ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteurs de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les cinq chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’ils viennent de dévoiler leur premier album, aujourd’hui on décode l’ADN des mystérieux Dopamoon.
Les Baxter – Hell’s Belles
Selon nous, la musique de Dopamoon est très imagée, très parlante, très visuelle, très colorée… et assez difficile à décrire. La musique de Les Baxter est aussi comme ça. C’est un compositeur de musiques de films, plus connu pour ses scores « exotica » comme 101 strings qui est génial, mais la B.O de Hell’s Belles (qui est un nanard au passage) a une B.O culte (le speech de Peter Fonda dans Wild Angels qui a inspiré Andre Weatherall pour le Loaded de Primal Scream aurait pu sortir de là) : c’est un croisement de garage soul psychédélique avec une rythmique très hip hop alors qu’on est en 1969. Tout swingue, c’est assez punk, on sent que ça a été fait très vite, mais avec les bonnes idées, c’est assez hypnotique, sexy et fun. On aurait aussi pu mettre Fido des Byrds à la place, c’est la seule chanson vraiment funky de ce groupe country qu’on adore, ça parle d’un chien et en plus il y a plein de cowbell dans le break.
Beck – Nicotine & Gravy
Ce disque est l’apogée de la carrière de Beck qui après est devenu dépressif/chiant/scientologue… mais avant de décéder spirituellement il a eu cet éclair de folie. C’est un album difficile à cerner et Nicotine & Gravy, montre bien l’étendue du psychédélisme qui l’avait atteint à ce moment là. C’est une sorte de chaos sexuellement déviant sous psychotropes, avec beaucoup d’humour et de non sens. Les compositions partent dans tous les sens, les textures passent du coq à l’âne, les paroles sont folles (« I’ll feed you fruit that don’t exist I’ll leave graffiti Where you’ve never been kissed« ), les arrangements sont extrêmement luxuriants… ça pourrait être écœurant et pourtant c’est un délicieux gang bang sonore récréatif, et accessoirement c’est meilleur album de Prince.
New Order – Bizarre Love (Shep Pettibone mix)
Une des meilleures chansons de tous les temps. Disco, new wave, techno, powerpop. On adore le côté fragile et innocent, très romantique, presque adolescent. On sent la fougue, l’envie de vivre, d’explorer. Il y a de la mélancolie mais aussi de l’euphorie, c’est viscéral. Cette version longue est la meilleure, on voudrait qu’elle ne s’arrête jamais. Tout tient sur trois accords mais le talent d’arrangement fait qu’il se passe sans cesse des choses, il y a un vrai côté roller coaster émotionnel. C’est vraiment le St Graal de la chanson parfaite pour nous.
Michel Legrand – Di-gue-ding-ding
Ce disque de Michel Legrand est complètement fou. On adore le côté léger, presque régressif comme chez DEVO, Andre Williams, ODB ou le premier Beastie Boys. On fait de la musique hyper sérieusement, mais on fait ça pour s’amuser, tester et provoquer. Dopamoon c’est vraiment de la musique irrévérencieuse pour nous. Même quand ce ne sont pas des titres francophones, Dopamoon a vraiment une touche française, évidemment il y a quelques clins d’oeil à De Roubaix ou à Gainsbourg mais c’est vraiment plus du côté de la library music qu’il faut aller chercher. On est fan du côté foufou geek de studios qui tentaient des choses comme Eddie Warner, Bernard Fevre, Jack Arel…
Hot Chocolate – Everyone’s a Winner
Avec Dopamoon on essaye de fusionner différents univers pour créer une musique composite et jouissive que n’importe qui peut aimer. On est tout sauf snob. D’une manière génerale on adore la disco comme Rock your baby de George McRae, Machine Gun de The Commodores, Shame Shame Shame de Shirley and Company, Let it Flow de Tamiko Jones… avec plein de trouvailles dans les prods et d’apparente simplicité dans le rendu. Tout le monde connait et adore You Sexy Thing de Hot Chocolate, mais Everyone’s a winner, c’est vraiment génial, une sorte de pace kraut soul disco, à la fois très pop et très experimental (avec même des pains à la guitare qui a un son incroyable). C’est vraiment une chanson magnétique, même Ty Segall l’a reprise récemment, et un peu comme le Release the Beast de Breawater samplé par Daft Punk pour Robot Rock, ça mélange plein de choses. Théoriquement ca devrait être horrible, mais dans la pratique c’est magique.