ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les cinq chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’il a dévoilé la semaine passé Freddie, premier titre de Another Short Album About Love, on analyse aujourd’hui l’ADN de Lenparrot.
Gülsüm Kamu & Ergun Özer Orkestrası- Aliyi Gördüm Aliyi
Découvrir une chanson et l’écouter de façon obsessionnelle, voilà peut-être une des sensations les plus jouissives que je connaisse. S’attarder sur tel ou tel détail, décortiquer chaque élément, en saisir toutes les subtilités. Ou simplement arriver à mettre la main dessus, comme ce fut mon cas en butant sur ce titre au milieu d’une mixtape de DJ No Breakfast. Il m’a fallu près d’une semaine (et ce avec l’aide précieuse d’une amie turque) pour retrouver le nom de la chanson et son interprète (rires).
Quarteto em Cy – Vida Ruim
J’ai découvert beaucoup de groupes vocaux brésiliens des années 60/70 alors que je composais ce nouvel album. Cela a probablement influencé de près ou de loin la place qu’a pris ma voix au fil de l’enregistrement. Délaisser ce registre haut perché au profit d’un bloc vocal privilégiant les harmonies et les contre-chants. Écrire des mélodies polyphoniques, plurielles. C’est ce qui me fascine avec des formations comme Quarteto Em Cy ou Os Tincoãs: leurs voix sont toujours centrales, indissociables. En un sens, Freddie suit exactement ce type de procédé.
Aldous Harding – Damn
Designer était mon disque de chevet dans les mois qui ont précédé la naissance de ma fille. Nous sommes allés la voir à ce moment-là, et ce sont les premières chansons que je lui ai chantées quand elle était encore dans le ventre de sa maman. Inutile donc de préciser la charge émotionnelle qui me lie à cet album (avec mention spéciale pour Zoo Eyes, Fixture Picture et Damn). C’est rare de réussir aujourd’hui à sortir un disque aussi intemporel, aussi immédiat tant dans son écriture que dans sa production. Damn en est le parfait exemple: trois accords en six minutes, et c’est tout.
Fat White Family – Vagina Dentata
J’étais passé totalement à côté de Fat White Family sur leur premier album, malgré les recommandations insistantes de mon ami La Mverte. Serf’s Up a ce je-ne-sais-quoi d’hyper séduisant, des punks jouant une new wave discoïde. C’est fin et crade à la fois, classe et vénéneux. L’arrivée du saxophone sur ce titre me rend taré à chaque fois.
Pharoah Sanders – Let Us Go Into the House of the Lord
Au risque de passer pour un illuminé (ou un jeune vieux), je suis dans une énorme phase spiritual jazz en ce moment. Il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie l’année dernière: la trentaine, avoir un enfant, finir d’enregistrer ce deuxième disque. Il y avait comme une bascule entre des moments de fatigue physique et émotionnelle intenses, et d’autres d’une plénitude absolue. C’est pourquoi une musique sans paroles, proche de la méditation, était la meilleure bande-son possible. Je me suis replongé dans la discographie de Coltrane, puis de Pharoah Sanders plus récemment. Sans déconner, ce titre (ainsi que Karma) font partie des plus belles choses que j’ai entendues de ma vie.