Format Court #13 : David Shaw and the Beat, FØR et Lauren Auder

Chez La Face B, on adore les EP. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EP sortis récemment. Aujourd’hui, ce sont les EPs de David Shaw and the Beat, FØR et Lauren Auder et qui passent sous le radar de La Face B.

Crédit : Marine Keller

David Shaw and The Beat – Love Songs With a Kick Vol. One

David Shaw nous avait laissé sur des rythmes endiablés et psychédéliques avec son ami Dombrance dans leur projet DBFC. Huit ans plus tard après le premier album, il décide de relancer David Shaw and The Beat, un retour qui nous fait du bien.
Le Parisien-Mancunien est aussi libre comme l’air et se détache de tout diktat musical. Il n’empêche que les influences de son nouvel EP Love Song With a Kick Vol. One y sont multiples : le refrain de Nuclear Bomb fait mélodiquement penser à The Afterlife de YACHT et les chœurs aux Beach Boys, les guitares effrénées de My Tongue Your Split sont dignes de The Brian Jonestown Massacre tout comme la psyché de Insecure Men se retrouve sur Skim the Cream Pt. 2. Bref, les références sont nombreuses et révèlent d’excellents goûts. Mais on aurait tort de résumer David Shaw and The Beat à une panoplie d’hommages puisque la qualité première de l’artiste est d’apporter sa touche groovy, dansante et moderne. Et cela fonctionne toujours à merveille. En effet, il réussit à ramener le rock, avec un tempo souvent percutant et régulier, sur le dancefloor avec des rythmiques qui deviennent vite entêtants comme sur Please Please Please.
Son EP mélange différents genres entre pop, électro, rock, new wave ou encore psychédéliques sans pourtant perturber l’écoute tant la production finale est très cohérente et atteint la perfection. Sans forcément révolutionner le style de son premier album, le ton évolue toutefois car la détresse affective est le thème principal de ces six morceaux.  Ici, peu de larmes mais plus d’ironie, de sarcasme et de blasitude face à ce vécu, notamment sur la duologie Skim the Cream. D’ailleurs, la deuxième partie révèle particulièrement notre attention par son approche à la fois psychotique et sensuelle dont on image aisément le lien avec le rite présenté sur la pochette de l’EP. Mais le point culminant reste la piste Shangri-La qui est le concentré du génie musical de David Shaw. Fusionnant l’électro-pop avec la synth-punk, le titre s’enrichit de secondes en secondes de manière fluide et remuante pour devenir ainsi un must de la cooltitude sans prétention. Certes, il nous laisse un peu sur notre faim car on aimerait en entendre davantage mais l’indique son nom, l’EP aura pour notre plus grand plaisir une et une seule suite de huit titres…A suivre.

FØR – Is This All We Have Left To You

FØR est l’original projet original folk d’un duo né en avril 2018 : celui de Nico à la guitare acoustique accompagné de la violoncelliste Anna-Louise. Leur premier EP Is This All We Have Left To You, une ode à la liberté et à la nature, dont la sortie a été généralisée sur toutes les plateformes récemment, a été le départ d’une tournée dans les petites salles parisiennes avant le début du confinement.
Dès le premier titre de l’EP avec Exile, on décèle la grande diversité sonore que peut faire ressortir ce duo : la voix de Nico porte la mélodie avec sa guitare emmenant le rythme, en parallèle, le violoncelle se pose sur le refrain dans une complémentarité indiscutable, alors que la voix d’Anna Louise s’invite discrètement aux moments-clés du morceau. On en les écoutant, on pense immédiatement à Damien Rice, tant que sur la musicalité que par la voix du chanteur dont ses différentes modulations nous font aussi immédiatement échos à celles de Thom Yorke.
FØR ouvre ainsi une voute remplie de douceur de sentiments, ne tombant jamais dans la surenchère des émotions. Bien au contraire, leur univers musical nous rend contemplateur et rêveur sur des images figées dans le temps : « Silly bugs cwaling straight into the wall » entonnent-ils ainsi dans Silly Bugs.  
Dès fois entraînant comme sur Out of Time ou le titre éponyme de l’EP, dès fois très délicat comme sur Mesmerize où on peut apprécier la prépondérance d’un violoncelle classieux, chaque titre arrive à captiver son auditeur en lui faisant face à ses propres ressentiments.
La suite de leur début est à découvrir l’automne prochain avec la sortie de leur deuxième EP.  

Lauren Auder – Two Caves in

Two Caves in c’est le deuxième EP de l’artiste anglaise Lauren Auder, dans lequel elle nous confie sa fragilité qui ressurgit telle une force incomparable dans sa musique.
Force et douceur, ce sont les deux textures que l’artiste nous fait ressentir, sa voix frêle c’est une plume qui caresse notre joue, les cordes font écho à ce qui se cache réellement en l’artiste, tout éclos, ce sont ses tripes qui sont la matière première de cet EP.
Les sonorité que les cordes et les cuivres bien présents dans l’EP viennent faire ressortir sont de l’ordre du sacré.
On retrouve avec les différentes harmonies qui constituent le disque, une caractéristique presque baroque avec des montées progressives et une expression des émotions qui s’accroit avec une sophistication des moindres petites sonorités qui habillent la voix si pure de Lauren Auder.
Après un torrent de sentiments et le bouillonnement intérieur que provoquent les deux premiers morceaux, on retrouve un peu de répit avec Laurels un morceau plus calme qui vient nous offrir une pause dans le flux symphonique des autres titres.
C’est une éclosion à laquelle on assiste, l’artiste reprend l’image du canari dans le morceau Meek notamment et tout un aspect visuel se construit autour de cette symbolique car oui il n’est pas possible de dissocier le visuel et l’audio avec Lauren Auder, c’est une oeuvre complète dont la jeune artiste anglaise nous gratifie. C’est ainsi que l’on retrouve à l’image 2 clips qui se suivent dans leur esthétique. Le clip de June 14th pose le décor pour celui de Meek, où le canari en cage dans le premier opus, étend ses ailes à travers l’artiste pour nous délivrer une prestation délivrante car oui, l’oiseau n’est plus en cage.
Le morceau de clôture in god’s childlike hands est un morceau instrumental qui ouvre sur quelque chose de nouveau, une ouverture teintée d’espoir et qui malgré les sirènes retentissantes, sonne chez nous comme le commencement d’un nouveau chapitre, et on l’espère un nouveau chapitre qui sera rythmé de nouveau par la musique de Lauren Auder.