions un peu chelou.. ça c’est des trucs qui font déjà partis des morceaux qu’on joue sur scène. mais le fait de pouvoir jouer quasiment des phases entières uniquement centrées sur ces trucs là, ça permet carrément de donner une autre dynamique au set plutôt que faire un truc rock super classique où t’as chanson 1, 2 , 3, où ça tabasse tout le temps. Je pense que c’est bien de pouvoir faire ça. Y a des groupes qui font ça vachement bien, je pense à des groupes genre Deerhunter en particulier tu vois, qui ont vraiment cette science de faire des parties où ça part très très très loin, où ça joue super fort et que c’est vraiment la guerre, et après t’as toute une plage ambiant, psyché, avec de la texture, c’est hyper riche musicalement.

G : Le pire c’est qu’ils s’adaptent facilement en plus. Il y a des concerts où il se passe des trucs où le bassiste pète une corde dès le début, genre c’est un peu la merde, mais en fait les autres jouent toujours, ils changent le set direct ça marche. Fin tu te dis c’est ouf, ça parait si simple à faire.

LFB : Par rapport au live, niveau matos, j’ai l’impression qu’il y a certains titres qui ont des constructions avec des instruments qui sont très divers, variés et tout ça. C’est pas trop compliqué de ramener tout ça ?

A : Tu veux dire les trucs qu’on a fait en studio, comment les reproduire ? Bah en fait c’est un peu l’inverse. On a adapté les choses qu’on jouait live. Comme disait Greg, c’est des morceaux qui sont dans notre set avant même l’enregistrement de l’album pour certains.
On a réadapté : on a profité du fait qu’on était ans un lieu tous les 4 pour amener quelque chose d’un peu neuf, plutôt que faire de la redit de nos concerts, ce qui est pas mal je pense. Et du coup ouais on a amené un peu de trucs avec des éléments étranges : y a des clavecins, des mandolines un peu cachées à des endroits, des guitares douze cordes… Et des pianos, aussi, pas mal de trucs électroniques un peu étranges.

Ça c’était un truc qui nous trottait dans la tête depuis un petit moment, pouvoir rendre un peu indéchiffrable certains sons. Est-ce que ce son qui ressemble àun synthé vient d’une guitare et inversement ? C’est un truc qu’on a essayé de faire et qui est assez cool je trouve, ce truc de brouiller un peu les pistes. Par exemple sur le deuxième morceau, Nowthatyouthoughtyouknew, toutes les parties noïse, parce que c’est un morceau qu’à la base on avait fait en version live sur l’EP d’avant où là c’était des guitares standards. Et là toutes les parties noïse sont jouées par des ptits synthés monophoniques mais qui sont passés dans des distorsions, ce qui fait que ça sonne presque comme une guitare.
Et ça j’aime bien ce truc là de brouiller les pistes en terme de son. Mais du coup ouais maintenant pour rapporter ces éléments sur scène de ce qu’on a fait sur l’album, y en a certains qu’on fait, tous les trucs un peu électroniques c’est assez pratique car on ajoute des trucs dans le board de Marc, on trouve des solutions. Après le clavecin c’est un peu compliqué sur scène.(rires) Le piano, même combat.

: De toutes façons même si on en avait, on serait pas assez pour jouer. Parce que pour le truc des cordes, notre idée c’était de mélanger le plus de cordes possibles. Après y a la même partie qui est jouée 50 fois.

: Ouais l’idée c’était de mélanger des familles de son et de leur faire jouer la même chose, à l’unisson, évidemment vu que c’est des cordes c’est jamais accordé au centième près, du coup tu crées un peu de dissonance presque des fois. Et ouais on rassemble un peu ces instruments de même famille, les cordes pincées etc, ça génère un peu cette texture un peu étrange qu’on cherchait, en particulier sur Limits of Town, c’est ce qui drive un peu les couplets.

LFB : L’album est enregistré depuis plus d’un an : est-ce que vous êtes déjà en train de penser au futur, ou là vous êtes focus sur celui là ?

G : Bah vu que l’album sort, on essaye de profiter entre guillemets au maximum de ce moment-là pour faire vivre l’album en fait. C’est important pour nous aussi de rester mentalement sur cet album-là pour vivre en même temps le truc qu’on a fait quoi. Mais évidemment qu’on pense à la suite, je pense que même si ça te rattrape pas, même si t’as pas envie d’y penser et que c’est pas le truc qui te ramène à ça, le fait que tu vas faire un autre truc après c’est qu’il y a un problème. Donc ouais on y pense, et en plus je pense que ça va être cool et en fait plus j’y pense au deuxième album, plus je vois le premier comme un outil justement pour faire le deuxième. Ça sera pas oublié tu vois tous les trucs qu’on t’a dit de format, d’influences de bidules, on va l’exacerber j’espère. Mais là on y pense quand même.

A : Never forget. (rires) On a déjà commencé à bosser sur des nouveaux morceaux en fait, et ce n’est pas drastiquement différent du premier, mais ça va effectivement plus loin. Tous les choix seront plus extrêmes sur le deuxième tu vois. C’est encore hyper neuf pour le moment, mais ouais je pense que les choses pop seront encore plus pop ; les choses noïse seront encore plus noïse. Je pense qu’on ira plus loin sur le délire expérimental avec l’électronique et compagnie tu vois.

G : Ce qui est bien sera encore mieux. Ce qui est moins bien sera encore plus nul. (rires).

A : Ça sera juste plus extrême.

LFB : Adrian j’ai déjà vu que c’était toi qui composait la base : est-ce que c’est quelque chose qui est en train d’évoluer aussi ?

A : Ouais ouais c’est un truc qui bouge ausi. Pour l’instant c’est la formule la plus facile pour nous car c’est celle qu’on a le plus roder tu vois. mais on essaye d’amener un peu de snouveaux trucs, des boucles, des choses comme ça qu’on va retravailler ensemble.

G: Après moi j’aime bien la méthode…

A : La loi (rires)

G : Les règles c’est important (rires). Je trouve que partir de ce qu’il fait, c’est quand même assez important en terme d’outil méthodiquement parlant, parce que sincèrement c’est toujours lui qui a fait les trucs, nous on est arrivés plus tard tu vois, et je trouve que comme c’est MNNQNS là, c’est bien, ça sonne bien, on s’y retrouve, et je pense qu’il faut pas le défigurer trop vite en tout cas tu vois. Il faut garder ce truc là, ça va évoluer c’est sûr, mais je pense qu’on va le presser jusqu’à ce qu’il ait plus d’idées et après on le dégagera tu vois (rires).
Je pense quand même qu’il a une façon d’écrire. C’est le truc qui m’a fait vouloir faire partie de ce groupe tu vois, au départ c’est ça, la façon qu’il avait d’écrire m’intéressait, les idées qu’il avait. Et du coup je pense que ça serait bête que, par soucis de démocratie où je sais pas quoi, faut éviter ce piège en fait de changer le truc. De toutes façons on sait tous écrire des morceaux.
Ce qui est cool c’est que y a pas de problèmes d’égos, de placement. Toutes façons y a les pourcentages de la SACEM qui sont faits pour ça. (rires)

C’est un truc que je dis jamais en interview, mais je trouve que c’est important l’identité du groupe. On sait très bien d’où ça vient en réalité. Je dis pas que nous on sert à rien, mais je pense que le truc où Adrian amène les bases, c’est un truc qui fonctionne vraiment bien, avec ce qu’il amène en ce moment on s’en aperçoit toujours de toutes façons. Et puis voilà quoi.

A : Merci mec (rires)

G : T’as encore deux ans. (rires) Il a le pouvoir esthétique on va dire, mais j’ai le pouvoir politique en réalité. Je peux décider, je suis le batteur. C’est pas moi qui emmène les filles à l’hotel… Je suis marrant et faut bien que je me trouve un truc pour exister. (rires) Je sais pas si c’est bizarre de dire ça, mais en tout cas c’est vrai, c’est un truc qui fonctionne de cette façon là, je pense qu’il faut en être conscient et continuer tu vois.

LFB : J’ai deux dernières questions : une un peu bateau et une un peu conne. La question bateau c’est : c’est quoi vos coups de coeur récents ? Pas forcément en terme de musique, un film, un bouquin;

G : Moi à part la musique j’aime rien de toutes façons. Je dirais John Fernandez, un mec de Chicago. Ça fait longtemps qu’il fait des trucs et je viens de découvrir ce qu’il fait et c’est hyper cool, un peu lo-fi, des trucs comme ça.

A : Moi dans les groupes y a Crack Cloud qui est super cool. Deeper qu’on écoute pas mal en ce moment. Squid, un truc de Brighton je sais pas si vous voyez. C’est vraiment super bien.

G : Moi y a aussi le dernier album de Ty Segall, je le trouve vraiment trop trop bien.

A : Moi j’avoue je suis un peu en train de tomber dans le truc que t’écoute tout le temps, là, Machine Girl. C’est vraiment pas mal. (rires)

LFB : Dernière question : avez-vous un petit conseil body negative pour les gens qui nous lisent ?

Collectif : On en a plein (rires)

G : Alors, vous savez qu’on vient de Rouen et c’est peut-être la ville la plus body negative du monde en ce moment même. Du coup venir boire un verre à Rouen avec nous, en mangeant quelques légumes vapeurs pendant 24h avec des cellules de Lubrisol.

LFB : Donc le meilleur conseil c’est un weekend à Rouen. (rires)

G : Mais tout de suite maintenant !