Après avoir dansé encore et encore sur le nouvel album des quatre londoniennes de The Big Moon, on a eu l’occasion de leur poser quelques questions sur Walking Like We Do. On a parlé du fait de grandir, de changer, d’affronter le monde et de consigner les sentiments dans chansons plutôt qu’en être apeuré. On a discuté des Beatles, des pad thai et de sèche-cheveux. On vous laisse trouver le lien.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Salut ! Premièrement, merci beaucoup de nous accorder du temps pour répondre à quelques questions sur votre nouvel album, Walking Like We Do. Comment ça va ?
Juliette Jackson : On se porte à merveilles, merci ! On est actuellement en tournée avec Bombay Bicycle Club, on joue dans des énormes concerts où il fait froid et on porte des grosses écharpes. On est contentes que le printemps soit bientôt là.
LFB : Deux ans après votre premier album, vous dévoilez au monde Walking Like We Do : comment on se sent quand on confie son bébé aux gens comme ça ? C’est excitant, un gros chaos émotionnel ? Ou c’est pas si symbolique que ça ?
JJ : C’est tellement excitant ! On a fini d’enregistrer cet album en mai 2019, donc on a attendu comme une poule qui couve son oeuf. C’est quand même un soulagement de le jouer devant des gens et de ne pas seulement en parler comme un projet.
LFB : Parlons un peu plus de votre album. Je trouve qu’il est un peu plus pop, peut-être plus mélancolique que le premier. Dans quel état d’esprit vous étiez au moment de la composition des chansons ?
JJ : Quand j’ai écrit le premier album, j’étais dans un état de transe amoureuse et je ne pensais qu’à ça au moment de l’écriture. Deux ans après, quand je me suis remise à composer, j’ai senti que les choses avaient vraiment changées. Le monde est devenu plus étrange et effrayant, et je me sentais impuissante donc j’ai essayé de transposer ce sentiment d’instabilité dans l’écriture. Je pense que pour nous, ça vient de l’envie d’avoir un havre de paix. J’ai foi en l’humanité.
LFB : Et quel est votre processus créatif : est-ce que la mélodie vient d’abord et vous inspire pour l’écriture, ou est-ce l’inverse ?
JJ : C’est un mélange des deux. J’ai essayé de travailler différemment et de me mettre plus à l’épreuve cette fois ci, en composant au piano, qui n’est pas mon instrument de prédilection, ou en écrivant selon la perspective d’une autre personne. J’ai travaillé beaucoup plus les textes sur cet album – j’ai l’impression que j’avais plus de choses à dire.
LFB : J’ai l’impression que votre album est plus cinématique que le premier. Je peux réellement imaginer une scène de film dans ma tête sur chaque chanson.
Soph Nathann : Ah c’est super, je suis contente ! Jules a fait consciemment l’effort de ne pas seulement composer à la guitare, pour laisser plus de places aux autres instruments et sonorités afin de créer des émotions différentes. On a pris l’habitude de composer la musique uniquement avec les instruments et pédales qu’on avaient, et c’était super intéressant de pousser les choses et ne plus nous limiter à ce qu’on savait faire. On voulait que chaque mélodie et son aient son importance, et laisser des espaces pour respirer. Je pense que plus on a d’options de compositions, plus on peut insuffler des sentiments dans ce qu’on crée. Et c’est peut-être ça qui rend l’ensemble cinématique. Jules a même ressorti sa vieille flûte pour composer l’intro de Barcelona.
Celia Archer : On avait vraiment envie d’aller plus loin avec ces chansons. Au niveau des sons, on voulait faire les choses différemment pour que ça sonne plus profondément, plus intensément, et c’est super cool que ça se ressente. Jules dit qu’elle compose parfois les chansons en regardant des clips vidéos hyper épics sans le son, peut-être que le côté cinématique vient de là.
LFB : Si je vous dit que pour moi, cet album me rappelle la fin de l’été à l’adolescence, quand tu as vécu ta meilleure vie, et que tu as conscience que ces moments ne seront plus jamais les mêmes et qu’une nouvelle page s’ouvre. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
JJ : Je pense que cet album est beaucoup centré autour de l’idée de grandir. Mes amis sont en train de changer, de déménager ou d’avoir des enfants et ça me donne l’impression d’être dans un moment crucial. C’est doux-amer. C’est cool de pouvoir consigner ce genre de sentiments dans une chanson plutôt que d’être juste angoissé et apeuré par les changements qui arrivent.
LFB : J’ai l’impression que le changement et la nostalgie sont des gros sujets dans cet album.
JJ : Le changement, absolument, mais je ne parlerai pas vraiment de nostalgie. Textuellement, je me situe à l’instant T.
LFB : Est-ce que le changement dont vous parlez (les saisons, les gens) est une forme de parallèle implicite avec le tournant de l’album ? J’ai l’impression que le premier était plus indie rock et celui-ci plus vintage pop rock.
JJ : On voulait vraiment essayer un nouveau son. Plus par un soucis de faire des choses nouvelles qui nous excitent plutôt que de rester sur des choses similaires. C’est un sentiment naturel de vouloir essayer de nouvelles choses, on aurait jamais pu faire le même album deux fois de suite. C’est aussi pour ça qu’on a décidé de travailler avec un nouveau producteur, afin d’apprendre de nouvelles choses. On sait déjà comment faire un album de rock. Je voulais faire quelque chose avec plus de profondeur et de densité qu’un album basique de rock. On a utilisé une approche « qui peut le plus, peut le moins ».
LFB : Une chanson comme Barcelona me ramène à moi à l’adolescence, avec mes Vans slip-on et Sum41 et Blink182 dans mon baladeur. Est-ce que ça vous parle ?
JJ : Haha, j’aime beaucoup l’idée que tu puisses penser à ça. Ton ressenti avec cette chanson est tien, et je ne vais pas chercher à le changer. Cette chanson me fait penser à certaine personne dans ma vie, et pour cette raison, je pense facilement pouvoir dire que c’est la chanson la plus sentimentale et émotive de l’album à mes yeux.
LFB : J’ai aussi l’impression de ressentir votre changement de cap avec la pochette des albums : la première est plus sombre, avec une impression de gueule de bois environnante ; la deuxième est plus pure, avec beaucoup de blanc… C’est quelque chose que vous avez travaillé consciemment ?
SN : Oui, on y a réfléchi, et la chose la plus importante pour nous était que l’esthétique de l’album coïncide avec le sentiment qui ressortait de la musique, qui se ressent de manière assez cinématique comme tu l’as dit. On voulait quelque chose de plus profond par rapport au premier, dans pleins d’aspects, et on espère que l’artwork de l’album le reflète.
CA : Je n’y avais réellement pas pensé comme ça ! On a beaucoup réfléchi à tous les éléments entourant l’album, de l’autocollant de promo aux vinyles et aux clips. C’est l’idée de de montrer au monde ce que la chanson a pu créer, mais aussi montrer un peu plus notre personnalité, qui nous sommes, donc on fait attention à tous les détails pour essayer de faire un ensemble cohérent.
LFB : J’ai repéré quelques sonorités un peu Beatles parfois : ça fait parti de vos influences ?
JJ : Les Beatles ont inventé le schéma des groupes de rock, donc c’est impossible de ne pas être influencé par eux. Et typiquement, au Royaume-Uni, tu nais et tu connais instantanément toutes leurs chansons.
LFB : Plus globalement, qu’est-ce qui vous inspire pour votre musique ?
JJ : Absolument tout. Les livres, la télé, les films, les trucs stupides que nos amis disent, les animaux, les collines, les nuages, les sèche-cheveux, les pad thaï…
LFB : Dernière question, c’est quoi la suite pour The Big Moon ?
SN : Tournée ! Beaucoup de tournées ! On a beaucoup de concerts qui arrivent au Royaume-Uni et en Europe, et après ça sera la saison des festivals, et en suite encore des concerts. On est aussi en train de bosser sur pleins de trucs excitants pour faire patienter !
CA : Oui voilà, là on est en tournée avec Bombay Bicyle Club et on s’est réservé une petite journée de spa pour notre journée de repos ! En suite on faire notre propre tournée de concerts au Royaume-Uni et en Europe. Et après on enchaîne les festivals tout l’été et on espère pouvoir en faire dans d’autres pays. En automne on va repartir sur notre tournée et faire des dates dans tous les endroits qu’on a pu manquer ! On est super fières de cet album et on a super hâte de pouvoir le jouer au plus grand nombre possible.
ENGLISH VERSION
La Face B : Hi ! First of all, thank you so much for giving us time and answer few questions about your new album, Walking Like We Do. How are you doing ?
JJ : we are doing fabulous thank you! Currently on a uk tour with Bombay Bicycle Club, playing lots of giant chilly venues and wearing big scarves. Happy that spring is soooo nearly here.
LFB : Two years after your first album, you’re spreading Walking Like We Do to the world : how does it feel to give your baby to the people ? Is it exciting, full chaos of feelings ? Or is it just something good and not as big as a deal ?
JJ: it has been ridiculously exciting! We finished recording this album in may 2019 so we have been sitting on it for a while like chicken on an egg. Its such a relief to play it to people and not just be talking about it.
LFB : Let’s talk a bit more about the album. I felt like it was a bit more pop, with more melancholia than the first one. In which state of mind did you compose the songs ?
JJ: when writing our first album I was head over heels in love and that was all I could think about when I was writing… 2 years on when i came back to songwriting it felt like things had really changed. The world has got stranger and scarier and i couldn’t help but try and process that feeling of instability in my songwriting. I think as a whole though it comes from a place of hope. I do have faith in humans.
LFB : And what’s your creating process : is it music that comes first and then you get inspired to write on it ; or are you writer first and composer then ?
JJ: its a mix of both. I tried to work in new and challenging ways this time, writing on piano which is not my first instrument, or writing from the perspective of others. I definitely put more effort into the lyrics with this album than I ever have before – i felt like i had more to say
LFB : I feel like your new album is much more cinematic than the first one. I can truly picture a scene from a movie with each song.
SN: Ah that’s really nice, I’m glad! Jules made a conscious effort to not only write on guitar, to help create more space in the songs for different instruments and sounds to create different feels. We’d sort of got used to making music just with the instruments and pedals immediately available to us, and it was really interesting to be able to push things further by not limiting ourselves to that. We wanted each melody and sound to be considered and also have room to breathe. I guess the more options you have the more feelings you can create! Which maybe is why it feels cinematic. Jules even dug out her old flute which made it onto the intro of Barcelona.
CA: Yeah I think we definitely wanted to bigger with these songs. Sonically we wanted to make things that sounded big and bold and deep and wide so it’s really nice that that has come across! Jules says she sometimes writes songs while watching epic music videos on mute which maybe adds to that cinematic feel?
LFB : If I tell you that, for me, the album reminds me of the end of summer when I was a teenager, when you had the time of your life, and you’re conscious that all these moments are gone for ever, and a new chapter is coming… How would you react ?
JJ : i think a lot of this album is about growing up. My friends are changing or moving away or having kids and it does feel like a poignant moment. Its bittersweet. Its nice to be able to record those sorts of feelings in songs rather than just worry or feel fear of whats changing around you
LFB : I feel like «change» and «nostalgia» are a huge subject on this album. What do you think about it ?
JJ: change definitely, but i wouldn’t say nostalgia. In fact lyrically id put it right in the present moment.
LFB : Is the change your talking about ( seasons, people) is kind of an implicit parallel with the turn of your new album ? I feel like the first one was more indie rock and this new one more of a vintage pop rock.
JJ: we really wanted to try a new sound. More because we want to do things that excite us rather than more of the same. Its a natural human urge to try new things, we could never have just done the same album twice. Thats also why we worked with a different producer- so we could learn new things. We already know how to record a rock album. I wanted to make something that had more depth and width to it than a basic rock album. We took a less is more approach.
LFB : For instance, songs like Barcelona really reminds me young me in Vans slip-on listening to Sum41 and Blink182. Am I completely wrong or can you picture the feeling I have with the album ?
JJ: haha. I like that is makes you think of that. Your story with the song is your story, I’m not gonna change that for you. It has very specific people in my life that it makes me think of, and for that reason its easily the most sentimental and emotional song on the album for me.
LFB : I also feel the change when I see the two covers of the first one : the first one was more dark, feeling like the end of a too much alcoholic party ; the new one is more pure, more white… Is it also something you thought about ?
SN: Yes we thought about it for sure, the most important thing was that we wanted the aesthetic of the record to suit the feel of the music, which feels cinematic, like you said, and also bigger and bolder than the first in lots of ways, so hopefully the artwork mirrors that!
CA: I totally hadn’t thought about that! We put a lot of thought into everything that we create from the stickers on the vinyl to the videos we make. It’s all about adding to the world that the songs have built as well as showing more of who we are and what we’re like so we pay a lot of attention to detail and try and make everything cohesive.
LFB : I heard a bit of The Beatles sometimes in your songs : is that part of your inspirations ?
JJ: The Beatles basically invented the rock band framework so it would be literally impossible to not have been affected by them. In the uk, you are born and you instantly know all their songs.
LFB : More generally, what inspires you ? (in music, art, cinema…)
JJ: literally everything. Books, tv, movies, stupid things friends say, animals, hills, clouds, hairdryers, pad thai
LFB : Last question, where are you «walking» to ? What’s next for TBM ?
SN: Tour!! Lots of touring. We have headline tours coming up in the UK and Europe, then it’s festival season and then some more touring! We’re working on lots of exciting things that’ll fit in the gaps too.
CA: Yes right now we are on tour with Bombay Bicycle Club and have booked ourselves a nice spa for our day off! Then we’re heading out on our own headline UK & Europe tour. Then it’s festivals all summer and hopefully making it out to a few other countries. Then Autumn we’ll probably head out on tour again and hit all the places we missed this time round! It’s gonna be a really great year. We are so proud of this album and we can’t wait to play it to as many people as possible.