A l’image de son dernier album, Angel Olsen a délivré une performance scénographique magistrale à la fois sombre et légère. Bien évidemment, La Face B était bien présente pour vous faire partager ce moment exquis.
Les indices ne manquaient pas hier soir : une salle blindée dès la première partie et des cris d’impatients témoignent de la popularité grandissante de la chanteuse américaine. Il faut dire que les albums s’enchainent sans aucune fausse note. Le dernier en date, All Mirrors, fut certainement l’un des meilleurs de l’année 2019, tout genre confondu. A la Cigale, ce samedi 8 février, Angel Olsen a confirmé qu’elle était aussi capable de se subjuguer sur scène.
Comme prévu, la tournée autour du dernier album est tout aussi savamment orchestrée. Angel Olsen et sa troupe qui l’accompagne, débarque sur scène, tout de noir vêtu, sur les premières notes de synthé de l’inquiétant All Mirrors. C’est ainsi que le set va se décomposer en trois parties distinctes. La première met en valeur l’ambiance du premier album : les chansons s’enchainent sans coupure et sans discontinuité. Pas de répit pour retenir notre souffle. L’atmosphère partagée est dès le départ anxiogène et grave.
Il faut dire que les thèmes abordés le sont : le doute, le chagrin et la fatalité. Cet univers assez dark n’en est pas moins sublime et sublimé par la qualité instrumentale qui s’est parfaitement transposée sur scène où tout a été impeccablement mis en valeur : les cordes dramatiques (une violoniste et une violoncelliste présentes sur scène) sur All Mirrors, le synthé rêveur sur Spring, les guitares enjoués de Summer ou encore la batterie ravageuse de Lark quand Angel Olsen s’écrie « DREAM ON ! ». Cette mise en scène musicale à l’américaine réunit les meilleurs ingrédients pour captiver et émerveiller les spectateurs.
Les musiciens passent néanmoins souvent dans l’ombre des projecteurs pour laisser à la lumière la pièce maitresse de ce show : la voix exaltante de l’auteur-compositrice américaine. Sa voix, si flexible, sait jouer sur toutes les tonalités : tantôt forte et imposante, tantôt fragile et suave. C’est ainsi qu’on retrouve avec délice ce moment intimiste entre la chanteuse et son public sur la délicate piste Tonight. Enfermés dans cette bulle, il nous est impossible de détacher son regard devant cette prestation envoutante.
Après ce doux instant, Angel Olsen communique enfin avec la foule avec une légèreté étonnante et conviviale. La deuxième partie commence alors : entre confidences et anciens titres, le concert prend une allure d’hommage et de partage sur les succès qui ont fait la réputation de la chanteuse. Assez rapidement, elle s’amuse en acceptant de jouer une piste non prévue quand un spectateur lui réclame avec un accent anglais à améliorer : « Sissssterree ! ». Ce concert à Paris devient alors unique dans cette tournée, d’autant plus que l’ajout des cordes sur Sister se mélange parfaitement avec l’univers de All Mirrors.
L’artiste a su créer très vite une connexion amicale avec son public parisien. Entre chamaillerie avec son guitariste et l’envie de baguette (un spectateur lui offrira une à la fin du concert !), on passe un agréable moment à l’écouter parler et plaisnater. L’énergie musicale reprend avec l’incontournable Shut Up Kiss Me qui débute par un fou rire de l’artiste et Forgiven/Forgotten. S’ensuit « mon petit » Acrobat qui devait être jouer plus tôt. Ce titre nous permet de replonger dans sa période lo-fi à ses débuts.
La dernière partie du concert sera marquée par des ballades classieuses, tout d’abord avec Windows de l’album Burn Your Fire dont sa montée dramatique nous a fait chavirer. Assez logiquement, on retrouve ensuite Endgame qui est une conclusion à l’odyssée de All Mirrors : être compris et s’entourer par les bonnes personnes. Mais Angel Olsen avait encore du souffle pour nous offrir à la reprise un seul et unique titre, le bouleversant Chance. Aux allures d’une ballades des années cinquante, dans un style hollywoodien, la native de St. Louis dans le Missouri délivre une prestation éblouissante où sa voix s’élance avec les cordes fuyantes. Cet instant magique est si frissonnant qu’il en est devenu le point culminant du concert. Par l’étendue de son talent, tout en élégance, Angel Olsen a encore conquis davantage les spectateurs. Désormais, on demande à la revoir au plus vite !
Crédit photos : Alphonse Terrier