Le 6 mars dernier, Stephen Malkmus dévoilait son quatrième opus Traditional Techniques, un album comme une expérimentation de nouveau genre musicaux, entre la recherche musicale et la bande son de film western. Une exploration de sons presque orientaux, de la folk à la country.
Un album perché entre le Darjeeling Limited et les saloons poussiéreux de l’Amérique.
Stephen Malkmus est du genre à prendre son temps dans la composition. Après un premier album assez pop rock en 2001, puis un autre en 2005, il faudra attendre 14 ans pour que l’artiste poursuive sa carrière. Il aura fallu patienter moins longtemps cette année pour découvrir sa nouvelle oeuvre. Cette pause temporelle s’explique sans doute par le recul, l’expérimentation et la réflexion autour de sa musique.
Sur ce nouvel album, ayant déjà exploré certains genres musicaux, l’artiste apporte sa vision à la musique folk et country, ces musiques traditionnelles américaines parfois un peu trop oubliées. L’album pourrait être aisément traité en deux parties : une initiation folk et un paysage plus traditionnel country.
La couleur musicale la plus intéressante sur l’album tourne autour de la folk, poussée à un certain extrême, parfois très ambiant. Stephen Malkmus s’est ainsi promené sur le chemin de l’acoustique, conservant la dominante de sa guitare sèche, mais s’entourant d’instruments exotiques. Le bouzouki et le cithare font leur apparition, teintant la folk ambiante d’un orientalisme mystique. L’écriture confine à cette teinte musicale une sensation de narration, de contes spiritualistes ancestraux. Ces morceaux, bien que touchant aux symboles, dévoilent une vraie dimension visuelle. On se retrouve dans le Darjeeling Limited, dans une aventure fantasque dans des bazars d’opiums et des ruelles aux odeurs d’encens et d’oud.
La deuxième partie de l’album explore la country, comme la bande son du récit d’une lonesome cowboy, parti avec ses santiags et ses désillusions traverser les Etats-Unis. On retrouve là encore cette dimension cinématique, peut-être encore plus présente que sur les titres plus mystiques. Si l’on quitte l’univers de l’orient du Darjeeling Limited, c’est pour se retrouver au beau milieu d’un Tarantino, les pieds dans le sol poussiéreux, l’odeur du cuir bien usé et du bourbon. L’artiste propose une vision plus moderne de la musique de cowboy, toujours sur un fond rock, mais qui se teinte de ses techniques traditionnelles, héritées de la country. La guitare électrique vient vivifier ses productions aux rythmes parfois linéaires. Cette facette de l’album confère la sensation d’écouter la bande son du récit, un opus très narratif et épic. Xian Man et Brainweshed représentent le mieux cette impression d’être spectateur d’un film.
La voix du chanteur reste assez linéaire tout au long de l’album : classique, mais remarquablement maîtrisée. Elle permet de mettre l’accent sur la musicalité de l’album et les explorations musicales.
Un album vif, percutant et explorateur qui s’écoute sans lassitude, alternant chansons plus incisives, plus mélancoliques ou plus épiques, transformant l’auditeur en spectateur d’une aventure épique et dépaysante.