Cabane et la douce quiétude de Grande est la maison

Jamais un album n’aura été aussi pertinent. En février, Cabane a dévoilé 10 titres qui pourraient être simplement résumés par « tout ce dont vous avez besoin pour survivre au confinement ». Une célébration des choses simples de la vie, de l’amour de chez soi, de la reconnaissance du bien-être et de la douceur de l’air qu’on respire. Grande est la maison est le sauveur de votre état d’esprit. 

Doit-on réellement accentuer la redondance et parler du confinement, encore et encore ? Doit-on, à nouveau, rappeler aux uns et aux autres que cette quarantaine générale nous prive de notre liberté d’aller et venir, de notre vie sociale ‘in real life’
Ou finalement, ne faudrait-il pas prendre enfin le temps d’honorer le toit au dessus de notre tête, les odeurs familières de notre cocon, la fenêtre ouverte qui laisse s’infiltrer une brise d’air frais, l’odeur de la bougie éteinte qui parfume la bibliothèque ? 

Peut-être n’en êtes vous pas convaincus. Peut-être ne pensez vous qu’à la taille de votre appartement, qu’au grand soleil que vous n’appréciez pas assez depuis votre lucarne, qu’au bazar qui s’accumule et à une restriction de vos mouvements. Oui, peut-être ne trouvez vous pas de positif à cette situation. 
Et si Cabane vous faisait ouvrir les yeux ? Pour son premier album, le projet fusion regroupant des artistes de haut vol orchestré par Thomas Jean Henri s’instituerait presque comme une oeuvre de développement personnel. Jamais un album n’a été aussi prémonitoire. 

Les 10 titres de l’album s’inscrivent sur un schéma linéaire où l’on retrouve un minimalisme dans la composition. Une guitare acoustique qui donne le tempo, des violons qui bercent, un xylophone parfois timide qui interpelle. Tantôt Bonnie ‘Prince’ Billy chante seul, tantôt Kate Stables monopolise notre ouïe, et parfois même leur voix fusionnent pour raconter une histoire commune. L’alternance de leurs voix s’apprécie autant que l’on pourrait se délecter du choix de lire ou de voir, de changer de face notre vinyle, ou de troquer une BD contre un livre. 

Les instruments si simples, si organiques et si beaux nous renvoient à l’humilité de la Nature qui reprend ses droits. Les chansons se révèlent miroir du fourmillement de la faune, du bruissement du vent dans les arbres. Cette splendeur dans la sobriété de l’instrumental diffuse un sentiment de quiétude infinie, bercée par les voix rassurantes de Kate et Bonnie ‘Prince’ Billy, nous rappelant parfois la solennité de Ray LaMontagne. 

Presque comme un album d’ambiance, le nouvel opus de Cabane raconte une histoire. Douce, nostalgique. On retrouve deux titres totalement instrumentaux qui créent des respirations dans le récit. Si le décor dans lequel prendraient vit les morceaux semblent être ensoleillé, le groupe réussi à nous faire changer d’ambiance avec Ilôt Pt. 3 : le bruit de l’orage amical, celui qu’on attend après une trop grosse chaleur, qu’on accueille presque avec tendresse et qui cajole l’oreille par la pluie qui bat son plein. 

Take Me Home, en deux parties, remuent les sentiments les plus enfouis en nous, dans la majesté d’une musicalité enivrante. Les choeurs envoûtent, la voix de Bonnie ‘Prince’ Billy semble chuchoter à notre oreille, pour nous rassurer, nous calmer, nous compter les histoires d’un temps révolu. Entre la confession et le conte. 

Grande est la maison est le meilleur manuel pour réapprendre à aimer notre chez soi, à réapprendre le calme, à vivre au ralenti. L’album est une célébration de la douceur, une berceuse du souvenir, de la mélancolie, un journal de bord chanté. C’est le bruit de l’accalmie, la respiration de l’air frais et la sérénité d’un cocon familier. 

La promesse de jours meilleurs est le plus beau remède aux maux du monde.